Voyage !
En Grèce, La Pâque orthodoxe est la fête la plus importante. Toute la Semaine Sainte les cérémonies religieuses se succèdent selon des rituels bien établis, pour se terminer en apothéose par une grande procession très kitch qui commence à minuit, dès que les cloches annoncent la résurrection du célèbre personnage grâce auquel nous avons droit à un jour férié ! Les rues de toutes les villes et de tous les villages sont illuminées par des milliers de petits cierges jaunes que tiennent les habitants qui suivent le pope, les icônes, les encensoirs, et l'épitaphe que l'on promène dans les rues en spalmodiant. Tout brille et ça sent bon l'encens ! Pétards et feu d'artifice clôturent la fête. Et en rentrant à la maison, on n'oublie pas de faire une petite croix sur la porte, avec la suie des cierges.
Mais avant les réjouissances, dans les îles on assiste encore au grand nettoyage des maisons. Les hommes repassent les murs extérieurs à la chaux, peignent de différentes couleurs les pierres des rues, et les femmes s'agitent aux fourneaux. Chez elles, elles préparent les incontournables oeufs peints en rouge, symboles de chance, ainsi que les très bonnes brioches aux épices, les tsourekia. Et le dimanche matin, on peut les voir apporter de grands plats de râgout et de boulettes aux haricots et aux fèves, qu'elles viennent faire cuire dans le four du boulanger du village.
On offre aux enfants les lambada, ce sont des cierges de couleurs décorés et auxquels sont accrochés des petits jouets. Jadis on avait aussi coutume de leur offrir une nouvelle paire de chaussures ou un vêtement neuf.
Et les hommes, me direz-vous ? Et bien ce même dimanche matin, ils sont en plein boulot, car c'est à eux que revient le dur labeur de faire cuire le mouton. Comme cela prend du temps, ça commence très tôt. Et comme cela donne chaud, ça donne très soif...
On se met à table vers 15 heures, et avec tout ce qu'il y a à manger, ça se termine vers 18 heures; mais comme déja s'approche l'heure de l'apéro, autant y rester et continuer à chanter et à boire !
Inutile de vous dire, que le temps s'arrête ce jour là. Pas question pour les touristes de visiter le moindre musée. Heureusement il reste la plage et la mer bien fraîche encore ! Et sur le chemin du retour, en passant devant les jardins, on ne manque pas d'être invité à partager un verre de vin et un petit quelque chose à grignoter par de sympathiques grecs qui dansent entre hommes et autour de leurs verres posés par terre. Les femmes les regardent tout en s'occupant des enfants énervés et gâvés de crèmes glacées et en servant les gentils touristes invités ! Le tout sur fond nostalgique du Rebetika.
Et OPA ! hurlent ces hommes fiers.
Cette année la Pâque orthodoxe tombe le même jour que chez nous. Et cet article me file un petit coup de blues, en pensant à ma dernière virée là-bas, il y a deux ans. J'en connais certains qui doivent déjà être dans un bel état !