Pièce nipponne
Une jeune femme souffrant du dos se rend régulièrement à la piscine. Un jour, elle est attirée, par une femme assise dans les vestiaires et qui attend. Elle recroise Midori quelques temps après à l'extérieur. Toujours intriguée, presque aimantée par son attitude de "neutralité bienveillante" même lorsqu'elle est en compagnie, la narratrice décide de la suivre. Sa filature la mènera jusqu'à une loge de gardien d' une cité abandonnée. Là, des gens assis autour d'un poêle attendent posément eux aussi. A tour de rôle, ils rentrent dans "la petite pièce à raconter". Pour se parler à eux-mêmes. Chacun reste le temps qu'il veut et lorsqu'il ressort, il laisse une obole.
"On peut raconter tout ce que l'on veut ici, ça n'a pas d'importance, n'est-ce pas? Des histoires d'autrefois comme des rêves du futur, la réalité comme le fantastique."
Mi-divan, mi-confessionnal, la petite pièce à raconter recueille les mots et soulage les maux. Ce court texte est une parabole très poétique de l'acte de dire, de sa fonction symbolique et thérapeutique. On ne sait pas pourquoi ça marche, mais ça marche. C'est ce que les psychanalystes ont coutume de dire de leur pratique. Il en va de même pour cette petite pièce à raconter qui permettra à la narratrice de s'approprier une parole libératrice.
"Plus on est à l'étroit, plus on entend nettement sa propre voix, et l'on doit certainement avoir l'impression de se révéler dans la vérité de son coeur. C'est ce qu'il y a d'agréable dans le monologue."
C'est ma première rencontre littéraire avec cet auteur; ça ne sera pas la dernière car j'ai noté ça et là différents titres. Je crois qu'après celui-ci "Le Musée du silence" s'impose !
La petite pièce hexagonale Yoko Ogawa Actes Sud Babel