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Le Souk de Moustafette
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28 avril 2018

Mendelssohn mania

CVT_La-carte-des-Mendelssohn_8495Une sacrée saga familiale que celle des Mendelssohn et dans laquelle s'embarque Diane Meur ! Felix, le musicien, est bien sûr de loin le plus célèbre. Mais Moses (1729-1786), son grand-père paternel, petit juif surdoué du ghetto de Dessau, fut le plus érudit et devint un des grands philosophes des Lumières prônant la tolérance et la liberté de culte. Cependant, c'est Abraham, le père de Felix, personnage anonyme et banquier de son état, qui décida l'auteure à se pencher sur cette famille, sans se douter que ces trois personnages allaient, de par leurs descendances et leurs alliances, envahir son esprit. Quand elle tentait de modérer cette quasi-obsession, hasards et coïncidences revenaient attiser et remettre sur les rails sa curiosité, et elle repartait dans cette quête qui semblait ne jamais vouloir finir. Je rappelle qu'elle commence en 1729, année de naissance de Moses, et qu'il fut le père de dix enfants. Cela débutait fort.

"Quel merveilleux sujet de roman, m'étais-je dit alors. Et quelle intéressante situation historique ! Etre le fils d'un philosophe des Lumières mort trois ans avant la Révolution française, être le père d'un compositeur romantique mort l'année précédant le Printemps des peuples, et de cette vie placée sous le signe de l'entre-deux - entre deux génies, entre deux dates charnières - n'avoir rien fait, ou rien de marquant. Un roman sur le vide et sur les filiations."

 Inutile de vous dire qu'il est impossible de résumer cette saga tant il y a de personnages, de lieux, de dates. D'un point de vue historique, il s'agit d'un travail remarquable, doublé d'une enquête généalogique dans toute sa splendeur, à faire pâlir la thérapeute familiale que je suis ! (j'avoue être souvent frustrée par l'ignorance ou l'absence de curiosité des familles modernes qui semblent souvent oublier qu'il y a un avant au-delà de leurs grands-parents). Dans ce Mendelssohn-Klompex, comme le nomme Diane Meur, le personnage de Felix devient presque anecdotique.

Parallèlement, nous suivons le parcours de l'auteure qui, en toute logique, commence par la construction d'un arbre généalogique qui va rapidement se transformer en baobab tentaculaire envahissant son salon. Là encore, j'admire le passage de l'arbre à la constellation et son ingéniosité à maîtriser la bête, car le Mendelssohn-Klompex, c'est 765 noms sur 4 continents sur 2m² de bristols ! (cliquer sur le lien ci-dessous pour agrandir)

canvas

© Diane Meur pour la réalisation/© Henri Desbois pour la photographie

 "Candide et circonspect, mon fils cadet reste à distance et pose la seule question à laquelle je n'ai pas envie de répondre: ─ Ça sert à quoi ? "

C'est ce travail de titan, une véritable enquête, qui m'a le plus captivée, ses recherches en bibliothèques, musées, archives, ses recoupements,  rencontres etc... Ses prises de tête avec la construction de la carte généalogique, ses états d'âme, passant de l'agitation euphorique au découragement et à la fatigue - que son entourage subit aussi - et enfin, l'écriture même du livre en résidence  en Belgique, au Pont-d'Oye, ancien marquisat dont le château est aujourd'hui dédié à la création littéraire grâce au baron Pierre Nothomb, aïeul de la célèbre Amélie.

D'un point de vue biographique, les vies du philosophe Moses Mendelssohn et de son petit-fils Felix sont de loin les plus intéressantes. Mais j'ai bien sympathisé avec Brendel la scandaleuse, fille aînée de Moses au caractère fantasque, qui a mené une vie turbulente, amour libre, divorce, plusieurs conversions religieuses ; par contre, le destin de sa nièce Fanny, soeur de Felix, est révélateur de l'époque. Musicienne talentueuse, elle fut sacrifiée au profit de son frère, qui ne l'aida en rien malgré leur fort attachement, et c'est alors qu'une reconnaissance de son talent émergeait enfin qu'elle disparut à l'âge de 41 ans. Felix mourut cinq mois plus tard à 38 ans.

J'ai retrouvé avec plaisir Diane Meur, dont j'avais adoré, mais pas chroniqué, Les Vivants et les Ombres. Cependant, la lecture de celui-ci est plus complexe et pourra sembler rébarbative à qui ne se passionne ni pour la généalogie ni pour cette famille. En tout cas, un roman qui rend bien compte de "l'interculturalité" prônée par le patriarche.

L'avis de DASOLA

Ma dernière contribution au mois belge dans le cadre du Défi littéraire de Madame lit.

La  Carte des Mendelssohn     Diane Meur     Editions  Le Livre de Poche

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Commentaires
C
j'adore les sagas familiales, alors sur cette famille en plus...ça donne envie!
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S
Pourquoi pas si j'ai du temps devant moi mais comme je n'ai jamais lu l'auteure, je lirai plutôt "des vivants et des ombres" pour commencer.
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F
J'avais beaucoup aimé cette écrivaine que j’ai découverte grâce à son roman "les vivants et les ombres". Celui-ci doit être passionnant également et j'aime beaucoup la couverture du poche ! Bon dimanche Moustafette !
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D
Bonjour Moustafette, j'ai aussi lu cette carte de Mendelssohn. J'avais trouvé cette lecture passionnante. http://dasola.canalblog.com/archives/2015/12/19/33090926.html Bon dimanche.
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M
C’est admirable le travail réalisé par les écrivains pour en arriver à rédiger des sagas comme cette dernière. Un travail de moine! Bravo pour cette dernière lecture belge pour le Défi, je ne connaissais pas cette écrivaine!
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