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Le Souk de Moustafette

Le Souk de Moustafette
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17 juin 2007

Ligne en dérangement(s) ...

 

01034393031Au fin fond de la Russie, dans un lieu désertique ignoré de tous, erre un vieil homme au bord de la folie. C'est Ivan Ardabiev, le seul qui refuse de fuir ce village délabré qui fut le théâtre de sa raison de vivre durant plus de quarante ans.

Selon le bon vieux procédé stalinien du déplacement, une petite communauté d'hommes et de femmes est débarquée au milieu de nulle part avec pour mission de construire toute une infrastructure afin de permettre le passage d'un mystérieux train. C'est la station Neuf de la Ligne.
La vie s'organise et suit son cours, sous l'oeil vigilant du colonel qui surveille, inspecte et contrôle.

"...tout ce qui avait été entretenu pendant des dizaines d'années pour qu'à minuit pile, dans un sens ou dans l'autre, sans ralentir ni dans le tournant ni même sur le pont cliquetant et gémissant, fonce le train zéro - cent wagons aux portes bouclées à mort et plombées, deux locomotives à l'avant, deux à l'arrière - tchouk-tchouk...hou-ou ! Cent wagons. Lieu de départ, inconnu. Lieu de destination, secret. On tient sa langue. Votre boulot n'est pas sorcier : les voies doivent être en état. De là à là. Ric-rac. C'est ce qu'il avait dit le colonel qui, le premier soir, les avait rassemblés dans une pièce minuscule de l'un des baraquements."

Là où il y a des hommes et de la solitude, il y a un bar; là où il y des hommes et des femmes, il y a de l'amour, des naissances et des morts; là ou il y a du secret, il y a de la curiosité; là où il y a des lois, il y a de la transgression. Forcément.
Certains exécutent leur mission sans se poser de questions, d'autres veulent savoir. Que transporte ce train ? Où va le train zéro ? Tout ça pour quoi ? Comment ça va se terminer ? Ni la vodka, ni le sexe, ni le froid, ni la pluie, ne pourront débarasser les cerveaux de ces pensées et de ces questionnements qui, au fil des années, deviennent obsédants contaminant tout tel un poison à effet retard.
Face à l'absurde, une seule solution, la fuite réelle ou imaginaire.

La sueur, les larmes, le sang, un cocktail explosif pour fracasser les hommes contre le mur de l'Histoire. Le ton est cruel mais juste. Seules la violence et une sensualité quasi bestiale pouvaient se mêler ainsi pour nous dépeindre la folie des hommes, victimes d'une autre ligne, celle du Parti, ces hommes à qui la Patrie a fait croire qu'elle leur donnait tout et qui leur a tout repris, les laissant exsangues et désorientés.

"Ils jouaient. Ils fumaient. Ils gueulaient. Après minuit, ils allaient se coucher dans les baraquements, ou bien ils faisaient la queue pour les trois ou quatre femmes qui ouvraient leurs bras aux arrivants, de sacrées gonzesses, de vraies garces, vous pouvez me croire. Des hommes avec une barbe de trois jours, éreintés, qui concassaient tout ce qu'on leur donnait entre leurs machoires puissantes, et étreignaient avec la même énergie sauvage et indifférente leurs putains-du-rail, ces femmes qui sentaient l'oxyde de carbone, avec leurs mamelles de fonte, un rivet à la place du nombril, et une douille en acier à l'endroit crucial."

J'ai reçu ce livre comme un coup de poing. 126 pages dont je suis ressortie sonnée.
Une tragique métaphore d'un pays et de sa déliquescence.

Le train zéro     Iouri Bouïda     Editions  Gallimard

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16 juin 2007

Mémoire salée

9782221105528Suite au décès de sa femme Anna, Max revient cinquante ans après sur les lieux de son enfance. Il s'installe aux Cèdres, une maison qu'il a bien connue à l'époque, et qui aujourd'hui est tenue par Melle Vavasour.
Autrefois "Les Cèdres" était une maison qu'on louait aux vacanciers. La famille Grace est venue y passer quelques semaines durant un été qui marqua à jamais le narrateur.

"Lorsque Melle Vavasour me laissa dans ce qui désormais allait être ma chambre, je jetai ma veste sur une chaise, m'assis sur le bord du lit, inhalai profondément l'air renfermé et eus le sentiment qu'après avoir voyagé depuis longtemps, depuis des années, j'étais enfin arrivé là où, depuis toujours et sans le savoir, je devais arriver et où je devais rester, ce lieu étant maintenant pour moi le seul endroit possible, le seul refuge possible."

Durant son séjour, Max se livre sans concession à une introspection qui lui permettra enfin de se confronter aux événements qui l'ont façonné en tant qu'homme.
Le récit s'étoffe alternativement de souvenirs d'enfance, de fragments de la vie avec Anna et de moments présents. La mer est toujours là, omniprésente sous ses mille aspects, faisant remonter à la mémoire de Max les émois amoureux de l'enfance, les sentiments de vide et de manque liés au deuil et les angoisses des années incertaines qui s'ouvrent devant lui.

"Les vaguelettes devant moi, à la lisière de l'eau, babillent d'une voix animée, évoquent avec des murmures passionnés une ancienne catastrophe, le sac de Troie, peut-être, ou la disparition de l'Atlantide. Tout est débordement, saumâtre et étincelant. Au bout d'une rame, des perles d'eau se rompent et dégringolent en un chapelet d'argent. Je vois le bateau noir au loin, qui, de minute en minute, se rapproche imperceptiblement. J'y suis. J'entends ta sirène. J'y suis, j'y suis presque."

Tel le flux et le reflux, le narrateur et le lecteur sont entrainés dans un mouvement incessant de va et vient entre passé et présent, rêve et réalité, calme et tempête, espoir et désespoir. Comme lors d'un véritable travail psychanalytique, les associations s'enchaînent, les évidences s'imposent et les liens se tissent.
La fin du récit est assénée comme un coup de théâtre et laisse face à l'immensité de l'horizon. Comme quand la vie s'impose devant la mort, il faut malgré tout continuer à naviguer.

C'est un texte magnifique et d'une richesse telle que l'écriture se dispute à la peinture ces évocations tour à tour tendres et douloureuses de la mémoire.
Ce livre a obtenu le Booker Prize.

La mer     John Banville     Editions Robert Laffont

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13 juin 2007

Les deux Moustafette

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La vraie Moustafette
avec le petit Jules devant et son frère Léon.
A ce jour, ne reste que Jules...

enfance

Et la fausse ...
Déjà sceptique devant les déséquilibres
du monde ...

C'était histoire de patienter, car les travaux dans la maison ne sont pas trop propices à la rédaction de quoi que ce soit ...

11 juin 2007

Pièce nipponne

9782742767106Une jeune femme souffrant du dos se rend régulièrement à la piscine. Un jour, elle est attirée, par une femme assise dans les vestiaires et qui attend. Elle recroise Midori quelques temps après à l'extérieur. Toujours intriguée, presque aimantée par son attitude de "neutralité bienveillante" même lorsqu'elle est en compagnie, la narratrice décide de la suivre. Sa filature la mènera jusqu'à une loge de gardien d' une cité abandonnée. Là, des gens assis autour d'un poêle attendent posément eux aussi. A tour de rôle, ils rentrent dans "la petite pièce à raconter". Pour se parler à eux-mêmes. Chacun reste le temps qu'il veut et lorsqu'il ressort, il laisse une obole.

"On peut raconter tout ce que l'on veut ici, ça n'a pas d'importance, n'est-ce pas? Des histoires d'autrefois comme des rêves du futur, la réalité comme le fantastique."

Mi-divan, mi-confessionnal, la petite pièce à raconter recueille les mots et soulage les maux. Ce court texte est une parabole très poétique de l'acte de dire, de sa fonction symbolique et thérapeutique. On ne sait pas pourquoi ça marche, mais ça marche. C'est ce que les psychanalystes ont coutume de dire de leur pratique. Il en va de même pour cette petite pièce à raconter qui permettra à la narratrice de s'approprier une parole libératrice.

"Plus on est à l'étroit, plus on entend nettement sa propre voix, et l'on doit certainement avoir l'impression de se révéler dans la vérité de son coeur. C'est ce qu'il y a d'agréable dans le monologue."

C'est ma première rencontre littéraire avec cet auteur; ça ne sera pas la dernière car j'ai noté ça et là différents titres. Je crois qu'après celui-ci "Le Musée du silence" s'impose !

La petite pièce hexagonale     Yoko Ogawa    Actes Sud  Babel

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10 juin 2007

Monsieur Nougatine vous souhaiteune bonne nuit !

Nougatine

Monsieur Nougatine vous souhaite
une bonne nuit !

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9 juin 2007

Popote grecque

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Nana est mariée et a deux amants. Elle prend son pied uniquement avec des hommes sachant lui mitonner des petits plats exquis. Très vite, on s'aperçoit que ces deux hommes sont voisins de palier. Rapidement eux aussi, ils vont se rendre compte qu'ils aiment la même femme. Un combat culinaire va s'engager entre ces deux-là, mi-rivaux mi-complices, pour l'amour de la belle. Le livre se partage entre digressions galantes, ruminations jalouses et recettes de cuisine. La table des matières est un gigantesque menu.

Dans un premier temps, c'est la couverture un brin surréaliste qui m'avait accroché l'oeil. Bien que méfiante, car la gastronomie n'est pas un de mes thèmes de prédilection, le fait que l'auteur soit grec avait fini de me convaincre.
Ayant eu maille à partir avec la cuisine grecque, qui ne brille pas par son raffinement, j'étais assez dubitative quant au résultat. Et ce d'autant plus que l'auteur est de sexe masculin. En Grèce, derrière les fourneaux, ce sont inévitablement les femmes qui s'y collent !

Et bien j'ai une bonne nouvelle pour vos piles et vos listes, ce livre ne m'a pas plu. J'ai eu l'impression d'être dans un très mauvais vaudeville. La donzelle et ses caprices culinaires m'ont fortement agacée, quant aux états d'âme des deux chevaliers, ils m'ont laissé de glace. La crédibilité même du récit est gravement entachée. Car pour qui connait les affres de la canicule athénienne, on peine à croire au plaisir de se délecter d'un pastitsio ou d'une soupe de poulet en plein mois d'Août, quand l'organisme ne réclame que des éléments liquides frais voire même carrément surgelés ! Et à mon grand désespoir, aucune recette de ces gourmandises dégoulinantes de miel, ni même une petite description du halva citronné et saupoudré de cannelle ...

On voit se profiler le dénouement aussi sûrement que l'Acropole au-dessus d'Athènes. Non décidément, pas une once de sensualité, aucun débordement orgiaque, nul épicurisme raffiné. Point de torride pillage frigorifique ni de gargantuesque grande bouffe, encore moins de bain chocolaté. La seule touche de poésie se trouve dans certains titres des chapîtres. Heureusement, car j'aurais été bien en peine de vous citer un extrait.

" Coraux d'oursins naufragés dans une cuillérée d'eau de la mer Egée "

C'est mignon ça, comme image, non ? Mais beurk ! je déteste les fruits de mer crus.
Ah qu'il est loin le magistral et fabuleux "Festin de Babette" ! Karen Blixen peut reposer en paix...

Les Liaisons culinaires     Andréas Staïkos     Actes Sud  Babel

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8 juin 2007

Chronique postale

CATHULU m'avait fait frémir avec son réquisitoire sans appel contre notre bonne vieille institution qu'est la Poste.
Attendant un objet qualifié de "FRAGILE", je m'inquiètais de la disparition de ce même mot dans le lexique postal. En serai-je réduit à faire une infusion des petits morceaux de la théière tant convoitée ?
Eh bien non ! Elle est arrivée d'un seul bloc. Ouf ! Fin de la première étape.

Mais à l'occasion de la tentative de récupération du colis, je m'aperçois qu'un autre mot vient de disparaitre du vocabulaire de la Poste. Le terme "SIMPLICITE".
Etant absente avant-hier matin, j'ai trouvé l'avis de passage m'indiquant que je pouvais retirer le paquet le lendemain à partir de 14 H. Donc hier à l'heure dite, je fais cinq kilomètres et me retrouve devant une porte close sur laquelle un papier notifiait que le bureau ouvrirait à 15H45. Cela fait six ans que j'habite ici et je n'ai jamais pu savoir exactement les horaires pour le moins fantasques de cette p...... de Poste, et qui changent en permanence.
A 16 H je téléphone pour exprimer ma colère, d'ailleurs déjà extériorisée à 14 H sous les fenêtres, ouvertes elles, du dit bâtiment. Une charmante dame me dit que maintenant qu'elle est là, je peux venir. Comme je suis caractérielle, je lui réponds que j'en suis dans l'incapacité et que demain, étant chez moi, je souhaiterais que le facteur me remette le colis. C'était apparemment très difficile car cette dame ne voyait pas le facteur pour lui transmettre le message. Après lui avoir suggéré que, puisqu'elle avait le colis sous les yeux, elle pouvait peut-être laisser un mot dessus et remettre le tout dans le circuit. J'ai vu, même à travers le téléphone, une ampoule s'éclairer au-dessus de sa tête. Fin de la deuxième étape.

Inutile de vous dire que ce matin je guettais fébrilement la voiture jaune. La factrice me tend quatre lettres et j'attends la suite. "Non, rien d'autre" me dit-elle souriante. Je lui déballais l'histoire et je finis par savoir que le colis était dans son coffre mais qu'elle ne pouvait pas me le donner car elle préfèrait le faire "flasher" à nouveau, mais cette fois au bureau de ..., distant lui de quinze kilomètres, où je pourrais me rendre à partir de 15 H. Etant déjà au bord de la crise de nerfs, je n'ai pas voulu savoir le pourquoi du comment. J'ai préféré éclater de rire et lui débiter une tirade sur l'absurdité de la situation. Là aussi, une ampoule s'est éclairée au-dessus de la tête de la charmante dame qui a fini par se ranger à mon raisonnement, et heureusement pour elle car je crois que j'aurais été capable de le prendre de force. Je lui ai promis de téléphoner à son supérieur hiérarchique afin de la dédouaner de cet acte hautement courageux de résistance bureaucratique ! Fin de la troisième étape.

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Tout ça pour ça !

Dernière étape, je vais déguster ce premier thé si durement arraché à des griffes ubuesques. Et je remercie MAIJO qui, grâce au Swap, m'a fait découvrir ce nouveau comptoir de thés. Ceux que j'ai reçus ont des parfums envoûtants.
Si ça vous tente, soulevez ce couvercle
... 

 

8 juin 2007

Dérives entre deux rives

9782253119982Schwara est l'homme aux mains de bois. Forestier, charpentier, sa scierie a brûlé dans les tourments de la guerre civile qui a ravagé son pays. En ce premier été de l'après-guerre, il quitte son massif des Londes pour partir à la recherche d'un homme. Schwara l'homme du nord va s'aventurer dans le sud, vers la mer et jusqu'au port de Ran-Mositar, là où se cotoient les refugiés, les opportunistes, les soldats de l'ONU et même les touristes déjà revenus jouir des îles et de leurs sources chaudes.

Schwara va à pied. Il a pour tout bagage sa sacoche contenant quelques outils et la richesse de ses mains. Il se fait vite repérer par son savoir faire et travaille ça et là sur des chantiers. Partout, il interroge et poursuit sa quête. Et partout, il croise les mêmes douleurs, les mêmes haines encore à vif. Celles des femmes violées et îvres de vengeance, celles des hommes qui ont commis ou vécu l'horreur et qui composent avec.

"Chaque camp appliquait sa logique de l'ordre et du désordre."

Lorsqu'enfin il arrive à Ran-Mositar, la vie de la ville tourne autour de la reconstruction du Vieux, le célèbre pont construit au XVIe siècle et qui, jusqu'à ce jour, avait résisté à tout. "Soudain la notion de crime contre un patrimoine de l'humanité s'inscrivait dans le livre de la barbarie. La ville avait retenu son souffle puis, dans un silence pétri d'angoisse, les habitants s'étaient approchés des rives séparées. L'incroyable blessure qui béait devant eux zébrait leur conscience d'une même cicatrise, les rendait responsables d'une inconcevable atteinte aux racines de la vie."

Schwara met son talent à la disposition des équipes chargées des travaux. Il sait que c'est là que prendra fin son voyage. Il croisera Irini, dont le drame personnel rejoindra celui de Schwara, et qui le mènera involontairement jusqu'à l'homme recherché. Chacun se confrontera à son destin.

"Dans un pays que je connais bien, les losanges sont un signe de sagesse. Le rond, tu n'en ressors jamais, le carré est trop parfait, il t'enferme, le rectangle s'étire à l'infini, peu fiable. Tu les rassembles tous, tu obtiens le losange, une figure idéale, assez déséquilibrée pour que ta pensée s'y glisse et pourtant cernée par les quatre côtés qui la guident.
- Il est où ce pays de la sagesse ?
- Là où fleurissent des champs de rhododendrons."

Si cette histoire vous rappelle quelque chose, c'est sans doute celle de la ville de Mostar, en Bosnie-Herzégovine. Le 3 Novembre 1993, malgré la présence des troupes de l'ONU, le pont piéton s'effondre dans la Neretva, séparant la communauté croate catholique orthodoxe et la communauté bosniaque musulmane. Sous l'égide de l'Unesco, la reconstruction commencera en Juin 2001 et le nouveau pont, restauré selon les techniques ancestrales, sera inauguré le 23 Juillet 2004.
Ce livre est son histoire et celle des hommes qu'il tente de relier. L'un et l'autre se parent à la fois d'une simplicité et d'une folie magnifiques.

"Mais qui pouvait parier sur l'avenir d'un pays qui chérissait son pont et laissait sombrer ses enfants ?"

Le pont de Ran-Mositar      Franck Pavloff     Editions Le Livre de Poche

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6 juin 2007

D'autres vieux murs

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L'église romane de Saint-Symphorien

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Construite au XIIème siècle

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Sur le chemin de St Jacques de Compostelle

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A l'époque son portail s'ouvrait sur l'océan
dans le golfe de Saintonge

5 juin 2007

Quelques mots sur un mur

9782268061528Imaginez qu'en 1944 l'armée américaine ait été bloquée dans les Ardennes et que les Russes aient poursuivi les nazis jusqu'au nord-ouest de la France. Imaginez "une diagonale rouge, de la Manche au Loiret, du Morvan au Jura", en passant par le centre de Paris, et que cette zone soit toujours sous contrôle soviétique. Imaginez que la capitale soit partagée par un Mur qui longe la Seine, que les ponts de Paris soient tous fermés, sauf un. Imaginez que l'île de la Cité soit un no man's land miné. Imaginez qu'il y ait un Est et un Ouest. Un Paris et un Parij.

"J'aime le son que produit cette corde en travers de la ville tendue quand le vent la fait vibrer..."

Ce sont les mots de Romain Morvan, écrivain et prix Nobel, qui vient d'être expulsé à l'Ouest par une nuit pluvieuse. Ces mots sont adressés à Clara Banine, une violoniste restée à l'Est et qui fut sa maîtresse pendant quatre ans.
Une étrange correspondance va s'instaurer entre eux. Etrange, car sous la surveillance d'un curieux personnage, Bernard Neuvil, directeur de la cellule politique des Postes, c'est à dire de la censure épistolaire.
Neuvil est un être solitaire, parano à souhait, et qui rêvait dans sa jeunesse d'être écrivain. Sous prétexte de pister l'existence d'un manuscrit compromettant resté à l'Est et que Morvan chercherait à récupérer par l'intermédiaire de la belle Clara, Neuvil va s'inviter dans leur correspondance à coup d'écriture falsifiée et de fausses informations. Cette mission va devenir le centre de sa vie. Mais à manipuler et instrumentaliser les autres, ne risque-t-il pas de se perdre lui-même ? A moins qu'il ne se retrouve...

Ce roman m'a rappelé un film récent "La vie des autres" de Florian Henckel. L'intensité dramatique en moins. Le portrait du censeur et sa lente transformation sont une réussite. Mais le récit hésite entre caricature et dérision, ainsi le projet pharaonique de reconstituer à l'identique la ville réunifiée quelque part dans l'Oise. Ni vraiment roman d'espionnage ou d'aventure, on prend cependant plaisir à parcourir ce Parij occupé, subissant les pénuries et les délabrements. On assiste à la désillusion du transfuge passé à l'Ouest et au manque d'inspiration qui en résulte.

Heu... moi aussi je suis un peu en panne ! Bref, selon l'axe du mur où l'on se situe, cela manque un peu de profondeur, ou de hauteur...

Un rappel pour terminer.
9 Novembre 1989, celui de Berlin tombait.
Juillet 2002, Israël commençait la construction d'un mur de 600 km qui isolera les Territoires Palestiniens.
Septembre 2006, le Congrès américain autorisait la construction d'un mur de 1200 km entre le Mexique et les Etats-Unis.
Avril 2007, les américains commencent la construction d'un mur de 5 km à Bagdad entre l'enclave sunnite d'Adhamiyah  et les quartiers chiites.
Sans compter les murailles de barbelés électrifiés du côté de Ceuta et Melilla, etc, etc...

Parij     Eric Faye     Editions Le Serpent à Plumes

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4 juin 2007

LE YOGA DES CHATS (suite)

Hier vous avez pu apprécier quelques postures exécutées par Patchouli et Nougatine.
Au même moment, ailleurs, la siamoise ISATIS en présentait d'autres.
Et ce soir, dans ma boîte aux lettres, avec quelques belles images, je trouvais ceci

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Le cours continue !
Qu'est-ce qu'ils bossent ces matous !!!!

MERCI KATELL

3 juin 2007

Et vous, dans quelle position avez-vous passé

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Et vous,

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dans quelle position avez-vous

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passé votre dimanche ?

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Moi, plutôt comme ça !

2 juin 2007

My Taylor is Irish !

9782070320912Si vous aimez les losers, vous allez être servis.
Doucement mais pas sûrement car en zigzagant, Jack Taylor s'approche de la cinquantaine. Ses meilleurs potes se nomment Brandy, Bushmills, Jameson, Guinness, etc.
Son boulot, ancien flic et pseudo privé. Son bureau, une table au fond du Grogan's, un vieux pub de la ville de Galway.
"Il n'y a pas de détectives privés en Irlande. Les Irlandais ne le supporteraient pas. Le concept frôle de trop près l'image haïe du "mouchard". Vous pouvez faire quasiment n'importe quoi en toute impunité, à part moucharder."

Jack a aussi d'autres amis, des vrais ceux-là. Cathy B., ancienne tox qu'il a sauvée d'un tabassage conjugal. Depuis, elle utilise ses cordes vocales dans un autre registre. Avec son look destroy et sa voix puissante, elle est passé de la scène de ménage à la scène tout court. A l'occasion, elle donne un coup de main à Jack.
Sutton, l'homme aux multiples visages, un jour barman, un jour peintre, mais toujours alcoolo et un brin mytho. Il est prêt à jouer les redresseurs de torts dès que Jack a besoin. C'est pas le genre de mec à s'encombrer la conscience avec des scrupules. On peut même carrément dire qu'il prend un certain plaisir à tuer !
Sean, c'est le patron du Grogan's,"un endroit sérieux pour boire sérieusement."

Et puis y'a la famille. Le père de Jack est au cimetière. C'est lui qui lui a transmis l'amour des livres. "Pour mes dix ans, il m'offrit une carte de bibliothèque. Ma mère m'offrit une crosse de hurling. Elle s'en servirait fréquemment pour me filer des raclées. La carte de bibliothèque signifiait "liberté".(...) J'étais devenu un bibliophile dans le vrai sens du terme. Je n'aimais pas seulement lire, j'aimais les livres eux-mêmes. J'avais appris à en apprécier l'odeur, la reluire, l'impression, le contact des ouvrages entre mes mains."
Avec sa mère, le contact, il passe beaucoup moins bien ! Bigote, rabat-joie, elle porte son veuvage comme un étendard. "Enfant, j'avais peur d'elle. Plus tard, je l'ai haïe. Vers les vingt ans, je la méprisais, et maintenant, je l'ignore."

Il y a aussi les copains de beuveries, les clodos, les bookmakers, etc...
Côté boulot, c'est pas le surmenage. Pourtant, Jack pratique un rapport qualité-prix qui défie toute concurrence. C'est ce qui, un jour, conduit une femme à lui demander de prouver que sa fille de 16 ans ne s'est pas suicidée.

Dans ce premier volet de la série, l'enquête n'est qu'un prétexte pour faire connaissance avec cet hurluberlu imbibé. On parcourt de long en large et de pub en pub sa bonne ville de Galway. On compatit sans retenue à toutes les galères dans lesquelles il se trouve embringuer. Et c'est pas ça qui manquent ... Entre les black out éthyliques, les pauses d'abstinence plus ou moins volontaires, les bastons et les divagations, on est épuisés mais contents. Car le rythme percutant du roman et le ton rock and roll du récit nous baladent dans un univers où se croise du beau monde. Les chapîtres sont émaillés de références littéraires, musicales et cinématographiques. Un homme qui cite Elvis Costello, Tom Waits, Kafka, Francis Bacon, Wenders et Herzog, est peut-être désespéré mais certainement pas un mauvais bougre !

"Le lendemain, j'étais à l'agonie. Ce n'était pas une banale gueule de bois, c'était une gueule de bois championne du monde. Celle qui hurle : TUEZ-MOI ! Je refis surface vers midi. Les événements survenus la veille jusqu'à seize heures étaient identifiables. Après ça, le napalm."

Rassurez-vous, il est toujours vivant. Et il a du boulot car il y a deux autres enquêtes à suivre. Chouette !!!

Delirium tremens     Ken Bruen     Editions Folio Policier

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1 juin 2007

Petit rafistolage (pé)père...

9782020403382Rafael, vingt cinq ans, traverse la frontière en direction de l'Espagne pour retrouver Goyo Lasagual. Le père qu'il n'a pas connu et qui est en train de mourir. Il voyage avec sa tante qu'il rencontre aussi pour la première fois. Arrivé trop tard, il ne peut que constater les dégâts. Personne ne veut lui dire de quoi est mort son père. Il hérite d'une maison incendiée. Le lieu a été fouillé en bonne et due forme, mais il retrouve des photos et des lettres, et surtout une lettre que lui-même, enfant, a envoyée à Goyo. L' accueil des villageois à l'égard de Rafael est franchement hostile, à l'exception de Marco, un jeune gitan. Goyo l'avait pris d'amitié et protégé de la vindicte populaire. Une étrange relation va se nouer entre les deux jeunes hommes.
En toile de fond, un petit village moribond plombé par la chaleur estivale. L'unique entreprise va fermer, la verrerie qui permettait encore un semblant de vie aux habitants. Comme des fantômes, ils quitteront les uns après les autres ce lieu hanté par les souvenirs et les rancoeurs de la Guerre Civile. La mort de Goya et l'arrivée de Rafael vont faire remonter les boues de ce passé.

"Je vais vous dire ce qui vous retient ici. Vous attendez le moment où vous serez prêt. Prêt à tout entendre, à tout voir. Car le plus inacceptable, lorsqu'on a fermé les yeux si longtemps, n'est pas de regarder la vérité en face, mais de se soumettre à son regard. Oui, voilà ce à quoi on ne peut se résoudre aussi facilement: ouvrir les yeux et constater que la vérité n'a pas cessé un instant de vous scruter quand bien même vous refusez de vous tourner vers elle."

Car ce récit est aussi celui de toute l'ambivalence d'un fils à connaître et à accepter la vérité de ses origines. C'est ce qui le pousse à réinventer l'histoire paternelle, à falsifier aux yeux de sa mère, l'épouse abandonnée, les retrouvailles avec un père malade mais toujours vivant. Comme le dit Rafael, "Moi, je compte sur l'imagination pour me sauver."

Mais la vérité s'imposera coûte que coûte. Après, et seulement après, Rafael pourra s'enfoncer plus avant en cette terre ibérique et paternelle. Voyage qui n'aura sans doute pour seul but que celui de lui permettre de s'approprier la part manquante de l'histoire de ce père inconnu.

" - Vous n'avez rien oublié, Rafael ?
  - Non, je ne crois pas. Je dois juste oublier ici un peu de moi-même..."

Un bel exemple de la difficulté à être le fils de son père. Et un beau texte qui hésite entre violence et regret, affabulation et vérité, rejet et acceptation. Pour toujours et encore, pouvoir grandir et vivre.

L'invention du père     Arnaud Cathrine     Editions Points Seuil

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30 mai 2007

Il était des fois ...

9782864245674Rien que le titre laisse rêveur, comme la femme sur la couverture qui contemple l'immensité du paysage.
Ce récit est un entre-deux, mi-réalité, mi-onirisme. Dans un tel univers, seul Eulalio pouvait en être le conteur. C'est le gecko qui vit sur les murs intérieurs de la maison de son ami Félix Ventura.

Félix ne peut pas être un individu ordinaire. Angolais, noir albinos, enfant abandonné dans un carton de livres, il vit encore dans la maison de celui qui l'a recueilli. Sa vie s'écoule parmi les photos, les tableaux, les encyclopédies, les journaux et les livres. Ses compagnons sont la Vieille Espérance, qui passe pour le ménage et la cuisine, et Eulalio le gecko qui observe.

"Quand j'étais enfant, avant même d'avoir appris à lire, je passais des heures dans la bibliothèque de notre maison, assis par terre, à feuilleter de grosses encyclopédies illustrées, pendant que mon père composait des vers ardus, qu'ensuite, de façon très raisonnable, il détruisait."
Et sa mère de lui dire : "Entre la vie et les livres, mon fils, choisis les livres."

C'est ainsi que, grâce à cette somme de documents, Félix exerce le métier extraordinaire de bouquiniste-généalogiste. Qui veut se refaire un passé vient sonner à sa porte. Et après guerre, ce ne sont pas les clients qui manquent. Mais Félix, qui est-il lui-même ?
Avec l'aide du gecko et par le biais des conversations avec ses curieux clients, quelques pans de l'histoire de Félix se déroulent, vite étouffés par la végétation chatoyante du jardin ou le bruit de la pluie.
Réalité ou fiction ?

"Il s'est renversé sur le dossier et a plongé ses yeux dans la profondeur prodigieuse du ciel. J'ai eu peur que ce soit pour sauter dedans. Je ne connaissais pas cet endroit. Je ne parvenais pas à me souvenir d'y avoir été, un jour, dans mon autre vie. Des cactus énormes, certains hauts de plusieurs mètres se dressaient parmi les dunes, derrière nous, eux aussi éblouis par l'éclat limpide de la mer. Un vol de flamands roses a glissé en un calme incendie à travers l'azur du ciel, juste au-dessus de nos têtes, et ce n'est qu'alors que j'ai été certain que j'étais en train de rêver. Félix s'est retourné lentement, les yeux humides.
- C'est ça la folie ?
Je n'ai rien trouvé à lui répondre."

Qu'importe. Tout n'est que poésie, rêverie, nostalgie...
Ne cherchez pas à comprendre, grimpez et laissez-vous entraîner car

"La mémoire est un paysage contemplé depuis un train en mouvement."

Lisez aussi les critiques de KATELL et de PASCAL 

Le Marchand de passés    José Eduardo Agualusa    Editions Métailié

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29 mai 2007

COLIS KROUSTI...LLANT !

Quand j'ai vu le colis, j'ai su tout de suite
qu'il ne venait pas de France
Quand j'ai vu qu'il arrivait tout droit de
BELGIQUE
J'ai pensé immédiatement que dedans
il y aurait sûrement
DU CHOCOLAT !
(j'ai honte mais...)
Gagné !!!!

PIC00138

J'y ai  trouvé aussi un livre qui m'intrigue depuis longtemps,
dans un merveilleux emballage de tulle, de perles et d'étoiles.
Un bloc courrier avec des enveloppes muticolores
Des petites bougies à la cire de miel
Une carte féérique
Et partout éparpillées
Des paillettes en forme de coeur !

Tout cela envoyé par KROUSTIK, que je ne connais pas et qui dit ne pas me connaître non plus, mais qui a pourtant réussi à me faire un immense plaisir avec tous ses cadeaux. Je vais enfin me perdre dans le monde fantastique de LA DAME N° 13. C'est un pavé épais comme je les aime, et je viens de découvrir que son auteur JOSE CARLOS SAMOZA est psychiatre. Alors je crains le pire, côté histoire délirante !
Un seul regret KROUSTIK, celui de ne pas pouvoir venir me balader sur ton site ...

MERCI MILLE FOIS  KROUSTIK
ET
AUSSI A FLO
POUR CETTE BELLE AVENTURE
ET SON ORGANISATION

yspect08

28 mai 2007

En cette journée de la survie de l'espèce,je

familles006

En cette journée de la survie de l'espèce,
je précise que j'abandonne 7 H de rtt
UNIQUEMENT
aux 25% de vieux
qui n'ont pas voté pour qui vous savez...

28 mai 2007

Bouillabaisse tchétchène

9782742764914

De l'Ukraine (cf ci-dessous) à la Tchétchènie, il n'y a qu'un pas, même s'il faut passer par Marseille. Je n'ai pas hésité à faire le détour car j'avais besoin d'une petite lecture légère. Bon, soyons franche, ce plat n'est pas du tout indigeste, mais de là à me relever la nuit pour en reprendre... En voici la recette, si ça vous tente.

Dans une cité marseillaise, Le Frais Vallon, mélangez les ingrédients suivants :
- Un sage, Dachi El Ahmed, mi médiateur-mi grand frère-mi prof de philo, amoureux de Brassens, de Lao tseu et du poête persan Khayyâm, "Il peut passer des heures assis en tailleur sur son tapis volant." (forcément, un tel homme ne peut que me plaire!)
- Un ancien truand corse, Nuage d'Acier, car reconverti en Apache et vivant dans un tipi sur le toît d'une tour du Frais Vallon.
- Un ébéniste grec retraité, Nestor Patipoulos, père de Léda, bombe rousse infirmière et qui ne laisse pas insensible le sage Dachi El Ahmed.
- Un journaleux alcoolo, Grook, et son acolyte Casimir l'Oblique, rapport à son profil.
- Un petit caïd de cité, Hocine, et sa bande.
- Deux barbouzes russes dignes des Pieds Nicklés, Igor et Vassiliev.
- Un colonel tchétchène, Khazman Idigov, en mission spéciale au Frais Vallon chez
- Feue Mémé Oumaraq, mère de son général de fils, chef de la résistance tchétchène, lui-même propriétaire de
- Hassan, chien beagle mascotte de la Tchétchènie, confié à feue sa môman.
- Et enfin Roberta Vadim-Angouste, autre bombe, mais blonde celle-ci, et membre actif de la SPA.

Faites courir tout ce petit monde après le très convoité canidé Hassan, pendant 243 pages, en passant par les quartiers, les caves, les villas. Ajoutez qu'il faut zigzaguer entre les flèches, les balles, les coups d'aspirateur et autres armes. Laissez reposer tout cela entre deux poursuites en BM, 106, 4L, scooter, à pied ou à quatre pattes.

"Dachi savait très bien ce qu'il aurait dû faire. L'aéropage de sages nichés dans son cerveau le lui soufflaient: Maintiens-toi en quiétude face à l'agitation fourmillante des choses, lâche négligemment Lao Tseu, Bois du vin, soupire Khayyâm, le nez dans les fleurs, Bande à part sacrebleu, c'est ma règle et j'y tiens, fredonne Brassens en grattant sa guitare. Tout envoyer valdinguer et rentrer au Frais Vallon, tel est le chemin de la sérénité."

En refermant ce livre, vous aurez passé un moment divertissant. Vous vous direz comme moi, que cela finira sans doute sur un écran de cinéma, avec des acteurs survoltés.
Alors à vous de voir où vous préférez investir 7€.
Peut-être ailleurs !

Le chien tchétchène     Michel Maisonnneuve     Babel Noir

chien22

 

27 mai 2007

Mélimélo de mots *

9782879293110Vous me décoreriez tout en couleurs si pas avant longtemps ce livre se retrouvait entre vos mains et inondait votre encéphale de toute son inventionalité !
Mais votre partie arrière devra se protéger de façon rembourée s'il ne vous remplit pas d'aise et si l'idée de le cloturer croise celle d'en élaborer un autre. Car MUSKY a la jambe grandement étirée et l'appendice qui prolonge celle-ci pourrait bien d'une rotation gigantesque balayer l'hexagone et se heurter à la partie arrière déjà dénoncée, laissant remonter jusqu'au sommet de votre chef des vociférations récriminatives :

"C'EST PAS POSSIBLE DE PAS L'AIMER CE LIVRE, COMPRIS ?!!!"

Je m'accorde avec elle, après avoir éliminé des neurones de mon lobe occipito-temporal gauche, déjà fortement en abime par tous les livres que je l'ai obligé à décaractériser. J'ai dû aussi calculer la géographie des félins rigolots afin de combler les déficits spatio-temporels du récit. Mais j'ai gagné le succès d'emjamber le commencement de l'histoire. Après, c'est comme tu bois beaucoup de vodka et que ça fait moins de douleur et tu réflexionnes plus. Tu lis, c'est tout.

Sur un plateau, je pose mes excuses pour l'omission du sujet concerné de ce livre. La vodka fait aussi ressembler mon cortex à chaussette usée  fromage helvétique (mieux littérairement élégant et moins mauvaisement odorant).
L'ouvrage est le rendez-vous d'un trio ukrainien, grand-père, petit-fils et chienne à quatre pattes (pas sale garce féministe !) qui réceptionne un héros juif d'outre-atlantique obsessionnalisé par le pauvre bout de terre d'où ses prédécesseurs familiaux ont failli être ravagés par la guerre. Contre numéraire dollarien, il met les trois  en pelote de nerfs, jusqu'au bout de retrouver celle par qui ses ascendants ont pu par grâce encore photocopier leurs chromosomes, comme exemple le héros.

L'homme étasunien écrit aussi des pages simplement, un livre pour le monde entier, alors c'est sympathiquement reposant pour que tout le monde comprenne bien. Il retricote l'histoire depuis son arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-père, c'est longtemps comme 405 pages dans la poche. Comme sur un trampoline, tout rebondit et nous essore des rires, car sinon vous auriez trop de cascades d'eau sur les joues à cause de la douleur et de la tendresse qui habillent les personnages de l'auteur.

"Extrait du Livre des antécédents :
Les juifs ont six sens. Toucher, vue, goût, odorat, ouïe ... mémoire. Tandis que les Gentils perçoivent et traitent le monde par les sens traditionnels et se servent de la mémoire seulement comme un moyen de deuxième ordre pour interpréter les événements, pour les juifs, la mémoire n'est pas moins primordiable que la piqûre d'une épingle ... Ce n'est qu'en faisant remonter la piqûre d'épingle jusqu'à d'autres piqûres d'épingles...que le juif est capable de savoir pourquoi ça fait mal."    
 

 Comme eux, je fais trop de conserves dans ma mémoire. "Le souvenir était censé remplir le temps mais faisait du temps un trou à remplir". (Et je suis tranquille, c'est pas la vodka qui poinçonne mon cerveau).

Et le livre y est en plus aujourd'hui et je crois bientôt l'autre aussi du même écrivain.
MUSKY a tout bien arrangé chez elle; tout est illuminé là-bas, si c'est pas clarifiant ici.
Mais gaffe à vous! On est une paire maintenant à "investiguer et faire KGB  sur vous" derrière l'écran, et à articuler hautement :

OBLIGATION DE LIRE CE LIVRE, COMPRIS ?!!!!

* inscrupuleusement inspiré par l'original de l'auteur.

Tout est illuminé     Jonathan Safran Foer     Editions Points Seuil

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25 mai 2007

UN COCO DANS LE METRO

9782253115687_VC'est bien évidemment ce magnifique cliché noir et blanc qui dans un premier temps m'a fait flasher. Que d'érotisme et de sensualité dans cette jolie paire de gambettes ! Ah, les talons aiguilles, y a pas à dire, ça avait de la gueule, et quelle parfaite fluidité entre la ligne du tissus et l'imperceptible cassure de la cheville. Je comprends les fétichistes !!!
Bon, revenons aux choses sérieuses.
L'autre jour, chez Nanne, j'ai piqué cette idée de lecture.

Le cadre, la ligne de métro N°9, Mairie de Montreuil-Pont de Sèvres. Pour les habitués, elle balaie large, cette ligne, des quartiers les plus chicos à l'ouest, aux plus populaires à l'est.
L'époque, 14 Juillet 1983; deux ans que la Gauche socialiste est au pouvoir. Les années fric n'en sont qu'à leurs débuts, le FN et la désillusion aussi...
Le héros, Jo Kaplan, 38 ans d'une histoire métissée juif-polac-parigot-rouge. Ultra rouge même car il a fait un parcours sans faute depuis sa tendre enfance. Elévé dans les drapeaux faucillisés, les poings lévés et les Internationales, il gravit un à un les échelons du PC. Conseillé municipal et journaliste à l'Huma, tout baigne pour lui, jusqu'au jour où le camarade Marchais prend la tête du Parti. Refusant les compromissions, Jo n'a pas envie d'être copain avec ce mec là. Il est exclu du PC.

"Traîner, marcher,draguer dans les rues et les cafés. Demeurer solitaire, plutôt que de plonger dans ce monde qu'il refusait, pour d'obscures raisons. Faire l'anar, persister à faire l'anar, en fredonnant une vieille chanson de Béranger, A mes amis devenus ministres ..."

Retrouvant sa liberté, vont suivre quelques années de dandysme libertaire, libertin et littéraire, au cours desquelles Jo va pouvoir se consacrer à une de ses passions, l'Histoire. Son autre passion c'est marcher, arpenter son territoire tout le long de cette ligne 9. Et c'est en métro, mettant toujours un point d'honneur à ne pas user des correspondances, qu'il se rendra à la garden party de l'Elysée, en cette journée de fête nationale. Mais que diable va-t-il faire dans cette galère ? Chercher la femme et vous aurez la réponse. Et comme d'une femme à l'autre, il n'y a qu'un pas, forcément ce beau mâle le saute (pour ne pas dire la !).

Vous me voyez sans doute venir.
Il a commencé par m'irriter Jo le rouge, l'intègre, quand lentement mais sûrement il vire au rose, pour les beaux yeux d'une Marie-Sébastienne, pseudo socialo, bourgeoise charentaise-maritime de surcroît et reine du boursicotage pas toujours très clean. Puis il m'a franchement fait bondir quand, sous les hospices d'anciens compagnons recyclés gauche caviar, il se laisse séduire par les sirènes de cette fin de siècle, je veux bien sûr parler de cette lèpre immonde qui nous contamine encore et toujours plus, la communication, ou plus vulgairement la pub. Et je l'ai carrément détesté quand il se roule dans les crachats qu'il a lui-même lancés dans ses années de lutte. "C'était un boulot de pute, comme tous ceux que Croissac lui commandait. La grande histoire mise au service de la communication d'entreprise ! Mais c'était tout de même l'histoire et Jo pouvait donc,, selon le mot de Croissac, qui n'en percevait d'ailleurs pas le cynisme, rentabiliser sa passion."

Mais comme un homme n'est jamais complètement mauvais, je l'aime, Jo, quand chaque station devient prétexte à raconter l'histoire des figures de la Révolution et de la Gauche, les célèbres et les anonymes. Je l'aime quand il raconte République, Charonne, Nation et la rue de Montreuil où j'ai tant de souvenirs. Je l'aime quand il parcourt les cours intérieures du faubourg Saint-Antoine et qu'il parle des ouvriers du bois. Mais je le déteste à nouveau quand il oublie de dire que c'est grâce à Tonton et à son opéra, qu'ils ont vendu leurs ateliers aux futurs lofteurs (non, monsieur Konopnicki, ce n'est pas seulement Ikéa qui les a fait couler. Ce sont les vôtres et la clique de flamands roses, tout émoustillés par les paillettes du pouvoir et de l'argent facile, qui sont venus s'encanailler rue de Lappe et spéculer rue de la Roquette). Et cet homme joue avec mes nerfs, quand je l'aime encore, le Jo qui fait son caractériel et refuse "de perdre mon temps à essayer de prolonger ma vie. C'est mathématiquement absurde."

Voilà comment la vie change sous le prisme rose de l'amour et de la politique. Voilà comment en quelques mois, on oublie ses  idéaux, on s'arrange avec ses contradictions, on justifie ses renoncements, on compose, ce qui permet d'avoir encore quelques sursauts de fidélité. On grandit, on vieillit, quoi.
Le livre se referme le 14 Juillet 1984. Un an de passé si vite, un an à se trimballer dans de la bien belle histoire, la nôtre. Et où l'on comprend aussi comment les mao-troskistes finissent socialos, quand ce n'est pas pour virer carrément umpistes-fumistes (mais j'anticipe ! )

N'oubliez pas de lire l'avis deNANNE.
Il est moins amer que le mien, mais j'ai une excuse. Je déteste l'année 1984.
C'est celle où j'ai décidé d'arrêter de grandir ...

Ligne 9      Guy Konopnicki     Le Livre de Poche

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