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Le Souk de Moustafette
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11 novembre 2011

Tontons flingueurs

arton20410-c1db9"Dorita mourut pendant sa sieste, pour achever de me gâcher mes vacances. J'en étais sûr. J'avais passé vingt ans de nos vingt-deux années de mariage à lui inventer des morts fantasmatiques."

Après ce décès inopiné, la première chose que fait Octavio Rincon, petit fonctionnaire tyrannisé par sa mégère d'épouse, c'est de se jeter sur le minibar pour fêter ça, ensuite, il prend la poudre d'escampette face à cette mort subite pourtant des plus naturelles. Commence alors un road movie qui le mènera de Marrakech aux montagnes de l'Atlas  au gré de rencontres délirantes.

La première est celle de Raul Salvati, un Argentin débrouillard, ancien révolutionnaire, chanteur de tango pour finir vendeur de glaces dans le désert, qui l'accompagnera et l'entraînera dans des tribulations plus loufoques les unes que les autres. Un mauvais tour joué à un Bolivien signera le début d'une course-poursuite déjantée. Leur route croisera celle de Charly, vieil hippie et réincarnation de Carlos Gardel déternimé à éliminer Julio Iglesias, Claudio Grimaldi, réalisateur de génie qui a sombré dans la folie avec toute son équipe et enfin Mowles, un futur prix Nobel vivant aux portes du désert avec Jorge Luis, son chat qui le déteste. Agrémentez le tout de belles filles, de quelques flingues, de voitures patronymées et d'une poignée de faux dollars, et voilà le décor planté.

"Le jour suivant nous arrivâmes à Nador. La ville était entièrement décorée de drapeaux et les gens ne cachaient pas leur excitation. Nous prîmes des chambres dans un hôtel et je compris que je ne serai plus jamais le même en me voyant poser le .38 sur le porte-savon."

J'ai tourné les pages au même rythme effréné que l'épopée farfelue à laquelle se livre cette équipe de branquignoles au langage fleuri et aux répliques drôles et savoureuses. Si vous voulez lire tout en vous croyant au cinéma, n'hésitez pas une seconde et plongez dans ce bouquin où vous" nagerez sans vous mouiller", c'est réjouissant !

Les avis de Kathel et de Ys

Aller simple   Carlos Salem    Editions Babel noir  

41VNnKbfYtLCet été, j'avais passé un si bon moment dans l'univers de Carlos Salem que j'attendais avec impatience la sortie poche de son roman suivant. Voilà qui est fait.

D'un côté face, Juanito Pérez Pérez traîne sa quarantaine tristounette et banale, divorcé et père de deux enfants il gagne sa vie en fourgant compresses et papier hygiénique aux hôpitaux. Côté pile, il est Numéro Trois de l'Entreprise, ou plus explicitement le troisième tueur à gages d'une organisation criminelle.

"Il y a des années que j'ai renoncé à savoir si je suis un monstre ou juste un type normal avec un travail différent."

Après un temps de maladresse révolu, Juanito devient un as de la gachette. Il est à la troisième place certes mais, ayant lui-même éliminé sur ordre le vieux et précédent N°3, il est bien placé pour savoir que c'est une position enviée. Alors qu'il s'apprête à partir en vacances, l'Entreprise l'envoie dans un camp naturiste avec pour mission de surveiller le propriétaire d'un véhicule qui n'est autre que celui de... son ex-femme en villégiature elle aussi dans ce camp en compagnie de son nouveau boyfriend, un jeune juge tenace et dérangeant. Mais il découvre qu'en fait le dit véhicule a été vendu à son propre ami d'enfance, à qui il a fait quelques misères lorsqu'ils étaient plus jeunes, Tony, le même ou presque, Tony qui est également présent dans le camping. A cet improbable huis-clos estival et déshabillé s'invitent Txema Arregui, un flic qui n'a pas la mémoire qui flanche, Yolanda ,une belle animatrice qui en pince un peu trop pour notre héros, Camilleri, curieux professeur et écrivain et enfin le terrible Numéro Treize. L'incompréhension devient alors totale et la parano n'est pas loin.

"Quiconque m'observerait verrait un cadre au repos, en vacances dans un camping naturiste chic, sirotant son verre et lisant paisiblement. C'est ainsi que je me sens. Je m'imagine me découpant sur le vert des frondaisons, sans rien à craindre.
Comme sur une photo.
J'ai vu beaucoup de gens comme ça.
Comme sur une photo.
Ou dans la mire d'un télescope.
Une seconde après ils étaient morts."

 Juanito Pérez Pérez se retrouve donc coincé, supposément incognito, au milieu d'un tas de gens qu'il connait (et réciproquement mais pas tout à fait non plus) et qui plus est, la plupart du temps à poil, situation des plus inconfortables, vous en conviendrez, quand on fait un boulot où le principal outil de travail est un flingue muni d'un silencieux.

Mon résumé vous paraît un peu confus ? C'est que la situation ne l'est pas moins... Navigant à vue tout en essayant de démêler cet imbroglio, Juanito devra jouer sur les deux tableaux, d'un côté père timide et falot accompagné de ses deux enfants confronté au nouveau couple de son ex-femme, de l'autre tueur sans états d'âme, sûr de lui et au self control mis à rude épreuve parmi tous ces corps nus . Je vous laisse imaginer les situations cocasses qui vont en découler et les numéros de transformiste auxquels Juanito va devoir se plier.

Si le rythme de ce roman est un peu moins endiablé que le précédent, on se laisse embarquer par l'originalité du propos et le burlesque des situations de ce jeu de chat et de la souris . L'auteur jongle entre les deux personnalités de son héros avec brio, les personnages secondaires sont tout aussi truculents, l'humour est roi et la tendresse toujours en filigrane.
Comme dans Aller simple, Carlos Salem réussit à tisser une toile discrète entre passé et présent, passé où s'enracine des caractères souvent frustrés, présent libérateur qui va voir s'épanouir et se révéler les tempéraments face à un enchaînement de circonstances cocasses.

"Quand on passe sa vie à lire, on finit par croire que la vie est un livre, qu'on peut revenir en arrière si l'on perd le fil de l'histoire. Mais ce n'est pas comme ça. La vie, notre propre vie, on ne peut la lire qu'une fois, tout en avançant. Et connaissez-vous quelque chose de plus difficile que de lire en marchant ?"

Entre Les tontons flingueurs et les frères Cohen, j'aime décidément beaucoup la plume de Carlos Salem, au point que je n'ai pas pu m'empêcher d'acheter, les yeux fermés, son tout dernier roman (Je reste roi d'Espagne, Actes Sud). Commencé hier soir, j'ai eu la surprise doublée du plaisir de retrouver le curieux inspecteur Arregui et les sympathiques Octavio Rincon et Raul Salvati (héros du premier roman). L'auteur a l'art des cabrioles littéraires et tricote un attachement romanesque jubilatoire à ses personnages. Je vous en reparlerai !

Nager sans se mouiller    Carlos Salem     Editions Babel noir

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Commentaires
M
@Sylire, si un jour tu veux rigoler...<br /> @Gwenaëlle @Aifelle, mais à qui vais-je donc pouvoir refiler le bébé ?..<br /> @Kathel, une très sympathique découverte que cet auteur, il est très rock & roll... malgré le tango !
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K
Un bon souvenir de lecture, ce roman bien déjanté ! ;-)
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A
Tu es taguée chez moi :-)
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G
JE n'ai lu que Nager sans se mouiller mais ça m'avait bien amusée! (je n'ai pas pu faire autrement : je t'ai taguée sur mon blog!)
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S
Je ne suis pas plus tentée que cela (pas trop mon truc, les polars).
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