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Le Souk de Moustafette

Le Souk de Moustafette
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31 octobre 2011

Salon d'automne, et de deux !

Affiche-2011mini

Un dimanche Carhaix...ment livres
en bonne compagnie !
Gwenaëlle, Nicole et YvonSylire, Mireille
avaient répondu à l'appel

sdlcarhaix

Un salon très, très bretonnant mais, qui l'eut cru,
j'ai quand même déniché de quoi voyager
entre Vladivostok et le Turkménistan !...
(plus un petit polar qui se passe près de chez moi)

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23 octobre 2011

Allez Ginette !

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Des Têtes Raides bien pleines et toujours aussi engagées

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de passage hier soir à Morlaix

Une rencontre en musique avec Jeanne Moreau

 

22 octobre 2011

L'art de faire la queue

9782743622497S'il y a une image qui symbolise l'Union Soviétique c'est bien celle des longues files d'attente devant les magasins.
Attente érigée en art car il fallait faire preuve, outre de patience, d'ingénuosité. Les gens s'organisaient, se relayaient, se gardaient mutuellement leur place, l'échangeaient, tout cela pour d'hypothétiques denrées ou produits car, bien souvent, on ne savait pas vraiment pour quoi on faisait la queue. C'était un réflexe de se glisser à la suite des autres et de s'enquérir ensuite de ce qui se vendrait peut-être.
Comme tout système, la file d'attente avait une vie. Autour s'organisait un microcosme, qui proposait du thé l'hiver ou des glaces l'été, quelques gâteaux, qui louait des pliants; certains lisaient, d'autres jouaient, des amitiés se nouaient, les rumeurs circulaient, les discussions allaient bon train, les engueulades aussi... et la milice veillait.

C'est ainsi qu'Anna et Sergueï apprennent qu'un célèbre compositeur dissident est invité à donner un concert exceptionnel dans ce pays qu'il a quitté cinquante ans plus tôt. Trois cents places sont mises en vente, un seul billet par personne sera accordé. Pendant une année entière la vie de ce couple va tourner autour de l'attente de cette mise en vente mille fois reportée. Mais chacun a de bonnes raisons d'obtenir ce fameux ticket.
Sergueï, fonctionnaire musicien frustré, s'estime de droit seul digne d'assister à cet événement. Pour sa part, Anna pense offrir la place à sa mère, vieille femme muette qui vit chez le couple. Ancienne danseuse des célèbres ballets russes, elle a connu la gloire, la vie à l'Ouest, l'amour. Tout fut ballayé par la Révolution, elle renonça à ses rêves et s'enferma dans un silence quasi total.
De son côté Alexandre, le fils adolescent, relaie ses parents dans la file d'attente avant de trouver quelques avantages aux rencontres insolites qu'il y fait, lui ouvrant d'autres horizons que le lycée et l'université...

Inspiré d'un fait réel, en 1962 Stravinsky fut invité par Khrouchtev a donné plusieurs concerts en URSS après quarante-huit années passées hors du sol natal, ce roman est l'occasion de remouer avec Olga Grushin que j'ai découverte avec La vie rêvée de Soukhanov. Délaissant le monde des apparatchiks pour celui des petits fonctionnaires du peuple, on retrouve une trame assez similaire à celle de son premier roman, à savoir un homme glissant inéxorablement vers le changement au détour d'un événement presqu'anodin, la peinture passant ici le relai à la musiquee. 
Cette petite déception mise à part, l'histoire n'en est pas moins originale, puisqu'elle plonge le lecteur dans le quotidien d'une famille soviétique dont l'obtention du billet de concert vire à l'obsession au point de leur faire perdre tout bon sens, à moins qu'ils ne se révèlent à eux-mêmes... Entre mille et une astuces dont font preuve les habitants pour vivre malgré rationnement et tracasseries administratives, on entre dans l'intimité des appartements exigus et vétustes où s'entassent plusieurs générations, chacun dissimulant ses souvenirs du temps d'avant ou ses rêves d'un hypothétique ailleurs. Solitude et incommunicabilité au sein de la famille côtoient allégrement les relations qui s'instaurent autour du kiosque, véritable phare de ce roman, où se retrouvent des personnages portés par leur amour de la musique et où tout un chacun s'échaffaude un espace d'espoir.

Même si l'effet de surprise n'est pas aussi jouissif que la première fois, j'ai poursuivi avec plaisir ma découverte de l'univers littéraire d'Olga Grushin placé indéniablement sous le signe des arts et du rêve.  En définitive, tout ce qui sauve les hommes...

"Allant et venant au travers de son sommeil, comme une aiguille d'argent racommodant vivement le tissu de l'obscurité, la voix cousait les heures ensemble, unissant d'une couture invisible ses histoires à ses propres rêves, ses propres pensées, de sorte qu'il se réveillait souvent la tête envahie d'un flot bourdonnant de visions, en se demandant s'il les avait bien toutes conçues lui-même - sirènes sirotant des boissons mousseuses dans de délicates petites tasses à des terrasses de cafés, cachant leur queue sous des jupes plissées à la coupe complexe; chansons extraites à l'aide d'une cuiller spéciale, incurvée, des spires rosées de coquillages vendus dans des marchés dissimulés au fond des ruelles; poissons rouges languides progressant dans des membres de mannequins de verre aux vitrines luxueuses de quelque grande ville - cette ville lointaine, fantastique, fantasmagorique que la voix hantait toujours, quand elle s'infiltrait dans ses nuits par les fissures les plus infimes."

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 que je remercie pour ce partenariat.

 

Le Kiosque     Olga Grushin      Editions  Rivages

 

note_music_011 

 

20 octobre 2011

Hier matin 9h30

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Dans ces conditions, travailler est un plaisir...

morlaixaec0

Et aller fumer sa clope après le café permet de voir de bien jolies choses

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Je n'avais jamais vu un aussi bel arc en ciel, aussi long, aussi large
(j'ai regretté de ne pas avoir un objectif grand angle)
Et j'aurais bien continué à le mitrailler mais je vous laisse imaginer
les trombes d'eau qui se sont déversées juste après ce dernier cliché...
(cliquez pour agrandir)

16 octobre 2011

Crise de mères

51qWhIL4%2BjLCharlotte Dutilleul n'est qu'une petite fille lorsqu'éclate la guerre de 14. Turbulente, elle tente tant bien que mal de se conformer aux desiderata de sa mère, une femme rigide pour laquelle seule importe l'apparente perfection de sa famille offerte aux yeux des autres. Au cours d'une réception, deux événements vont marquer à jamais la fillette, un des deux sera passé sous silence face à l'énormité du second.  
Quelques années plus tard, la trépidante Charlotte, pour laquelle  on avait d'emblée tendance à éprouver une franche sympathie, s'est assagie, ravalant sa douleur et devient mère à son tour. Nicole naît d'une union sans amour et hérite du même caractère maternel. Mais les temps ont changé, les moeurs aussi. Nicole grandit à Saint-Germain des Prés et, contrairement à sa mère qui ne s'est pas opposée à la sienne, adolescente elle rue dans les brancarts... Les représailles seront féroces et la fin terrifiante.

Une traversée rapide de la première partie du XXe siècle et une galerie de mères et de filles sur trois générations font de ce court roman un condensé efficace des mécanismes qui conduisent à déclarer l'autre fou afin de maintenir l'équilibre familial.

Les petits sacrifices      Caroline Sers     Editions Le Livre de Poche

veracandidaEncore trois générations de femmes, mais dans un environnement et une atmosphère plus exotiques que précédemment, pour nous conter la lutte de quelques femmes face à leur destin. 
Ce pourrait être l'antithèse du livre de Caroline Sers. Là où tout n'est qu'apparence, froideur, rigidité, soumission, Véronique Ovaldé aborde la maternité et les relations mère-fille sous un angle à la fois tendre et cruel avec une fantaisie qui sied à merveille au cadre sud-américain de ce roman et une poésie qu'on lui connaissait déjà.

Je ne m'étendrai pas plus tant ce livre a été commenté.

Ce que je sais de Vera Candida     Véronique Ovaldé     Editions J'ai lu

41M2LWgrmoLDans la famille de la narratrice, la coutume veut que l'on se transmette de mère en fille une icône. La fille la reçoit de sa mère le jour de ses quinze ans, puis la famille lui cherche un mari. Mais Marthe fait une entorse à la tradition. Le jour des quinze ans de sa fille, cette dernière est déjà enceinte... Marthe garde donc l'icône et n'en continue pas moins sa vie de patachon. Née en 1904 à Paris, elle fut élévée par ses grands-parents en Roumanie. Elle ne rejoindra ses parents en France qu'à ses trois ans. C'est une enfant déjà fantasque qui parle aux oiseaux et dont la mère est peu présente. S'en suit une adolescence, presque sans histoire, puis un mariage arrangé, sans amour mais avec beaucoup d'alcool, d'amants et d'enfants.
Femme avant d'être mère, Marthe aura une vie mouvementée mais saura cependant s'attacher l'amour de ses enfants, lesquels payeront beaucoup de pots cassés en flirtant avec la folie. Sans un sou, Marthe retournera finalement vivre chez sa propre mère avant de finir ses jours dans une maison de retraite où elle continuera à boire et à voyager dans sa tête trop pleine de souvenirs, plus souvent mauvais que bons. La narratrice recevra des mains de son père l'icône que Marthe n'avait pas voulu transmettre.

Un très beau tableau de famille, entre grandeur et décadence, déracinement et intégration. Un émouvant portrait de femme et un tendre hommage d'une petite-fille à sa grand-mère.

Tâche de ne pas devenir folle      Vanessa Schneider     Editions Points

sobibor

De la folie intime à la folie à l'échelle humaine, il n'y a qu'un pas que Jean Molla franchit avec talent pour nous conter l'histoire d'Emma, souffrant d'anorexie. A force de ténacité, elle parviendra à faire émerger son identité de femme d'un embrouillamini familial des plus sombres.
Si c'est sa grand-mère qui détient la clef des nombreuses questions qu'elle se pose, c'est seule qu'Emma devra trouver les réponses au risque de chambouler la respectabilité de sa famille.

Encore un cas d'école, car outre l'aspect romanesque de ce roman joliment mené, on trouve là encore une excellente illustration de ce que vient colmater la pathologie mentale. Si elle s'ancre dans le présent, elle s'enracine toujours dans les générations précédentes et véhicule souvent ce qui ne peut se dire. Ici, elle s'attaque au corps et renvoie, comme un miroir, l'image de celui d'Emma, décharné, à ceux, squelettiques aussi, qui hantaient les camps nazis.
Un autre endroit  où on en parle

Sobibor      Jean Molla      Editions Folio

41in9y%2BTfCLOn a souvent des surprises lorsqu'on se rend sur les tombes de ses ancêtres. Il y a parfois un petit quelque chose qui cloche dans les dates. C'est ce qui arrive à Leonora qui s'aperçoit, lors d'une visite au mémorial de Thiepval près d'Amien où sont enterrés de nombreux soldats britanniques tombés durant la bataille de la Somme, qu'elle ne peut pas être la fille de son père .

Révélations, rebondissements, meutre, Leonora devra, elle aussi, batailler dur pour connaître la vérité. Après les grands-mères, les mères, les belles-mères ! Celle de Leonora détient-elle la clef du mystère ? En tout cas c'est un morceau central du puzzle...

 Entre roman historique et roman des origines, ce livre, malgré quelques longueurs, tient son lecteur en haleine jusqu'à la dernière page.

Par un matin d'automne     Robert Goddard      Editions Le Livre de Poche    

 

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12 octobre 2011

La danse de l'enfant

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9 octobre 2011

En Bretagne il y a ...

Des troquets étranges

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Les serveuses y sont un peu différentes

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On y croise de drôles de personnages

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Passée une certaine heure
on aperçoit même d'étranges créatures

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Et on y mange délicieusement bien

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Si vous ne me croyez pas
suivez Guy La Serpe et Naphtaline
et poussez la porte de

bistrotsmerveilleux

Dans les bistrots bretons, la réalité est parfois très proche de la fiction...
Ils sont tellement merveilleux que c'est dans l'un d'eux
que j'ai trouvé ce livre délirant.

Les Bistrots Merveilleux  Marc Le Rest & Cristian Esculier  Editions Terre de Brume

 

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3 octobre 2011

Le rhum et la révolution

51Bxyz-Uu2LFondée par une bande d'ivrognes, Santa Clara est une petite ville caribéenne oubliée du monde où le temps s'est arrêté. Vivant au rythme des sérénades d'Ibrahim Santos, musicien et météorologue poète, ses habitants, agriculteurs et pour la plupart cultivateurs de canne à sucre, suivent avec attention ses prévisions.  Tous heureux qu'ils sont de produire un rhum divin, ils vivent dans l'ignorance de la Révolution qui a balayé le pays vingt ans auparavant. Et la Révolution le leur rend bien puisque le dictateur en place n'a jamais entendu parler de Santa Clara jusqu'au jour où une bouteille de ce fameux rhum arrive entre ses mains. Les malheurs de Santa Clara ne font alors que commencer.

Alors qu'on débaptise à tour de bras, places, rues et école, qu'on remplace les anciens drapeaux et décroche les portraits du dictateur précédent, les villageois voient arriver d'un mauvais oeil un ingénieur agronome chargé d'améliorer la productivité à coup de d'engrais et de pesticides. Contraints par la violence de se plier aux nouvelles directives, les habitants courbent l'échine en attendant la prochaine cuvée...

"L'autosuffisance alimentaire était alors devenue pour lui [le dictateur] l'objectif à atteindre coûte que coûte. Mais en bon militaire, il avait sur le sujet une opinion bien arrêtée :
- On parviendra à l'autosuffisance, même s'il faut pour cela que le peuple arrête de manger !
Son Ministre de l'Agriculture, qui fut un temps étudiant en Espagne, le convainquit de fonder une Académie agricole avant d'opter pour une solution aussi géniale."

Une sympathique fable qui brocarde les technologies modernes au mépris du bon sens paysan et qui prouve que, si la musique adoucit les moeurs, la littérature peut être prémonitoire. L'auteur, tunisien, finissait de boucler son roman quand le peuple de son pays s'est mis en marche afin de reprendre en main son destin confisqué...

Si la révolution est soluble dans le rhum, espérons que celle de jasmin ne verra pas son parfum s'évanouir dans la boukha !

La sérénade d'Ibrahim Santos      Yamen Manai      Editions Elyzad 

 

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27 septembre 2011

Salon d'automne, 1ère

rlittreguierCe dimanche, joignant l'utile à l'agréable, je m'en suis allée découvrir Tréguier qui a, outre la bonne idée d'organiser des Rencontres Littéraires annuelles, le charme des petites villes médiévales rayonnant tout autour d'une place où trône une impressionnante cathédrale, signe de la richesse d'un passé religieux  (quelle ville n'en a pas en Bretagne...) saisissant.

Forcément, comme j'ai pas mal trainaillé chez St Tugdual en attente du bon vouloir des cieux de m'envoyer ou pas quelques rayons de soleil à mitrailler à travers les nombreux vitraux, j'ai raté Gérard Mordillat et Laurent Binet. Il a fallu que je me "contente" donc d'Anne-Marie Garat. Je n'ai cependant pas boudé mon plaisir ayant principalement fait le déplacement afin de l'entendre parler de son dernier ouvrage réédité Photos de familles (Actes Sud), la photo et les familles faisant partie de mes marottes au cas où vous ne l'auriez pas remarqué.

Non seulement j'ai pu assisté à un cours magistral sur l'histoire de la photographie, sujet que l'on trouve déjà dans "Chambre noire" que je conseille à tous les passionnés de daguerrotypies et autres niepceries, mais surtout à une passionnante digression sur l'imaginaire qui entoure les photos de famille au fil du temps.
Objets et actes de mémoire par excellence, les témoignages dont elles se veulent les porte-parole, parfois à mille lieues de la réalité qu'elles donnent à voir, en disent souvent beaucoup plus que ce qu'on imaginait au moment du clic fatidique. Car ici c'est le récit qui s'élabore autour qui a  sa véritable importance, récit des acteurs eux-mêmes ou de leurs descendants dans lequel s'inscrit la  filiation et la transmission du roman familial avec ses souvenirs, temps heureux des instants figés, mais aussi ses fantasmes et ses secrets. Si en écriture il faut parfois savoir lire entre les lignes, bien plus encore en photographie il faut toujours aller voir au-delà des apparences.

L'évolution numérique ne fut pas oubliée, avec le regret évident de l'attente. Pour les plus passionnés, celle de la magie de la révélation argentique dans l'atmosphère confinée des labos, mais attente fébrile également des amateurs, celle de pouvoir enfin récupérer ses clichés chez le bon vieux photographe du coin qui vous demandait au moins une semaine pour tirer 24 poses qui, oh déception, pouvaient d'ailleurs se révéler ratées ! L'ère de l'immédiateté, à laquelle s'ajoute une moindre contrainte économique, sans même parler de la durée de vie des supports, tout cela banalise, brouille et annhile les rituels et le cérémonial qui entouraient jadis l'art photographique.

Pour terminer et revenir à l'ouvrage, sachez qu'à partir de photographies d'anonymes, l'auteur a laissé filer sa plume, alliant son savoir à son talent littéraire pour nous offrir au final de bien beaux tableaux imaginaires d'un temps couleur sépia.
Une info pour celles et ceux qui ont aimé suivre l'histoire de Gabrielle Demachy initiée par Dans la main du diable, et de ses descendants que l'on retrouve dans L'enfant des ténèbres et Pense à demain, ce dernier volume sortira en poche chez Babel en février 2012.

amg

La faconde de son Sud-Ouest natal
m'a transportée pendant plus de deux heures.
Et, parce que parfois ça fait plaisir
d'être cohérent avec soi-même

nuages2

J'ai appris que "la photo est une matière nuageuse"
(rapport aux composés brumeux de la lumière et des grains d'argent mêlés) 
  Ceci explique sans doute cela...

25 septembre 2011

Bleu voilé

collage43

Mor Breiz
Vous pouvez agrandir la photo pour vous perdre
dans l'immensité de ce fondu de bleus.

22 septembre 2011

Ballade pour Yllka

cafedyllkaAprès quinze ans passés en Allemagne, Emina revient à Skopje dans sa famille maternelle.
A l'âge des premiers émois amoureux lorsqu'éclata la guerre en Bosnie, elle vit son père partir rejoindre les combattants et sa vie basculer le jour où il lui fallut quitter sa maison. Commença alors un périple qui la mena d'abord à Sarajevo puis en Croatie et enfin en Allemagne.
Si Emina et son petit frère arrivèrent sains et saufs chez des cousins d'Yllka en Allemagne, celle-ci ne les rejoignit pas et ses enfants ne surent jamais ce qu'il advint de leur mère restée à Sarajevo pour attendre son mari. 

"Le bras de sa mère soulève la petite casserole de cuivre où elle fait le café du matin. Elle voit l'avant-bras sortir de la manche brodée qui retombe... Lisse, doux, si doux. Et puis, plus rien. Seule l'odeur du café lui revient. Le reste a disparu. Gommé, évanoui... Des tonnes d'heures l'ont ensevelie de poussière. Des minutes, des secondes qui s'émiettent sans fin... Et la voix retentit parfois depuis le fond de la nuit, là où des arbres s'égouttent sous une pluie d'été. La voix d'Yllka, sa mère... A-t-elle cessé d'appeler sa fille ? Elle entrevoit un pan de sa robe lilas. Une vision qui s'attarde dans un jardin mouillé... Parce qu'au-delà de sa mémoire, Yllka fait peut-être encore le café du matin dans une cuisine quelque part à la surface de cette terre..."

Je vous invite à découvrir, si ce n'est déjà fait, une écriture toute en délicatesse, celle de Cécile Oumhani qui, partant d'un visage croisé dans un aéroport "l'ombre d'une tragédie logée au fond des yeux", a su décliner une variation pudique sur la guerre et les déchirements propres à l'exil. Un thème auquel s'associent les inévitables interrogations liées au sort des disparus, au travail de deuil, au retour sur les lieux de souffrance à la recherche de la mémoire. Retour redouté, questionnements sans réponse, fragilité des souvenirs d'enfance, c'est à l'odeur du café que sa mère préparait que s'accroche Emina dans un improbable espoir de la retrouver.

Les petits arrangements que passent les enfants avec l'absence et la violence sont particulièrement émouvants et sont autant de petites notes de sensibilité auxquelles le lecteur se cramponne avec eux afin de faire face à la tragédie. Le pire n'est jamais loin mais toujours suggéré avec sobriété.
Un petit livre de 124 pages que j'ai refermé la gorge nouée.

Le café d'Yllka      Cécile Oumhani     Editions Elyzad  

 

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Cimetière de Sarajevo
Source http://www.paixbalkans.org

17 septembre 2011

Une journée d'été

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Cap sur l'île de Batz

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Un peu de soleil dans l'eau froide

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Une touche de blanc entre vert et bleu

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Quelques taches de sanguine sur une plage

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Que demander de plus pour être heureux ?
Que ça dure encore et encore !

16 septembre 2011

Tout l'monde descend !

9782742799091Après quelques années passées à Rome, L. prend le train en compagnie de son jeune fils afin de rejoindre en Bretagne son amie d'enfance qu'elle m'a pas revue depuis vingt ans. Inévitablement, les souvenirs défilent derrière les vitres.

"Emmanuelle les attendrait à vingt et une heure sur le quai de la gare de Chateaulin. Si le temps le permettait, au cours du week-end ils passeraient une nuit dans la presqu'île de Crozon. Emmanuelle avait hérité du penty de ses grands-parents, une maison longue et basse au bord d'une falaise envahie par la bruyère et le vent, où les deux amies, à l'âge de neuf ans, avaient passé un mois de vacances, l'été."

Si c'est pas tentant tout ça ! J'aime beaucoup Chateaulin et les bords de l'Aulne, et le cap de la Chèvre, sans les touristes, c'est divin. Je me délectais donc de la suite et des turpides dans lesquelles les deux gamines allaient m'entraîner. 

Euh... seulement voilà, j'ai dû me tromper de train, rater la correspondance, oublier de composter mon billet, que sais-je encore ? Jamais lecture aussi courte (140 pages au format vertical, ce qui doit faire 80 en format poche, voire moins) ne m'a semblé si laborieuse.
Je suis restée totalement hermétique aux réminiscences du passé qu'évoque la narratrice, à sa rupture amoureuse, au devenir d'Emmanuelle. Et j'ai eu beau retourner tout le wagon, j'ai peiné à mettre la main sur la nostalgie qui habituellement va de pair avec ce genre littéraire. J'attends encore des nouvelles des retrouvailles entre copines et la scène de meurtre qui ouvre le roman ne m'a même pas fait tirer le signal d'alarme, pourtant c'est pas l'envie qui me manquait de descendre en marche...

J'aurais mieux fait de rester sur le quai ou de prendre le train d'avant, il paraît que le roman précédent semblait plus réussi. Bref, que l'auteur me pardonne, ce fut un voyage ennuyeux, sans émotion et qui n'encombrera guère ma mémoire.

Voilà, c'était ma piètre contribution à la rentrée littéraire !

Inverno     Hélène Frappat     Editions Actes Sud collection Un endroit où ne pas aller

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14 septembre 2011

Mise en boîte

9782916589282La famille Tot se met en quatre pour recevoir le commandant Varro sous les ordres duquel leur fils Gyula combat sur le front russe.
Le militaire ayant les nerfs fragiles, toute contrariété doit lui être évitée pendant le séjour qui, s'il lui donne entière satisfaction, verra sans doute le sort de Gyula s'améliorer et ce dernier bénéficier de quelques privilèges non négligeables en ces temps de guerre. Mr et Mme Tot vont voir leur vie chamboulée, renier tous leurs principes, ramper devant l'imprévisible Varro, accepter  ses lubies les plus loufoques.

Sauf que.... entre chaque chapitre nous viennent des nouvelles du front. On apprend très vite que Guyla est mort. Un facteur délicat, voulant épargner la douleur des parents Tot, subtilise le courrier qui annonce son décès et le jette au puits.

 Moins connu que Ionesco ou Beckett, l'auteur a pourtant sa place dans la littérature et le théâtre de l'absurde. Car nous sommes ici dans le grotesque le plus complet. Que le lecteur soit détenteur d'une réalité que les personnages ignorent renforce le ridicule des situations auxquelles se plient les Tot, comme la fabrication des fameuses boîtes.

"- Et qu'est-ce que vous faîtes ?
- Le soir, comme ça, quand il n'y a rien de mieux à faire, on fait des boîtes.
Les yeux du commandant brillèrent.
- Des boîtes ? répéta-t-il. Mais c'est fichtrement intéressant ! s'écria-t-il. De quelles boîtes s'agit-il ?"

Métaphore d'une vaine servilité et de l'abnégation de l'être humain face au pouvoir, cette brève farce recule les limites de l'acceptable jusqu'à l'issue inévitable. La transgression, la révolte, la folie ou la mort ?  La réponse dans une fin surprenante de dignité !
Istvan Örkény est né en Hongrie et fut victime de la censure pour avoir participé à la révolution de 1956. 

"Rompu de fatigue, il regardait fixement devant lui. Il déroula le souvenir du jour précédent et, s'imaginant les jours à venir, dit d'un air sombre :
- Ca va mal finir, Mariska, je le crains."

Les Boîtes      Istvan  Örkény      Editions  Cambourakis  

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12 septembre 2011

J'aime...

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les nuages...

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les nuages qui passent...

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là-bas...

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là-bas...

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les merveilleux nuages ! 

9 septembre 2011

Drôles oiseaux, les vrais !

9782864247098Oui, mais ceux dont il est question ici sont mille fois plus attrayants. Loin d'être figés dans la froidure danoise, ils animent les rues poussièreuses de Yungay, petit village minier du nord du Chili qui subsiste tant bien que mal alors qu'alentour les mines ferment les unes après les autres.

C'est là que vit Malarossa, gamine d'une dizaine d'années, lucide, têtue, et un brin farouche. Elle veille sur Saladino Robles, son flambeur de père, seule famille qui lui reste, et le suit comme son ombre dans ses déambulations éthyliques et pugilistiques. Les tripots et les bordels n'ont plus aucun secret pour elle,  ses amis sont ceux de son père ou les prostituées du Pancho Déchiré, quartier général où se retrouve toute une clique de personnages truculents en quête d'un avenir meilleur tout en usant leurs vies à coup de pocker, à coup de poing et à coup de gnôle. Quand elle ne prend pas soin de son petit papa, Malarossa retrouve les objets perdus, maquille les morts, va à l'école quand il y a une institutrice et dessine des oiseaux en rêvant.

"Dans un de ces hameaux abandonnés, Malarossa aperçut quelque chose qu'elle prit pour une vision ou un bref mirage vespéral mais qui resta gravé sur sa rétine pour le reste de la journée et revint même dans ses rêves cette nuit-là : sur le quai désert, près d'un banc de bois, elle aperçut un homme, fantomatique dans les dernières lueurs du crépuscule. Haut comme une armoire, il portait un chapeau de paysan et se tenait près d'une pyramide de cages remplies d'oiseaux aux couleurs et aux plumages les plus variés."

Un arrière-fond nous brosse un aperçu de la situation sociale et politique du pays, et plus précisément de la lutte des mineurs qui voient leurs villages disparaître aussi vite qu'ils ont été construits, c'est à dire à la va vite pour alimenter les fûts des canons de l'Europe alors en guerre. Les années de paix et la crise de 29 aidant, le salpêtre n'intéresse plus personne et l'exode vers les villes de la côte s'intensifie.

Voilà, ça pourrait être sordide, misérabiliste, glauque, etc, etc mais comme ça se passe en Amérique du sud, forcément c'est cocasse, pittoresque, démesuré voire surnaturel... On côtoie les morts et les putains, ça picole et ça castagne à toutes les pages mais... re-forcément puisqu'on est en Amérique du sud, c'est magique et poétique.

Et le désert d'Atacama est là, toujours, écrasant de chaleur, aveuglant de blancheur, le plus aride de la planète mais qui n'en fait pas moins naître sous la plume de l'auteur des descriptions pleines de poésie, avant de replonger dans la tragi-comédie de la vie quotidienne.

"Le ciel du désert, haut, diaphane, explicite, est une éclatante célébration d'étoiles magnifiées par l'obscurité qui prétend les voiler ; des étoiles qui font briller et resplendir leur lumière naissante, de toutes les tailles et luminosités, étoiles proches ou lointaines, étoiles inaccessibles, belles comme des lanternes de papier, fixes comme des prunelles de chat ou clignotantes commes les yeux des lézards ; étoiles baptisées ou sans nom, étoiles mortes, étoiles froides comme le givre, ardentes comme des braises, mystérieuses comme des feux follets ; étoiles formant des croix, des voies, des constellations, un univers scintillant et mystérieux de corps célestes - astres, nébuleuses, soleils, planètes, aérolithes - réunis en grappes, là à deux doigts de son ivresse." 

En digne héritier des ses aînés, Hernan Rivera Letelier est un merveilleux conteur de la vie et de l'éphémère.
A ranger dans la catégorie réalisme magique sud-américain et à découvrir donc.

L'avis de KATHEL

Malarrosa      Hernan  Rivera Letelier       Editions  Métailié

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6 septembre 2011

Drôles d'oiseaux

LESPLUMESDUDINOEncore un polar nordique avec, cette fois, pour toile de fond une polémique scientifique autour de l'évolution des dinosaures.
Pas d'inquiètude, faut pas avoir un master de paléontologie pour suivre, l'essentiel du roman concernant plus la vie et l'histoire des protagonistes à savoir une chercheuse mère célibataire, ses collègues et leurs marottes, ses amis et bien sûr le flic de service.

Je n'ai pas ressenti une grande empathie pour les personnages et leurs problèmes d'égo, d'identité sexuelle, de désir ou non de paternité... Quant au flic, qui est quand même censé être le meilleur du Danemark, on peut dire qu'il plane complètement au-dessus de l'enquête, empêtré qu'il est dans ses souvenirs, vrais ou faux, et j'ai passé mon temps à avoir envie de lui filer des coups de pied au cul pour qu'il bouge le sien au lieu de laisser faire le boulot par la nana qui va présenter son mémoire et qui a p'tet autre chose à faire. J'avais envie de lire un polar pas un catalogue de SOS enfance maltraitée et des névroses qui vont avec. Si le mobile reste crédible, les moyens le sont un peu moins. L'écriture ? Ben, c'est écrit, c'est traduit, rien d'extraordinaire donc. Et je n'ai guère avancé sur la question cruciale, qu'est-ce que ça changerait que les oiseaux descendent ou non des dinosaures ?

Bref, je suis totalement de mauvaise foi (je l'ai quand même terminé), de mauvaise humeur (je voudrais du soleil pour mes vacances, pas la tempête) et je n'ai pas envie de faire un billet positif. Na.

Un avis plus enthousiaste, et sans doute plus objectif,   ICI  

Les plumes du dinosaure      Sissel-Jo Gazan      Editions Le Serpent à plumes   

 

bondecolere

4 septembre 2011

En boucle !

 

 Merci à Etta James et à la soul des années 60

 

Bon dimanche

3 septembre 2011

Salade de livres

c075zivkovicE_v2bouquineuseLes uns grignotent du chocolat en bouquinant, d'autres sirotent un thé ou un café, certains cumulent et complètent le rituel en allumant une cigarette - ajoutez un chat qui ronronne pas loin et vous saurez comment j'aime lire...  Mlle Tamara, son truc c'est de manger des pommes minutieusement préparées à l'heure sacrée de la lecture, chaque bouchée devant durer le temps d'une page...
Le jour où elle s'aperçoit qu'elle a avalé son morceau de fruit alors qu'il lui reste encore deux paragraphes avant la fin de la page, la belle mécanique s'enraye, son quotidien bascule... de l'autre côté des livres.

"Si elle tournait la feuille, si elle passait à la page suivante... elle mourrait.
(...) Bien que rien de semblable ne lui eût jamais auparavant effleuré l'esprit, Mlle Tamara ne songea même pas à mettre en doute le pressentiment de la mort qui la guettait si elle poursuivait sa lecture. Cela lui semblait indiscutable et certain."

A partir de là, Mlle Tamara va commencer à travailler du chapeau. Elle va abandonner les pommes pour les citrons, puis les citrons pour les mûres et ainsi de suite. Parallèlement de curieux événements se produisent, des lettres s'échappent, des mots disparaissent, des livres se vident de leur contenu, d'étranges coïncidences se produisent et de mystérieuses rencontres ont lieu.

Voilà encore un bel exemple de l'originalité qui nous vient des Balkans.
Un délicieux méli-mélo de fruits et de saynètes pour aborder avec légèreté quelques angoisses qui, j'en suis certaine, traversent un jour ou l'autre les amoureux des livres, la vue qui baisse, la mémoire qui flanche, l'isolement etc...

"Elle venait de porter une nouvelle tranche à sa bouche, les yeux dirigés vers l'étagère de livres accrochée au mur en face de la fenêtre, lorsque surgit une autre question étrange. Quel serait le dernier livre qu'elle lirait ?
Qu'étaient donc ses pensées qui lui venaient à l'esprit ? Il était encore plus difficile de répondre à cette question. Se souvenir de son premier livre n'était peut-être pas impossible, mais savoir quel serait le dernier était inconcevable."

Pfff va falloir que je me penche sur ce problème qui ne m'avait encore jamais traversé l'esprit !
Mais rassurez-vous, Mlle Tamara a des solutions à tout et vous prouve que, loin de vous enfermer dans la solitude, la lecture vous ouvre des horizons infinis vers les autres.
Entre réalité et merveilleux, une petite fable farfelue se cache sous la couverture un brin surréaliste. Les livres nous montent parfois à la tête, c'est certain. Et ils ont une vie en dehors de leurs lecteurs...

La bouquineuse      Zoran  Zivkovic      Editions  Xenia

labouquineuse

(La bouquineuse Diane Ethier)

29 août 2011

Jack, ça va ?

bruenJack Taylor va bien. Il sort de l'hôpital psychiatrique !
Il faut dire que ses dernières aventures ( Le dramaturge) l'avaient laissé plutôt exsangue suite à la mort de la petite fille de ses amis Jeff et Cathy.
C'est donc un Jack Taylor chargé aux neuroleptiques que l'on retrouve déambulant dans sa bonne ville de Galway en compagnie de ses fantômes dont la liste ne cesse de s'allonger. Faut croire que le sort a décidé de s'acharner sur lui.

Si, à la sortie de l'HP, ses potes ne sont pas au rendez-vous, le sympathique père Malachy ne tarde pas à lui tomber sur le paletot afin de solliciter ses services. On vient de retrouver la tête tranchée du père Joyce et ça tremble sous les soutanes, l'église irlandaise étant en pleine tourmente pédophile. Aussi sobre qu'un chameau et les narines vierges de toute trace de poudre, Jack Taylor renfile l'article 8234 et se remet au boulot.

Ne vous laissez pas abuser par le ronflant "Grand Prix de la littérature policière 2009". On se demande bien pourquoi d'ailleurs vu que côté polar c'est plus que léger, l'intérêt résidant ailleurs. Ken Bruen continue sur sa lancée et brosse ici un tableau de l'Irlande moderne, ultralibérale, le Tigre celtique au mieux de sa forme, qui n'a plus foi en rien si ce n'est en l'argent, et poursuit sa diatribe, débutée dans Le martyre des Magdalènes, contre l'église.

"Peut-être nous sommes-nous enrichis, mais jamais nous ne sommes devenus impulsifs. Une question est toujours suspecte. Durant les années de domination britannique, les années où il fallait dire oui, les questions, la plupart du temps posées par un soldat qui vous braquait une arme sur la figure, ont entraîné une certaine lassitude. S'il faut dire la vérité, et parfois c'est nécessaire, nous éprouvons le désir profond de réagir par deux autres questions.
La première : Pourquoi vous me demandez ça ?
La deuxième, peut-être plus fondamentable : En quoi cela vous regarde ?"

L'écriture de l'auteur est toujours aussi directe, nerveuse. A défaut de celui de la Guinness, que Jack Taylor regarde couler d'un oeil torve, c'est le goût de son île qui imbibe toutes les pages de Ken Bruen, toujours entre humour noir et mélancolie.

"Les alcooliques connaissent par coeur le contenu de tous les récipients : jamais suffisant. Comme pour un joueur de billard, ce qui importe c'est toujours le coup suivant. Ce qui se trouve devant vous, c'est comme si c'était fait."

Pour les amateurs ou les accros, et en attendant la sortie poche des deux prochains épisodes !

La main droite du diable      Ken  Bruen      Editions Folio policier 

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