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Le Souk de Moustafette

Le Souk de Moustafette
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18 juillet 2007

Les Lapidiales

lapidiales8Après l'Allemagne, je suis repartie faire un tour en Union Soviétique, entre passé et présent, Mongolie et hôpital psychiatrique. Tout un programme ...
En attendant mon retour, je vous propose un autre beau voyage, mais celui-là tout près de chez moi, au pays des casseurs de pierres.

Quel point commun entre le socle de la Statue de la Liberté, la cathédrale de Cologne, Fort Boyard ? Ils ont tous été construits avec cette magnifique pierre blanche extraite des carrières de CRAZANNES
Dans les alentours, d'autres carrières se sont transformées en musée à ciel ouvert. Tous les ans, LES LAPIDIALES réunissent des sculpteurs qui viennent travailler les falaises en direct. Et en septembre, dans ce splendide théâtre naturel, la saison se clôture par des animations et des balades contées nocturnes.

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Voici ce que ça donne, au soleil

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Détail

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En couleur

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Et en noir et blanc

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Le rire de l'ogre ?
Comment peut-on douter
à la lumière des torches
qu'elles ne soient pas vivantes !

C'est un vrai plaisir tous les ans à l'automne, d'aller à la rencontre de ces étranges gardiens de la forêt. Et chaque fois, je ne peux m'empêcher d'imaginer la végétation reprenant ses droits et des hommes découvrant, dans un autre millénaire, ces traces laissées par le marteau et le burin.
Que se raconteraient-ils ?

Pour finir la balade par une note littéraire, je vous conseille la lecture de "Le rire de l'ogre" de Pierre Péju (Folio), un roman poignant où il est aussi question du rapport de l'homme à la matière.

"Les statues, ces machins de pierre qu'on s'esquinte à fabriquer, elles nous font sentir aussi ce que c'est qu'être sur terre. Elles pèsent sur le sol. Elles appuient comme des diablesses. Alors nous autres, à côté d'elles, on comprend qu'on pourrait s'envoler, emportés par un coup de vent. Une fois qu'elles existent, nous on n'est plus du tout importants, on n'est rien ! C'est elles qui veillent. Elles qui surveillent."

Alors si vous passez non loin, surtout faites le détour !
Je mets les liens des deux sites. Et cliquez sur les photos pour les agrandir.
Rendez-vous à la rentrée pour la suite de l'expo ...

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16 juillet 2007

Cache-cache

9782070338269La 4ème de couv présente ce court roman comme "un portrait ironique et cinglant de la bourgeoisie allemande de l'après-guerre". Personnellement, j'y vois tout autre chose.
Par contre, ce qui est sûr c'est que ce livre illustre à la perfection l'obsession dans laquelle peut s'enfermer une famille à la recherche d'un de ses membres. Obsession qui se fait au détriment des vivants et qui habille les puînés des oripeaux du passé et de la culpabilité.

Un enfant nait juste après guerre. Il grandit d'abord dans l'ombre d'un frère aîné, Arnold, dont on lui a toujours dit qu'il était mort de faim sur les routes de l'exode. Puis un jour, il apprend la vérité. Ses parents ont bien fuit l'Est du Reich devant l'avancée de l'armée russe mais la mère a abandonné son enfant dans les bras d'une inconnue, à un moment où elle s'est sentie en danger de mort. On devine aisément que la mère s'est faite violer par un soldat russe et que le narrateur est sans doute l'enfant né de ce viol.
Depuis, installée à l'Ouest, la famille prospère et prend la décision de rechercher, avec l'aide de la Croix Rouge, ce premier enfant disparu. Enfin, un espoir se matérialise sous l'horrible appelation de "l'enfant trouvé numéro 2307".  C'est le début d'un long parcours d'expertises fastidieuses.

"Je venais de comprendre que, dans la famille, mon non-défunt frère jouait le premier rôle et qu'il m'avait réservé un rôle de comparse. Je compris par la même occasion que je devais à Arnold d'avoir grandi, dès le départ, dans une atmosphère empoisonnée par la culpabilité. Depuis le jour de ma naissance, un sentiment de culpabilité et de honte régnait dans la famille sans que je susse pourquoi. Je savais seulement que, quoi que je fisse, j'éprouvais un vague sentiment de culpabilité et de honte."

Face au mythe d'Arnold, le narrateur ne fait pas le poids. D'ailleurs, même sur les photos de famille, il est toujours à moitié dissimulé. Sa jalousie, sa solitude, son impossibilité à combler ses parents, ses craintes face à un hypothétique retour de l'enfant prodige sont exprimées mais sur un ton plutôt désaffecté, soulignant sans doute la culpabilité de l'enfant remplaçant, mais aussi et surtout la manifestation inconsciente de l'illégitimité de ses ressentis, et par là même, de son existence.
Car le propre des secrets de famille est souvent de cacher d'autres non-dits que ceux, qu'à première vue, on cherche à taire. La quête de ce fils prodige a cette même fonction. Pendant qu'on s'occupe de retrouver Arnold, on n'empêche le narrateur de se pencher sur sa propre réalité, de s'interroger sur la distance affective qui s'est installée entre lui et ses parents, la perte d'Arnold expliquant tout. De même, la dépression maternelle est bien évidemment alimentée par la perte de cet enfant, mais elle protège aussi la mère, l'abandon recouvrant largement et maintenant à distance le souvenir du viol. Sinon comment comprendre qu'une fois l'enfant enfin retrouvé elle refuse de s'y confronter, si ce n'est qu'elle sait qu'elle devra s'expliquer sur le pourquoi de l'abandon, au risque que le second fils découvre aussi une vérité insoupçonnée et comprenne que ce sentiment de honte qu'il ressent, c'est surtout celui de sa conception plus que celui de l'usurpateur.

Un texte qui peut paraître froid et inachevé si l'on se contente d'une lecture au premier degré, mais qui gagne en profondeur et s'enrichit dès qu'on lit entre les lignes. Et on se demande qui des deux demi-frères est le vrai disparu, Arnold ou le narrateur qui se croit encore le fils de son père ?
Allez hop, direction, la biblio du mémoire !

Le disparu      Hans-Ulrich Treichel      Editions Folio

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14 juillet 2007

Lass(ha)itude !

9782757804674Prenez des scientifiques tout ce qu'il y a de plus sérieux, des barbouzes américains et anglais, des hommes politiques corrompus, ajoutez la reine d'Angleterre, un ancien des services secrets de sa majesté, quelques lamas tibétains exilés, agitez tout ce petit monde et faites-le courir tout autour de la planète, et au moment de servir, saupoudrez d'informatique, d'électronique et d'éléments fantastiques religieux.
Voilà, c'est prêt.
Un cocktail explosif, lourd à digérer et qui m'est resté sur l'estomac.

"Il pleuvait à torrent sur les lauriers, devant les vastes baies vitrées du 91 Lyndhurst Crescent. Un gros matou tigré venu s'abriter sur le rebord de la fenêtre se leva, s'étira et s'évanouit dans la nuit pour aller ratisser le voisinage cossu : ce serait bien le diable s'il ne trouvait pas une ou deux misérables souris à se mettre sous la dent. Elle n'avait rien d'extraordinaire, cette fenêtre. Et pourtant, ce fut derrière ses carreaux, dans la douillette torpeur d'un salon bourgeois, que commença une série d'événements qui allaient changer la face du monde."

Et ça va être épuisant et décevant.
Des méchants politiciens véreux, qui sont de mèche avec de sales industriels capitalistes, inondent le tiers-monde d'OGM traficotés, afin de réduire la population à néant et ne pas perdre la main mise sur l'économie mondiale.
Les bons, c'est à dire les scientifiques, l'ancien des services secrets et les lamas, vont tout faire pour les en empêcher. Et croyez-moi, ils sont vraiment dans les petits papiers de Bouddha. Ils trouvent toujours une voiture, pour remplacer celle qui est repérée par les méchants. Leurs téléphones sont truffés de micros hyper-sophistiqués, qu'importe ils ont le dernier truc qui permet de les déceler. Il leur faut voyager incognito, ça tombe bien ils ont un pote qui posséde un petit avion privé qui leur permet d'échapper aux tueurs. Crapahuter autour de la planète, ça coûte bonbon, pas de problème, y en a une qui a des tableaux de maître dont elle ne sait que faire, alors elle les vend pour la bonne cause. Et là accrochez-vous, quand ils sont un peu coincés, les rêves viennent à leur secours (merci le bouddhisme) et leur indiquent où trouver des indices. Et ça tombe bien, ils sont juste à côté de la grotte perdue au fin fond du Périgord où un lama a caché, quelques centaines d'années auparavant, ce petit quelque chose qui les aidera à déjouer le complot; quand ce n'est pas la reine d'Angleterre elle-même qui vole à leur secours.

Mais de qui se moque-t-on ?
Et le Tibet dans tout ça ? On n'y met pas l'once d'un orteil.
Et l'auteur ? Tibétain ? Ouais, si on veut, je m'appelle bien Moustafette. Je n'ai rien trouvé sur lui, ni dans le bouquin, ni chez l'éditeur. Pourtant ça court pas les rues les auteurs tibétains, mais non, rien.
S'il a pas dû voir l'Himalaya depuis un bon moment, et pour cause, il a bien assimilé la culture occidentale, notamment celle du marketing, pour ne pas dire de l'arnaque.
Et c'est facile de dire que "le tout repose sur du vécu réel"...

Bref, en ce 14 Juillet, un peu en pétard, la fille !

Tibet or not Tibet     Péma Dordjé     Editions Points Seuil Policier

stupa

13 juillet 2007

ENFIN !

soleil

12 juillet 2007

Il y a des semaines, comme ça !

cadeaux

Lundi, en allant commander des livres et en achetant deux 10-18,
la libraire m'a offert une pochette avec deux petits calepins.
Hier, en allant réceptionner ma commande, elle l'a emballée dans le super sac
qui a fait tant plaisir à VAL (et aussi quelques envieuses).
Et ce soir, en ouvrant la boîte aux lettres, j'ai trouvé une enveloppe contenant
ces deux livres et quelques marque-pages, ainsi qu'une carte
sentant bon la Bretagne et venant de KATELL, en souvenir du swap.
Merci tout plein à elle pour ce choix judicieux
et cette sympathique attention.

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11 juillet 2007

Calme plat !

9782264043061R1Après la Sibérie (cf ci-dessous), échouer dans une paisible île hollandaise de la mer du Nord aurait pu être réjouissant. Surtout lorsqu'une douillette petite maison vous attend, et que cet îlot n'est envahi ni par les voitures, ni par les touristes (pas comme ici !). Si en plus la maison s'appelle Rose des Dunes, normalement on prend un bail à vie.

Mais j'ai rendu la clef au bout de deux jours.
La faute à qui ?
A la Sibérie pardi !

Les histoires des locataires successifs composent ce roman. Ce sont des êtres ordinaires qui sont là pour quelques jours à un moment donné de leur histoire. Des êtres comme vous et moi, avec une vie simple et ses tournants plus ou moins faciles à prendre, à négocier. La maison est le témoin de ces tranches de vie. Et le Livre d'or est le lien qui relie, semaine après semaine, les différents occupants.

En temps normal, je crois que la sobriété de ce roman m'aurait plutôt séduite. Seulement voilà, je rentre de Sibérie où j'ai passé mon temps à délirer avec des cannibales, des bolchéviques et des chamanes, alors vous comprendrez que, dans ce havre de paix, les affres de l'adultère ou de la maternité m'ont paru bien fades !
Qu'importe, j'y reviendrai sans doute après la visite des uns ou des autres, car je ne doute pas que parmi vous certain(e)s apprécient le séjour.

Du coup, je m'embarque pour le Tibet, où je vais retrouver quelques moines bouddhistes pour un "global polar" (?).

Les invités de l'île     Vonne van der Meer     Editions 10/18

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10 juillet 2007

TSF

maison_20radio05Des nouvelles de Frédéric BONNAUD.

Pas encourageant tout ça ...

10 juillet 2007

Sibérie m'était contée ...

9782864246077Si par ces temps frisquets, un voyage le long de la ligne du Transsibérien ne vous rebute pas, embarquez-vous pour les 433 pages de cet étrange roman.
Mais avant de prendre votre ticket pour le début du XXe siècle, quelques recommandations et avertissements. Ce livre s'appuie sur trois catégories de faits réels, à savoir :
1) L'existence de la secte religieuse des skoptsky, ou castrats.
2) La pratique du cannibalisme comme seule possibilité de survie.
3) L'abandon à son triste sort d'un bataillon de la Légion Tchèque dans cette lointaine contrée, après la fin de la première guerre mondiale.
Mais je vous rassure tout de suite, point de descriptions inutiles d'actes de barbarie, aucune complaisance gratuite, ni sensationnalisme malsain (ce qui, je le crains, risque de ne pas être le cas de l'adaptation cinématographique américaine en préparation). Donc si le sujet vous tente, voici de quoi il retourne.

Dans l'univers clos de la ville de Jazyc, occupée par les troupes de la Légion Tchèque livrée à elle-même, vont s'affronter de curieux personnages. Côté militaire, le capitaine Matula, un brin pervers et cocaïnomane, règne en maître sur ce territoire oublié de tous. Il est secondé et s'oppose au lieutenant Mutz, militaire emprunt d'humanisme et se languissant d'un hypothétique retour au pays. Et non loin, les Bolchéviques grondent.
Côté civil, Anna Petrovna, accompagnée de son jeune fils, est venue se réfugier sur cette terre hostile à la mort de son mari, un cosaque passionné de chevaux. Quand Samarin arrive à Jazyk, prétendant s'être échappé du bagne et des machoires d'un mystérieux cannibale le poursuivant jusqu'aux limites de la ville, la jeune veuve ne reste pas insensible aux charmes du bagnard.
Côté mystique, Balashov, gourou qui pratique la transe et entraîne dans son délire une grande partie des habitants de Jazyk. Un autre illuminé ne tarde pas à faire son arrivée en ville, un shaman toungouze venu des confins de l'Arctique, débattant avec le monde d'en haut à coup de champignons hallucinogènes, mais qui rapidement échoue dans les geoles de Matula.
Quand le shaman est retrouvé mort, Samarin est arrêté et un simulacre de procès organisé, procès au cours duquel le destin de tous ces personnages se trouvera scellé pour le meilleur et pour le pire.

"Ses talismans chanteraient dans le vent astral, ses trois yeux luiraient comme des forges, son tambour dans une main, une bouteille d'alcool de contrebande dans l'autre, les gencives enduites de l'écume du champignon broyé, et l'esprit du cheval de Balashov emporterait le shaman là où il l'avait décidé, selon sa propre volonté et contre celle de tous les autres, dans le monde d'en haut, où il lancerait un grand éclat de rire à la face des dieux."

Une vraie réussite romanesque qui plante des personnages dignes de Dostoïevski, tant par leur folie que par leurs sentiments excessifs, comme seuls peuvent les exprimer les hommes pris dans le chaos du monde. L'auteur nous entraîne dans un tourbillon historique tout comme ses héros, balottés au gré des retournements politiques multiples et qui, privés de repères, s'accrochent à l'irrationnel afin d'échapper à la tourmente. Une belle inventivité, renforcée par la poésie, qui nous dépeint une nature à l'état brut, qu'il s'agisse de celle de la Sibérie ou de celle des l'hommes qui y survivent. Un souffle épique, tantôt aussi glacial que le vent arctique, tantôt aussi brûlant qu'une rasade de vodka.

Un acte d'amour    James Meek     Editions Métailié

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9 juillet 2007

Lourd héritage

9782070782406Si elle est toute petite et bien cachée, ses conséquences, elles, sont immenses.
Enfant, cette marque fascinait l'auteur. Et c'est encore sur elle que son regard s'arrêtera, lorsqu'au seuil de la mort, il prendra dans ses bras le corps de son père.

Cette marque indélébile, c'est la lettre O, donneur universel. Tous les soldats de la Waffen SS avaient leur groupe sanguin ainsi tatoué sous le bras. Et il en allait de même pour les hommes de la division Charlemagne, qui accueillit nombre de miliciens français qui s'enrôlèrent pour combattre sur le front de l'Est au côté de l'ennemi, afin d'éviter le peloton d'exécution français.

Ce texte n'est pas un roman mais un récit autobiographique. L'auteur part à la rencontre de son père milicien et analyse comment cette filiation a façonné sa vie, ses relations et son itinéraire littéraire.
Il dit la fascination, l'incompréhension, la provocation, la dissimulation, le silence, la résignation puis enfin l'engagement et la sublimation, toute la palette d'émotions que traverse ce fils, de l'enfance à l'âge adulte.

"Ce mort, c'était mon père, une fois encore, mon père que je ne peux poser nulle part, mon père dont je ne peux me débarrasser, mon père qui n'a pas sa place parmi les morts que l'on commémore, et qui m'empêche d'avoir la mienne parmi ceux qui fraternisent dans la mémoire douloureuseuse de ce qui a eu lieu."

Le hasard n'existant pas, rien d'étonnant à ce que l'auteur soit devenu un compagnon de route d'Armand GATTI, activiste culturel libertaire (dont vous pourrez suivre le parcours ICI.)
Michel Séonnet apporte la preuve qu'accepter ses origines est une condition indispensable pour vivre pleinement. La rupture ou la fuite peuvent être tentantes, surtout si la parole, qu'elle soit conflit ou partage, est absente. Mais quand de tels héritages se transforment en poison virulant, quand les dettes de nos ascendants plombent notre présent, la prise de conscience n'est que l'étape primordiale menant à l'acceptation. Acceptation qui, d'ailleurs, ne signifie pas forcément pardon. Il va sans dire que ce long travail ne se fait pas sans douleur.

"Parvenir à ce point où j'accepterais d'être le petit-fils de ton père et où je pourrais, sans retenue, signer de ce nom qui nous est commun. Dire oui à la réalité. Le maudit n'a pas d'autre choix. Je n'ai pas d'autre issue que de dire oui à ce que tes errances, tes silences ont fait de moi. Oui à mon nom. Oui à ma venue dans cette filiation-là. Oui à la marque et à la malédiction, puisque malédiction il y a. Mais sans aucune complaisance envers ce qui a eu lieu. Un oui qui ne te dédouane de rien."

La marque du père     Michel Séonnet     Editions Gallimard

 

 

 lvf

 

8 juillet 2007

AMITIES

Alain

Un clin d'oeil à ALAIN pour ses passionnants articles.
Celui-ci s'appelle aussi Alain
c'est un vieux pote qui avait posé ses bagages
Quai des Grands Augustins

bouquinistes

Pierre Buron, lui, était un vieux de la vieille
qui avait fait un album relatant
la vie de "Ceux des Quais"
Voici l'exemplaire N° 400
C'est le mien !

bouquniste_2
Un aperçu

bouquiniste_3
de leur univers

bouquiniste_4
de leur enfer et de leur paradis !

7 juillet 2007

L'une et l'autre

9782878582109Depuis la mort de son mari, célèbre violoniste, Amée vit seule dans une maison à la campagne.
A une époque, elle louait une chambre à une jeune femme, Louise, qui aujourd'hui est devenue danseuse. Le contact n'a jamais été rompu entre les deux femmes. Louise a eu une petite fille, Malou, qu'Amée n'a pas revue depuis ses quatre ans.
Louise s'est séparée du père de Malou. Et cet été, on lui offre l'opportunité de partir en tournée. Elle ne sait que faire de Malou pendant le mois de Juillet et demande à Amée d'accueillir sa fille.

"Je m'assieds sur une chaise devant la maison. J'ai perdu avec les années le besoin de toujours m'occuper. Je regarde, j'écoute, je rêve."

Inutile de vous dire que ces activités ne satisferont pas longtemps Malou. Après avoir accepté de voir son quotidien chamboulé par cette curieuse petite fille, un peu sauvage et solitaire, Amée décide de partir passer une semaine dans une maison en bord de mer.
Ce sera le début d'une drôle et tendre épopée peuplée de rencontres. Et l'occasion pour Amée de reprendre ses pastels, délaissés depuis la mort de son mari. Les souvenirs reviendront effleurer son présent face à la petite fille qu'ils n'ont jamais eue. Malou, elle, découvrira la musique et le polaroïde.

A l'écoute l'une de l'autre, et au delà des années, une belle amitié naîtra entre ces deux solitudes.
L'auteur a su éviter la caricature. Reste la simplicité des émotions et des sentiments.

"Après quelques tâtonnements, j'arrive à repérer l'étoile qu'elle m'indique. C'est une belle étoile, très lumineuse, un peu bleutée. Nous consultons le petit livre. Il s'agit de Véga, de la constellation de la Lyre, qui forme avec Altaïr et Deneb le triangle des belles d'été. "Voilà, c'est notre étoile, Amée", me dit gravement Malou. Je regarde à nouveau Véga, lointaine, si lointaine lumière, puis la petite fille blottie contre moi. Et je murmure doucement: "Oui, le triangle des belles d'été."

Lumière du soir   Brigitte Le Treut   Editions Viviane Hamy

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5 juillet 2007

Nippon ni mauvais !

9782264039323Etrange trio que celui formé par les trois personnages.
K., jeune instituteur, nous conte son amour impossible pour une dilettante, passionnée comme lui de littérature et d'écriture.
Elle s'appelle Sumire.
Au cours d'un repas de mariage, Sumire fait la connaissance d'une femme et tombe amoureuse pour la première fois.
Elle s'appelle Miu.
Mariée, dix sept ans de plus que Sumire, Mui ne peut plus être amoureuse. Mais elle embauche la jeune fille pour l'aider dans son travail et l'accompagner en Europe. Au cours d'un séjour sur une île grecque, Sumire disparait.
Miu appelle K. à l'aide.

De prime abord, je dirais que je suis complètement passée à côté de cette histoire et que je n'ai pas réussi à me laisser émouvoir par les trois couples potentiels que peuvent former les protagonistes. Mais l'auteur étant qui il est, vous vous doutez bien qu'il sait y faire en matière d'attraction. C'est ainsi que je m'expliquais le fait d'avoir lu ce livre jusqu'à la dernière page.
Et puis en cherchant à affiner un peu plus mes ressentis, je me rends compte que je fonctionne avec ce livre comme les personnages entre-eux. Ils se croisent, se cotoient sans jamais oser réellement se rencontrer, irrémédiablement en orbitre les uns autour des autres, restant à distance des sentiments et ratant toujours leurs correspondances.
Et de la même façon que les deux héroïnes se confrontent à des expériences de destructuration, je me surprends à écrire un article qui n'a rien à voir avec ce que j'avais prévu au départ.

"Les étoiles que je voyais restaient fixées à la même place, comme autant de clous. Je fermai les yeux, tendis l'oreille, et songeai aux descendants de Spoutnik, qui continuent à tourner dans le ciel, reliés à la Terre par la seule force de la gravité. Blocs de métal solitaires, ils se croisent, dans les ténèbres sidérales ou rien n'arrête leur course, puis s'éloignent pour toujours les uns des autres. Sans mots à échanger. Sans promesses à tenir."

Il m'a fallu attendre la dernière partie du roman pour retrouver l'envoûtement poétique présent dans "Kafka sur le rivage", à l'occasion de très belles réflexions sur la solitude des êtres humains et leurs difficultés à aimer.

"Je me dis que peut-être, quelque part, dans un lieu lointain que je ne connais pas du tout, tout est perdu d'avance, depuis longtemps. Ou du moins que toutes les choses de nos vies possèdent un lieu de silence où elles se perdent, superposées les unes aux autres jusqu'à former une seule masse. En vivant, nous ne faisons rien de plus que les découvrir, les attirant à nous une à une comme on déroule un fil. Je ferme les yeux, essaie de me souvenir d'au moins une de ces belles formes, tentant de la retenir entre mes mains. Même si je sais son existence éphémère."

Les amants du Spoutnik     Haruki Murakami     Editions 10/18

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3 juillet 2007

COKE EN SUS ...

9782070344482Vous souvenez-vous de Jack Taylor que je vous avais présenté ici ?
Il nous avez planté là, partant se mettre au vert dans la bonne ville de Londres, après une enquête au cours de laquelle ses plus chers amis avez disparu plutôt tragiquement.

Abstinent il était parti, éthylique il est re(de)venu, mais avec un petit supplément de bagages. En effet, notre loser magnifique a pris la bonne habitude de se poudrer le nez. Non pas histoire de camoufler quelques vaisseaux capillaires violacés qui orneraient son appendice nasal suite au régime intensif Guinness-Jameson, non, tout bêtement parce qu'il y a des périodes où une petite ligne, ça aide à croire que tout est possible, notamment qu'on peut en tirer une sur les souffrances du passé. C'est aussi très efficace contre la gueule de bois.

Sitôt arrivé à Galway, Jack a déjà du boulot. Un maniaque assassine et mutile de jeunes tinkers. Les tinkers sont des gens du voyage, peu appréciés par la population et encore moins par les flics. Personne n'est enclin à les aider à découvrir le coupable de ce jeu de massacre, sauf ... l'ami Jack, qui cette fois, sera secondé par Keegan, un sergent déjanté qu'il a connu à Londres. Voici donc Jack reparti à la recherche d'indices, autant d'occasions d'effectuer de nouvelles virées bien arrosées dans les pubs de Galway, de renouer contact avec les quelques potes qui lui restent et d'essuyer encore deux-trois bastons mémorables.
Il croisera aussi sa bigote de mère avec laquelle les choses ne se sont guère arrangées !

"J'ai mis le cap sur la porte. A peine dehors, je suis tombé sur ma mère. Elle a regardé au-dessus de ma tête. Y avait écrit "PUB". Parlez d'une auréole ! Comme toujours, elle n'avait pas une ride. A croire que la vie n'a pas prise sur sa peau. C'est pareil pour les bonnes soeurs. (Un conseil, Estée Lauder: intéressez-vous de plus près aux nonnes.) Côté yeux, vous regardez au fond de ceux de ma mère et vous voyez l'Antarticque bleu banquise. Et toujours le même message : " Je t'enterrerai." ..."

Comme à chaque fois qu'il doit affronter ses coups de blues, Jack Taylor trouve le salut dans la musique et la littérature. Pour notre plus grand plaisir, nous retrouvons çà et là, Radiohead, Marley, Johnny Rotten, aux côtés de Beckett, de Chandler et de Ginsberg, entre autres.

Conclusion, un livre qui désaltère et qui donne un coup de fouet. Mais n'abusons pas des bonnes choses ... En ce qui me concerne, pas de souci, le troisième volet n'est toujours pas sorti en poche.

Je viens de m'apercevoir que GACHUCHAen parle aussi aujourd'hui, et chouette, elle a aimé !

Toxic Blues     Ken Bruen     Editions Folio policier

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1 juillet 2007

T'chat t'chat t'chat

tchat_tchat_tchatC'est KATELL qui a commencé, suivie de près par PASCAL. Et malgrè son peu d'aptitude pour les travaux manuels, SYLIRE a enfoncé le clou !
Alors je me plie en deux pour répondre, puisque je m'étais déjà pliée en cinq
ICI

6° J'ai toujours adoré l'école et surtout la rentrée des classes. C'était toujours une fête d'aller à la papeterie acheter les fournitures. J'en garde des souvenirs pleins de sensualité. Des odeurs surtout, le parfum d'amande du pot de colle, celle du cuir du cartable et de la trousse, celle caractéristique des livres neufs et de l'encre. Les premiers jours, j'étais toujours fascinée en les feuilletant à l'idée que j'allais découvrir et apprendre tout leur contenu.
Par contre je détestais la récréation avec ses cris, ses bousculades et ses jeux collectifs. J'aimais m'asseoir sur le rebord d'une fenêtre pour lire des bibliothèques roses ou simplement observer les autres s'agiter. Quand il pleuvait et qu'il fallait rester sous le préau, c'était un vrai calvaire de supporter cette promiscuité ainsi que le bruit. Et je voyais toujours avec soulagement soeur Jeanne se diriger vers la cloche afin de sonner cet intermède douloureux !

Ecriture

7° Cause sans doute de ce désarroi, le fait de me retrouver cernée de filles, et aux jeux desquelles je me sentais complètement étrangère. Le hasard ayant voulu que je grandisse entourée de cousins et de petits voisins, j'étais plutôt portée sur les jeux de garçons, les cow-boys, les cabanes, le vélo, les parties de pêche, les courses dans les bois, la fabrication de lance-pierres, etc.. Je me souviens d'une colère mémorable; lors d'une fête on avait offert à mes cousins une boîte de menuisier et moi j'avais eu droit à un petit sac à main tout ce qu'il y a de plus féminin. Je ne l'ai jamais digéré et revois encore l'objet de ma convoitise ! Une boîte à outils ? Mr Freud se frotte les mains, facile ! Et bien, même après plusieurs années de divan, je garde au fond de moi une petite part qui refuse toujours cette castration toute symbolique ...

Enfance_La_Veuve_4
Enfance_La_Veuve_1La_Veuve_2
La preuve en images !

Et pour m'excuser du retard pris dans la rédaction de ces confidences, je vous fais LA TOTALE pour le même prix

1132013831_es2phoenixA phoenix is a giant magnificent bird plumed and wreathed in flame. The phoenix is a symbol of healing and of peace. The phoenix is calm and sereine in all things. The phoenix symbolizes rebirth as this creatures is reborn from ashes of its death during which it enrupts into flame and desintegrates. The phoenix can also be a symbol for faith and hope ( je me marre !!!)

C'est fatigant d'être un phoenix; toujours renaître de ses cendres, c'est super, mais si les autres ne suivent pas, j'en vois moins l'intérêt.
Y'a des jours où je voudrais bien que ça s'arrête le rebirth ...

Côté blog addiction, j'attendais le diagnostic avec impatience car depuis quelques jours j'étais tentée de mettre la clef sous la porte et de fermer le Souk. Verdict, 53 %. C'était limite pas un poil accro, mais raté, obligée de poursuivre. La faute au Phoenix sans doute !

 

 

 

30 juin 2007

Grain de sel

9782221108208Une fois admis que :
1-des parents peuvent laisser leurs enfants se réveiller chaque nuit, suite aux cauchemars récurrents qui hantent leur sommeil, sans consulter d'urgence;
2- vivre au bord de la mer et interdire aux mêmes enfants de s'en approcher;
3- et surtout que ces gamins n'aient même pas l'idée de transgresser un tel interdit;

on peut se laisser embarquer dans cette histoire fantastique.

Ce livre a été longuement encensé et commenté, donc je n'en rajouterai pas. Comme tout le monde, je me préparais à me laisser embarquer avec plaisir pour cette croisière cauchemardesque et familiale. Seul bémol, étant donné que je planche depuis des mois sur les transmissions générationnelles inconscientes, je n'ai pas réussi à me départir d'un oeil critique et réaliste. J'ai vu venir le dénouement aussi sûrement que la nuit après le coucher du soleil, et ce, dès le début. D'où ma frustration.

Cela dit, l'auteur fait preuve un réel talent romanesque et d'un joli brin de plume.
Et il est toujours agréable de faire une virée en Bretagne et aux confins de ses univers légendaires.

Ce livre trouvera sans conteste sa place dans ma bibliographie, en tant qu'ouvrage librement paradigmatique de mon sujet de prédilection.
J'espère que l'auteur ne m'en voudra pas pour cet article quelque peu mitigé.

L'ancre des rêves     Gaëlle Nohant    Editions Robert Laffont

 

 

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29 juin 2007

FROUFROU

9782070346219Voici un petit livre sans prétention qui ravira tous les grands garçons qui gardent la nostalgie de leurs premiers émois sensuels à la vue d'une paire de bas suspendue sur un fil à linge, ou d'un bout de culotte petit-bateau aperçu sous les jupes des filles.
Bien sûr, il plaira aussi aux grandes filles, celles qui ont quelques réminiscenses de l'attrait irrésisitible qu'exerçait le tiroir maternel interdit, où reposait bien rangée une intimité pleine de mystère et de promesses de séduction à venir.

Pour Simon, qui grandit à la campagne dans les années cinquante, tout commence par l'expression chère à son père, "avoir le cul dans la soie".

"L'association de ces deux mots, déjà si choquante à mon oreille, ne laissait pas d'intriguer le petit amoureux des mots que j'étais. Il y avait aussi là-dedans, quelque chose d'incongru, entre honte et volupté, qui me mettait mal à l'aise."

Mais quand, tout petit, on est sauvé de la noyade par le soutein-gorge de la grosse Germaine, quand on réchappe à l'attaque d'un corset à baleines, ou que l'on frise l'asphyxie sous l'ample jupe de la maîtresse d'école, comment ne pas être marqué à jamais par les dessous féminins !

Une enfance lingère     Guy Goffette      Editions Folio   

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25 juin 2007

PETITION

Je fais suivre le message laissé par Maxime concernant la pétition en faveur de l'émission " LA BANDE A BONNAUD " diffusée sur France-Inter du lundi au jeudi à 16H30, et qui risque de disparaître de la grille des programmes de la rentrée prochaine.
Décidément cette radio a l'art de se tirer des balles dans les oreilles et dans celles de ses auditeurs. Après Daniel Mermet l'an dernier, c'est au tour de cette joyeuse bande de oufs de risquer de passer à la trappe.

Signez pour sauver cette espèce en voie de disparition qu'est l'Homme pensant et déconnant, encore en dehors de tout mercantilisme racoleur. Et faites circuler, merci.

http://bab.chiwalou.org

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24 juin 2007

PALIMPSESTE

9782070336487" Il est des fois des personnages en errance qui n'en finissent pas de déambuler dans la nuit du réel, et qui transhument d'un récit vers un autre, sans cesse en quête d'un vocable qui enfin les ferait pleinement naître à la vie, fût-ce au prix de leur mort.
Il serait une fois des personnages qui se rencontreraient à la croisée d'histoires en dérive, d'histoires en désir de nouvelles histoires, encore et toujours."

" En chacun la voix d'un souffleur murmure en sourdine, incognoto - voix apocryphe qui peut apporter des nouvelles insoupçonnées du monde, des autres et de soi-même, pour peu qu'on tende l'oreille.
Ecrire, c'est descendre dans la fosse du souffleur pour apprendre à écouter la langue respirer là où elle se tait, entre les mots, autour des mots, parfois au coeur des mots."

Ce portrait d'un homme, de l'enfance à la maturité, à la recherche de son identité, me laisse sans voix.
Magnus, son ours en peluche, est la seule permanence de son existence.
Le récit de cette reconstruction est servi par une écriture à la limite du sublime.
Toute critique en paraîtrait ridicule. Alors je me tais.
Lisez-le.

Magnus     Sylvie Germain    Editions Folio

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22 juin 2007

Labyrinthe épistolaire

cat_1140710061_1_r56Si vous voulez vous laisser surprendre jusqu'au bout, ne lisez pas la 4ème de couv. Ou alors faites comme moi, lisez-la et oubliez-la immédiatement. Puis plongez dans la lecture de ce roman composé exclusivement d'échanges de lettres entre de multiples correspondants.

Apparemment il n'y a aucun lien entre les dix premiers chapîtres qui pourraient se lire chacun comme une nouvelle. En effet, un mini coup de théâtre clôture chaque chapître, et c'est là que se situe la première originalité de ce livre. Le procédé se répète jusqu'au onzième chapître qui voit enfin la réunion des nombreux protagonistes dans une situation peu banale. On croit donc en avoir fini, mais non. Jusqu'à la dernière page l'auteur surprendra le lecteur par un nouveau rebondissement.

Il n'est pas aisé de parler de ce livre sans rien en dévoiler. Au cours de la lecture, j'ai cherché à faire des liens entre les personnages des différents chapîtres car certaines situations vous mettent la puce à l'oreille. Mais j'ai vite abandonné car je m'embrouillais dans les patronymes japonais. Donc je me suis laissé porter et entraîner. L'auteur est un filou qui excelle dans l'art de perdre le lecteur dans ce labyrinthe épistolaire.

On en apprend beaucoup sur le Japon, les régions et leurs coutumes, le mode de vie urbain, le monde de l'entreprise, de l'éducation, les relations hommes-femmes. On ne retrouve pas la poésie qui caractérise souvent la littérature japonaise mais le style de certaines lettres pourrait les faire figurer dans un manuel de correspondance.
Bref ce n'est pas un coup de coeur, mais j'applaudis l'originalité du procédé littéraire. Les inconditionnels de la littérature japonaise apprécieront, les réfractaires passeront leur chemin !

Je vous écris     Hisashi Inoue     Editions Picquier poche

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19 juin 2007

Folles redondances

9782070787364Au domaine de Boringe vit une bien curieuse famille.
Le roman s'ouvre sur la naissance des jumeaux Alexandre et Hélène, sortis du ventre de leur mère Valentine à la fin d'un repas alors que Perpetua allait servir sa spécialité, la compote de pommes tiède à la cannelle.
Valentine décède peu après en confiant l'éducation de ses enfants à ses trois soeurs et à la bonne Perpetua.

Le drame ne perturbe pas trop ce microcosme et surtout pas Perpetua, déjà rodée à ce genre d'événements, puisqu'elle a élevé les six filles de la lignée maternelle après le décès d'Agnès Dubois, la grand-mère des jumeaux. Vous suivez ?
C'est l'occasion pour l'auteur de faire un petit retour en arrière et de nous conter l'adolescence et les frasques des six frangines. On fait aussi plus ample connaissance avec Perpetua qui porte bien son nom puisqu'elle est intemporelle, voire éternelle. Perpetua possède aussi des dons très particuliers dont elle use pour dompter toutes ces jeunettes et le tout venant. Les pets, voilà son arme ! Et ils sont redoutables. Elle en a tout un catalogue, des antidépresseurs, des persuasifs, etc ...

Les jumeaux grandissent entourés de leurs trois tantes, Adélaïde la dévoreuse de livres, Agathe la cavalière déchaînée et Anasthasie la mystique. Ces trois là ont des comptes à régler avec la gente masculine qui déserte Boringe depuis des générations. Sur ce coup là, la Perpetua n'est pas en reste non plus !
Dans un tel contexte, vous pensez bien que les jumeaux ne sont pas loin de virer borderline.

"Agacée, Perpetua se demanda ce qu'elle avait fait au bon dieu pour se retrouver dans cette maison de fous. Elle s'enferma dans le salon avec les jumeaux et les tança vertement. Ce à quoi Hélène répondit Perpetua on s'en fout de toi on s'en fout des trois folles ramollies du cerveau qui te servent de gardes-chiourme on s'en fout de Boringe on s'en fout du passé de nos parents de nos grands parents des abrutis qui ont croupi à Boringe on s'en fout on s'en fout on veut tout casser et on cassera tout ... on veut la révolution et ça ira on veut la bombe atomique sur Boringe mon amour que cette maison s'effondre que tout devienne ruine et cendre que la forêt brûle que le monde s'écroule et qu'enfin l'aurore se lève ! Perpetua en resta bouche bée puis son cerveau fit tic-tac. Elle retroussa ses manches et marcha sur eux. Elle hésita un quart de seconde puis opta pour le pet antidépresseur. Hélène et Alexandre chancelèrent et tombèrent comme dans du caramel mou."

Quand tout le monde découvre qu'ils sont amoureux l'un de l'autre et qu'ils ont même consommé la chose, c'est le branle-bas de combat. Hélène prendra la décision de quitter Boringe, abandonnant Alexandre.
C'est sur ce départ que se termine ce premier chapître époustouflant de drôlerie.
Dans les deux suivants, le feu d'artifice se calme et c'est dommage. Mais nous retrouvons Hélène à Paris entourée de personnages tout aussi déjantés et pittoresques. Allegria qui pratique la lévitation; Anatole Schloupe, l'écrivain prêt à tout pour entrer à l'Académie; Narcisso del Palabras de Karibdo en Syllabas, avocat des causes perdues et de l'avenir bouché 9 rue de l'Illusion, qui sera l'amant d'Hélène et l'aidera à retrouver Achille Tuloeuf, le père des jumeaux; et enfin la compagne d'Achille, Sententia la concierge voyante et carnivore.
Pendant qu'à Boringe, Alexandre, devenu neurasthénique, épouse Asthénie et lui fait six filles, et que les tantines ne s'arrangent pas avec l'âge...
Le dernier chapître voit le retour d'Hélène à Boringe et sa rencontre avec ... sa dernière nièce Hélène. On n'échappe pas à son destin comme ça !!!

"Hélène veilla jusqu'au matin. Lorsque l'enfant s'agitait, elle chantait de vieilles chansons douces, chantait la ville de Mazatanengo, ses rues de sable, ses maisons plus blanches que le coton, chantait les voyages tout autour de la terre ronde et sa voix était grave et belle et endormeuse et l'enfant soupirait d'aise et les rêves, lentement, entrèrent dans la chambre. Elles virent alors le pacha des Zoudaillasses. Très grand, très gros, il portait d'énormes colliers et des bagues à tous les doigts. Ses yeux étaient phosphorescents, sa peau cuivrée, son ventre rond menait la danse autour du lit. Puis elles entendirent la mer qui, dehors, disait vieni vieni, le monde est si beau et les vagues racontaient des histoires qui n'existent pas et le ciel disait les amours perdues et l'air devenait chaud comme le grog et respirer enivrait et les murs noirs de l'enfance tanguaient tanguaient. Hélène écoutait la vie silencieuse, la vie rêvée, la vie qui n'était pas venue et sur sa joue gauche trois larmes amères glissèrent."

Cette fable familiale se déguste avec gourmandise. Sous ses airs loufoques, ce roman ne manque pas de poésie et de truculence. J'ai apprécié cette façon surréaliste de dédramatiser l'inceste. Et il nous en dit beaucoup sur les transmissions générationnelles et la répétition des scénarios de vie.
Lorsqu'on referme ce livre, on regrette que ce soit déjà fini et on n'a qu'une hâte, allez voir de quoi retourne le reste de l'oeuvre de l'auteur.

Les amants de Boringe    Pascale Gautier   Editions Joëlle Losfeld

 

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