Du premier au dernier
Publié en 1923, La steppe rouge est le premier ouvrage de Joseph Kessel; l'auteur a alors vingt-cinq ans.
Il s'agit d'un recueil de nouvelles ayant toutes pour cadre la Russie en ébullition, celle des Soviets issue des révolutions de 17.
Aux quatre coins du pays règnent le chaos et la peur. Chacun tente de s'adapter, ceux qui ont tout perdu, comme ceux qui croient qu'ils ont tout à gagner.
Un petit professeur effacé se transforme en un redoutable commissaire du peuple. A Tachkent, la jeune fille instruite d'un noble déchu se laisse séduire par un vieil ami de la famille qui l'entraîne à Moscou, puis l'abandonne. Des mères sont impuissantes face à la Tchéka qui emprisonnent leurs fils. Les rouges envahissent Odessa, on y joue au fou pour sauver sa peau. A la frontière lettone, un homme rescapé des geôles raconte. Un soldat trouve du réconfort auprès d'une femme. Comment réagira-t-il lorsqu'il la retrouvera dans une cellule où elle attend d'être exécutée ?
Publié en 1975, Les temps sauvages est le dernier livre de l'auteur.
En Octobre 1918, au sortir de la guerre où il a combattu dans l'aviation française, Joseph Kessel s'engage comme volontaire pour une mission en Sibérie afin d'arrêter les Allemands entre l'Oural et la Volga. Il quitte Brest pour rejoindre New-York, traverse les Etats-Unis et s'embarque pour le Japon. Une dernière escale le conduit à Vladivostok où il rejoint d'autres volontaires venus de divers pays européens.
En attendant l'arrivée de leurs appareils, les hommes se retrouvent confrontés au grand chambardement de la Révolution d'Octobre et à l'anarchie la plus complète qui s'empare de la ville.
Entre les Cosaques vivant comme des princes dans des wagons du Transsibérien et les chaudes nuits à l'Aquarium, le cabaret où se retrouvent les occidentaux et où des femmes de l'ancienne Russie tentent de survivre de leurs charmes, le jeune Kessel plonge dans l'îvresse de la vie nocturne afin d'oublier la misère de cette cité mythique du bout du monde transformée en véritable cours des miracles.
Un épisode autobiographique romancé, mais surtout un témoignage unique et rare sur une époque troublée en cette contrée lointaine, un ultime livre écrit au seuil d'une vie bien remplie puisque J. Kessel décèdera quelques temps plus tard, en 1979.
Entre ces deux livres, une bibliographie impressionnante, romans, contes, reportages, témoignages, articles.
La vie même du grand Jeff est un roman à elle seule. Je vous conseille la magnifique autobiographie d'Yves Courrière "Joseph Kessel ou Sur la piste du lion" (éditions Plon).
Aviateur, journaliste, grand voyageur et baroudeur, écrivain, Kessel mêlera sa vie sur ces quatre registres et aux quatre coins du monde. Son âme slave lui donnera le goût extrême de la fête, le sens de l'amitié entre hommes et celui de la fidélité aussi bien en amitié qu'en amour.
Mon père avait une passion pour cet auteur qui croquait la vie à pleines dents, et dont les oeuvres occupaient plusieurs étagères de la bibliothèque familiale.
Rien d'étonnant donc à ce qu'il ait bercé mon adolescence. Je lui dois l'envie de voyager. De tous ses livres, ma préférence va aux quatre volumes de "Le tour du malheur" et au célébrissime "Les cavaliers".
Un bien bel héritage littéraire...
La steppe rouge Les temps sauvages Joseph Kessel Editions Folio