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Le Souk de Moustafette

Le Souk de Moustafette
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17 août 2007

La boudeuse

9782842631345 - Arrête de bouder ! dit une des deux dames qui squattent la maison de mes voisins depuis le début de la semaine.
Cette phrase, j'ai dû l'entendre vingt fois. Et il y  tant de compassion dans le ton de cette mère excédée, qu'il est évident que la petite N. va immédiatement se sentir autorisée à sourire...
Mais comme de toute façon "ma pauvre fille, qu'est-ce que tu as dans la tête, du yaourt ? " en a vu d'autres, ça ne dure pas trop longtemps.

Et puis il y à L. la fille de la seconde dame. L. c'est la gentille, cousine ou copine (je n'ai pas cherché à creuser la question), qui a toujours tout bon et qui en rajoute, bien aidée en cela par la propre mère de N. évidemment... L. permait quand même à N. de retrouver très vite l'usage de la parole.
Mais N. semble quand même avoir parfois du mal à trouver les mots, alors ça passe par les gestes. Elle tape. Qui ? Je sais pas, mais ça ne plait pas du tout à ses parents.

Ah oui, parce que j'ai oublié de vous dire que le père de N. est là aussi. Celui-là même qui l'autre jour, alors que sa fille faisait des dérapages sur les graviers dans la rue, la menaçait de lui "arracher la tête, si tu n'arrêtes pas tout de suite".
Les parents ne comprennent pas qu'avec tout ce qu'ils font pour elle et tout ce qu'elle a à sa disposition, à savoir son père, sa mère, une piscine, des brassards, une cousine-copine attentionnée, 200 m² de jardin dans lesquels tout ce monde est enfermé depuis dimanche dernier, ils ne comprennent pas disais-je, que "tu sois aussi infecte (madame) ou dégénérée (monsieur) ma pauvre fille !".

Tout ça pour dire quoi ? Que jeudi, jour férié et plus ou moins pluvieux, planquée dans la mezzanine, j'en ai profité pour plancher sur mes affaires de familles. Mais pour cause de fenêtre ouverte, j'ai dû aussi me coltiner celles des autres ! Et en entendant les propos des locataires voisins, est venu se rappeler à ma mémoire ce livre qui poireaute dans une pile depuis longtemps.

Le récit d'une enfant qui s'interroge sur la véracité des sentiments et qui est à l'affût de la moindre petite preuve d'amour. Elle a beau tout faire pour tenter de satisfaire sa mère,  pour se conformer à ce qu'elle imagine qu'on attend d'elle, elle échoue presque à chaque fois.
L'auteur est psychologue, et elle a su rendre à merveille le cheminement des pensées de la petite qui s'aventure dans le grand capharnaüm des émotions humaines. Sur un ton naïf et tendre, elle dépeint les angoisses que traversent tous les enfants, celle de la dévoration, de l'abandon, mais aussi la difficile prise de conscience de la mort, de la culpabilité et de l'ambivalence des sentiments.

L'auteur a su éviter l'adultomorphisme pour laisser place à des propos d'une justesse parfois cinglante de naïveté, comme seuls en sont capables les enfants. Qu'est-ce que ça peut être embrouillant le discours des parents, pas facile de s'y retrouver ! D'où les stations sur la première marche, afin de philosopher un peu sur tout ça et peut-être prendre un peu de hauteur !

"Elle se replie, se demande ce qu'elle deviendrait si elle n'avait pas la première marche de l'escalier, celle qui est tout en bas, à sa disposition, pour s'y replier.(...) Elle ne boude pas, c'est autre chose, et elle en a la claire conscience; c'est une espèce de tristesse, qui la prend tout entière, et qui la laisse désarmée, désemparée."

Chacun-chacune retrouvera ces petits riens auxquels on s'accroche dans l'enfance, les pas de la mère, les mimiques, les tics qui annoncent les humeurs parentales, et qui sont autant de codes que les enfants savent déchiffrer avant même de savoir parler, autant de repères pour se protéger ou anticiper les "allers-retours" ou le martinet !
La fin est...DIVINE !

"La première marche de l'escalier s'est transformée en moyen de transport; elle a son billet, valable à vie, pour voyager dans d'autres vies.
Tu boudes encore ? "

Merci N. ! Grâce à toi, un livre de moins dans mes piles.
Si tes parents passent dans le Souk, j'en profite pour leur suggérer qu'il y a tout autour de la maison où vous êtes cloîtrés, de merveilleux endroits à découvrir et des grands espaces, qui te seraient bien plus profitables que ces journées entières passées au bord de la piscine.
Tu veux un coup de main pour les faire bouger ?
OK. Je sors la tondeuse cet après-midi ...

La première marche     Isabelle Minière     Editions le dilettante

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16 août 2007

Enfin !

Cig3

derniers jours avant les vacances !
Mais vous avouerez, quel plaisir de voir ce spectacle
en allant embaucher.
C'était il y a quelques jours
alors que nous étions encore en été !
Mais de bon matin, il faisait un peu frisquet.
Mr et Mme se réchauffaient.

Quelques jours plus tard, j'ai surpris un rassemblement dans les marais où l'on fauchait l'herbe. Les engins ne les effrayaient pas. Le midi, les hommes prenaient leur casse-croûte en même tant que les belles. J'en ai compté trente six  (des belles, pas des mecs !)
Comme je m'arrêtais pour les remercier du spectacle offert grâce à eux, l'un a singulièrement refroidi mon enthousiasme en s'écriant : " C'est peut-être beau pour les yeux, mais c'est pas bon pour les marais ! Des cigognes, y en a trop ici maintenant. On en a plus qu'en Alsace, et y a plus rien à manger dans les marais ! Avec les ragodins en plus, c'est pas bon, c'est pas bon..."
Le soir, quelques unes trainaient encore derrière les balles de foin (dernière photo), sans doute des pipelettes qui tardaient à rentrer au bercail et commentaient cette chouette journée !

J'ai cherché à vérifier les dires de cet aimable bipède et j'ai trouvé cela.
L'avait pas tout à fait tort le brave homme ! Pourvu que ns n'apprenne pas ça, il serait capable de renvoyer manu militari tous ces exilés chez les Patch !
Quelques photos à agrandir, maudit apn et son mini zoom...

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Je viens de voir que Françoise en parle aussi !

 

 

 

15 août 2007

Pour les nuls,

9782070339211Petite leçon de poésie !
Une lecture en entraînant une autre et le hasard s'en mêlant, je me suis retrouvée à lire un roman qui tombe à pic.
Après la lègére déconvenue suite à la lecture de La Dame N°13, je m'interrogeais sur le pourquoi de mon peu d'appétence au genre poétique (à quelques exceptions près).
Je ne pense pas que les quelques lignes ci-dessous vont y changer grand chose, car lorsque l'on parle de poésie, on parle avant tout de sensibilité, mais j'ai trouvé intéressant ce petit rappel purement théorique.

Extrait :

Klein mordit dans une tranche de pain et continua :
- Comprendre un poème suppose un effort d'interprétation que les spécialistes désignent sous le nom d'herméneutique. Un bon poème est celui qui permet au lecteur, au fur et à mesure qu'il pénètre plus profondément dans le texte, d'en découvrir les significations cachées, de les déchiffrer et de les tisser ensemble. Cela implique, de la part de l'auteur, la mise en oeuvre d'un certain nombre de procédés fondamentaux qui ne sont pas propres à la littérature, mais appartiennent à toutes les formes d'art. Le premier est la symbolisation, autrement dit, l'utilisation d'une idée ou d'une image qui en recoupe une autre, lui est contiguë ou l'englobe. Vous prendrez un café ? (...)

Le second procédé est la condensation : toute oeuvre d'art renferme plusieurs idées, plusieurs expériences universelles qu'elle subsume sous une seule vision. Naturellement, symbolisation et condensation sont deux phénomènes étroitement liés. (...)

Le troisième procédé est le déplacement, le transfert de la charge émotive d'une image sur une autre. Par là, l'artiste accède à l'universel. (...)

Comme vous le voyez, ces trois procédés sont présents dans toute métaphore. L'art consiste à les entrelacer et à trouver entre eux le juste équilibre. Une métaphore, un symbole ne doivent pas être trop éloignés de l'objet qu'ils sont censés représenter. (...)
Toutefois, une métaphore doit être originale, inattendue ; elle doit aussi nous inciter à considérer sous un nouveau jour les choses qui nous sont familières. Après tout, les thèmes abordés par les artistes sont toujours les mêmes. Vous êtes-vous déjà demandé de quoi traite une oeuvre d'art ? De l'amour, de la mort, du sens de la vie, du combat de l'homme contre son destin, contre la société, de ses rapports avec la nature, avec Dieu.(...) La force de l'art réside dans sa capacité à exprimer, chaque fois de manière différente, les préoccupations communes à toute l'humanité. Ce que je vous disais du symbole et de la métaphore vaut aussi pour les analogies, la structure morphologique, la syntaxe, les rimes, le rythme, bref pour tout ce qui entre dans la composition d'un poème. Avoir du talent en poésie, c'est atteindre cet équilibre si rare entre le particulier et l'universel, le caché et le manifeste, le symbole et l'objet symbolique.

Comme quoi on peut se cultiver en lisant des polars !
Cet intermède pédagogique, qui je l'espère n'a pas été trop rébarbatif, a rafraîchi ma mémoire de bachelière littéraire, une piqûre de rappel ne fait pas de mal.
Je ne peux pas m'empêcher de faire le lien avec l'utilisation de la métaphore en thérapie, domaine où je suis, du moins je l'espère pour mes patients, plus calée qu'en poésie.
Et je crois que c'est ça qui m'énerve dans le fait d'être un peu hermétique à Shakespeare, Racine et autres pointures classiques, c'est que les plus célèbres théoriciens de la psychanalyse y ont beaucoup puisé de leur savoir. Mais bon, je vais pas faire un caca nerveux, j'aime pas, j'aime pas, na !

Ce cours vous a été offert par Batya Gour, sorte de P.D. James israélienne, et est extrait de "Meurtre à l'université" (Editions Folio)

Cette auteur est décédée en 2005, et les éditions Gallimard ont ENFIN décidé d'éditer en poche les enquêtes du commissaire Michaël Ohayon.
J'aime particulièrement ses romans car ils nous permettent d'aborder Israël sous un autre angle que celui récurrent du conflit israélo-palestinien ou religieux. Les intrigues se situent à chaque fois dans un milieu différent et se centrent sur un thème particulier. On retrouve aussi avec plaisir Michaël Ohayon, flic divorcé, cultivé, fumeur, mais ni alcoolique, ni trop désabusé, ni dépressif chronique (oui, oui, il y en a !).

 

Dans l'ordre de parution :

* Le meurtre du samedi matin (un crime psychanalytique)
* Meurtre à l'université (voir ci-dessus)
* Meurtre au kibboutz (passionnant huis-clos)
* Meurtre sur la route de Bethléem (sur fond d'Intifada)
* Meurtre au Philharmonique (dans ma pal)
* Meurtre en direct (dans le milieu des médias, pas encore en poche)

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13 août 2007

Damned Swap !

9782742766574Amateurs de poésie, ce livre vous ravira. Mais ne vous méprenez pas, point de "Mignonne allons voir si la rose". Ici ce serait plutôt "Vilaine, couchons-nous sur les ronces", et encore, je suis gentille. Plus question d'aller taquiner les muses !

Rulfo, poète maudit madrilène, a du mal à se remettre de la mort tragique de sa compagne survenue deux ans plus tôt. Il fait des cauchemars terrifiants. Et ses journées ne tardent pas à être encore pires que ses nuits, lorsqu'il s'aperçoit que la réalité rattrape sa vie onirique.
Les choses sont loin de s'arranger, lorsqu'il fait la connaissance de l'énigmatique Raquel qui souffre du même symptôme.
"C'est incroyable... On ne se connaît pas, on fait le même rêve depuis deux semaines, on a constaté que la maison existait et on est venus la même nuit, en même temps... Putain !... -Il se mit à rire tout bas. Elle approuva en silence. Soudain, le rire de Rulfo cessa. Il affronta de nouveau la beauté inépuisable de la fille. J'ai peur."

Et il a raison, car il s'en est passé des choses macabres dans cette maison. La découverte d'une figurine, d'une lettre et d'une photo va lancer ce duo plutôt mal en point sur la trace des Treize Dames. Aidé d'un médecin et d'un ami professeur spécialiste de poésie, Rulfo va découvrir que la beauté des vers peut s'avérer une arme destructrice.

"Rappelez-vous que Dieu est le "Verbe", et crée le monde avec la parole... Et "poésie" vient de poiêsie, qui signifie en grec "création". Tout cela ne pourrait-il pas être de vagues métaphores qui tournent autour du pouvoir occulte du langage et de sa transmission secrète par le biais de la poésie...? "

Ce roman démarre comme un thriller tirant un peu sur le fantastique. Je n'ai rien contre une dose d'occultisme, voire de paranormal. Mais là, l'auteur a eu la main trop lourde pour la pauvre cartésienne que je suis. Au fils des pages, le romantisme gothique, les rituels sado-maso et les délires morbides m'ont fait décrocher de ce livre.
J'étais déjà un peu nauséeuse dès le milieu du livre, alors 560 pages... ça m'a semblé bien long. Et après tout ça me direz-vous, La dame n°13 ? Ben, même pas peur !

"Nous travaillons avec la mort chaque fois que nous faisons de la poésie. Nous flirtons avec l'horreur chaque fois que nous parlons... Des paroles et des paroles dites au hasard. Imagine combien: celles d'un fou, celles d'un enfant, celles d'un acteur au théâtre, celles d'un criminel, celle de sa victime... Des paroles formant la réalité... Des sons qui peuvent détruire ou créer. Un tapis de sons où la poésie constitue le plus grans pouvoir..."

C'est bien écrit, l'auteur fait preuve d'une puissance imaginative indéniable, même si un peu glauque à mon goût, et c'est une métaphore originale de la puissance des mots. Moi qui reste de glace face à Virgile, Shakespeare et autres, je pensais me réconcilier avec les classiques, c'est raté. Je me demande même si je ne vais pas me débarasser des quelques recueils de poésie que je possède !

Mais s'il est sûr que je ne lirai pas "Clara et la pénombre", j'ai dans une pile "La caverne des idées" qui, je l'espère, semble être d'une teneur différente.

L'avis enthousiaste de KATELL.
Celui plus nuancé de FLO.

Merci KROUSTIK, pour m'avoir permis de découvrir cet auteur.
Je savais que j'avais à craindre le pire, des délires d'un psychiatre. Je n'ai pas été déçue... A mon avis, il avait dû arrêter de prendre son traitement !

La dame N°13     José Carlos Somoza     Editions Actes Sud

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11 août 2007

Potins d'été !

Sous le ciel bleu une église, en face de cette église, une maison. Une coquine "petit chapeau rouge" vous montre le chemin. Sur la terrasse, point de grand méchant loup ! Juste trois blogueuses qui prennent leur goûter tout en papotant et en souriant au photographe ! Nous avons parlé livres, blogs, maisons, vieilles pierres, ados, boulot, vacances, festivals. Quand CATHE, PIERRE et FREDERIQUE furent partis, les chats sont sortis de leur cachette et Nougatine est venu faire l'inspection des cadeaux. Il a dédaigné le thé offert par Cathe pour se concentrer sur les livres apportés par Frédérique (qui a peur que je tombe en panne de lecture!). Dans celui qu'il a particulièrement reniflé, le chat de Fred avait dû glisser un message féromonique sur lequel Nougatine a longtemps médité !

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Bref, ce fut un après-midi ensoleillé et chaleureux. Merci CATHE pour le thé que nous dégusterons cet automne en pensant à toi. Merci FRED pour ces quelques feuilles qui font que de trois piles, je passe à quatre !
Et merci aussi à BELLESAHI, qui n'était pas vraiment là, mais qui s'est invitée, via la boîte aux lettres ! Car le midi, en rentrant, j'ai trouvé une enveloppe contenant encore de bien jolies choses ...

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De quoi revenir sur ma décision de limiter ma collection de marque-pages aux seuls livres ! Car Cathe m' a aussi offert douze marque-pages sous forme de calendrier, rien que des photos noir et blanc d'adorables chatons.
Et sans doute le début d'un nouveau toc. Celui-ci est fait de feuilles de papier de riz reliées et protégées par une chatoyante couverture rouge brodée de libellules, et ça s'appelle un CARNET...

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Déjà six...

Et j'espère que le samedi des participant(e)s au pique-nique littéraire sera aussi agréable que mon vendredi.
Les routes de l'imaginaire ont déjà conduit Cathe jusque chez GACHUCHA; elle poursuit son chemin et je passe donc le relais à ... Oh mais zut ! c'est l'heure d'embaucher. J'ai mis la photo de mon bureau pour ne pas oublier qu'aujourd'hui je lisbosse ! Pas le temps de vous dire qui est la prochaine sur sa liste... Et à vous de deviner qui est qui sur les photos !

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7 août 2007

Film félin* !

Après la lecture de Béatrice Beck et la frimousse de Pic qui me rappelle celle de Charlotaki le grec, je vous le présente.
Il est né en Février 1988 alors que je vivais en Grèce. Sa mère s'est bien gardée de me dire qu'elle attendait des petits lorsqu'elle s'est installée chez moi ! Elle en a eu un premier mort-né et comme je la voyais toujours aussi grosse, direction le véto qui m'a annoncé qu'elle en avait deux autres en attente et qu'il fallait faire une césarienne. La fauchée que j'étais à l'époque a été ravie ...
C'était la première fois que j'avais un tout petit chaton, j'ai passé des heures à le regarder évoluer. Voici le résultat.

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Les aventures d'un chaton qui voulait explorer le monde !
Sa mère l'avait prévenu, ça l'a un peu échaudé.
Vite, il est retourné se réfugier entre les pattes maternelles.
S'est même pas fait gronder ...
Ensuite il voyagera beaucoup,
Avion, train, voiture, métro, bus,
un grand baroudeur qui ne détestait pas ça,
notamment les plateaux repas aériens !

Charlot

Et voici ce qu'il était devenu après quelques années
de sédentarité en Charente-Maritime !
Il repose au fond du jardin depuis 2003.

*en faisant défiler les photos rapidement, à l'aide de la souris bien sûr !

6 août 2007

Chat va bien ?

9782869597778Que faire hier avec 33° au thermomètre, si ce n'est s'écrouler sur une chaise longue sous l'ombre fraîche du tilleuil, un verre de thé glacé dans une main et un livre dans l'autre. Même pas un souffle de vent pour tourner les pages. Rien pu faire d'autre, et ce petit livre y est passé dans l'après-midi.

La mère Herbe offre un petit chaton à Olga Bredaine, professeur en retraite venue s'installer à la campagne.
Peu ravie de devoir s'occuper de cette boule de poils même pas sevrée et qui plus est se prénomme Soizic, nom attribué d'office par la mère Herbe, Mme Bredaine va se laisser séduire par la bestiole.
Mais la mère Herbe, au regard de son patronyme, ne serait-elle pas un peu sorcière ? Car il s'avère qu'un jour Soizic se met à parler. D'abord surprise, Mme Bredaine accepte ce fait exceptionnel et ne tarde pas à rentrer dans le jeu de la minette.

Un conte qui prouve que l'auteur est une observatrice hors pair de la gente féline.

"Soizic s'installe devant le feu, dispose somptueusement sa queue autour d'elle comme une dame d'antan son boa. S'étire. Queue sur l'oeil, devient pirate borgne."

Mais aussi de la nature. Une occasion toute poétique de nous faire partager les petits bonheurs de la campagne.

"Par mimétisme avec le courrier, le potager qui jouxte le bureau a l'air d'une page d'écriture : le A du portillon, les O des choux, les I des poireaux, le E et le T de l'échelle et du râteau appuyés contre le mur, le U du sac de jute accroché à un clou, le K de l'arrosoir, le Y du cerisier, le Q du chat assis entre les salades, le H de la balançoire, le X de l'épouvantail crucifié sur une croix de Saint-André."

Ce court récit énervera ceux qui dénoncent le gâtisme de certains face à leur animal de compagnie. Les amoureux des chats, eux, se laisseront embringuer dans cette histoire anthropomorphique sans rechigner.

"Visiblement vexée par ma question, la chatonne, au lieu de répondre, se lèche avec affectation, passe lentement plusieurs fois sa patte par-dessus son oereille. Cette mégalomane s'imagine provoquer ainsi la pluie, alors que je dois accrocher la lessive sur les fils du jardins tendus du cerisier au cognassier, du cognassier au prunier, réseau par où on imagine les arbres échangeant des messages télégraphiques :
- Mieux vaut entretenir oiseaux (musique) que fournir Bredaine confiture. Messieurs Hâtifs.
- Musique vent suffit. Sommes harpes éoliennes. Montmorency.
- Sol manque potasse. Devrions réclamer purin, poudre d'os. Géant de V.
- Sommes mal émondés. Gourmands. Bredaine peu capable. Messieurs Hâtifs."

C'est joli tout ça, non ?
Merci Madame BECK pour ce beau moment plein d'imagination.

L'Enfant Chat     Béatrice Beck     Editions Arléa

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5 août 2007

BEAU FIXE...

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Alors une petite pensée pour
la CRAPAUDE
qui doit pas rigoler !

5 août 2007

O.N.G *

9782070304141*Ouvrage Non Garanti, malgré un Grand Prix de l'humour noir 2003 .
Déjà la couverture n'est pas engageante, mais pourtant j'aurais bien mis ce masque à gaz tant la lecture de ce livre m'a mis mal à l'aise.

Julien, jeune bègue de vingt-cinq ans, vit encore chez pôpa et môman. En recherche d'emploi, il se dégote un stage dans une ONG écolo extrémiste. Engagé sous le quota "handicapés" afin de bénéficier de la subvention, il devra suivre Ulis, le grand gourou qui dirige "La Foulée verte", et noter tous les faits et gestes ainsi que les bonnes paroles du maître.
Tout baigne jusqu'au jour où s'installe dans l'immeuble une autre ONG "Enfance et vaccin". La guerre va éclater sous prétexte de partage de l'espace d'affichage dans l'ascenseur. Et ce sera l'escalade jusqu'à plus soif.
Rien ne nous sera épargné, les clichés sectaires, les opérations coup de poing, les manipulations médiatiques, les magouilles financières, et les dérapages inévitables et incontrôlés.

"Comme j'allais protester, il m'a jeté un regard sans appel.
- Pas la peine de se voiler la face. Mon karma n'est pas des meilleurs en ce moment. Le feng shui est nord-ouest. L'année du cheval est mauvaise pour les Capricornes. Mon inconscient clignote à l'orange. Et avec moi c'est toute la Foulée verte qui est menacée... Ce qu'il nous faudrait pour nous réveiller c'est qu'un millier de baleines viennent mourir sur nos côtes ! Qu'une fuite radioactive contamine l'eau de la ville ! Une grande catastrophe écologique ! O ce serait... Où sont-elles ? Je doute... Parfois j'ai l'impression que les temps glorieux des Exxon Valdez appartiennent au passé... Laisse-moi.
Il s'est mis en position de lotus.
Je suis sorti, un peu sonné, ébloui par la grandeur de cet homme."

Pour m'encourager à poursuivre ma lecture, j'ai dû me répéter sans cesse que c'était une caricature, une satire grossière de ces associations pleines de bons sentiments. Le fond de vérité qui sous-tend tout cela a sans doute participé à ma hâte de refermer ce livre.
Certes le propos est féroce, mais j'ai à peine souri. L'artillerie sortie est trop lourde. A moins que ce soit l'aveuglement sectaire de Julien qui m'ait oppressée...

Katell, je vais me purifier l'esprit avec Christian Bobin. Là, sans hésitation, succès garanti  !

O.N.G !     Iegor Gran     Editions Folio

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4 août 2007

MERCI !

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Ces roses trémières d'Oléron
pour remercier Frédérique

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qui m'a rendu visite hier, et qui n'est pas arrivée les mains vides !
Rien que des Actes Sud, mes chouchous ...
Je ne me lasse pas de les admirer.
Frédérique est une chasseuse de marque-pages redoutable...
Merci encore pour ce sympatique moment passé avec toi !

2 août 2007

Drôles d'oiseaux

9782070306749Après une enquête en Australie et une autre en Thaïlande, Harry Hole se tient à carreau en Norvège.
Il a émergé tant bien que mal de sa dépression éthylique, et ce en partie grâce à Ellen, sa coéquipière à la criminelle.
Ils enquêtent sur une série d'agressions racistes orchestrée par des hommes de main de l'Alliance Nationale, parti d'extrême-droite et sacré nid d'anciens volontaires norvégiens ayant portés l'uniforme allemand lors de la dernière guerre.
Mais lorsqu'il s'avère qu'un fusil datant de cette époque, et payé à prix d'or, est entré sur le territoire, ça sent l'attentat terroriste à plein nez.
Y a-t-il un lien entre ces deux affaires ? Harry et Ellen en sont persuadés. Mais suite à une bourde, Harry est muté dans un autre service avec ordre de laisser tomber illico ses investigations.
Pour ceux qui connaisent l'énergumène Hole, il va sans dire que c'est un voeu pieux. Surtout quand Ellen, qui continue de s'occuper du dossier, se fait tabasser et décède.

"Moller ferma les yeux. "Et comment imagines-tu ton rôle dans la poursuite de cette enquête, Harry ?"
- Une sorte de libero, répondit Harry avec un sourire. Je suis ce type du SSP qui fonctionne en solo, mais qui a besoin de l'aide de tous les services en cas de besoin. Je suis celui qui n'en réfère qu'à Meirik, mais qui a accès à tous les documents concernant cette affaire. Celui qui pose des questions, mais de qui on ne peut exiger de réponses. Et ainsi de suite."

C'est clair. Harry embarque alors dans la machine à remonter le temps et nous entraîne sur le front de Léningrad dans les années quarante, où des soldats norvégiens se battent pour Hitler face aux "Bolcheviks". Une poignée d'hommes qui se sont volatilisés à la fin de la guerre et dont nous suivons l'histoire parrallèlement à l'enquête ménée tambour battant par un Harry Hole au mieux de sa forme.

Un rythme qui ne décelère pas, une traversée historique, des personnages attachants, un embrouillamini d'identités, un sac de noeuds démêlés de main de maître, et sans le moindre tremblement, par les doigts abstinents de Hole. Et un bluff final étonnant au bout de ces quelques six cents pages.
Bref, un livre que j'ai descendu cul sec ! Exactement ce qu'il me fallait en ces jours interminables et solitaires de permanence.
Allez vite, les trois autres enquêtes à suivre en poche, s'il vous plait. Car d'ici le 20 Août et à ce rythme, ma pile à lire va sacrément baisser.

Rouge-Gorge     Jo Nesbo     Editions Folio policier

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31 juillet 2007

Sombre velours

sgJe poursuis ma découverte de Sylvie Germain.
J'ai un peu traîné pour cause de festival et de jardinage intensif.
Et puis aussi parce que ce livre, même s'il est très bien écrit, m'a moins transportée que MAGNUS .

Prokop Poupa et ses amis dissidents, intellectuels comme lui, exercent des petits boulots à Prague. Prof de littérature, Prokop se voit assigné, par le régime communiste et à titre de représailles, à un poste de balayeur.
Divorcé et père de deux enfants, Prokop vit seul et s'accomode de son sort. En fait, il ne vit pas complètement seul, puisqu'il partage son logis et ses lectures avec son dieu Lare*, sous l'égide duquel il médite et s'interroge sur tout et rien, la vie, la nature, les hommes et Dieu.

"Ce fut un choc, une sensation physique; ce qui était écrit avec une si belle densité venait, dans l'instant même de la lecture, de se matérialiser. Chaque mot se faisait grain de pluie, de soleil, de vent, se faisait fleur, fleur de rocaille, lichen et lierre. Et ces mots végétaux, minéraux, granuleux, lui emplissaient la bouche, lui fondaient dans la gorge."

Prokop nous entaîne dans l'immensité de ses territoires intimes, sa mémoire, ses rêves et ses souffrances. Au risque de s'y perdre et de ne pouvoir, ni de vouloir, prendre le train de l'Histoire. Car la Révolution de Velours couve et les rues de Prague bruissent des revendications des manifestants. Prokop assiste aux événements comme dans un état second. Tout engoncé qu'il est dans ses doutes et sa dépression, il ne sait que faire de sa dignité enfin retrouvée et de cette nouvelle liberté pour laquelle y a lutté.
Pour ne pas sombrer définitivement et résister à la vague consumériste qui balaie le pays, il se raccrochera à la banalité des choses, un chemin de terre, des sculptures, un air de saxo ...

"Prokop, planté sur le trottoir, regardait le passager au saxo rouler des épaules derrière la vitre. Il reconnut Viktor. Il ne l'avait pas vu depuis deux ans. Viktor ne le remarqua pas; il jouait les yeux fermés. Les portes du wagon s'ouvrirent. La musique déboula dans la rue, éclaboussant la nuit de sons or et vermeils. Prokop resta un instant ébloui par cette lumière sonore qui jaillissait à profusion du corps ondoyant de Viktor; les notes rebondissaient sur les rails et l'asphalte avec la turbulence d'une giboulée de grêle."

Un roman emprunt de mélancolie et qui colle bien au temps maussade qui plombe nos cieux. C'est donc ma seconde rencontre avec un héros germanien, et je suis encore surprise que celui-ci ne se soit pas suicidé avant la fin du livre ! Mais l'auteur est une désespérée optimiste qui sauve ses personnages grâce à une écriture sensuelle dont elle seule a le secret, comme en témoignent ces deux extraits !

* Pour en savoir plus sur les dieux Lares, c'est .
   

Immensités     Sylvie Germain     Editions Folio

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29 juillet 2007

Belles pierres

Trizayroute1Au bout de cette voûte de verdure, sur la droite se dissimule l'Abbaye de TRIZAY.
On aborde l'Abbaye par l'arrière. C'est la vue que j'ai mise vendredi en fin d'article.
Lorsqu'on pénêtre dans l'enceinte, on est accueilli par la sculpture d'un cheval fougueux et si l'on s'asseoit sur l'un des bancs qui lui font face, on a une splendide vue d'ensemble des bâtiments. Si j'étais toute seule lors de la visite de l'expo et des diverses salles, dehors nous étions deux, la dame en rose et moi ! Je n'ai pas osé lui demander de se pousser, elle désherbait les allées un petit couteau à la main, et comme nous avions fait un brin de causette, il fallait qu'elle se remette au boulot. En agrandissant la photo, on la voit vraiment bien ! C'est ma façon de la remercier pour le soin qu'elle apporte à cet espace intemporel ...

Trizay1

L'Abbaye a été restaurée tout récemment, ce qui explique la blancheur étincellante de la pierre.

Trizay7

Par contre, j'ai été déçue par les vitraux modernes
dans ce lieu millénaire

Trizayvitr1

Mais dès que le soleil donne
tout prend un aspect poudré

Trizay2

Morceaux choisis

collage4

Et je laisse ces bienheureuses créatures ruminer
dans leur petit paradis ...

collage7

A bientôt pour une autre balade en

Saintonge_carte

FREDERIQUE vous propose aussi sa visite ICI

 

 

28 juillet 2007

GRRRR ....

PIC00008

La Crapaude va être contente,
ainsi que cette petite rainette
qui squatte mon sureau,
IL PLEUT !
Katell, svp, rappelle ce petit crachin breton
qui n'a rien à faire chez moi, si ce n'est
arroser ce que j'ai tondu hier ...
GRRRR encore !

1meteo10e

28 juillet 2007

AHHHH !!!

Tout en râlant, je m'en vais au courrier.
Sans doute avez-vous remarqué qu'en ce moment c'est des boîtes aux lettres que surgissent de sympathiques et attentionnés rayons de soleil.
C'est le cas chez VAL, chez FLO, chez KATELL et j'en oublie peut-être...

Et en ce jour pluvieux, c'est mon tour !

chat__Belle

Ce beau matou a des airs de JUJU.
Normal, c'est BELLESAHI qui me l'envoie !
Il est sorti à pas de velours de l'enveloppe,
bientôt suivi d'un autre

cb

Le petit plus, c'est le parfum de garrigue qui s'échappe de l'enveloppe.
Quelques feuilles de laurier et un odorant brin de thym !
Un vrai rayon de soleil que tout cela, et qui m'a fait chaud au coeur.

Merci 1000 fois BELLE, et à très bientôt !...

27 juillet 2007

Belles lettres

Expo_calligraphieJusqu'à la fin du mois, dans la très belle Abbaye de Trizay, se tient l'exposition de HASSAN MASSOUDY.

Célèbre calligraphe irakien, il est installé en France depuis 1969.
Ses larges traits aériens sont maintenant célèbres.
Il a signé les illustrations de nombreux ouvrages, notamment de Sindbad le Marin (Ed. Alternatives).

Voici un florilège de ce que j'ai pu admirer.

collage1

Cal8Cal4Cal6

quelques détails

collage

les pigments et les calames

Cette expo est un vrai plaisir pour les yeux.
Elle est organisée dans un lieu paisible où j'aime me réfugier l'été, loin de l'agitation touristique, un ancien prieuré bénédictin du XIe siècle qui a été restauré récemment, et dont voici un premier aperçu.

Trizay13

 

26 juillet 2007

Magic Slim

 

Cognac_Blues_Aff

Ce soir ce grand bluesman sera à COGNAC
et moi aussi ...
cure annuelle de blues oblige !

24 juillet 2007

De fil en aiguille

9782226177025Un premier roman.
Un titre magnifique.
Une couverture évocatrice.
Le récit d'un enchaînement d'événements qui commence en Juin 44 sur une place publique où une femme est tondue et un homme pendu.

"Quand tout fut accompli, elle se laissa emporter, on l'emmenait, quelqu'un ouvrait le coffre d'une voiture, on l'y jetait en boule comme un rat crevé. Des pierres furent jetées sur son passage. Etait-elle morte ou vive, elle ne savait plus. Elle passe une main sur son crâne. Rasé. Morte, se dit-elle.
C'était l'été 44 à Gramont-l'Eventé, un petit coin tranquille de Bretagne."

Vingt cinq ans plus tard, César, le fils de ce couple maudit, subit encore la honte lorsqu'il est accusé d'un viol qu'il n'a pas commis. Il fuit son village breton, abandonnant Vitalie, sa mère, et Jeanne, la femme qu'il aime et qui découvre peu après qu'elle attend un enfant.
Pendant quinze ans César parcourt le monde, ne donnant aucun signe de vie.
Pendant quinze ans une femme l'attend et ne dit  rien à son enfant.
Pendant quinze ans une mère s'étiole et brode, enfermée dans sa honte et son isolement.
Pendant quinze ans une enfant grandit.
Mais quinze ans, c'est long. Et les secrets se fissurent, des non-dits s'échappent.

"Il y a des moments où je me tais, comment pourrait-il en être autrement, je ferme les poings au fond de mes poches, mon regard se voile, je pense alors à toutes ces choses tues, notre histoire à nous, la terreur de l'absence, l'abandon."

Alma, la fille que César ne connait pas, agitera ce petit univers en adoptant le symptôme qui, symboliquement, réunit ces femmes. Elle deviendra mutique. Son silence forcera celui de sa mère et de sa grand-mère, obligeant des petites vérités à émerger, des liens à se renouer. Minces fils qu'elle suivra pour remonter jusqu'à ce père enfin revenu de son périple au bord du monde. A petits pas, César quittera la lisière pour reprendre sa place au coeur de son monde.

Un roman simple, sans pathos, tout en pudeur.
Quatre monologues au cours desquels s'exprime tout ce que l'on ne peut pas formuler à l'autre. Quatre fils qu'une adolescente va réunir pour retisser son histoire et tenter de repriser le gros accroc que de vieux ciseaux ont fait dans sa vie.

L'homme qui marche      Marie-Hélène      Editions
au bord du monde          Westphalen       Albin Michel

 

broderie

 

23 juillet 2007

Des nouvelles ?

BELLE

de BELLESAHI !
Elle a chaud, elle...

21 juillet 2007

Russes tics

9782020789875

Mais qu'ont donc tous ces Russes à se mettre le nez dans la poudre !
Forcément, après on peut en faire des tonnes sur le caractère excessif et délirant de l'âme slave et de ses héros, tu m'étonnes ...
La cocaïne était déjà une drogue très prisée (ben oui, facile) dès la fin du XIXe siècle dans toute l'Europe. Sherlock Holmes, Freud, les Surréalistes, Cocteau etc..., ont franchi allègrement les lignes blanches, s'ouvrant ainsi "les portes de la perception" les menant à leur art. Rien d'étonnant non plus, qu'entre les deux guerres mondiales, cocaïne et morphine aient servi soit à stimuler le courage des soldats, soit à calmer leurs douleurs et leurs traumatismes.

Il n'y a donc pas de raison que les Bolchéviks échappent à la règle. Et notamment Piotr Poustota, poète pétersbourgeois qui, en cette année 1920, se voit miraculeusement sauvé des griffes de la Tchéka par un commandant rouge, le célèbre et mystérieux Tchapaïev. Poustota se voit ainsi nommé commissaire politique de la division de cavalerie commandée par Tchapaïev. Ces deux-là ne se quitteront plus jusqu'aux rivages de "la Mongolie intérieure". Lors d'une bataille Poustota se conduira en héros. Blessé à la tête, il sombrera dans un coma dont il émergera deux mois plus tard, ne se souvenant de rien. De curieux cauchemars émailleront ses nuits et ses jours seront parsemés d'étranges événements. Après cet extrait, vous comprendrez pourquoi !

"La tension disparut en un clin d'oeil. Jerbounov ouvrit la boîte, prit un couteau posé sur la nappe et s'en servit pour puiser une quantité effroyable de poudre qu'il remua à toute vitesse dans sa vodka. Barboline fit la même chose, d'abord avec son verre puis avec le mien.
- Voilà, maintenant on peut boire sans honte à la révolution mondiale, dit-il.
Un doute dut se refléter sur mon visage, car Jerbounov sourit malicieusement et dit :
- C'est la tradition, mon frère. Nos racines. On appelle cela le "thé baltique" !
Chacun leva son verre et but d'un coup son contenu. Il ne me restait plus qu'à suivre leur exemple."

Et c'est comme ça qu'on se retrouve, de nos jours, entre les murs d'un hôpital psychiatrique moscovite ! Parmi les internés, un certain Piotr Poustota qui, sous l'emprise des neuroleptiques, s'évade vers de drôles d'univers, seul ou en compagnie de ses compagnons d'infortune.
Comme dans un jeu de ricochet, de chapître en chapître, les deux récits se mêlent et se répondent par-delà le temps. Lequel est le vrai Poustota ? Où se trouve "la Mongolie intérieure" ? Qu'est-ce que cette mystérieuse mitrailleuse d'argile ? Autant de questions auxquelles je n'apporterai pas de réponses, vous laissant le soin de les découvrir en lisant cette fable philosophique qui, sous ses abords loufoques, nous donne à réfléchir sur l'illusion et la réalité de notre monde.
Il y aurait dans tout ça un petit parfum de bouddhisme que cela ne m'étonnerait pas ...

La Mitrailleuse d'argile     Viktor Pelevine     Editions Points Seuil 

Chapaev

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