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Le Souk de Moustafette
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7 juin 2011

Marche ou crève

La_diagonale_du__4dc2b5c2490c6Un homme d'affaires à qui tout réussit ou presque, sa femme l'a quitté et son associé est décédé brutalement, plaque tout du jour au lendemain pour se réfugier dans un gîte isolé sur un plateau ardéchois le long d'une ligne imaginaire au nom ensorcelleur, la Diagonale du vide. Cette ligne fictive s'étend grosso modo des Landes aux Ardennes et détient le record de la plus faible densité humaine au km². Voilà qui ne saurait déplaire à la sauvage que je deviens en vieillissant, et de me dire que je me suis peut-être trompée de destination en venant me perdre au fond du Finistère, mais passons...

"Ne plus bouger. Ne plus partir. Surtout ne plus parler. Trouver au plus vite un endroit retiré. Avec du silence. De la lenteur. Peut-être un brin de tristesse. De préférence dans une région sauvage."

Marc Travenne macère donc dans sa solitude quand surgit une blonde randonneuse qui n'a de cesse de l'intriguer. Pensant saisir une occasion de donner un tournant à sa vie, il décide de partir à sa recherche quelques jours après le départ cette femme mystérieuse. Il la retrouvera et s'embarquera dans un curieux périple, alors que parallèlement une ancienne et brève maîtresse entre à nouveau en contact avec lui et que sa vieille mère, elle aussi solitaire, lui réclame une dernière virée au village de son enfance.

Que dire de ce livre ? J'ai d'abord accusé une légère déception à la rencontre des protagonistes. Pierre Péju nous a habitués à des personnages à la marge, des paumés, des tourmentés, des exclus. Ceux croisés sur la diagonale du vide n'échappent pas à la règle mais, car il y a un mais, ils évoluent dans des milieux bien différents de ceux où l'auteur nous entraîne d'ordinaire. On a ici en toile de fond le monde du business, de la presse, de l'armée et des services secrets, ça pue donc le fric, la facilité, le pouvoir et les magouilles à plein nez.

La route de Marc Travenne dévie donc rapidement des GR français pour emprunter des chemins bien plus scabreux et plonger dans des ambiances de 11 Septembre new-yorkais et de guerre d'Afghanistan, ce qui n'est pas vraiment des randonnées de tout repos, vous vous en doutez, et pas spécialement mes road-movies favoris.

Fidèle à lui-même, Pierre Péju a toujours la grâce et le talent de nous peindre les grands espaces désolés qu'il affectionne tant. Y errent sur des fils fragiles, qui finiront par s'entre-mêler ou rompre, des personnages à la dérive mais envers lesquels j'ai eu du mal à éprouver l'empathie naturelle qui me saisit en général à la lecture des romans de l'auteur.

"Mais là-bas après chaque journée étouffante il y a ce que j'appelle la récompense du soir, ce moment de pure clarté afghane, lorsque les choses semblent posées dans la transparence et comme nimbées par un poudroiement doré, une pluie de particules d'or, poussière ou pollen autour des corps, tandis que les ombres des maisons, des hommes et des bêtes, ombres épaisses et brunes comme du feutre, s'allongent démesurément sur le sol encore brûlant jusqu'à ce que le soleil disparaisse et que le poudroiement ne soit plus qu'une nuée lasse et soudain cendreuse, soulevée par les sabots des bêtes qui ne bougent presque plus dans la nuit qui tombe, ou par les pneus d'un de ces magnifiques camions afghans, qui surgit tout à coup, surchargé, avec des images naïves, souvent drôles, peinturlurées partout sur son capot et ses portières."

J'aurais aimé retrouver davantage de ces envolées lyriques, de celles qui m'ont tant fait aimer "Le rire de l'ogre", mais l'auteur privilégie ici les ressorts d'une intrigue un peu convenue, à la fois facile et tirée par les cheveux, qui résonne plus avec l'actualité et moins avec l'anonymat. Il est beaucoup plus aisé d'être à la marge quand on est un nanti au portefeuille bien rempli, ce qui donne un aspect improbable à ce roman et une rédemption un peu surfaite. Un invisible aimant m'a cependant tirée jusqu'à la dernière ligne malgré la mise à distance de mes émotions.

L'avis de Krol plutôt enthousiaste  LA
Et celui de Bellesahi qui vous en parlait ICI 

La Diagonale du vide      Pierre Péju       Editions Folio

divers069  

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Commentaires
M
@Yv, y'a des séries comme ça; cela dit P. Péju est un auteur que j'apprécie, mais il a un peu cédé à la facilité sur ce coup là.
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Y
Je l'avais en mains, j'ai hésité et finalement j'en ai pris un autre. qui ne sera peut-être pas mieux
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M
@Gambadou, oui je plaisantais bien sûr en disant que je pensais m'être trompée de destination !
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G
c'est beau, le Finistère !
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M
@Margotte, oui il y a marginaux et marginaux !
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