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Le Souk de Moustafette
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9 septembre 2011

Drôles oiseaux, les vrais !

9782864247098Oui, mais ceux dont il est question ici sont mille fois plus attrayants. Loin d'être figés dans la froidure danoise, ils animent les rues poussièreuses de Yungay, petit village minier du nord du Chili qui subsiste tant bien que mal alors qu'alentour les mines ferment les unes après les autres.

C'est là que vit Malarossa, gamine d'une dizaine d'années, lucide, têtue, et un brin farouche. Elle veille sur Saladino Robles, son flambeur de père, seule famille qui lui reste, et le suit comme son ombre dans ses déambulations éthyliques et pugilistiques. Les tripots et les bordels n'ont plus aucun secret pour elle,  ses amis sont ceux de son père ou les prostituées du Pancho Déchiré, quartier général où se retrouve toute une clique de personnages truculents en quête d'un avenir meilleur tout en usant leurs vies à coup de pocker, à coup de poing et à coup de gnôle. Quand elle ne prend pas soin de son petit papa, Malarossa retrouve les objets perdus, maquille les morts, va à l'école quand il y a une institutrice et dessine des oiseaux en rêvant.

"Dans un de ces hameaux abandonnés, Malarossa aperçut quelque chose qu'elle prit pour une vision ou un bref mirage vespéral mais qui resta gravé sur sa rétine pour le reste de la journée et revint même dans ses rêves cette nuit-là : sur le quai désert, près d'un banc de bois, elle aperçut un homme, fantomatique dans les dernières lueurs du crépuscule. Haut comme une armoire, il portait un chapeau de paysan et se tenait près d'une pyramide de cages remplies d'oiseaux aux couleurs et aux plumages les plus variés."

Un arrière-fond nous brosse un aperçu de la situation sociale et politique du pays, et plus précisément de la lutte des mineurs qui voient leurs villages disparaître aussi vite qu'ils ont été construits, c'est à dire à la va vite pour alimenter les fûts des canons de l'Europe alors en guerre. Les années de paix et la crise de 29 aidant, le salpêtre n'intéresse plus personne et l'exode vers les villes de la côte s'intensifie.

Voilà, ça pourrait être sordide, misérabiliste, glauque, etc, etc mais comme ça se passe en Amérique du sud, forcément c'est cocasse, pittoresque, démesuré voire surnaturel... On côtoie les morts et les putains, ça picole et ça castagne à toutes les pages mais... re-forcément puisqu'on est en Amérique du sud, c'est magique et poétique.

Et le désert d'Atacama est là, toujours, écrasant de chaleur, aveuglant de blancheur, le plus aride de la planète mais qui n'en fait pas moins naître sous la plume de l'auteur des descriptions pleines de poésie, avant de replonger dans la tragi-comédie de la vie quotidienne.

"Le ciel du désert, haut, diaphane, explicite, est une éclatante célébration d'étoiles magnifiées par l'obscurité qui prétend les voiler ; des étoiles qui font briller et resplendir leur lumière naissante, de toutes les tailles et luminosités, étoiles proches ou lointaines, étoiles inaccessibles, belles comme des lanternes de papier, fixes comme des prunelles de chat ou clignotantes commes les yeux des lézards ; étoiles baptisées ou sans nom, étoiles mortes, étoiles froides comme le givre, ardentes comme des braises, mystérieuses comme des feux follets ; étoiles formant des croix, des voies, des constellations, un univers scintillant et mystérieux de corps célestes - astres, nébuleuses, soleils, planètes, aérolithes - réunis en grappes, là à deux doigts de son ivresse." 

En digne héritier des ses aînés, Hernan Rivera Letelier est un merveilleux conteur de la vie et de l'éphémère.
A ranger dans la catégorie réalisme magique sud-américain et à découvrir donc.

L'avis de KATHEL

Malarrosa      Hernan  Rivera Letelier       Editions  Métailié

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Commentaires
M
@Nadejda, effectivement. J'imagine que les guerres et les dictatures, quand elles disparaissent, laissent place à un imaginaire débridé qui est absent dans la littérature occidentale.
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N
L'amérique du sud et les Balkans ne sont finalement pas si éloignés. Ils se rejoignent dans leur amour de la vie qu'ils rendent magique malgré tout ce qu'ils ont à supporter
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M
@Kathel, j'aime bcp ce genre littéraire sud-américain et j'avoue que si le livre avait fait 500 pages ça ne m'aurait pas déplu ! Je vais m'empresser de découvrir d'autres titres de l'auteur.<br /> @Taka, ça s'appelle planter le décor de façon poétique ! Le désert joue un rôle primordial dans ce livre.
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T
alors le sujet me semble bien,mais alors al longue phrase de ton extrait ...un peu moins .J'aime pas trop ce sphrases interminables,contenant une foule de mots plus ou moins inutiles .Allons au fait mdr
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K
Légèrement moins enthousiaste que toi, peut-être, mais je recommande tout de même ce roman ! <br /> Merci pour le lien.
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