LA REINE NUE
Le clan Padovani est en émoi. Guilietta la reine mère, écrivain de renom, commence à perdre la boule !
Femme excentrique et indépendante, celle-ci a mené tambour battant sa vie, aussi bien privée que professionnelle. De ses trois maris, elle n'a gardé que ses septs enfants. Le succès de ses livres lui a permis de se faire construire La Villa sur la Riviera et d'y offrir une vie luxueuse à ses rejetons, puis plus tard à ses petits-enfants.
" D'une famille si peu orthodoxe, Guilietta avait réussi à faire une tribu qu'unissaient des liens étroits et au sein de laquelle régnait une parfaite concorde. Les frères et les soeurs vivaient dans un rayon de trente kilomètres autour d'un centre que figurait La Villa de leur mère. Ils ne s'étaient jamais quittés, se voyaient très souvent et se verraient plus souvent encore quand deviendrait manifestes les troubles mentaux de Guilietta. "
Aussi quand Guilietta annonce qu'il faudra la payer pour l'entendre raconter ses souvenirs, ses enfants ne doutent plus qu'elle s'enfonce doucement mais sûrement dans la démence. Ces septs-là n'hésitent pas un instant. Ils commencent par rentrer dans le jeu de leur mère, mais s'aperçoivent très vite que la situation ne pourra qu'empirer. Alors chacun se relaie un jour par semaine auprès de la vieille femme, n'hésitant pas à délaisser conjoints et enfants, voire même activité professionnelle.
Au cours des trois années que durera la déchéance de la mère tant aimée, chacun se retrouvera face à lui-même. Et se révèleront alors les vrais caractères des uns et des autres, ainsi que quelques pans cachés de la vie maternelle. Et certains ne s'en remettront pas.
"La vie de Loretta s'est mise à filer. Comme un bas qu'un ongle, malencontreusement, vient d'accrocher: plusieurs mailles sautent, une échelle se met à courir, descend le long de la jambe, rien ne peut la stopper, le dégât est irréparable."
Tout au long de courts chapitres, l'auteur nous promène d'un personnage à l'autre, sautant de l'esprit embrouillé de la mère aux périgrinations et déconvenues de ses enfants, en passant par les fragments du journal intime de Guiellieta. Fidèle à son style, Anne Bragance réussit sur un ton léger, délicat et non dénué d'humour, à nous faire avaler une pilule qui aurait pu, n'en doutons pas, s'avérer bien plus amère.
La reine nue Anne Bragance Editions Actes Sud