Déjanté !
A soixante-dix ans, Belalcazar, archéologue à la retraite, ne désespère pas de pouvoir un jour fouler du pied la mythique et aurifère cité inca de Païtiti.
Ayant déjà échoué par trois fois, il le sent, cette expédition sera la bonne.
Se baptisant "capitaine" pour l'occasion, le voilà sur un port britannique avant le grand départ en train d'admirer La Catherine et son sympathique et curieux équipage: Negook et Hug-Gluq, deux frères indiens et chasseurs d'ours dans le nord de l'Alaska, et Fontaine, ancienne infirmière au Vietnam et spécialiste de l'amputation, embarquée ici au titre de cuisinière.
Une première escale le long des côtes africaines permettra aussi de récupérer Florence Malbosse, cartographe de son état, qui préfère l'expression gestuelle à la parole.
La traversée suit son cours, rencontrant des zones anticycloniques ou d'autres plus turbulantes, comme celle qui voit apparaître à bord Jean-Philippe, pirate homosexuel, qui prend en otage La Catherine, avant d'être enrolé, lui aussi, dans la folle épopée.
Evidemment on ne s'improvise pas capitaine, et voilà La Catherine qui s'échoue sur la banquise en lieu et place des côtes péruviennes. Qu'à cela ne tienne, Inyoudgito va les tirer de là grâce à sa mongolfière et, par la même occasion, s'adjoindre à la joyeuse bande en les menant jusqu'aux portes de la jungle sud-américaine.
Là, Sophie entre en scène à son tour, guide un peu spéciale, on s'en doute !
"Au cours du dîner, Sophie a raconté comment les explorateurs précédents sont morts juste avant de tomber sur Païtiti. Elle les escortait et puis plus rien. Tombés raides. Tous en même temps. Cause inconnue. J'emmène chaque année des dizaines de touristes comme vous, finit-elle, et personne n'en est encore jamais revenu."
La traversée de la jungle est épique. Nos aventuriers sont ralentis par un curieux colis. De plus, ils doivent faire face aux aléas du climat, à un tas de petites bêtes qui veulent à tout prix leur tenir compagnie et à des autochtones plus ou moins amicaux, Petit Pénis et Grand Echalas sont parmi des plus sympathiques.
Nos héros parviendront-ils à Païtiti ? Ne comptez pas sur moi pour vous le dire...
Je vous invite à le découvrir par vous-mêmes en vous plongeant URGEMMENT dans les pages délirantes de ce romam où l'auteur, tel un Jules Vernes du XXIe siècle, s'en donne à coeur joie. Il plante ses personnages dans des situations les plus invraisemblables d'où il les sort d'une pirouette toute romanesque, n'hésitant pas à les interpeller et les houspiller, et tout ça à un rythme d'enfer et dans un style enlevé !
"On remonte le fleuve et on trouve Païtiti. Youpi. Criez victoire si vous voulez, serrez-vous dans les bras, plongez sous les bulles du fleuve sans craindre les gardes en peau de croco, mais cinquante bons kilomètres attendent les jambes, c'est l'auteur qui vous le dit. (...) Maintenant, chers personnages, vous faites comme vous voulez, je ne voulais pas plomber l'ambiance, mais au moins les choses sont dites."
Je ne sais si l'auteur carbure à l'herbe de Petit Pénis, mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a bien longtemps qu'un livre aussi jubilatoire ne m'était passé entre les mains. Cet homme a le don de nous faire décoller du réel et ça fait un bien fou...
Alors, bravo et merci monsieur Pluyette pour votre imaginaire déjanté, on sent que vous vous êtes bien amusé !
La traversée du Mozambique par temps calme Patrice Pluyette Editions Seuil