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Le Souk de Moustafette
Le Souk de Moustafette
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5 juin 2007

Quelques mots sur un mur

9782268061528Imaginez qu'en 1944 l'armée américaine ait été bloquée dans les Ardennes et que les Russes aient poursuivi les nazis jusqu'au nord-ouest de la France. Imaginez "une diagonale rouge, de la Manche au Loiret, du Morvan au Jura", en passant par le centre de Paris, et que cette zone soit toujours sous contrôle soviétique. Imaginez que la capitale soit partagée par un Mur qui longe la Seine, que les ponts de Paris soient tous fermés, sauf un. Imaginez que l'île de la Cité soit un no man's land miné. Imaginez qu'il y ait un Est et un Ouest. Un Paris et un Parij.

"J'aime le son que produit cette corde en travers de la ville tendue quand le vent la fait vibrer..."

Ce sont les mots de Romain Morvan, écrivain et prix Nobel, qui vient d'être expulsé à l'Ouest par une nuit pluvieuse. Ces mots sont adressés à Clara Banine, une violoniste restée à l'Est et qui fut sa maîtresse pendant quatre ans.
Une étrange correspondance va s'instaurer entre eux. Etrange, car sous la surveillance d'un curieux personnage, Bernard Neuvil, directeur de la cellule politique des Postes, c'est à dire de la censure épistolaire.
Neuvil est un être solitaire, parano à souhait, et qui rêvait dans sa jeunesse d'être écrivain. Sous prétexte de pister l'existence d'un manuscrit compromettant resté à l'Est et que Morvan chercherait à récupérer par l'intermédiaire de la belle Clara, Neuvil va s'inviter dans leur correspondance à coup d'écriture falsifiée et de fausses informations. Cette mission va devenir le centre de sa vie. Mais à manipuler et instrumentaliser les autres, ne risque-t-il pas de se perdre lui-même ? A moins qu'il ne se retrouve...

Ce roman m'a rappelé un film récent "La vie des autres" de Florian Henckel. L'intensité dramatique en moins. Le portrait du censeur et sa lente transformation sont une réussite. Mais le récit hésite entre caricature et dérision, ainsi le projet pharaonique de reconstituer à l'identique la ville réunifiée quelque part dans l'Oise. Ni vraiment roman d'espionnage ou d'aventure, on prend cependant plaisir à parcourir ce Parij occupé, subissant les pénuries et les délabrements. On assiste à la désillusion du transfuge passé à l'Ouest et au manque d'inspiration qui en résulte.

Heu... moi aussi je suis un peu en panne ! Bref, selon l'axe du mur où l'on se situe, cela manque un peu de profondeur, ou de hauteur...

Un rappel pour terminer.
9 Novembre 1989, celui de Berlin tombait.
Juillet 2002, Israël commençait la construction d'un mur de 600 km qui isolera les Territoires Palestiniens.
Septembre 2006, le Congrès américain autorisait la construction d'un mur de 1200 km entre le Mexique et les Etats-Unis.
Avril 2007, les américains commencent la construction d'un mur de 5 km à Bagdad entre l'enclave sunnite d'Adhamiyah  et les quartiers chiites.
Sans compter les murailles de barbelés électrifiés du côté de Ceuta et Melilla, etc, etc...

Parij     Eric Faye     Editions Le Serpent à Plumes

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8 septembre 2007

Linh de faille

9782253115540Fuyant son pays en guerre, Monsieur Linh débarque dans un grand port occidental avec pour seul bagage, une poignée de sa terre natale, une photo et un bébé, sa petite fille prénommée Sang diû.
On apprend bien vite que l'enfant est la fille de son fils. Les parents de Sang Diû sont morts, fauchés par une bombe alors qu'ils travaillaient à la rizière. Le village est lui à feu et à sang, Monsieur Linh est un survivant.

N'ayant de cesse de protéger l'enfant, Monsieur Linh va peu à peu s'imprégner de la terre d'acceuil. Assis sur le banc face au centre d'hébergement, il observe ce pays sans odeur, laissant souvent son esprit dériver vers le passé et les jours heureux.
C'est sur ce banc qu'il rencontrera Monsieur Bark.

"Il se souvient du contact de la main du gros homme lorsqu'il l'a posée sur son épaule. Il se rappelle alors qu'il est seul au monde, avec sa petite fille. Seuls à deux. Que son pays est loin, pour ainsi dire, n'est plus. N'est plus rien que des morceaux de souvenirs et de songes qui ne survivent que dans sa tête de vieil homme fatigué."

Ces deux là, bien que ne parlant pas la même langue, vont se comprendre. Ils deviendront l'un pour l'autre comme un port d'attache. Leurs rencontres quotidiennes deviendront des petites ancres leur permettant d'accoster pendant quelques heures sur des îlots de tranquillité alors que leur vie est dans la tourmente.
Mais un matin, Monsieur Linh n'est pas au rendez-vous...

"Le vieil homme s'approche de la fenêtre. Le vent n'agite plus le grand arbre, mais la nuit a fait éclore dans la ville des milliers de lumières qui scintillent et paraissent se déplacer. On dirait des étoiles tombées par terre et qui cherchent à s'envoler de nouveau vers le ciel. Mais elles ne peuvent le faire. On ne peut jamais s'envoler vers ce qu'on a perdu, songe alors Monsieur Linh."

Après avoir pataugé, malgré tout avec délice, dans la boue des terres de la Meuse, je récidive avec celle des rizières. Un récit cependant plus léger, plus sobre, emprunt de poésie, de pudeur, de retenue tout asiatique, et ce malgré la noirceur du sujet.
L'auteur décrit à la perfection les petites gymnastiques auxquelles se plie l'esprit humain afin de s'adapter à la souffrance de l'exil, à l'horreur de la guerre, aux traumas. Et comme la fleur poussant sur un tas de fumier, du plus sombre de la douleur peut émerger encore des éclairs d'humanité.
Pourvu que ça dure...

Je dédie ce billet à Sounkou qui, au fond de son gourbi, à la chance d'avoir encore sa famille.
L'homme s'adapte à tout. Est-ce un bien ou un mal ? Souvent je me le demande ...

J'ai fouillé dans les cartons pour ressortir les avis de SOPHIE, CATHE, PAPILLON 

La petite fille de Monsieur Linh   Philippe Claudel   Editions Livre de Poche

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7 octobre 2007

Bis repetita ?

9782070319152 Rudolf Herter, romancier à succès, est à Vienne pour la sortie de son dernier roman. Lors d'une interview télé, il évoque Hitler et sa difficulté à cerner l'immonde personnage.
Le lendemain il est contacté par un vieux couple qui souhaite le rencontrer en privé afin de l'aider à appréhender le Führer.
Rendez-vous est pris et Herter se rend dans la maison de retraite où vivent Julia et Ullrich Falk.
Autour de la table de la cuisine, ces deux personnages qui ont travaillé comme domestiques dans le Nid d'aigle d'Hitler à Berchtesgaden, vont lui conter une histoire extraordinaire. Ils prétendent avoir élevé le fils d'Eva Braun et d'Adolf Hitler.

"Le Hofmarschall Brückner l'avait informé, en bas, dit Falk, et quand il est entré dans la chambre, pâle, avec Bormann sur les talons, et qu'il a vu sa "petite biche" sur le lit avec son enfant au sein, ce fut comme s'il n'avait pas tout à fait conscience de ce qui se passait. Ses pensées étaient ailleurs, à son premier pogrom qu'il avait ordonné pour cette nuit même. Comme on l'apprit le lendemain, cette nuit-là, partout en Allemagne et en Autriche, on avait mis le feu aux synagogues et brisé les vitres des commerces juifs. Par la suite, on avait appelé cette nuit la "Nuit de Cristal" - c'est aussi un 9 novembre, en 1918, que l'empereur allemand fut détrôné, un 9 novembre, en 1923, que le putsh de Hitler à Munich a échoué, et un 9 novembre, en 1989, que le Mur de Berlin est tombé."

On retrouve les interrogations philosophiques de l'auteur, qui se penche ici sur l'origine du mal absolu. Secondé par Schopenhauer et Nietzsche, et par le biais de la fiction, Rudolf Herter tentera de trouver une réponse. Il n'en sortira pas indemne ...
Une lecture pas désagréable, mais un livre qui est loin d'être à la hauteur de "La découverte du ciel"

Siegfried, une idylle noire     Harry Mulisch    Editions Folio

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6 novembre 2007

Le diable au corps

9782070339754C'est à Caracas que Gonzalo fait la connaissance de Marina von Aspern. Il a à peine seize ans et est le fils d'un riche planteur de canne à sucre. Le comte von Aspern, client de son père, est en voyage d'affaires avec femme et enfant, lequel enfant tombant malade oblige Marina à prolonger son séjour de quelques mois, alors que son mari repart vers l'Allemagne.
En effet, quoi de mieux que l'hacienda familiale pour accueillir ce microcosme cultivé et privilégié. Entre musique de Brahms, poésie de Rilke, chevauchées sauvages et sensualité caribéenne, Marina et Gonzalo vont s'aimer.

"Les Européennes étaient des femmes libres, comme des oiseaux, tout le monde savait cela. Et jusque dans l'atmosphère raréfiée et puritaine de Caracas, on commentait à voix basse les moeurs des Parisiennes et des Berlinoises avec un mélange de mépris et d'envie."

Mais comme dit la mère de Gonzalo, "Si j'ai bien compris, elle n'est pas tout à fait comme nous" , faisant référence à la judéité de la belle européenne. Mais qu'importe, on a les idées larges dans la famille Herrera !
Un détail certes, mais qui aura son importance, lorsque sept ans huit mois et quatorze jours plus tard, en 1939, Gonzalo devenu homme, se rendra enfin à Berlin pour y retrouver celle qu'il croit aimer.

"J'aperçus une silhouette appuyée contre le parapet. C'était Marina. Je me précipitais vers elle.(...) Elle me dévisageait et finit par sourire d'une façon un peu artificielle, où entrait une part de pose. Je retrouvais en un instant le mélange d'élégance étudiée et de sensualité dont je me souvenais si bien. Elle portait un manteau noir, avec quelque chose de jaune à gauche, sur la poitrine. Une fleur ? Une broche ? Elle était coiffée d'un petit chapeau noir."

Ces retrouvailles ne finiront pas de hanter l'innocent Gonzalo, mais pas de la façon espérée. Que restera-t-il de son amour face à la réalité de la vie sous le IIIe Reich.

Un court roman d'initiation amoureuse, mêlant candeur et lâcheté adolescentes. Malheureusement, rien de mieux que la guerre et la peur pour nous révéler à nous-mêmes et mettre à l'épreuve nos sentiments...

Le rendez-vous de Berlin     José Miguel Roig     Editions Folio

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25 septembre 2007

Café littéraire

9782910753665De l'autre côté de l'Atlantique, quelque part sur le continent sud-américain, Irina Sasson atteint sa 101ème année, et s'exerce comme chaque jour à entretenir sa mémoire grâce à de curieux exercices. Elle termine toujours sa gymnastique mnésique en se récitant sa fameuse recette du gâteau au café qu'elle seule réussissait à rendre tout à la fois fondant et corsé.

"Certaines dames de Batenda s'étaient crues très malignes en remplaçant par une cuillère à bouche d'extrait de café la tasse de moka. Elles s'étaient simplifié la vie... Mais si elles y gagnaient en temps: ajouter une cuillère d'extrait de café est quasi instantané, en incorporer une tasse entière au beurre prend un temps infini car les gouttes de café s'obstinent à rouler sur le beurre ramolli et il faut les piéger pour leur faire pénétrer sa masse afin de la parfumer et de l'alléger. Si elles y gagnaient en temps, elles y perdaient bien sûr en arôme et en finesse..."

Par associations, cet alléchant exercice devient vite prétexte à plonger dans les souvenirs de cette vieille femme arrivée à Batenda en 1939 pour un court séjour. Jeune mariée, elle se retrouve bloquée par la guerre sur la terre de son époux, alors qu'ils avaient pour projet de retourner s'installer à Paris, où vit toute la famille d'Irina depuis leur arrivée d'Istambul.
Mais l'après-guerre en décidera autrement. Irina ne retournera jamais sur le vieux contiment. Le seul lien qu'il lui restera sera la recette de ce gâteau au café, recette glissée dans son cadeau de mariage par sa cousine Lise, et qu'elle découvrira sur le bateau qui l'emmène loin des siens.
Sans doute la transmettra-t-elle aussi à Susan, sa petite fille, dont la voix fait écho à celle d'Irina tout au long du roman, pour nous conter le parcours d'une vie.

"Elle s'octroyait, une fois le repas en train, mijotant sur les feux et dans le four, un petit café mousseux et sucré qu'elle accompagnait d'une cigarette. Alors l'espace d'un instant, dans les volutes bleues, sa grand-mère -avec son fume-cigarette qu'elle maniait avec des gestes d'une suprême élégance- n'était plus sa grand-mère, mais l'essence d'une féminité orientale."

Un concentré de sensualité, de tendresse, de douceur et d'émotions, que ce petit livre.
Dégustez chaque mot, savourez chaque page, n'engloutissez pas goulûment les chapitres les uns après les autres car, croyez-moi, ce livre est trop court.
Un conseil, si vous le lisez un week-end, passez avant chez votre épicier préféré acheter les ingrédients habituels pour un gâteau (sucre, oeufs, beurre, vanille) ainsi qu'un paquet de très bon café et une boîte de biscuits ... , non je ne dirai pas la marque, non je ne donnerai pas la recette, non non non.
Z'avez qu'à lire le livre !!!

L'enchanteur et illustrissime          Joëlle Tiano     Editions Intervista
gâteau café-café d'Irina Sasson                              Collection Les Mues

 

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23 novembre 2007

On the road again

9782710329138Bernard, la quarantaine désabusée, rentre en France après quinze ans passés à vadrouiller de par le monde.
Tout naturellement ses pas le mènent vers les siens. Il ne sait pas trop ce qu'il vient chercher dans ce petit village de Charente, d'autant plus qu'il n'a pas quitté la famille en très bons termes et qu'il a été plutôt avare côté cartes postales ...

"Voilà, j'étais revenu. J'allais dormir à nouveau ici, d'où j'étais parti et où j'avais abandonné mon enfance. Là, j'étais passé de l'état de têtard d'homme à celui d'adulte, j'avais imaginé des existences qui ne m'intéressaient plus, étreint des rêves aujourd'hui ménopausés. Depuis, je m'étais métamorphosé en une espèce d'étoile filante qui regardait la vie sans y participer vraiment. Ermite en la vie même. Drapé dans la certitude de l'inutilité de toute acquisition, de tout entassement, de toute construction, de toute procréation. Une fois pour toutes, j'avais décidé de profiter de moi, d'être à moi-même mon propre royaume, mon meilleur ami, de jouir de mon corps et de ma vie, d'être le ver et le fruit."

Une fois que mère et soeur eurent reconnu ce grand énergumène comme leur fils et frère, Bernard s'aperçoit vite que peu de choses ont changé. Certes le père est mort, d'ailleurs on ne manque pas de lui faire remarquer que sa longue abscence y est pour beaucoup, certes la frangine lui fait cadeau d'un beau-frère charentais pur jus, certes il se retrouve tonton de deux ados plus ou moins conformes, mais dans le fond, tout ça ne l'émeut pas des masses, son sentiment d'appartenance ne s'étant pas magiquement régénéré aux antipodes !
Bernard restera quand même une petite année à végéter dans ce microcosme familial, histoire de renforcer les bases de sa philosophie j'menfoutiste, de jouer avec les nerfs des uns et des autres, de se plonger à nouveau dans la vie étriquée et les eaux troubles des sentiments, façon comme une autre de confirmer son peu d'attachement.
Rien de mieux qu'un retour aux sources pour s'assurer qu'on a bien fait d'emprunter les chemins de traverse.

"Mes parents sont morts, voilà une bonne chose de faite."

Inutile de vous dire que j'ai adoré ce vieil ado caractériel au cynisme cinglant, drapé dans sa belle indifférence et son autosuffisance.
Le ton est vif, l'humour défensif. Lorsque la nostalgie ose pointer son nez, elle est rapidement priée d'aller se faire voir ailleurs. Quant à  la fragilité des êtres et des sentiments, elle sait suffisamment se parer de drôlerie et de poésie pour ne pas être déprimante.
Reconnaissons que ce petit monarque de lui-même est une tête à claques perclus d'une délicieuse mauvaise foi, et que plus d'une fois on le foutrait bien à la porte à grands coups de pied au cul. Heureusement, il peut aussi poser son regard hautain sur sa modeste personne et s'appliquer à lui-même de sévères constats. Mais ça n'ébranle en rien ses certitudes car il sait qu'au fond... c'est lui qui a raison !

On s'embrasse pas ?    Michel Monnereau    Editions La Table Ronde

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7 décembre 2007

Ronronnades

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"Verlaine n'a pas besoin de montrer patte blanche pour pénétrer dans mon bureau et s'y installer. (...)
Il entre à pas feutrés, lents et souples, saute sur ma table, renifle la pointe de mon stylo, la bordure de ma lampe, avance vers le clavier de mon ordinateur une patte que je repousse avec fermeté, évolue en méandres entre mes pipes et mes ustensiles de travail, prend possession d'une liasse dans une attitude méditative, cligne des yeux à la plus légère caresse, au moindre mot."

Qui ne s'est pas juré, après la disparition d'un compagnon à quatre pattes, "Plus jamais..." ?
Et pourtant... Par quel curieux hasard ne nous retrouvons-nous pas embarqués une fois de plus dans une nouvelle histoire d'amitié ?
C'est ce que nous conte l'auteur dans ce délicieux petit livre.
Il a pris le parti de se lier à un petit chartreux tout droit sorti d'un élevage. Entre nous, ça c'est toujours le genre de truc qui me fait tiquer, les histoires de pédigree et le business qui va avec... J'ai toujours préféré les bâtards qui vous choisissent de leur propre gré, tout en vous laissant croire que c'est vous qui les adoptez.

Mis à part ce léger désaccord avec l'auteur, je ne puis que vous recommander de jeter un oeil sur cet ouvrage, fort bien écrit au demeurant, et, qui plus est, se trouve enrichi d'une série d'illustrations, signées José CORREA, aussi sobres que ronronnantes, et dont la couverture vous donne un aperçu.

Une chatpathique idée de cadeau...

Le chat et la plume   Michel Peyramaure et José Correa   Editions La Lauze

 

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14 décembre 2007

Détails de taille...

9782081205512"... les morts reposent dans leurs tombes, dans les cimetières ou les forêts ou les fossés au bord des routes, et tout cela ne présente aucun intérêt pour eux, dans la mesure où ils n'ont plus désormais d'intérêt pour rien. C'est bien nous, les vivants, qui avons besoin des détails, des histoires, parce que ce dont les morts ne se soucient plus, les simples fragments, une image qui ne sera jamais complète, rendra fous les vivants. Littéralement fous."

C'est vers une passionnante épopée familiale et historique que nous entraîne ce livre.
Celle d'un homme parti à la recherche d'une vérité concernant le sort des siens, six Juifs disparus parmi les six millions de victimes de la Shoah. C'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin...
Mais c'est sans compter sur l'opiniâtreté du narrateur et son obsession des détails qui seuls peuvent ancrer la réalité de la vie et de la mort de six personnes de la petite ville de Bolechow, à l'est de la Pologne (aujourd'hui en Ukraine), au début des années 40.
Aux quatre coins du monde où sont éparpillés les anciens, amis, voisins et témoins anonymes, le puzzle des derniers jours de l'oncle Shmiel et de ses filles va se reconstituer au fils des années et des rencontres.

Loin d'être uniquement le récit émouvant et bouleversant d'une quête, ce livre s'inscrit directement comme un témoignage de ce qu'on appelle "la Shoah par balles", venant confirmer ce que révèlent les archives des  pays de l'Est accessibles depuis la disparition de l'Urss.
En Europe de l'Est, au début des années 40, la Shoah par balles a précédé l'instauration des camps d'extermination systématique. Afin de lutter contre une certaine "dépression" des hommes chargés des exécutions en masse des Juifs et contre la lenteur des opérations de "la solution finale", les camps de la mort se sont généralisés. En Ukraine, elle s'est poursuivie jusqu'en 1944.
Au Mémorial de la Shoah, à Paris, actuellement et jusqu'au 6 Janvier 2008, se tient une exposition sur ce pan peu médiatisé de l'Histoire. Voir le site  ICI .

Par la démarche, cette quête improbable, et les liens qui se sont créés entre l'auteur et Alex, son accompagnateur ukrainien, ce livre m'a rappelé "Tout est illuminé" de Jonathan Safran Foer. Emouvant et drôle aussi, ne manquez pas ce livre, si vous avez dévoré celui-ci.
Vous pouvez retrouver les acteurs du livre de D. Mendelsohn ICI .

Les avis de Chatperlipopette et du Bibliomane.

Les Disparus     Daniel Mendelsohn     Editions Flammarion

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28 décembre 2007

Virus suédois

9782742761579La lecture de ce polar était programmée pour les vacances de Noël au coin du feu, voilà c'est fait ! Comme beaucoup, j'ai attrapé le virus qui, loin de m'assommer, m'a tenu éveillée jusqu'à quatre heures du mat.

Au personnage de Mikaël Blomkvist, j'ai préféré celui de Lisbeth Salander, sorte de Nikita cybernétique, qui aurait troqué sa spécialité ès armes à feu contre un diplome de hacking, niveau master 5 au moins !
Le haut degré d'asociabilité de cette Fifi brin d'acier bardée de tatouages et de piercings, limite autiste, et qui "par principe ne parlait pas avec la police", n'a pas été pour rien dans le sentiment de sympathie spontané qui me pousse à lui décerner le titre de l'héroïne de l'année.

"Ce jour-là, Lisbeth Salander était vêtue d'un tee-shirt noir avec une image d'E.T. exhibant des crocs de fauve, souligné d'un I am also un alien. Elle portait une jupe noire dont l'ourlet était défait, un court blouson de cuir râpé, ceinture cloutée, de grosses Doc Martens et des chaussettes aux rayures transversales rouges et vertes, montant jusqu'aux genoux. Son maquillage indiquait qu'elle était peut-être daltonnienne. Autrement dit, elle était extrêmement soignée."

L'auteur ayant lâchement abandonné ses personnages, je ne vais pas me précipiter sur la suite, histoire de faire durer le plaisir...

Comme en cette fin d'année je tire un peu ma flemme, je laisse la parole à VALDEBAZ qui nous fait ICI un résumé parfait de la situation et nous donne la liste des autres contaminés !

Les hommes qui n'aimaient pas les femmes   Stieg Larsson   Actes Sud  Noirs

 

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4 décembre 2007

Mémoire poétique

sdls1c"Non pas un livre que cela, mais un ressassement d'appels et d'échos. Une claudication d'écriture, un balbutiement. Un pleurement d'encre. Une attente."

Voilà qui résume bien ce récit.
Il ne s'agit pas d'un roman mais d'une balade dans les rues de Prague. Occasion pour l'auteur de cheminer sur les traces d'une géante au pas boîtant qui porte en elle la mémoire de la ville et de ses disparus.

Lorsque je referme un livre de Sylvie Germain, j'ai toujours des complexes à poser mes mots derrière les siens.
Une fois encore, je m'enveloppe dans le brouillard de nostalgie distillé par ce livre pour disparaître et laisser la place à l'auteur.

"Elle est entrée dans le livre. Elle est entrée dans les pages du livre comme un vagabond pénètre dans une maison vide, dans un jardin à l'abandon.
Elle est entrée, soudain. Mais cela faisait des années déjà qu'elle rôdait autour du livre. Elle frôlait le livre qui cependant n'existait pas encore, elle en feuilletait les pages non écrites et certains jours, même, elle fait bruire imperceptiblement ces pages blanches en attente de mots.
Le goût de l'encre se levait sur ses pas."

J'aurais aimé une pensée pour IAN PALACH...

"C'est que sous ses grands airs, l'Histoire pue. Il conviendrait de le dire, pour que l'on sache à quel point la douleur des victimes fait vraiment mal et que l'on n'oublie pas qu'une larme pèse un poids gigantesque."

La Pleurante des rues de Prague     Sylvie Germain    Editions Folio

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23 décembre 2007

EnSlovèneigement...

9782070347971A première vue, titre et couverture avaient tout pour me déplaire. Mais la littérature slovène ne courant pas les rues et la 4ème de couv aidant, je me suis laissée tenter. Le résumé a très peu à voir avec ce qui suit, j'imaginais une autre histoire...

Parisienne d'adoption, Lila est revenue en Slovénie pour enterrer son père et prendre possession de sa maison au bord du lac de Bled. Elle ne doit rester que deux jours dans cette station thermale très kitsch de l'ex-Yougoslavie. A Paris l'attend Pierre, son mari, son grand fils Oscar, son travail, elle est "nez" chez un grand parfumeur, et Simone, sa vieille copine.
Bien sûr, rien ne se passera comme prévu.
A commencer par la maison de son père qu'elle ne voulait même pas visiter, mais où elle va s'installer et se couper de tout ce qui faisait sa vie d'avant.

"C'est une drôle de dame, pense-t-elle en approchant de la maison. On dirait une beauté fanée qui a déposé ses armes, une vieille excentrique qui ne se farde plus depuis longtemps. Avec une âme bohème et un goût pour l'essentiel venu sur le tard, se dit-elle en rentrant."

A continuer par ces curieuses rencontres, d'abord l'inconnu ivre à la vieille BMW, puis Nast le Roumain, vieux dandy et maître d'échecs, qui se cache et qu'elle retrouve régulièrement pour boire un verre dans l'ancienne villa de Tito transformée en hôtel; et surtout Sergueï, le médecin du dispensaire, solitaire et un brin désabusé.
Il y a aussi la lecture d'un manuscrit, "Un coeur de trop", découvert dans l'armoire paternelle, et le chat qui reprend sa place dans la maison... Et enfin la neige qui fait ressembler le lac, son îlot et son église, à un gros gâteau de sucre glace, et le gel qui pourrait figer et suspendre le temps.

A Paris, au même moment, Simone poireaute, se souvient de leurs années de jeunesse, nous raconte la vie parfumée de Lila, et râle un peu, car quand même, elle exagère Lila, tout plaquer comme ça, partir pour deux jours et s'absenter deux mois sans fournir la moindre explication...

"Depuis combien de temps ne se sont-elles pas retrouvées toutes les deux comme ce matin ? Simone et Lila, Lila et Simone, comme à la belle époque de la rue de Rennes... Les reines de la rue de Rennes. Leurs longs petits déjeuners à deux. Leurs thés, cafés, confitures... Croissants le dimanche ou un autre jour... Fleurs de temps en temps... La musique, toujours... Les histoires de train de Lila... Elle avait toujours quelque chose à raconter. Comme Simone avait toujours quelque chose à montrer. Ses dernières inventions, derniers dessins, dernières photos..."

Passée une légère déception, l'action ne se situant pas uniquement en Slovénie, je me suis laissée porter par ce récit à deux voix et j'ai cheminé avec plaisir sur cette passerelle tendue entre Ouest et Est. L'atmosphère "fin de règne", qui enveloppe Bled et ses habitants, colle à merveille à la parenthèse dans laquelle Lila s' enferme. J'adore ces moments de fêlure qui font basculer les vies, ces craquelures soudaines qui donnent la force de larguer les amarres et l'illusion d'un autre possible.
Mais fêlures et craquelures peuvent aussi se révéler dangeureuses, surtout sur la glace...

Sautez dans vos bottes et baladez-vous à BLED , et voyez si c'est pas romantique tout ça (cliquez à gauche sur panorame). J'irais bien y faire un tour...
Et ICI pour voir la diversité des paysages de ce petit pays qui va prendre la présidence de l'Union Européenne le 1er Janvier prochain; pour un peu d'Histoire, tournez ces pages.

Un coeur de trop     Brina Svit     Editions Folio

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1 février 2008

Histoire de ouf !

9782070339341L'autre jour chez le Serial Lecteur, je lisais cette phrase qui rassérénerait de nombreux héros de polars, flics ou malfrats : "La réalité n'est qu'une hallucination provoquée par le manque d'alcool" (O'Mulligan).
Le personnage du livre de Franz Bartelt, lui non plus, ne renierait pas la véracité de cette sentence et ne manquerait pas de lever sa canette à la santé de ce O'Mulligan.
Effectivement, tout dépend de quel point de vue on envisage un problème...

"Le vrai pervers, ce n'est pas l'assassin, c'est le juge qui ne peut se passer du travail de l'assassin. Voilà ce que je pense. Le juge, c'est un drogué. Il est sous dépendance. Si demain les assassins décrétaient la grève générale, la moitié des juges deviendraient neurasthénique et l'autre moitié découperait les rombières en morceaux."

Contraint et forcé à un sevrage sévère, lors d'une prise d'otage délirante orchestrée par l'inquiétant Jacques Cageot-Dinguet, notre bonhomme aura maille à partir avec les portes de la perception. A moins qu'il ne s'agisse d'un voyage organisé au centre d'un psychisme sérieusement perturbé...
Mais que ne ferait-on pas pour l'amour de sa belle, surtout quand celle-ci aime énormément le pognon !

"J'avais failli lui planter mon couteau dans le bide avant de savoir qu'il y avait douze César. Il avait bien fait de pointer un flingue dans ma direction. Sous la menace, le savoir rentre tout seul. Les mômes, je suis sûr que si on leur faisait étudier les tables de multiplication avec un trou de carabine contre la tempe, ils ne mettraient pas des heures avant de devenir des prodiges du calcul mental. La manière forte, la voilà la manière. Quelle leçon il me donnait, le con !"

Un drôle de huis-clos aux dialogues savoureux.
VAL  et  LE BIBLIOMANE , eux aussi, ont bien rigolé !

Le jardin du Bossu    Franz Bartelt    Editions Folio Policier

 

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31 juillet 2007

Sombre velours

sgJe poursuis ma découverte de Sylvie Germain.
J'ai un peu traîné pour cause de festival et de jardinage intensif.
Et puis aussi parce que ce livre, même s'il est très bien écrit, m'a moins transportée que MAGNUS .

Prokop Poupa et ses amis dissidents, intellectuels comme lui, exercent des petits boulots à Prague. Prof de littérature, Prokop se voit assigné, par le régime communiste et à titre de représailles, à un poste de balayeur.
Divorcé et père de deux enfants, Prokop vit seul et s'accomode de son sort. En fait, il ne vit pas complètement seul, puisqu'il partage son logis et ses lectures avec son dieu Lare*, sous l'égide duquel il médite et s'interroge sur tout et rien, la vie, la nature, les hommes et Dieu.

"Ce fut un choc, une sensation physique; ce qui était écrit avec une si belle densité venait, dans l'instant même de la lecture, de se matérialiser. Chaque mot se faisait grain de pluie, de soleil, de vent, se faisait fleur, fleur de rocaille, lichen et lierre. Et ces mots végétaux, minéraux, granuleux, lui emplissaient la bouche, lui fondaient dans la gorge."

Prokop nous entaîne dans l'immensité de ses territoires intimes, sa mémoire, ses rêves et ses souffrances. Au risque de s'y perdre et de ne pouvoir, ni de vouloir, prendre le train de l'Histoire. Car la Révolution de Velours couve et les rues de Prague bruissent des revendications des manifestants. Prokop assiste aux événements comme dans un état second. Tout engoncé qu'il est dans ses doutes et sa dépression, il ne sait que faire de sa dignité enfin retrouvée et de cette nouvelle liberté pour laquelle y a lutté.
Pour ne pas sombrer définitivement et résister à la vague consumériste qui balaie le pays, il se raccrochera à la banalité des choses, un chemin de terre, des sculptures, un air de saxo ...

"Prokop, planté sur le trottoir, regardait le passager au saxo rouler des épaules derrière la vitre. Il reconnut Viktor. Il ne l'avait pas vu depuis deux ans. Viktor ne le remarqua pas; il jouait les yeux fermés. Les portes du wagon s'ouvrirent. La musique déboula dans la rue, éclaboussant la nuit de sons or et vermeils. Prokop resta un instant ébloui par cette lumière sonore qui jaillissait à profusion du corps ondoyant de Viktor; les notes rebondissaient sur les rails et l'asphalte avec la turbulence d'une giboulée de grêle."

Un roman emprunt de mélancolie et qui colle bien au temps maussade qui plombe nos cieux. C'est donc ma seconde rencontre avec un héros germanien, et je suis encore surprise que celui-ci ne se soit pas suicidé avant la fin du livre ! Mais l'auteur est une désespérée optimiste qui sauve ses personnages grâce à une écriture sensuelle dont elle seule a le secret, comme en témoignent ces deux extraits !

* Pour en savoir plus sur les dieux Lares, c'est .
   

Immensités     Sylvie Germain     Editions Folio

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19 août 2007

Cot cot cot !

9782867462986Eva a seize ans lorsqu'elle épouse Hans après la Grande Guerre, et qu'ils s'installent dans une modeste ferme du sud de l'Allemagne.
Hans s'occupe du bétail et des quelques acres de champs qu'ils possèdent, avant de rejoindre l'atelier où il travaille comme tailleur de pierres. Eva s'occupe du potager, du poulailler, de la maison et de ses deux enfants.
On est en 1936. La machine de guerre est déjà en route, et Hans est mobilisé. Il intègre l'armée en laissant consignes et recommandations, afin que femme et enfants s'en sortent pour le mieux face à un contexte économique qu'il pressent difficile.

"A l'époque dont je parle, les choses évoluaient autour de nous mais nous étions trop surmenés pour nous en rendre compte. Et, soyons honnêtes, cela nous intéressait médiocrement.(...)
Un après-midi, un employé du Bureau gouvernemental du ravitaillement se présenta et inspecta l'exploitation. Il m'informa que nous pourrions avoir droit à des avantages.(...) Pour bénéficier de ces nouveaux avantages, il fallait produire nos extraits de naissance et ceux de nos parents."

La vie s'organise sans Hans et sans l'aide des enfants qui, adolescents, se donnent corps et âme au mouvement Hitler Jugend auquel il est mal vu de ne pas adhérer. Eva se retrouve donc seule à la tête de la ferme et  décide de développer son commerce des oeufs, en allant faire les marchés plusieurs fois par semaine. C'est dans son poulailler qu'elle découvre Nathanaël, étudiant juif expulsé de l'université, et évadé du camp de Mauernich.

"Je me demandais pourquoi il avait eu des ennuis à l'université mais le courage de lui poser la question me manquait.(...) Pendant les premières semaines qui suivirent l'arrivée de l'étranger, je vaquai à mes tâches quotidiennes. J'étais à tout instant très consciente de sa présence, mais je n'avais pas de difficulté à me comporter comme d'habitude, car je ne connaissais pas d'autre façon d'être."

Il y restera près de deux ans. Et participera à la prise de conscience d'Eva, face au désastre qui se prépare.
Grâce aux marchés, Eva s'ouvre aussi sur le monde qui l'entoure et sur ses incohérences. Elle devient experte dans l'art de la fausse compromission et de la dissimulation.
Mais surtout, elle s'ouvre à elle même, sous l'effet conjugué des caresses et des mots de Nathanaël.

"Le changement n'était pas immédiatement perceptible mais je savais qu'il survenait. Mes pensées, qui se réduisaient jusqu'alors à me rappeler ce que j'allais devoir faire juste après, je les entendais prendre dans ma tête la forme de dialogues. En remontant le seau du puits, en grattant les légumes du ragoût, je débattais avec tel ou tel sujet. Je pensais à Nathanaël. Je m'interrogeais. Lentement mon intelligence devenait plus concrète et ce que cela signifiait se clarifia."

Eva comprend aussi que ses enfants endoctrinés n'auraient aucun scrupule à la dénoncer, s'ils venaient à découvrir la vérité sur les agissements de leur mère. Fine mouche pleine de bon sens paysan, elle saura tirer parti de leur fanatisme.
Car au sud de l'Allemagne, au-delà de la Forêt Noire, il y a la Suisse...

Inutile de dire que j'ai énormément apprécié le portrait de cette femme simple et pleine d'humanité. On ne s'ennuie pas un instant en sa compagnie.
Puisse le récit de sa lente transformation, qui va de la naîveté à l'engagement en passant par la découverte de la sensualité, vous émouvoir autant que moi !

La coquetière     Linda D. Cirino     Editions Liana Levi-piccolo

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8 mai 2008

Némésis

9782070309818Il ne fait pas bon être une femme dans l'entourage d'Harry Hole.
Nous l'avions connu plutôt abattu dans "Rouge-gorge", suite au décès d'Ellen, sa coéquipière bien-aimée victime d'un tabassage en règle orchestré par Tom Waaler, mais laissé amoureux de la très comme il faut Rachel, connue lors de l'enquête dans les milieux fachos.
Rassurez-vous, rien n'arrive à Rachel, qui est occupée en Russie à se battre pour la garde de son fils.
Mais il n'en va pas de même pour Anna Bethsen, une ancienne conquête d'Harry Hole, qui reprend contact avec lui et l'invite à passer une petite soirée sympa en amoureux rue Sans-Souci, où elle habite.
Il sait bien, Harry, qu'il n'aurait pas dû accepter, c'est pas sympa pour Rachel, mais son égo de mâle esseulé a flanché, et puis que peut-il bien arrivé rue Sans-Souci, hein ? Rien, enfin en temps normal... Anna est retrouvée, le lendemain, une balle dans la tête.

Le problème d'Harry, c'est que pour lui, c'est le black-out total. Impossible de se souvenir comment la soirée s'est terminée, comment il est rentré chez lui, ni ce qu'il a bien pu faire de son portable. Son voisin Ali peut juste lui dire qu'il l'a réceptionné d'un taxi, dans un piteux état.
Parallèlement, une série de braquages de banques a lieu à Oslo. Harry travaille dessus avec une nouvelle recrue, Beate Lonn, jeune surdouée de l'analyse vidéo et dotée d'un gyrus fusiforme surdéveloppé.

"Harry tapota d'un index son front écarlate.
- Logiciel interne. Stocké dans le lobe tempotal, ne sert qu'à reconnaître des visages. C'est tout ce qu'il fait. C'est ce morceau qui fait que tu peux différencier des centaines de milliers d'individus, mais à peine une douzaine de rhinocéros.
- Des rhinocéros ?
- C'est un exemple, Halvorsen. Mais Beate Lonn doit être un cas tout à fait à part. Son fusiforme est doté de quelques circonvolutions supplémentaires, qui lui permettent de se rappeler pour ainsi dire tous les visages qu'elle a vus dans sa vie. Et je ne parle pas des gens qu'elle connaît ou avec qui elle a discuté, mais de visages derrière des lunettes de soleil, qu'elle a croisés dans la foule il y a quinze ans."

Qui a intérêt à vouloir encore mouiller Harry ? Y a-t-il un lien entre les braquages et la sulfureuse Anna ?
Qui et que manipule Raskol, cet étrange gitan emprisonné et seul parent d'Anna, au carnet d'adresses bien fourni et qui va collaborer avec Hole ? Qu'est-ce que manigance encore Tom Waaler, le trouble collégue d'Harry ?

Vous le saurez en lisant cette nouvelle enquête qui, cette fois, nous balade un peu au Brésil, mais surtout nous entraîne dans le monde et la tradition tziganes.
Contrairement à ce brave Harry, qui est devenu aussi sobre qu'un chameau ( il ne touche pas une goutte d'alcool avant la page 420 !), j'ai descendu ce livre cul-sec, tout comme les précédents.
L'enquête sur la mort d'Ellen n'étant toujours pas bouclée, et Tom Waaler toujours vivant, alors pour les addictes, rendez-vous au prochain "L'étoile du diable", qui n'est toujours pas sorti en poche.

Rue Sans-Souci    Jo Nesbo     Editions Folio Policier

 

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20 avril 2008

Tu vas passer Noël ici ?

9782757807255C'est la question que tout le monde pose au commissaire Erlendur Sveinsson qui, à l'égal de ses confrères Adamsberg (F. Vargas) ou Wallender (H. Mankell), respire toujours autant la joie de vivre, n'en finit pas de courir après les fantômes de son passé et de se faire du mouron pour sa toxico de fille.
Ici, c'est l'un des plus grands hôtels de Reykjavik. On vient d'y retrouver le portier et factotum de service en bien mauvaise posture, à savoir déguisé en Père Noël, le coeur transpercé de plusieurs coups de couteau, la quéquette en berne et au bout de laquelle pendouille un préservatif. Alors que tout le monde l'attendait pour animer le goûter des enfants, le Père Noël semble s'être offert une petite gâterie qui lui fut fatale.
Evidemment, ça fait un peu désordre dans cet îlot luxueux.

"Un imposant arbre de Noël trônait dans le hall et partout il y avait des décorations, des sapins et des boules scintillantes. D'invisibles haut-parleurs entonnaient le Douce nuit, sainte nuit. De grands bus étaient garés devant l'hôtel et leurs passagers s'attroupaient à la réception. C'étaient des touristes étrangers venus passer les fêtes de Noël et du nouvel an en Islande parce que, dans leur esprit, l'Islande était ce fascinant pays où l'aventure est au coin de la rue."

Rien d'étonnant à ce que le directeur veuille donc étouffer l'affaire au plus vite. Mais c'est quand même curieux que personne ne connaisse ce Gudlaugur Egilsson alors qu'il travaillait depuis une vingtaine d'années. Et pourquoi vivait-il dans ce cagibi du sous-sol de l'hôtel ?

Erlundur, qui n'a jamais trouvé un quelconque intérêt aux festivités de Noël, décide de squatter une minable chambre sans chauffage allouée à contre coeur par une direction qui n'apprécie guère que l'on vienne mettre le nez dans ses coulisses et dans sa cuisine interne. Furetant et discutant ça et là, il va dérouler petit à petit le fil de la vie de la victime, un curieux personnage qui fut jadis un enfant star.
Le brillant commissaire Erlunder est-il toujours aussi doué ? Combien de jours lui faudra-t-il pour plier l'affaire et pourra-t-il regagner ses pénates comme tout le monde le 24 Décembre ? "Arrête donc de me bassiner avec ça, répondit Erlunder, sur quoi il raccrocha."

C'est avec plaisir que j'ai retrouvé Erlundur et sa clique d'inspecteurs. Mais j'avoue avoir été un peu déçue par l'histoire qui sert de trame de fond à l'enquête.
Cela dit, même si à la longue je me suis un peu ennuyée, ça reste un polar correct et un huis-clos bien ficelé.
Faut dire qu'après "La femme en vert ", que j'avais trouvé ABSOLUMENT puissant, la barre était bien haute...

Les avis plus enthousiastes de VAL  et  TAMARA

La Voix    Arnaldur Indridason     Editions Points Seuil

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19 mai 2008

Le poids des hommes

9782070355570L'histoire débute en 1952 alors que la mère du narrateur (Pavel), médecin urologue, est appelée auprès de Staline afin de soulager les douleurs du Vodj par des techniques peu orthodoxes dont elle a le secret. Evidemment, ce qui devient une protection certaine exige quelques concessions, comme par exemple celle de quitter son mari...une broutille !
Heureusement, le petit père des peuples a la bonne idée de mourir l'année suivante, ce qui permet à la mère de Pavel de retrouver son mari, mais de perdre aussi son poste dans la capitale soviétique.

"Elle ne m'a jamais parlé de ses retrouvailles avec mon père. L'un et l'autre sont restés de bons communistes. Le retour à une vie ordinaire après avoir été supplicié était normal pour l'époque. Comme il l'était de ne pas tenir rigueur au régime. La dérive de certains n'assombrissait en rien le projet révolutionnaire et la foi qu'on avait en lui. Peu d'homme étaient alors capables d'ajouter à la souffrance de la torture celle de la désillusion.
Alors que les premiers sous-marins nucléaires appareillaient, mon père a été muté dans une base de la mer de Barens pour assurer le suivi technique de la flotte nucléaire. C'est là que je naquis en 1957."

Et l'histoire se termine quelques quarante ans plus tard, sur le destin tragique d'un sous-marin nucléaire, sur lequel Vania, le fils de Pavel, effectue sa première plongée lors de grandes manoeuvres de la Flotte du Nord.
Entre les deux, nous suivons le destin de deux hommes.

D'abord celui de Pavel, qui se débat entre sa femme diminuée suite à un traumatisme cranien, sa fille prise dans la nouvelle frénésie médiatique, ses vieux copains convertis au libéralisme de façon parfois radicale, les tractations avec le représentant de l'état suite au décès de Vania, son deuil et ses propres répères qui se brouillent. A quarante quatre ans Pavel change de vie. Il négocie sa mise en retraite anticipée, investit l'argent donné par l'état, prend une maîtresse mais s'accroche à ce bout de terre sibérienne où la dureté de la vie forge le carctère des hommes.

"Il nous arrivait de dormir à l'isba ou de nous improviser un campement de fortune dans des lieux plus reculés où nous ne rencontrions jamais personne. Il n'est pas rare qu'un couple se dise seul au monde, mais là nous l'étions pour de bon dans ces étendues sans fin où la nature paraît à son avantage, cachant sa maladie comme une vieille femme autrefois coquette le fait de son déclin."   

Parallèlement, nous suivons l'ascension d'un petit agent du KGB qui finira à la tête du pays et qui, comme tous ses prédécesseurs, aura peu d'états d'âme lorsqu'il s'agit de choisir entre le pays et les hommes. Patrie, empire ou fédération, selon les époques, peu importe, la règle du jeu est toujours identique, la valeur humaine est quasi nulle et seuls importent le pouvoir et la force lancés à la face du monde occidental.

Des petites histoires "sans importance" sur trois générations pour nous brosser la grande Histoire.
Un découpage en règle du fonctionnement paranoïaque d'un régime et les conséquences inéluctables sur les hommes qui y sont soumis.
Un mélange habile de fiction et de réalité.
Une construction originale et des personnages attachants de fragilité.
Conclusion, un livre à recommander sans hésitation.

Si vous avez du temps, cette vidéo , un très bon documentaire pour compléter la lecture, avec la voix de Bernard Giraudeau en prime.
Et l'avis de GAMBADOU.

Une exécution ordinaire     Marc Dugain     Editions Folio

 

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12 mai 2008

Betty Boop en folie

9782757806289Imaginez une Betty Boop quadragénaire en blouse blanche, un poil agoraphobe et accro aux cocktails Cognac, Chardonnay & psychotropes divers et variés. Comme il se doit, elle est aussi adepte de lingerie fine et de produits de beauté en tous genres. Lors d'un congé sans solde pour cause de burn out, elle reste cloitrée dans sa bonbonnière dorée mais branchée sur notre triste et dangeureux monde via son petit portable adoré, Babyphone, et son ordinateur chéri, MacChou. Voilà le tableau, vous avez une idée d'Elvira, infirmière de son état et célibataire, vivant dans une petite ville de la Côte d'Azur (tableau d'ailleurs pas si éloigné que ça d'une certaine réalité, j'ai connu des collègues prêtes à tout pour se faire remarquer des toubibs, autrement que pour leurs qualités professionnelles ça va sans dire...).

Comme il faut bien s'occuper, entre bains moussants et masques relaxants, pourquoi ne pas tenir un I-journal et se connecter sur des sites de rencontres afin de rêver un peu ?
Le meurtre d'une jeune femme va venir chambouler le petit coeur fragile d'Elvira et occuper notre pin-up, d'autant plus qu'une de ses collègues est la petite amie du commissaire Alvarès qui mène l'enquête, ce qui permet à Elvira d'avoir des infos en direct.
Quand une seconde victime est découverte et qu'il s'avère que l'hôpital où travaille Elvira pourrait bien avoir un lien avec les deux meurtres, ses petits neurones de baby doll attardée entrent en ébullition. Si en plus, il se passe des trucs bizarres sur son Babyphone et surtout sur son MacChou, son imagination ne tarde pas à carburer à plein régime.
Se pourrait-il que ses princes charmants virtuels soient mêlés à toute cette boucherie ?
Quand un troisième meurtre a lieu, une intution froufroutante s'insinue dans sa tête et ses neuro-transmetteurs clignotent à donf' pour lui signaler que le danger rôde et qu'elle pourrait bien être la prochaine victime.

"Je n'arrête pas de ruminer, impression d'avoir la tête comme une cage à hamster avec la roue qui tourne non stop."

Elle n'en mène pas large, notre Betty Boop, mais elle est vaillante et toujours prête à rendre service, en l'occurence à la police, qui pourtant n'a que faire de ses élucubrations de Miss Marple en string.
Heureusement, au-dessus de chez elle, vit Steven, son propriétaire et collègue, qui pourra être là en cas de pépin, et ainsi que ses copines de l'hôpital qui lui téléphonent régulièrement. Avec l'aide de ses chères petites pilules, qui lui permettent de rester zen malgré l'atmosphère gore qui se profile à l'horizon, Elvira se prépare au pire, et elle a bien raison.

"Cognac. Chocolat. Vague mal au coeur. Sais même pas l'heure qu'il est. Faim. Pizza. Micro-ondes. La neige a cessé de tomber. Gros nuages noirs. Lueurs d'orage. Besoin de chaleur, d'amour et de douceur. Pizza, pelotonnée sur le canapé, sous plaid écossais, bougies zen allumées, championnats de patinage artistique à la télé, gros couteau à découper sur la table basse. Torpeur. Dormir."

Je suis rassurée, Brigitte Aubert ne va pas mieux... Voire pire, son cas s'aggrave !
Son imagination déborde et a pris le pouvoir de son encéphale perturbé. Elle nous psychote un scénario en rouge et noir  impeccable et joue toujours aussi bien du scalpel.
Alors enfilez vos mules à pompons, revêtez votre plus beau peignoir satiné, sortez du congélo votre masque anti-stress et plongez sans retenue dans cette sitcom déjantée ! Vos petits doigts manucurés tourneront les pages de ce délirant cauchemar jusqu'au bout de la nuit, tout en musclant vos zygomatiques et luttant ainsi sans efforts contre les rides. En cours de lecture, mesdames, vous clôturerez sans doute votre abonnement meetic, mais vous ne le regretterez pas !

Et ce n'est pas VAL qui me contredira...

Une âme de trop     Brigitte Aubert     Editions Points Thriller

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22 mai 2008

Les Abori-gênent...

978207034157370 000 av. JC, les continents sont en mouvement et l'homo sapiens aussi.
Suite à l'éruption gigantesque du Mont Toba, les péninsules de Sunda et de Sahul se sépareront à jamais pour, petit à petit, donner naissance à l'Océanie actuelle.
Le livre s'ouvre sur la longue marche d'une peuplade qui, poussée par la faim, quitte Sunda et brave les flots pour s'échouer sur une terre inconnue, Sahul. Pendant des millénaires, ces hommes peupleront Sahul, la parcourant de fond en comble, y puisant leurs mythes et leurs croyances, affrontant les changements climatiques, s'adpatant et survivant grâce à la faune et la flore dont ils tireront subsistance, remèdes et protections.
Cette odysée mènera les descendants de Yoolore, de Tjonambu et de Namoora, à l'aube du troisième millénaire dans l'Australie moderne dont ils ont été spoliés.

"8 000 ans av. JC.
Wirakee ramena le bras en arrière. D'un mouvement de poignet, il fit siffler le boomrang. Une étroite fraction de temps et, comme à chaque fois qu'il lançait le morceau de bois, il eut la vision de Tjoonake, l'enfant-ancêtre, issu de la lignée de Pinanga, de la rencontre entre ceux du monde-sur-la-terre et ceux du monde-sous-la-la-terre. Selon la légende, Tjoonake avait repoussé le ciel loin du sol avec un bâton, permettant aux hommes et aux animaux de ne plus ramper. Puis, sous l'effort, ce bâton s'était courbé. Alors, le croyant devenu inutile, Tjoonake l'avait jeté au loin. Mais le bâton était revenu à lui : le boomrang était né."

Parallèlement, en 2004 à Sydney, Liz enrage dans le Tribunal des Réfugiés où elle travaille. La défenestration d'une jeune Bangladaise et les méthodes humiliantes de la directrice lui sont devenues insupportables.
D'ascendance française, Liz largue tout et s'installe en Provence, là même où sa mère et sa grand mère ont séjourné pendant la guerre avant de s'embarquer pour l'Australie.
Bien décidée à découvrir l'histoire de cette mère qu'elle a si peu connue, et dont elle ne garde aucun souvenir,  elle mène l'enquête et finira par éclaircir les zones d'ombre que son père lui a toujours dissimulées.

Et bien évidemment, l'épopée des Aborigènes rejoindra l'histoire de Liz.

C'est un voyage passionnant et fort bien documenté au coeur de l'histoire de ce peuple (cartes, planches, généalogie, lexique et explications supplémentaires en fin de livre).
J'ai été réellement enchantée par leur cosmogonie, et j'aurais aimé que l'on traverse le Temps plus lentement encore, afin d'en découvrir davantage sur cette culture. Le récit faisant référence au XXe siècle est, lui aussi, riche d'enseignement sur le sort échu à ce peuple qui fut dépouillé, exploité, décimé et auquel les blancs ont volé ses enfants.

L'histoire de Liz permet un sympathique séjour provençal, bien qu'un peu trop simpliste à mon goût.
On aurait pu se passer des quelques cadavres, dont on ne sait qu'à la fin s'ils ont un lien avec l'histoire maternelle, une éventuelle magie aborigène, ou tout autre chose.
De même, jusqu'à la fin, on se demande bien par quelle pirouette l'auteur va s'en tirer pour conjuguer ces 70 000 ans d'histoire avec le chant des cigales et les parfums de la lavande.
Mais, tant bien que mal, elle y réussit...

Au total, un livre qui lie le romanesque et les références anthropologiques, et qui m'a permis de retrouver le même plaisir que j'avais déjà rencontré à la lecture de "Requiem pour un poisson" (Folio).

Noir austral    Christine Adamo    Folio policier

 

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30 mai 2008

Du premier au dernier

9782070392841Publié en 1923, La steppe rouge est le premier ouvrage de Joseph Kessel; l'auteur a alors vingt-cinq ans.
Il s'agit d'un recueil de nouvelles ayant toutes pour cadre la Russie en ébullition, celle des Soviets  issue des révolutions de 17.
Aux quatre coins du pays règnent le chaos et la peur. Chacun tente de s'adapter, ceux qui ont tout perdu, comme ceux qui croient qu'ils ont tout à gagner.
Un petit professeur effacé se transforme en un redoutable commissaire du peuple. A Tachkent, la jeune fille instruite d'un noble déchu se laisse séduire par un vieil ami de la famille qui l'entraîne à Moscou, puis l'abandonne. Des mères sont impuissantes face à la Tchéka qui emprisonnent leurs fils. Les rouges envahissent Odessa, on y joue au fou pour sauver sa peau. A la frontière lettone, un homme rescapé des geôles raconte. Un soldat trouve du réconfort auprès d'une femme. Comment réagira-t-il lorsqu'il la retrouvera dans une cellule où elle attend d'être exécutée ?

9782070370726bPublié en 1975, Les temps sauvages est le dernier livre de l'auteur.
En Octobre 1918, au sortir de la guerre où il a combattu dans l'aviation française, Joseph Kessel s'engage comme volontaire pour une mission en Sibérie afin d'arrêter les Allemands entre l'Oural et la Volga. Il quitte Brest pour rejoindre New-York, traverse les Etats-Unis et s'embarque pour le Japon. Une dernière escale le conduit à Vladivostok où il rejoint d'autres volontaires venus de divers pays européens.
En attendant l'arrivée de leurs appareils, les hommes se retrouvent confrontés au grand chambardement de la Révolution d'Octobre et à l'anarchie la plus complète qui s'empare de la ville.
Entre les Cosaques vivant comme des princes dans des wagons du Transsibérien et les chaudes nuits à l'Aquarium, le cabaret où se retrouvent les occidentaux et où des femmes de l'ancienne Russie tentent de survivre de leurs charmes, le jeune Kessel plonge dans l'îvresse de la vie nocturne afin d'oublier la misère de cette cité mythique du bout du monde transformée en véritable cours des miracles.
Un épisode autobiographique romancé, mais surtout un témoignage unique et rare sur une époque troublée en cette contrée lointaine, un ultime livre écrit au seuil d'une vie bien remplie puisque J. Kessel décèdera quelques temps plus tard, en 1979.

Entre ces deux livres, une bibliographie impressionnante, romans, contes, reportages, témoignages, articles.
La vie même du grand Jeff est un roman à elle seule. Je vous conseille la magnifique autobiographie d'Yves Courrière "Joseph Kessel ou Sur la piste du lion" (éditions Plon).
Aviateur, journaliste, grand voyageur et baroudeur, écrivain, Kessel mêlera sa vie sur ces quatre registres et aux quatre coins du monde. Son âme slave lui donnera le goût extrême de la fête, le sens de l'amitié entre hommes et celui de la fidélité aussi bien en amitié qu'en amour.

Mon père avait une passion pour cet auteur qui croquait la vie à pleines dents, et dont les oeuvres occupaient plusieurs étagères de la bibliothèque familiale. 
Rien d'étonnant donc à ce qu'il ait bercé mon adolescence. Je lui dois l'envie de voyager. De tous ses livres, ma préférence va aux quatre volumes de "Le tour du malheur" et au célébrissime "Les cavaliers".
Un bien bel héritage littéraire...

La steppe rouge  Les temps sauvages    Joseph Kessel    Editions Folio

 

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16 août 2008

Voilà, c'est fini...

9782742770311Adieu Lisbeth et Super Blomkvist...
Happy end pour eux.
Pas pour leur auteur, alors merci Monsieur Larsson pour ces 1939 pages de lecture !
Vous êtes sûr que là-haut y'a pas un clavier qui traîne et une connexion intersidérale à bricoler ?
J'ai soudain très envie de croire en dieu !!!
Et allez, juste pour le plaisir :

"Mikael avait beau être habitué à la capacité de Lisbeth Salander de s'habiller de façon choquante, il fut stupéfait de voir qu'Annika Giannini lui avait permis de se présenter à la salle d'audience vêtue d'une courte jupe en cuir noir, avec l'ourlet défait, et d'un débardeur noir portant l'inscription I am irritated et qui ne dissimulait pas grand-chose de ses tatouages. Elle portait des rangers, une ceinture cloutée et des chaussettes montantes rayées noir et lilas. Elle avait une dizaine de piercings dans les oreilles et des anneaux à la lèvre et aux sourcils. Ses cheveux avaient repoussé depuis son opération du crane en une sorte de chaume noir et hirsute. De plus, elle était maquillée à outrance."

Millénium 3    Stieg Larsson    Editions Actes Sud Noirs

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31 mars 2009

Déjanté !

9782020945769A soixante-dix ans, Belalcazar, archéologue à la retraite, ne désespère pas de pouvoir un jour fouler du pied la mythique et aurifère cité inca de Païtiti.
Ayant déjà échoué par trois fois, il le sent, cette expédition sera la bonne.

Se baptisant "capitaine" pour l'occasion, le voilà sur un port britannique avant le grand départ en train d'admirer La Catherine et son sympathique et curieux équipage: Negook et Hug-Gluq, deux frères indiens et chasseurs d'ours dans le nord de l'Alaska, et Fontaine, ancienne infirmière au Vietnam et spécialiste de l'amputation, embarquée ici au titre de cuisinière.
Une première escale le long des côtes africaines permettra aussi de récupérer Florence Malbosse, cartographe de son état, qui préfère l'expression gestuelle à la parole.

La traversée suit son cours, rencontrant des zones anticycloniques ou d'autres plus turbulantes, comme celle qui voit apparaître à bord Jean-Philippe, pirate homosexuel, qui prend en otage La Catherine, avant d'être enrolé, lui aussi, dans la folle épopée.
Evidemment on ne s'improvise pas capitaine, et voilà La Catherine qui s'échoue sur la banquise en lieu et place des côtes péruviennes. Qu'à cela ne tienne, Inyoudgito va les tirer de là grâce à sa mongolfière et, par la même occasion, s'adjoindre à la joyeuse bande en les menant jusqu'aux portes de la jungle sud-américaine.
Là, Sophie entre en scène à son tour, guide un peu spéciale, on s'en doute !

"Au cours du dîner, Sophie a raconté comment les explorateurs précédents sont morts juste avant de tomber sur Païtiti. Elle les escortait et puis plus rien. Tombés raides. Tous en même temps. Cause inconnue. J'emmène chaque année des dizaines de touristes comme vous, finit-elle, et personne n'en est encore jamais revenu."

La traversée de la jungle est épique. Nos aventuriers sont ralentis par un curieux colis. De plus, ils doivent faire face aux aléas du climat, à un tas de petites bêtes qui veulent à tout prix leur tenir compagnie et à des autochtones plus ou moins amicaux, Petit Pénis et Grand Echalas sont parmi des plus sympathiques.

Nos héros parviendront-ils à Païtiti ? Ne comptez pas sur moi pour vous le dire...
Je vous invite à le découvrir par vous-mêmes en vous plongeant URGEMMENT dans les pages délirantes de ce romam où l'auteur, tel un Jules Vernes du XXIe siècle, s'en donne à coeur joie. Il plante ses personnages dans des situations les plus invraisemblables d'où il les sort d'une pirouette toute romanesque, n'hésitant pas à les interpeller et les houspiller, et tout ça à un rythme d'enfer et dans un style enlevé !

"On remonte le fleuve et on trouve Païtiti. Youpi. Criez victoire si vous voulez, serrez-vous dans les bras, plongez sous les bulles du fleuve sans craindre les gardes en peau de croco, mais cinquante bons kilomètres attendent les jambes, c'est l'auteur qui vous le dit. (...) Maintenant, chers personnages, vous faites comme vous voulez, je ne voulais pas plomber l'ambiance, mais au moins les choses sont dites."

Je ne sais si l'auteur carbure à l'herbe de Petit Pénis, mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a bien longtemps qu'un livre aussi jubilatoire ne m'était passé entre les mains. Cet homme a le don de nous faire décoller du réel et ça fait un bien fou...
Alors, bravo et merci monsieur Pluyette pour votre imaginaire déjanté, on sent que vous vous êtes bien amusé !

La traversée du Mozambique par temps calme   Patrice Pluyette   Editions Seuil

 

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16 octobre 2010

Vous allez bientôt vous réveiller

9782742792221Sans aucun doute, l'auteur de ce blog a dû croiser un tel personnage pour rester silencieuse aussi longtemps... De longs mois passés à flotter entre turbulences immobilières, affres familiales alzheimeriennes et remous syndicalistes, et qui la voient, fidèle à son habitude de ne rien faire comme tout le monde, sortir de son hibernation bloguesque à l'heure où l'hiver pointe son nez... Gageons qu'elle risque de ne pas être des plus constantes encore pendant quelques temps.

Il faut dire que ce bouquin, loin de vous détendre, vous file des sueurs froides mais vous scotche cependant inéluctablement, incapable que vous êtes de cesser de tourner les pages. Vous êtes tout juste bon à vous relever dans la nuit afin de vérifier que votre porte est bien fermée, surtout quand vous connaissez l'univers de la psychiatrie...

Passant outre quelques invraissemblances, l'écriture, presqu'exclusivement au présent, vous engourdit sournoisement, vous balade puis vous enfonce dans des contrées obscures d'où de brusques poussées d'adrénaline vous réveillent brutalement. Mais on s'y fait. A la fin, même pas peur !

On n'attend plus que la seconde enquête de Joona Linna.

L'Hypnotiseur   Lars Kepler   Editions  Actes Sud Noirs

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7 novembre 2010

Un homme heureux !

9782253122630Imaginez-le, plongé dans un bain brûlant alors que la température extérieure n'excède pas les 4 ou 5° Celsius, la baignoire gonflable plantée dans le décor grandiose de la chaîne himalayenne, l'homme dégustant dans son bain une coupe de champagne, avec en fond sonore Norma qui crépite sur un vieux gramophone pendant qu'un tafelspitz mijote sur le feu...

Nous sommes dans les années vingt et cet homme se nomme Joseph Francis Rock. Tel que nous le surprenons là dans ce grand moment d'intimité, il est en train de rêver à sa prochaine destination, le pays Golok, terre encore inexplorée. Et pour cause... menées par une reine les tribus nomades qui y règnent sont d'une extrême sauvagerie. Depuis qu'un vieil espion britannique, rencontré une veille de nouvel an dans un pub de la frontière birmane, a confié à Rock l'existence de ce royaume des femmes, "ultime vestige du peuple des Amazones...", c'est devenu une obsession. Il doit y aller, il va y aller, il y va...

Rock n'en est pas à sa première expédition. Il a fui son Autriche natale à sa majorité, bourlingué en Europe et en Amérique, s'est improvisé professeur et botaniste, a enseigné à l'université d'Honolulu où il s'est vu confié une première mission exploratrice en Amérique du Sud. De fil en aiguille, d'autres portes lui sont ouvertes et pas les moins prestigieuses, Harvard, National Geographic. Séduction et filouterie lui permettent toujours d'arriver à ses fins.
Cette fois-ci encore, sous couvert de faune et flore inconnues et d'une montagne sans doute plus haute que l'Everest, Rock va trouver les moyens de faire financer sa quête de la terre promise.

" Au fond des jumelles, l'hiver dessine les ombres à la paresseuse, au plus pâle, en contours frêles. L'or, lui, depuis les faîtières des temples, ruisselle toujours en longues coulées huileuses. Claquements d'oriflammes, pluie de couleurs d'enfance, vert prairie, bleu éther, jaune pissenlit. Et ce rouge tellement franc du collier !
En contrebas de la ville, dans la ceinture ocreuse de la muraille, continue de se nicher toute la vieillesse du monde - grêle de flèches, ombres de chevaux cabrés, fantômes d'archets. Choni n'a pas changé. La profondeur des siècles, comme avant. Et, en même temps, la fraîche évidence de l'instant.
La neige, ici, n'est tombée que sur les sommets. Ce soir, sur la terrasse à la pivoine, quand le bras se tendra pour tâter l'air de soie noire, on croira encore frôler la robe des étoiles."

Nous peinons avec ce cher Rock dans le froid et les tempêtes de neige, traversons les contrées sauvages aux confins du Tibet et de la Chine, nous reposons le temps d'un hiver dans le palais du prince de Choni, attendons la fin des intempéries dans les monastères, croisons chamanes, missionnaires pentecôtistes, colporteurs, brigands, voyageurs, dont la célèbre Alexandra David-Neel, évitons les Seigneurs de la guerre et les troupes de Tchang Kaï-chek. Comme les populations rencontrées, nous rigolons devant les extravagances de Rock et, avec lui, ne tendons plus qu'à une seule chose, la rencontre avec la célèbre Reine des Goloks.

"Plus on avança, plus les femmes se firent charpentées et puissantes, plus on leur devina des jambes bien plantées sous leurs houppelandes de laine brute, et de solides croupes de cavalières. Vers la caravane elles levaient de longues faces d'antilopes où ne se lisait pas la peur (...) C'étaient maintenant les cheveux des filles nomades, de plus en plus épais; leurs cascades de nattes, elles-mêmes de plus en plus alourdies de perles de corail, turquoises, boules d'ambre, billes d'argent, parfois."

Rock atteindra-t-il enfin le pays des Goloks ? Ne comptez pas sur moi pour vous le dire, mais ce qui est sûr c'est qu'il découvrira quelque chose qu'il n'était pas venu chercher...

Bref, si vous tentez l'aventure, vous l'aurez compris, un roman haut en couleur vous attend.

Mais ce cher Rock n'est pas seulement un personnage de roman. Il a réellement existé et l'auteur prend soin dans sa préface d'informer le lecteur qu'elle n'a rien inventé. Précision nécessaire tant la personnalité et la vie de J.F Rock sont incroyables. La preuve ICI

L'auteur mêle habilement les éléments autobiographiques à la réalité de l'expédition. Elle brosse le portrait d'un personnage truculent, obsessionnel à souhait, navigant sans cesse entre enthousiasme et abattement, féru de langues, de photographie, de botanique et d'ethnologie et qui, jusqu'à la fin de ses jours, restera un éternel bourlingueur.

Première rencontre avec Irène Frain. Un vrai talent de conteuse et une formidable idée que cette biographie romancée qui rend un bel hommage à cet homme à la vie exceptionnelle et témoigne d'un temps révolu, celui des grands explorateurs (sans GPS ni portable ni balise argos mais avec baignoire et gramophone !).

 

Au Royaume des Femmes     Irène Frain     Editions Le Livre de Poche

 

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1 juillet 2008

Résumons-nous

Comme j'abandonne définitivement l'espoir d'écrire un billet pour chaque livre lu en ce mois de flemmingite aigüe, voici donc un bref aperçu de mes récentes lectures.

J'ai beaucoup aimé

2848040173

Ce livre prêté par SYLIRE.
On jurerait qu'il est écrit par un psy qui voudrait se faire un peu pédagogue et romancer la psychologie adolescente; apparemment, il n'en n'est rien mais ça sent le vécu.
Une très bonne idée que celle de faire partager ainsi son expérience.
Je l'ai recommandé à mes collègues et le conseille aux ados que je vais voir en pédiatrie suite à certaines conduites à risques avec lesquelles ils flirtent, et dont les TS font partie mais que l'on évite de qualifier ainsi au grand dam de certains ados qui revendiquent haut et fort ce geste même pour quatre comprimés de Doliprane avalés.
Suicide est un mot tellement difficile à prononcer et à attendre... Pas plus que tous les autres qu'ils n'ont pas pu dire et qu'ils leur ont donné un jour la tentation de se taire à jamais.

ANNE l'a lu également et a été touchée.

TS   Fabrice Vigne   Editions L'Ampoule

9782020612036

Merci ANNE pour ce petit livre, je ne regrette pas qu'il ait fait une halte chez moi.
Une histoire ordinaire, celle de gens simples qui s'aiment et qui se quittent sous l'oeil de bonnes gens qui vivent leur vie un peu par procuration.
Une écriture sobre pour dire des choses banales mais uniques pour autant qu'elles se transforment en émotions et qu'elles gonflent les voiles qui nous font avancer dans la vie.

VAL, BELLESAHI en parlent avec tendresse.

 

 Le soir du chien   Marie-Hélène Lafon   Editions Points Seuil

 

J'ai aimé

9782842631499

Cette fable douce-amère à la sauce Bartelt.
On rit, mais un peu jaune quand même...
Une jolie disgression sur l'amour de son prochain et la bonne conscience !
Et un couple émouvant qui nous change des stéréotypes habituels.
Ne pas se fier aux apparences...
A méditer...

Merci VAL

 

 La Belle Maison   Franz Bartelt   Editions Le Dilettante

 

Lisbeth s'embourgeoise, Lisbeth se féminise, Lisbeth est plus forte que Robocop.9782742765010
Mais bon, c'est Lisbeth alors on lui pardonne ! Tant qu'elle reste un brin caractérielle et refuse toute collaboration avec les flics, elle sera toujours ma copine...
Pendant qu'on lit ça, on pense pas, c'est toujours ça de pris.
Mais vous pouvez aussi lire ces quelques mots de Denis Robert, c'est pas de la fiction mais la vraie vie et c'est bien envoyé (Millénium, c'est à la fin pour ceux que ça barbe, mais vous avez tort de ne pas tout lire).

 

Millénium Volume 2   Stieg Larsson   Editions Actes Sud Noirs

9782070412860

Un bon petit polar sans prétention.
Une sombre histoire de filiation chez des bourgeois de province bien propres sur eux et qui n'hésitent pas à employer les grands moyens pour le rester et sauver les apparences.
Une enquête rondement menée par une équipe de flics attachants et rendus humains grâce aux incursions dans leur vie privée.
En prime, une balade dans l'Antiquité et la mythologie, le tout sur fond de côte normande entre fruits de mer et vin blanc.

 

 Meurtres à l'antique   Yvonne Besson   Editions Folio Policier 

 

J'ai été déçue

9782070357420

 

 

 

Je n'ai pas trop accroché à cette histoire de librairie et d'esprits cogneurs.
Et j'ai attendu longuement qu'éclate "l'affaire Lolita"...
Pourtant certains personnages sont attachants et cette histoire pouvait faire gamberger toutes celles et ceux qui rêvent un jour d'ouvrir ces petits coins de paradis...
Reste cependant une balade sympathique outre Manche. Et une jolie couverture !

CATHULU est plus indulgente.

 L'affaire Lolita   Penelope Fitzgerald   Editions Folio 

 

J'ai abandonné

9782070356379

Celui-ci qui s'annonçait pourtant prometteur au regard de la 4ème de couv :
"Plaisir en bouche est l'équivalent, pour les arts de la table du Parfum de Suskind pour les odeurs. Un plaisir quatre étoiles."
J'aime pas les arts de la table, donc je me demande bien ce qui m'a pris de venir échouer dans ce polar, qui d'ailleurs à la page 103 n'en n'est toujours pas un. J'ai même eu un peu la nausée à cause de toute cette bouffe et ce personnage à qui tout réussi m'a vite lassée.
Et si on ajoute en plus de vagues élucubrations sur les tendances gastronomiques ou sur les modes d'un temps futur, ça m'ennuie prodigieusement.
De grâce, laissez à Suskind ce qui lui appartient...

Plaisir en bouche   Béatrice Joyaud   Editions Folio Policier

 

9782757803141Abandonné aussi celui-ci.
Pas réussi à me laisser toucher par l'histoire d'Aden Seliani, cet homme assailli de tous les côtés par les emmerdes ! Sa mère dans le coma, son épouse qui demande le divorce, un boulot qui se révèle autre que ce qu'il croyait, l'âge, etc etc...
Stop ! Moi aussi j'ai mes problèmes et je me coltine ceux des autres à longueur de journée, alors là non, je ne suis pas d'humeur.
En plus, c'est très urbain, et moi j'aime pas la ville, surtout quand je suis de mauvais poil...

 

 Aden   Anne-Marie Garat   Editions Points Seuil

 

Et j'ai picoré

9782070345458

 

Quelques gourmandises dans celui-ci.
"Nuages
Les nuages sont impensables. Incommensurables. On peut raisonnablement estimer qu'il ne s'en est pas trouvé deux pour être identiques depuis la formation de l'atmosphère terrestre. En ce sens, ils sont une parfaite image du monde.

Sac à dos
(...)Cependant, le sac à dos exprime son époque d'une autre façon: dans les rames et les couloirs du métro, dans la rue, ses usagers très régulièrement heurtent les autres, faute d'estimer la place qu'occupe cet appendice de leur personne. Bref, un nombre grandissant d'individus négligent de s'interroger sur leur encombrement."

(et que dire des valises à roulettes !!! là c'est moi qui fais la remarque)

Petit éloge de la douceur   Stéphane Audeguy   Editions Folio

 

 

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