PENSER SANS LIMITES
" Il est grand temps, si toutefois il n'est déjà trop tard, d'ouvrir les digues que l'on continue d'opposer à la marche de l'esprit humain, en dépit du spectacle que l'on a devant les yeux, si l'on ne veut pas qu'il les trompe violemment et qu'il jette la dévastation dans les champs d'alentour. Vous pouvez tout sacrifier, ô peuple, oui tout, pourvu que vous n'abdiquiez pas la liberté de penser (...) mais gardez seulement ce céleste palladium de l'humanité, ce gage qui nous permet un autre sort que celui de souffrir, de tout supporter, d'être écrasés à jamais.
Donc, criez sur tous les tons aux oreilles de vos princes, jusqu'à ce qu'ils entendent, que vous ne vous laisserez pas ravir la liberté de penser, et prouvez-leur par votre conduite combien cette déclaration est sérieuse.
Et surtout, vous tous qui vous en sentez la force, déclarez la guerre la plus implacable à ce premier préjugé d'où dérivent tous nos maux, à ce fléau qui cause toute notre misère, à cette maxime enfin que la destination du prince est de veiller à notre bonheur. "
Voilà le cri lancé en 1793 aux sujets des monarques européens, par un jeune philosophe allemand. La Révolution française étant passée par là, Johann G. Fichte exorte les peuples à se désinfantiliser, à s'autonomiser et à s'autodéterminer. Et ce, par le plus bel outil hérité du siècle des Lumières, la pensée et les idées qu'elle fomente et surtout qu'elle transmet.
" C'est le privilège de l'homme de résister par son activité, et de donner au cours de ses idées une direction déterminée par sa force propre, suivant sa libre volonté; plus on maintient en soi ce privilège, plus on est homme. La faculté qui en rend l'homme capable est précisément celle par laquelle il veut librement. La manifestation de la liberté dans la pensée, tout aussi bien que dans le vouloir, est un élément essentiel de sa personnalité; elle est la condition nécessaire qui seule lui permet de dire : je suis, je suis un être agissant par lui-même."
J'ai eu envie de vous rappeler ce texte d'une extraordinaire modernité, en réponse au projet scandaleux de notre prince moderne dont je vous faisais part hier dans la revue de presse.
Et puisqu'il était aussi et surtout question d'économie, ce subversif opuscule ne coûte que 2,50 € .
Merci donc aux éditions des 1001 nuits de participer à peu de frais à la diffusion des idées et à l'agitation de nos neurones.
De la liberté de penser Johann G. Fichte Editions des 1001 nuits