Nippon ni mauvais !
Etrange trio que celui formé par les trois personnages.
K., jeune instituteur, nous conte son amour impossible pour une dilettante, passionnée comme lui de littérature et d'écriture.
Elle s'appelle Sumire.
Au cours d'un repas de mariage, Sumire fait la connaissance d'une femme et tombe amoureuse pour la première fois.
Elle s'appelle Miu.
Mariée, dix sept ans de plus que Sumire, Mui ne peut plus être amoureuse. Mais elle embauche la jeune fille pour l'aider dans son travail et l'accompagner en Europe. Au cours d'un séjour sur une île grecque, Sumire disparait.
Miu appelle K. à l'aide.
De prime abord, je dirais que je suis complètement passée à côté de cette histoire et que je n'ai pas réussi à me laisser émouvoir par les trois couples potentiels que peuvent former les protagonistes. Mais l'auteur étant qui il est, vous vous doutez bien qu'il sait y faire en matière d'attraction. C'est ainsi que je m'expliquais le fait d'avoir lu ce livre jusqu'à la dernière page.
Et puis en cherchant à affiner un peu plus mes ressentis, je me rends compte que je fonctionne avec ce livre comme les personnages entre-eux. Ils se croisent, se cotoient sans jamais oser réellement se rencontrer, irrémédiablement en orbitre les uns autour des autres, restant à distance des sentiments et ratant toujours leurs correspondances.
Et de la même façon que les deux héroïnes se confrontent à des expériences de destructuration, je me surprends à écrire un article qui n'a rien à voir avec ce que j'avais prévu au départ.
"Les étoiles que je voyais restaient fixées à la même place, comme autant de clous. Je fermai les yeux, tendis l'oreille, et songeai aux descendants de Spoutnik, qui continuent à tourner dans le ciel, reliés à la Terre par la seule force de la gravité. Blocs de métal solitaires, ils se croisent, dans les ténèbres sidérales ou rien n'arrête leur course, puis s'éloignent pour toujours les uns des autres. Sans mots à échanger. Sans promesses à tenir."
Il m'a fallu attendre la dernière partie du roman pour retrouver l'envoûtement poétique présent dans "Kafka sur le rivage", à l'occasion de très belles réflexions sur la solitude des êtres humains et leurs difficultés à aimer.
"Je me dis que peut-être, quelque part, dans un lieu lointain que je ne connais pas du tout, tout est perdu d'avance, depuis longtemps. Ou du moins que toutes les choses de nos vies possèdent un lieu de silence où elles se perdent, superposées les unes aux autres jusqu'à former une seule masse. En vivant, nous ne faisons rien de plus que les découvrir, les attirant à nous une à une comme on déroule un fil. Je ferme les yeux, essaie de me souvenir d'au moins une de ces belles formes, tentant de la retenir entre mes mains. Même si je sais son existence éphémère."
Les amants du Spoutnik Haruki Murakami Editions 10/18