Mémoire poétique
"Non pas un livre que cela, mais un ressassement d'appels et d'échos. Une claudication d'écriture, un balbutiement. Un pleurement d'encre. Une attente."
Voilà qui résume bien ce récit.
Il ne s'agit pas d'un roman mais d'une balade dans les rues de Prague. Occasion pour l'auteur de cheminer sur les traces d'une géante au pas boîtant qui porte en elle la mémoire de la ville et de ses disparus.
Lorsque je referme un livre de Sylvie Germain, j'ai toujours des complexes à poser mes mots derrière les siens.
Une fois encore, je m'enveloppe dans le brouillard de nostalgie distillé par ce livre pour disparaître et laisser la place à l'auteur.
"Elle est entrée dans le livre. Elle est entrée dans les pages du livre comme un vagabond pénètre dans une maison vide, dans un jardin à l'abandon.
Elle est entrée, soudain. Mais cela faisait des années déjà qu'elle rôdait autour du livre. Elle frôlait le livre qui cependant n'existait pas encore, elle en feuilletait les pages non écrites et certains jours, même, elle fait bruire imperceptiblement ces pages blanches en attente de mots.
Le goût de l'encre se levait sur ses pas."
J'aurais aimé une pensée pour IAN PALACH...
"C'est que sous ses grands airs, l'Histoire pue. Il conviendrait de le dire, pour que l'on sache à quel point la douleur des victimes fait vraiment mal et que l'on n'oublie pas qu'une larme pèse un poids gigantesque."
La Pleurante des rues de Prague Sylvie Germain Editions Folio