Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Souk de Moustafette
Le Souk de Moustafette
Derniers commentaires
Archives
30 juin 2007

Grain de sel

9782221108208Une fois admis que :
1-des parents peuvent laisser leurs enfants se réveiller chaque nuit, suite aux cauchemars récurrents qui hantent leur sommeil, sans consulter d'urgence;
2- vivre au bord de la mer et interdire aux mêmes enfants de s'en approcher;
3- et surtout que ces gamins n'aient même pas l'idée de transgresser un tel interdit;

on peut se laisser embarquer dans cette histoire fantastique.

Ce livre a été longuement encensé et commenté, donc je n'en rajouterai pas. Comme tout le monde, je me préparais à me laisser embarquer avec plaisir pour cette croisière cauchemardesque et familiale. Seul bémol, étant donné que je planche depuis des mois sur les transmissions générationnelles inconscientes, je n'ai pas réussi à me départir d'un oeil critique et réaliste. J'ai vu venir le dénouement aussi sûrement que la nuit après le coucher du soleil, et ce, dès le début. D'où ma frustration.

Cela dit, l'auteur fait preuve un réel talent romanesque et d'un joli brin de plume.
Et il est toujours agréable de faire une virée en Bretagne et aux confins de ses univers légendaires.

Ce livre trouvera sans conteste sa place dans ma bibliographie, en tant qu'ouvrage librement paradigmatique de mon sujet de prédilection.
J'espère que l'auteur ne m'en voudra pas pour cet article quelque peu mitigé.

L'ancre des rêves     Gaëlle Nohant    Editions Robert Laffont

 

 

mer028

   

Publicité
Publicité
29 juin 2007

FROUFROU

9782070346219Voici un petit livre sans prétention qui ravira tous les grands garçons qui gardent la nostalgie de leurs premiers émois sensuels à la vue d'une paire de bas suspendue sur un fil à linge, ou d'un bout de culotte petit-bateau aperçu sous les jupes des filles.
Bien sûr, il plaira aussi aux grandes filles, celles qui ont quelques réminiscenses de l'attrait irrésisitible qu'exerçait le tiroir maternel interdit, où reposait bien rangée une intimité pleine de mystère et de promesses de séduction à venir.

Pour Simon, qui grandit à la campagne dans les années cinquante, tout commence par l'expression chère à son père, "avoir le cul dans la soie".

"L'association de ces deux mots, déjà si choquante à mon oreille, ne laissait pas d'intriguer le petit amoureux des mots que j'étais. Il y avait aussi là-dedans, quelque chose d'incongru, entre honte et volupté, qui me mettait mal à l'aise."

Mais quand, tout petit, on est sauvé de la noyade par le soutein-gorge de la grosse Germaine, quand on réchappe à l'attaque d'un corset à baleines, ou que l'on frise l'asphyxie sous l'ample jupe de la maîtresse d'école, comment ne pas être marqué à jamais par les dessous féminins !

Une enfance lingère     Guy Goffette      Editions Folio   

da_lingerie_mini_1

 

 

25 juin 2007

PETITION

Je fais suivre le message laissé par Maxime concernant la pétition en faveur de l'émission " LA BANDE A BONNAUD " diffusée sur France-Inter du lundi au jeudi à 16H30, et qui risque de disparaître de la grille des programmes de la rentrée prochaine.
Décidément cette radio a l'art de se tirer des balles dans les oreilles et dans celles de ses auditeurs. Après Daniel Mermet l'an dernier, c'est au tour de cette joyeuse bande de oufs de risquer de passer à la trappe.

Signez pour sauver cette espèce en voie de disparition qu'est l'Homme pensant et déconnant, encore en dehors de tout mercantilisme racoleur. Et faites circuler, merci.

http://bab.chiwalou.org

maison_20radio05

24 juin 2007

PALIMPSESTE

9782070336487" Il est des fois des personnages en errance qui n'en finissent pas de déambuler dans la nuit du réel, et qui transhument d'un récit vers un autre, sans cesse en quête d'un vocable qui enfin les ferait pleinement naître à la vie, fût-ce au prix de leur mort.
Il serait une fois des personnages qui se rencontreraient à la croisée d'histoires en dérive, d'histoires en désir de nouvelles histoires, encore et toujours."

" En chacun la voix d'un souffleur murmure en sourdine, incognoto - voix apocryphe qui peut apporter des nouvelles insoupçonnées du monde, des autres et de soi-même, pour peu qu'on tende l'oreille.
Ecrire, c'est descendre dans la fosse du souffleur pour apprendre à écouter la langue respirer là où elle se tait, entre les mots, autour des mots, parfois au coeur des mots."

Ce portrait d'un homme, de l'enfance à la maturité, à la recherche de son identité, me laisse sans voix.
Magnus, son ours en peluche, est la seule permanence de son existence.
Le récit de cette reconstruction est servi par une écriture à la limite du sublime.
Toute critique en paraîtrait ridicule. Alors je me tais.
Lisez-le.

Magnus     Sylvie Germain    Editions Folio

jeux_enfants011

 

22 juin 2007

Labyrinthe épistolaire

cat_1140710061_1_r56Si vous voulez vous laisser surprendre jusqu'au bout, ne lisez pas la 4ème de couv. Ou alors faites comme moi, lisez-la et oubliez-la immédiatement. Puis plongez dans la lecture de ce roman composé exclusivement d'échanges de lettres entre de multiples correspondants.

Apparemment il n'y a aucun lien entre les dix premiers chapîtres qui pourraient se lire chacun comme une nouvelle. En effet, un mini coup de théâtre clôture chaque chapître, et c'est là que se situe la première originalité de ce livre. Le procédé se répète jusqu'au onzième chapître qui voit enfin la réunion des nombreux protagonistes dans une situation peu banale. On croit donc en avoir fini, mais non. Jusqu'à la dernière page l'auteur surprendra le lecteur par un nouveau rebondissement.

Il n'est pas aisé de parler de ce livre sans rien en dévoiler. Au cours de la lecture, j'ai cherché à faire des liens entre les personnages des différents chapîtres car certaines situations vous mettent la puce à l'oreille. Mais j'ai vite abandonné car je m'embrouillais dans les patronymes japonais. Donc je me suis laissé porter et entraîner. L'auteur est un filou qui excelle dans l'art de perdre le lecteur dans ce labyrinthe épistolaire.

On en apprend beaucoup sur le Japon, les régions et leurs coutumes, le mode de vie urbain, le monde de l'entreprise, de l'éducation, les relations hommes-femmes. On ne retrouve pas la poésie qui caractérise souvent la littérature japonaise mais le style de certaines lettres pourrait les faire figurer dans un manuel de correspondance.
Bref ce n'est pas un coup de coeur, mais j'applaudis l'originalité du procédé littéraire. Les inconditionnels de la littérature japonaise apprécieront, les réfractaires passeront leur chemin !

Je vous écris     Hisashi Inoue     Editions Picquier poche

utcour47

 

Publicité
Publicité
19 juin 2007

Folles redondances

9782070787364Au domaine de Boringe vit une bien curieuse famille.
Le roman s'ouvre sur la naissance des jumeaux Alexandre et Hélène, sortis du ventre de leur mère Valentine à la fin d'un repas alors que Perpetua allait servir sa spécialité, la compote de pommes tiède à la cannelle.
Valentine décède peu après en confiant l'éducation de ses enfants à ses trois soeurs et à la bonne Perpetua.

Le drame ne perturbe pas trop ce microcosme et surtout pas Perpetua, déjà rodée à ce genre d'événements, puisqu'elle a élevé les six filles de la lignée maternelle après le décès d'Agnès Dubois, la grand-mère des jumeaux. Vous suivez ?
C'est l'occasion pour l'auteur de faire un petit retour en arrière et de nous conter l'adolescence et les frasques des six frangines. On fait aussi plus ample connaissance avec Perpetua qui porte bien son nom puisqu'elle est intemporelle, voire éternelle. Perpetua possède aussi des dons très particuliers dont elle use pour dompter toutes ces jeunettes et le tout venant. Les pets, voilà son arme ! Et ils sont redoutables. Elle en a tout un catalogue, des antidépresseurs, des persuasifs, etc ...

Les jumeaux grandissent entourés de leurs trois tantes, Adélaïde la dévoreuse de livres, Agathe la cavalière déchaînée et Anasthasie la mystique. Ces trois là ont des comptes à régler avec la gente masculine qui déserte Boringe depuis des générations. Sur ce coup là, la Perpetua n'est pas en reste non plus !
Dans un tel contexte, vous pensez bien que les jumeaux ne sont pas loin de virer borderline.

"Agacée, Perpetua se demanda ce qu'elle avait fait au bon dieu pour se retrouver dans cette maison de fous. Elle s'enferma dans le salon avec les jumeaux et les tança vertement. Ce à quoi Hélène répondit Perpetua on s'en fout de toi on s'en fout des trois folles ramollies du cerveau qui te servent de gardes-chiourme on s'en fout de Boringe on s'en fout du passé de nos parents de nos grands parents des abrutis qui ont croupi à Boringe on s'en fout on s'en fout on veut tout casser et on cassera tout ... on veut la révolution et ça ira on veut la bombe atomique sur Boringe mon amour que cette maison s'effondre que tout devienne ruine et cendre que la forêt brûle que le monde s'écroule et qu'enfin l'aurore se lève ! Perpetua en resta bouche bée puis son cerveau fit tic-tac. Elle retroussa ses manches et marcha sur eux. Elle hésita un quart de seconde puis opta pour le pet antidépresseur. Hélène et Alexandre chancelèrent et tombèrent comme dans du caramel mou."

Quand tout le monde découvre qu'ils sont amoureux l'un de l'autre et qu'ils ont même consommé la chose, c'est le branle-bas de combat. Hélène prendra la décision de quitter Boringe, abandonnant Alexandre.
C'est sur ce départ que se termine ce premier chapître époustouflant de drôlerie.
Dans les deux suivants, le feu d'artifice se calme et c'est dommage. Mais nous retrouvons Hélène à Paris entourée de personnages tout aussi déjantés et pittoresques. Allegria qui pratique la lévitation; Anatole Schloupe, l'écrivain prêt à tout pour entrer à l'Académie; Narcisso del Palabras de Karibdo en Syllabas, avocat des causes perdues et de l'avenir bouché 9 rue de l'Illusion, qui sera l'amant d'Hélène et l'aidera à retrouver Achille Tuloeuf, le père des jumeaux; et enfin la compagne d'Achille, Sententia la concierge voyante et carnivore.
Pendant qu'à Boringe, Alexandre, devenu neurasthénique, épouse Asthénie et lui fait six filles, et que les tantines ne s'arrangent pas avec l'âge...
Le dernier chapître voit le retour d'Hélène à Boringe et sa rencontre avec ... sa dernière nièce Hélène. On n'échappe pas à son destin comme ça !!!

"Hélène veilla jusqu'au matin. Lorsque l'enfant s'agitait, elle chantait de vieilles chansons douces, chantait la ville de Mazatanengo, ses rues de sable, ses maisons plus blanches que le coton, chantait les voyages tout autour de la terre ronde et sa voix était grave et belle et endormeuse et l'enfant soupirait d'aise et les rêves, lentement, entrèrent dans la chambre. Elles virent alors le pacha des Zoudaillasses. Très grand, très gros, il portait d'énormes colliers et des bagues à tous les doigts. Ses yeux étaient phosphorescents, sa peau cuivrée, son ventre rond menait la danse autour du lit. Puis elles entendirent la mer qui, dehors, disait vieni vieni, le monde est si beau et les vagues racontaient des histoires qui n'existent pas et le ciel disait les amours perdues et l'air devenait chaud comme le grog et respirer enivrait et les murs noirs de l'enfance tanguaient tanguaient. Hélène écoutait la vie silencieuse, la vie rêvée, la vie qui n'était pas venue et sur sa joue gauche trois larmes amères glissèrent."

Cette fable familiale se déguste avec gourmandise. Sous ses airs loufoques, ce roman ne manque pas de poésie et de truculence. J'ai apprécié cette façon surréaliste de dédramatiser l'inceste. Et il nous en dit beaucoup sur les transmissions générationnelles et la répétition des scénarios de vie.
Lorsqu'on referme ce livre, on regrette que ce soit déjà fini et on n'a qu'une hâte, allez voir de quoi retourne le reste de l'oeuvre de l'auteur.

Les amants de Boringe    Pascale Gautier   Editions Joëlle Losfeld

 

CrazyD051100082

 

17 juin 2007

Ligne en dérangement(s) ...

 

01034393031Au fin fond de la Russie, dans un lieu désertique ignoré de tous, erre un vieil homme au bord de la folie. C'est Ivan Ardabiev, le seul qui refuse de fuir ce village délabré qui fut le théâtre de sa raison de vivre durant plus de quarante ans.

Selon le bon vieux procédé stalinien du déplacement, une petite communauté d'hommes et de femmes est débarquée au milieu de nulle part avec pour mission de construire toute une infrastructure afin de permettre le passage d'un mystérieux train. C'est la station Neuf de la Ligne.
La vie s'organise et suit son cours, sous l'oeil vigilant du colonel qui surveille, inspecte et contrôle.

"...tout ce qui avait été entretenu pendant des dizaines d'années pour qu'à minuit pile, dans un sens ou dans l'autre, sans ralentir ni dans le tournant ni même sur le pont cliquetant et gémissant, fonce le train zéro - cent wagons aux portes bouclées à mort et plombées, deux locomotives à l'avant, deux à l'arrière - tchouk-tchouk...hou-ou ! Cent wagons. Lieu de départ, inconnu. Lieu de destination, secret. On tient sa langue. Votre boulot n'est pas sorcier : les voies doivent être en état. De là à là. Ric-rac. C'est ce qu'il avait dit le colonel qui, le premier soir, les avait rassemblés dans une pièce minuscule de l'un des baraquements."

Là où il y a des hommes et de la solitude, il y a un bar; là où il y des hommes et des femmes, il y a de l'amour, des naissances et des morts; là ou il y a du secret, il y a de la curiosité; là où il y a des lois, il y a de la transgression. Forcément.
Certains exécutent leur mission sans se poser de questions, d'autres veulent savoir. Que transporte ce train ? Où va le train zéro ? Tout ça pour quoi ? Comment ça va se terminer ? Ni la vodka, ni le sexe, ni le froid, ni la pluie, ne pourront débarasser les cerveaux de ces pensées et de ces questionnements qui, au fil des années, deviennent obsédants contaminant tout tel un poison à effet retard.
Face à l'absurde, une seule solution, la fuite réelle ou imaginaire.

La sueur, les larmes, le sang, un cocktail explosif pour fracasser les hommes contre le mur de l'Histoire. Le ton est cruel mais juste. Seules la violence et une sensualité quasi bestiale pouvaient se mêler ainsi pour nous dépeindre la folie des hommes, victimes d'une autre ligne, celle du Parti, ces hommes à qui la Patrie a fait croire qu'elle leur donnait tout et qui leur a tout repris, les laissant exsangues et désorientés.

"Ils jouaient. Ils fumaient. Ils gueulaient. Après minuit, ils allaient se coucher dans les baraquements, ou bien ils faisaient la queue pour les trois ou quatre femmes qui ouvraient leurs bras aux arrivants, de sacrées gonzesses, de vraies garces, vous pouvez me croire. Des hommes avec une barbe de trois jours, éreintés, qui concassaient tout ce qu'on leur donnait entre leurs machoires puissantes, et étreignaient avec la même énergie sauvage et indifférente leurs putains-du-rail, ces femmes qui sentaient l'oxyde de carbone, avec leurs mamelles de fonte, un rivet à la place du nombril, et une douille en acier à l'endroit crucial."

J'ai reçu ce livre comme un coup de poing. 126 pages dont je suis ressortie sonnée.
Une tragique métaphore d'un pays et de sa déliquescence.

Le train zéro     Iouri Bouïda     Editions  Gallimard

urss_soviet_poster_30

 

16 juin 2007

Mémoire salée

9782221105528Suite au décès de sa femme Anna, Max revient cinquante ans après sur les lieux de son enfance. Il s'installe aux Cèdres, une maison qu'il a bien connue à l'époque, et qui aujourd'hui est tenue par Melle Vavasour.
Autrefois "Les Cèdres" était une maison qu'on louait aux vacanciers. La famille Grace est venue y passer quelques semaines durant un été qui marqua à jamais le narrateur.

"Lorsque Melle Vavasour me laissa dans ce qui désormais allait être ma chambre, je jetai ma veste sur une chaise, m'assis sur le bord du lit, inhalai profondément l'air renfermé et eus le sentiment qu'après avoir voyagé depuis longtemps, depuis des années, j'étais enfin arrivé là où, depuis toujours et sans le savoir, je devais arriver et où je devais rester, ce lieu étant maintenant pour moi le seul endroit possible, le seul refuge possible."

Durant son séjour, Max se livre sans concession à une introspection qui lui permettra enfin de se confronter aux événements qui l'ont façonné en tant qu'homme.
Le récit s'étoffe alternativement de souvenirs d'enfance, de fragments de la vie avec Anna et de moments présents. La mer est toujours là, omniprésente sous ses mille aspects, faisant remonter à la mémoire de Max les émois amoureux de l'enfance, les sentiments de vide et de manque liés au deuil et les angoisses des années incertaines qui s'ouvrent devant lui.

"Les vaguelettes devant moi, à la lisière de l'eau, babillent d'une voix animée, évoquent avec des murmures passionnés une ancienne catastrophe, le sac de Troie, peut-être, ou la disparition de l'Atlantide. Tout est débordement, saumâtre et étincelant. Au bout d'une rame, des perles d'eau se rompent et dégringolent en un chapelet d'argent. Je vois le bateau noir au loin, qui, de minute en minute, se rapproche imperceptiblement. J'y suis. J'entends ta sirène. J'y suis, j'y suis presque."

Tel le flux et le reflux, le narrateur et le lecteur sont entrainés dans un mouvement incessant de va et vient entre passé et présent, rêve et réalité, calme et tempête, espoir et désespoir. Comme lors d'un véritable travail psychanalytique, les associations s'enchaînent, les évidences s'imposent et les liens se tissent.
La fin du récit est assénée comme un coup de théâtre et laisse face à l'immensité de l'horizon. Comme quand la vie s'impose devant la mort, il faut malgré tout continuer à naviguer.

C'est un texte magnifique et d'une richesse telle que l'écriture se dispute à la peinture ces évocations tour à tour tendres et douloureuses de la mémoire.
Ce livre a obtenu le Booker Prize.

La mer     John Banville     Editions Robert Laffont

paysage027

13 juin 2007

Les deux Moustafette

Mous_and_Co_2

La vraie Moustafette
avec le petit Jules devant et son frère Léon.
A ce jour, ne reste que Jules...

enfance

Et la fausse ...
Déjà sceptique devant les déséquilibres
du monde ...

C'était histoire de patienter, car les travaux dans la maison ne sont pas trop propices à la rédaction de quoi que ce soit ...

11 juin 2007

Pièce nipponne

9782742767106Une jeune femme souffrant du dos se rend régulièrement à la piscine. Un jour, elle est attirée, par une femme assise dans les vestiaires et qui attend. Elle recroise Midori quelques temps après à l'extérieur. Toujours intriguée, presque aimantée par son attitude de "neutralité bienveillante" même lorsqu'elle est en compagnie, la narratrice décide de la suivre. Sa filature la mènera jusqu'à une loge de gardien d' une cité abandonnée. Là, des gens assis autour d'un poêle attendent posément eux aussi. A tour de rôle, ils rentrent dans "la petite pièce à raconter". Pour se parler à eux-mêmes. Chacun reste le temps qu'il veut et lorsqu'il ressort, il laisse une obole.

"On peut raconter tout ce que l'on veut ici, ça n'a pas d'importance, n'est-ce pas? Des histoires d'autrefois comme des rêves du futur, la réalité comme le fantastique."

Mi-divan, mi-confessionnal, la petite pièce à raconter recueille les mots et soulage les maux. Ce court texte est une parabole très poétique de l'acte de dire, de sa fonction symbolique et thérapeutique. On ne sait pas pourquoi ça marche, mais ça marche. C'est ce que les psychanalystes ont coutume de dire de leur pratique. Il en va de même pour cette petite pièce à raconter qui permettra à la narratrice de s'approprier une parole libératrice.

"Plus on est à l'étroit, plus on entend nettement sa propre voix, et l'on doit certainement avoir l'impression de se révéler dans la vérité de son coeur. C'est ce qu'il y a d'agréable dans le monologue."

C'est ma première rencontre littéraire avec cet auteur; ça ne sera pas la dernière car j'ai noté ça et là différents titres. Je crois qu'après celui-ci "Le Musée du silence" s'impose !

La petite pièce hexagonale     Yoko Ogawa    Actes Sud  Babel

asie_02

10 juin 2007

Monsieur Nougatine vous souhaiteune bonne nuit !

Nougatine

Monsieur Nougatine vous souhaite
une bonne nuit !

9 juin 2007

Popote grecque

9782742768653

Nana est mariée et a deux amants. Elle prend son pied uniquement avec des hommes sachant lui mitonner des petits plats exquis. Très vite, on s'aperçoit que ces deux hommes sont voisins de palier. Rapidement eux aussi, ils vont se rendre compte qu'ils aiment la même femme. Un combat culinaire va s'engager entre ces deux-là, mi-rivaux mi-complices, pour l'amour de la belle. Le livre se partage entre digressions galantes, ruminations jalouses et recettes de cuisine. La table des matières est un gigantesque menu.

Dans un premier temps, c'est la couverture un brin surréaliste qui m'avait accroché l'oeil. Bien que méfiante, car la gastronomie n'est pas un de mes thèmes de prédilection, le fait que l'auteur soit grec avait fini de me convaincre.
Ayant eu maille à partir avec la cuisine grecque, qui ne brille pas par son raffinement, j'étais assez dubitative quant au résultat. Et ce d'autant plus que l'auteur est de sexe masculin. En Grèce, derrière les fourneaux, ce sont inévitablement les femmes qui s'y collent !

Et bien j'ai une bonne nouvelle pour vos piles et vos listes, ce livre ne m'a pas plu. J'ai eu l'impression d'être dans un très mauvais vaudeville. La donzelle et ses caprices culinaires m'ont fortement agacée, quant aux états d'âme des deux chevaliers, ils m'ont laissé de glace. La crédibilité même du récit est gravement entachée. Car pour qui connait les affres de la canicule athénienne, on peine à croire au plaisir de se délecter d'un pastitsio ou d'une soupe de poulet en plein mois d'Août, quand l'organisme ne réclame que des éléments liquides frais voire même carrément surgelés ! Et à mon grand désespoir, aucune recette de ces gourmandises dégoulinantes de miel, ni même une petite description du halva citronné et saupoudré de cannelle ...

On voit se profiler le dénouement aussi sûrement que l'Acropole au-dessus d'Athènes. Non décidément, pas une once de sensualité, aucun débordement orgiaque, nul épicurisme raffiné. Point de torride pillage frigorifique ni de gargantuesque grande bouffe, encore moins de bain chocolaté. La seule touche de poésie se trouve dans certains titres des chapîtres. Heureusement, car j'aurais été bien en peine de vous citer un extrait.

" Coraux d'oursins naufragés dans une cuillérée d'eau de la mer Egée "

C'est mignon ça, comme image, non ? Mais beurk ! je déteste les fruits de mer crus.
Ah qu'il est loin le magistral et fabuleux "Festin de Babette" ! Karen Blixen peut reposer en paix...

Les Liaisons culinaires     Andréas Staïkos     Actes Sud  Babel

002100   

8 juin 2007

Chronique postale

CATHULU m'avait fait frémir avec son réquisitoire sans appel contre notre bonne vieille institution qu'est la Poste.
Attendant un objet qualifié de "FRAGILE", je m'inquiètais de la disparition de ce même mot dans le lexique postal. En serai-je réduit à faire une infusion des petits morceaux de la théière tant convoitée ?
Eh bien non ! Elle est arrivée d'un seul bloc. Ouf ! Fin de la première étape.

Mais à l'occasion de la tentative de récupération du colis, je m'aperçois qu'un autre mot vient de disparaitre du vocabulaire de la Poste. Le terme "SIMPLICITE".
Etant absente avant-hier matin, j'ai trouvé l'avis de passage m'indiquant que je pouvais retirer le paquet le lendemain à partir de 14 H. Donc hier à l'heure dite, je fais cinq kilomètres et me retrouve devant une porte close sur laquelle un papier notifiait que le bureau ouvrirait à 15H45. Cela fait six ans que j'habite ici et je n'ai jamais pu savoir exactement les horaires pour le moins fantasques de cette p...... de Poste, et qui changent en permanence.
A 16 H je téléphone pour exprimer ma colère, d'ailleurs déjà extériorisée à 14 H sous les fenêtres, ouvertes elles, du dit bâtiment. Une charmante dame me dit que maintenant qu'elle est là, je peux venir. Comme je suis caractérielle, je lui réponds que j'en suis dans l'incapacité et que demain, étant chez moi, je souhaiterais que le facteur me remette le colis. C'était apparemment très difficile car cette dame ne voyait pas le facteur pour lui transmettre le message. Après lui avoir suggéré que, puisqu'elle avait le colis sous les yeux, elle pouvait peut-être laisser un mot dessus et remettre le tout dans le circuit. J'ai vu, même à travers le téléphone, une ampoule s'éclairer au-dessus de sa tête. Fin de la deuxième étape.

Inutile de vous dire que ce matin je guettais fébrilement la voiture jaune. La factrice me tend quatre lettres et j'attends la suite. "Non, rien d'autre" me dit-elle souriante. Je lui déballais l'histoire et je finis par savoir que le colis était dans son coffre mais qu'elle ne pouvait pas me le donner car elle préfèrait le faire "flasher" à nouveau, mais cette fois au bureau de ..., distant lui de quinze kilomètres, où je pourrais me rendre à partir de 15 H. Etant déjà au bord de la crise de nerfs, je n'ai pas voulu savoir le pourquoi du comment. J'ai préféré éclater de rire et lui débiter une tirade sur l'absurdité de la situation. Là aussi, une ampoule s'est éclairée au-dessus de la tête de la charmante dame qui a fini par se ranger à mon raisonnement, et heureusement pour elle car je crois que j'aurais été capable de le prendre de force. Je lui ai promis de téléphoner à son supérieur hiérarchique afin de la dédouaner de cet acte hautement courageux de résistance bureaucratique ! Fin de la troisième étape.

PIC00002

Tout ça pour ça !

Dernière étape, je vais déguster ce premier thé si durement arraché à des griffes ubuesques. Et je remercie MAIJO qui, grâce au Swap, m'a fait découvrir ce nouveau comptoir de thés. Ceux que j'ai reçus ont des parfums envoûtants.
Si ça vous tente, soulevez ce couvercle
... 

 

8 juin 2007

Dérives entre deux rives

9782253119982Schwara est l'homme aux mains de bois. Forestier, charpentier, sa scierie a brûlé dans les tourments de la guerre civile qui a ravagé son pays. En ce premier été de l'après-guerre, il quitte son massif des Londes pour partir à la recherche d'un homme. Schwara l'homme du nord va s'aventurer dans le sud, vers la mer et jusqu'au port de Ran-Mositar, là où se cotoient les refugiés, les opportunistes, les soldats de l'ONU et même les touristes déjà revenus jouir des îles et de leurs sources chaudes.

Schwara va à pied. Il a pour tout bagage sa sacoche contenant quelques outils et la richesse de ses mains. Il se fait vite repérer par son savoir faire et travaille ça et là sur des chantiers. Partout, il interroge et poursuit sa quête. Et partout, il croise les mêmes douleurs, les mêmes haines encore à vif. Celles des femmes violées et îvres de vengeance, celles des hommes qui ont commis ou vécu l'horreur et qui composent avec.

"Chaque camp appliquait sa logique de l'ordre et du désordre."

Lorsqu'enfin il arrive à Ran-Mositar, la vie de la ville tourne autour de la reconstruction du Vieux, le célèbre pont construit au XVIe siècle et qui, jusqu'à ce jour, avait résisté à tout. "Soudain la notion de crime contre un patrimoine de l'humanité s'inscrivait dans le livre de la barbarie. La ville avait retenu son souffle puis, dans un silence pétri d'angoisse, les habitants s'étaient approchés des rives séparées. L'incroyable blessure qui béait devant eux zébrait leur conscience d'une même cicatrise, les rendait responsables d'une inconcevable atteinte aux racines de la vie."

Schwara met son talent à la disposition des équipes chargées des travaux. Il sait que c'est là que prendra fin son voyage. Il croisera Irini, dont le drame personnel rejoindra celui de Schwara, et qui le mènera involontairement jusqu'à l'homme recherché. Chacun se confrontera à son destin.

"Dans un pays que je connais bien, les losanges sont un signe de sagesse. Le rond, tu n'en ressors jamais, le carré est trop parfait, il t'enferme, le rectangle s'étire à l'infini, peu fiable. Tu les rassembles tous, tu obtiens le losange, une figure idéale, assez déséquilibrée pour que ta pensée s'y glisse et pourtant cernée par les quatre côtés qui la guident.
- Il est où ce pays de la sagesse ?
- Là où fleurissent des champs de rhododendrons."

Si cette histoire vous rappelle quelque chose, c'est sans doute celle de la ville de Mostar, en Bosnie-Herzégovine. Le 3 Novembre 1993, malgré la présence des troupes de l'ONU, le pont piéton s'effondre dans la Neretva, séparant la communauté croate catholique orthodoxe et la communauté bosniaque musulmane. Sous l'égide de l'Unesco, la reconstruction commencera en Juin 2001 et le nouveau pont, restauré selon les techniques ancestrales, sera inauguré le 23 Juillet 2004.
Ce livre est son histoire et celle des hommes qu'il tente de relier. L'un et l'autre se parent à la fois d'une simplicité et d'une folie magnifiques.

"Mais qui pouvait parier sur l'avenir d'un pays qui chérissait son pont et laissait sombrer ses enfants ?"

Le pont de Ran-Mositar      Franck Pavloff     Editions Le Livre de Poche

8c6dca84bbd80619fd912140dc7a9f80nouveauhd1

 

6 juin 2007

D'autres vieux murs

PIC_0052

L'église romane de Saint-Symphorien

PIC00054

Construite au XIIème siècle

PIC_0164

Sur le chemin de St Jacques de Compostelle

PIC_0160

A l'époque son portail s'ouvrait sur l'océan
dans le golfe de Saintonge

5 juin 2007

Quelques mots sur un mur

9782268061528Imaginez qu'en 1944 l'armée américaine ait été bloquée dans les Ardennes et que les Russes aient poursuivi les nazis jusqu'au nord-ouest de la France. Imaginez "une diagonale rouge, de la Manche au Loiret, du Morvan au Jura", en passant par le centre de Paris, et que cette zone soit toujours sous contrôle soviétique. Imaginez que la capitale soit partagée par un Mur qui longe la Seine, que les ponts de Paris soient tous fermés, sauf un. Imaginez que l'île de la Cité soit un no man's land miné. Imaginez qu'il y ait un Est et un Ouest. Un Paris et un Parij.

"J'aime le son que produit cette corde en travers de la ville tendue quand le vent la fait vibrer..."

Ce sont les mots de Romain Morvan, écrivain et prix Nobel, qui vient d'être expulsé à l'Ouest par une nuit pluvieuse. Ces mots sont adressés à Clara Banine, une violoniste restée à l'Est et qui fut sa maîtresse pendant quatre ans.
Une étrange correspondance va s'instaurer entre eux. Etrange, car sous la surveillance d'un curieux personnage, Bernard Neuvil, directeur de la cellule politique des Postes, c'est à dire de la censure épistolaire.
Neuvil est un être solitaire, parano à souhait, et qui rêvait dans sa jeunesse d'être écrivain. Sous prétexte de pister l'existence d'un manuscrit compromettant resté à l'Est et que Morvan chercherait à récupérer par l'intermédiaire de la belle Clara, Neuvil va s'inviter dans leur correspondance à coup d'écriture falsifiée et de fausses informations. Cette mission va devenir le centre de sa vie. Mais à manipuler et instrumentaliser les autres, ne risque-t-il pas de se perdre lui-même ? A moins qu'il ne se retrouve...

Ce roman m'a rappelé un film récent "La vie des autres" de Florian Henckel. L'intensité dramatique en moins. Le portrait du censeur et sa lente transformation sont une réussite. Mais le récit hésite entre caricature et dérision, ainsi le projet pharaonique de reconstituer à l'identique la ville réunifiée quelque part dans l'Oise. Ni vraiment roman d'espionnage ou d'aventure, on prend cependant plaisir à parcourir ce Parij occupé, subissant les pénuries et les délabrements. On assiste à la désillusion du transfuge passé à l'Ouest et au manque d'inspiration qui en résulte.

Heu... moi aussi je suis un peu en panne ! Bref, selon l'axe du mur où l'on se situe, cela manque un peu de profondeur, ou de hauteur...

Un rappel pour terminer.
9 Novembre 1989, celui de Berlin tombait.
Juillet 2002, Israël commençait la construction d'un mur de 600 km qui isolera les Territoires Palestiniens.
Septembre 2006, le Congrès américain autorisait la construction d'un mur de 1200 km entre le Mexique et les Etats-Unis.
Avril 2007, les américains commencent la construction d'un mur de 5 km à Bagdad entre l'enclave sunnite d'Adhamiyah  et les quartiers chiites.
Sans compter les murailles de barbelés électrifiés du côté de Ceuta et Melilla, etc, etc...

Parij     Eric Faye     Editions Le Serpent à Plumes

macons003
 

   

 

4 juin 2007

LE YOGA DES CHATS (suite)

Hier vous avez pu apprécier quelques postures exécutées par Patchouli et Nougatine.
Au même moment, ailleurs, la siamoise ISATIS en présentait d'autres.
Et ce soir, dans ma boîte aux lettres, avec quelques belles images, je trouvais ceci

chatposes

Le cours continue !
Qu'est-ce qu'ils bossent ces matous !!!!

MERCI KATELL

3 juin 2007

Et vous, dans quelle position avez-vous passé

PIC00149

Et vous,

PIC00152

dans quelle position avez-vous

PIC00148

passé votre dimanche ?

gifs_20_41_

Moi, plutôt comme ça !

2 juin 2007

My Taylor is Irish !

9782070320912Si vous aimez les losers, vous allez être servis.
Doucement mais pas sûrement car en zigzagant, Jack Taylor s'approche de la cinquantaine. Ses meilleurs potes se nomment Brandy, Bushmills, Jameson, Guinness, etc.
Son boulot, ancien flic et pseudo privé. Son bureau, une table au fond du Grogan's, un vieux pub de la ville de Galway.
"Il n'y a pas de détectives privés en Irlande. Les Irlandais ne le supporteraient pas. Le concept frôle de trop près l'image haïe du "mouchard". Vous pouvez faire quasiment n'importe quoi en toute impunité, à part moucharder."

Jack a aussi d'autres amis, des vrais ceux-là. Cathy B., ancienne tox qu'il a sauvée d'un tabassage conjugal. Depuis, elle utilise ses cordes vocales dans un autre registre. Avec son look destroy et sa voix puissante, elle est passé de la scène de ménage à la scène tout court. A l'occasion, elle donne un coup de main à Jack.
Sutton, l'homme aux multiples visages, un jour barman, un jour peintre, mais toujours alcoolo et un brin mytho. Il est prêt à jouer les redresseurs de torts dès que Jack a besoin. C'est pas le genre de mec à s'encombrer la conscience avec des scrupules. On peut même carrément dire qu'il prend un certain plaisir à tuer !
Sean, c'est le patron du Grogan's,"un endroit sérieux pour boire sérieusement."

Et puis y'a la famille. Le père de Jack est au cimetière. C'est lui qui lui a transmis l'amour des livres. "Pour mes dix ans, il m'offrit une carte de bibliothèque. Ma mère m'offrit une crosse de hurling. Elle s'en servirait fréquemment pour me filer des raclées. La carte de bibliothèque signifiait "liberté".(...) J'étais devenu un bibliophile dans le vrai sens du terme. Je n'aimais pas seulement lire, j'aimais les livres eux-mêmes. J'avais appris à en apprécier l'odeur, la reluire, l'impression, le contact des ouvrages entre mes mains."
Avec sa mère, le contact, il passe beaucoup moins bien ! Bigote, rabat-joie, elle porte son veuvage comme un étendard. "Enfant, j'avais peur d'elle. Plus tard, je l'ai haïe. Vers les vingt ans, je la méprisais, et maintenant, je l'ignore."

Il y a aussi les copains de beuveries, les clodos, les bookmakers, etc...
Côté boulot, c'est pas le surmenage. Pourtant, Jack pratique un rapport qualité-prix qui défie toute concurrence. C'est ce qui, un jour, conduit une femme à lui demander de prouver que sa fille de 16 ans ne s'est pas suicidée.

Dans ce premier volet de la série, l'enquête n'est qu'un prétexte pour faire connaissance avec cet hurluberlu imbibé. On parcourt de long en large et de pub en pub sa bonne ville de Galway. On compatit sans retenue à toutes les galères dans lesquelles il se trouve embringuer. Et c'est pas ça qui manquent ... Entre les black out éthyliques, les pauses d'abstinence plus ou moins volontaires, les bastons et les divagations, on est épuisés mais contents. Car le rythme percutant du roman et le ton rock and roll du récit nous baladent dans un univers où se croise du beau monde. Les chapîtres sont émaillés de références littéraires, musicales et cinématographiques. Un homme qui cite Elvis Costello, Tom Waits, Kafka, Francis Bacon, Wenders et Herzog, est peut-être désespéré mais certainement pas un mauvais bougre !

"Le lendemain, j'étais à l'agonie. Ce n'était pas une banale gueule de bois, c'était une gueule de bois championne du monde. Celle qui hurle : TUEZ-MOI ! Je refis surface vers midi. Les événements survenus la veille jusqu'à seize heures étaient identifiables. Après ça, le napalm."

Rassurez-vous, il est toujours vivant. Et il a du boulot car il y a deux autres enquêtes à suivre. Chouette !!!

Delirium tremens     Ken Bruen     Editions Folio Policier

241105_164618_PEEL

1 juin 2007

Petit rafistolage (pé)père...

9782020403382Rafael, vingt cinq ans, traverse la frontière en direction de l'Espagne pour retrouver Goyo Lasagual. Le père qu'il n'a pas connu et qui est en train de mourir. Il voyage avec sa tante qu'il rencontre aussi pour la première fois. Arrivé trop tard, il ne peut que constater les dégâts. Personne ne veut lui dire de quoi est mort son père. Il hérite d'une maison incendiée. Le lieu a été fouillé en bonne et due forme, mais il retrouve des photos et des lettres, et surtout une lettre que lui-même, enfant, a envoyée à Goyo. L' accueil des villageois à l'égard de Rafael est franchement hostile, à l'exception de Marco, un jeune gitan. Goyo l'avait pris d'amitié et protégé de la vindicte populaire. Une étrange relation va se nouer entre les deux jeunes hommes.
En toile de fond, un petit village moribond plombé par la chaleur estivale. L'unique entreprise va fermer, la verrerie qui permettait encore un semblant de vie aux habitants. Comme des fantômes, ils quitteront les uns après les autres ce lieu hanté par les souvenirs et les rancoeurs de la Guerre Civile. La mort de Goya et l'arrivée de Rafael vont faire remonter les boues de ce passé.

"Je vais vous dire ce qui vous retient ici. Vous attendez le moment où vous serez prêt. Prêt à tout entendre, à tout voir. Car le plus inacceptable, lorsqu'on a fermé les yeux si longtemps, n'est pas de regarder la vérité en face, mais de se soumettre à son regard. Oui, voilà ce à quoi on ne peut se résoudre aussi facilement: ouvrir les yeux et constater que la vérité n'a pas cessé un instant de vous scruter quand bien même vous refusez de vous tourner vers elle."

Car ce récit est aussi celui de toute l'ambivalence d'un fils à connaître et à accepter la vérité de ses origines. C'est ce qui le pousse à réinventer l'histoire paternelle, à falsifier aux yeux de sa mère, l'épouse abandonnée, les retrouvailles avec un père malade mais toujours vivant. Comme le dit Rafael, "Moi, je compte sur l'imagination pour me sauver."

Mais la vérité s'imposera coûte que coûte. Après, et seulement après, Rafael pourra s'enfoncer plus avant en cette terre ibérique et paternelle. Voyage qui n'aura sans doute pour seul but que celui de lui permettre de s'approprier la part manquante de l'histoire de ce père inconnu.

" - Vous n'avez rien oublié, Rafael ?
  - Non, je ne crois pas. Je dois juste oublier ici un peu de moi-même..."

Un bel exemple de la difficulté à être le fils de son père. Et un beau texte qui hésite entre violence et regret, affabulation et vérité, rejet et acceptation. Pour toujours et encore, pouvoir grandir et vivre.

L'invention du père     Arnaud Cathrine     Editions Points Seuil

mgb_05_presse_capa06

Publicité
Publicité
Publicité

accueil refugiés

logo-madamealu

img_20171130_165406

logo-epg

Newsletter
Publicité