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Le Souk de Moustafette

Le Souk de Moustafette
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11 septembre 2007

Une adresse à noter

9782878582369pour une halte chez trois familles de Budapest chamboulées par la guerre, et poursuivies par le fantôme d'un des leurs, bien après que les armes se soient tues.

Balint, Irèn, Blanka et Henriette sont les enfants qui vont grandir ensemble puisque leurs parents sont voisins et que leurs jardins communiquent. Les trois filles sont toutes amoureuses de Balint, mais un lien particulier se nouera entre ce dernier et Irèn, les menant jusqu'aux fiancailles.
La fête sera interrompue par l'arrestation des parents d'Henriette. A partir de ce jour, un enchaînement de faits guidés par les sentiments des uns et des autres, conduira les membres de ces familles au bord du gouffre, et Henriette verra sa vie s'achever alors qu'elle n'a que seize ans.

"1952, pensa Henriette en accompagnant Balint, et elle hésita un instant à rester près de Blanka dont elle ne pouvait comprendre ni la démarche, ni l'attitude. Je ne comprends pas un mot de tout cela. Que vous faites-vous l'un à l'autre ? Qu'est-ce que cela signifie ? Si j'étais en vie, j'aurais vingt-quatre ans à présent."

Mélange de voix, celles des vivants et des morts, pour nous narrer ce drame et les conséquences du silence qui l'entoura. Conséquences qui se déploieront par capillarité sur chacun, petites rigoles serpentant dans la vie à venir, se transformant parfois en lames de fond au gré des événements et des émotions.

C'est un livre magnifique qui m'a tenu éveillée jusqu'à une heure avancée de la nuit.
Le début est un peu déroutant, aussi ne cherchez pas à comprendre qui parle, ni où vous êtes, ni à quelle époque. Laissez-vous entraîner, tout s'éclaire par la suite. Ce procédé n'a sans doute pour seul but que de souligner à quel point les destins sont liés, les mémoires des uns et des autres enchevêtrées, et les êtres omniprésents au-delà de la mort.
Un récit émouvant sur la mémoire et la parole, alors qu'il n'est question que de silence des émotions ou de décalage des sentiments. Cocktail idéal qui, au pire, mène certains à la folie. D'autres, au contraire, se révèleront à eux-mêmes.

"Vieillir, cela ne se passe pas comme dans les livres (...) Mais nul ne leur avait dit que perdre sa jeunesse est effrayant, non par ce qu'on y perd, mais par ce que cela nous apporte. Et il ne s'agit pas de sagesse, de sérénité, de lucidité ou de paix, mais de la conscience de ce que tout se décompose (...) Tout s'était dissocié, rien ne manquait de ce qui leur était arrivé jusqu'à ce jour, et pourtant ce n'était plus la même chose. L'espace avait été divisé en lieux, le temps en moments, les événements en épisodes et les habitants de la rue Katalin comprirent enfin que de tout ce qui avait constitué leur vie, seuls quelques lieux, quelques moments, quelques épisodes comptaient vraiment, le reste ne servait qu'à combler les vides de leur fragile existence."

Tout au long de cette lecture, j'ai eu en tête le travail d'un autre Hongrois, psychiatre et thérapeute familial réputé, Ivan Boszormenyi-Nagy, qui a été un des pionniers du travail au sein des familles, en s'appuyant sur les concepts de loyauté, de légitimité, du cycle du don et du "grand livre des comptes", concepts étayés par le dialogue et la narration afin de favoriser le partage de la mémoire dans le respect des émotions de chacun.
Nul doute que les habitants de la rue Katalin en auraient tiré profit...

ELFIQUE vous donne aussi son avis.

Rue Katalin     Magda Szabo     Editions Viviane Hamy

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10 septembre 2007

Nique ta mère* !

livreJubilatoire ce bras de fer entre une adolescente des années 20 et cette mère snobinarde !
Madame Kampf met tout en oeuvre pour cacher les origines modestes de son couple. Et afin d'inaugurer son entrée dans la société des nantis, elle décide de donner un bal auquel deux cents personnes qu'elle connait à peine vont être invitées.
Mais Antoinette, sa fille de quatorze ans, elle, n'y est pas conviée malgré ses multiples suppliques. Pire, le fameux soir, elle sera reléguée au fin fond d'un débarras, puisque sa chambre sera transformée en vestiaire.

Après une débauche de dépenses de nourriture, fleurs, personnels et j'en passe, le grand soir est enfin arrivé. Proche de l'hystérie et du nervous breakdown, Madame Kampf attend le premier coup de sonnette qui marquera l'ouverture des festivités...

Bien avant cette histoire de bal, le climat n'était déjà pas au beau fixe entre Antoinette et sa mère, alors je vous laisse imaginer ce qui se mijotte. La vengeance, non préméditée cependant, sera terrible !

"Mme Kampf entra dans la salle d'études en fermant si brusquement la porte derrière elle que le lustre de cristal sonna, de toutes ses pendeloques agitées par le courant d'air, avec un bruit pur et léger de grelot. Mais Antoinette n'avait pas cesser de lire, courbée si bas sur son pupitre, qu'elle touchait la page des cheveux. Sa mère la considéra un moment sans parler; puis elle vint se planter devant elle, les mains croisées sur sa poitrine.
- Tu pourrais, lui cria-t-elle, te déranger quand tu vois ta mère, mon enfant. Non ? Comme c'est distingué..."

Bonjour l'ambiance ! Où l'on s'aperçoit que quelque soit l'époque, les relations mère-fille ne sont jamais simples ...
Autre réussite de l'auteur, la description du monde ambivalent de l'adolescence et le rayon laser que ces braves petits plantent sans concession sur le monde des adultes.
C'est là encore intemporel.

Une question pour terminer. Qui a écrit : " Les jeunes aujourd'hui aiment le luxe, méprisent l'autorité, et bavardent au lieu de travailler. Ils ne se lèvent plus lorsqu'un adulte pénètre dans la pièce où ils se triouvent. Ils contredisent leurs parents, plastronnent en société, se hâtent à table d'engloutir les desserts, croisent les jambes et tyrannisent leurs maîtres. Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l'autorité et n'ont aucun respect pour l'âge. A notre époque, les enfants sont des tyrans." ?

MUSKY et SOPHIE ont lu et aimé ce livre.
BELLESAHI me l'a prêté, merci !

* Belle, désolée, tu sais que je damnerais pour un bon mot !!!

Le Bal    Irène Némirovsky     Editions Grasset Les Cahiers Rouges

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9 septembre 2007

Tous aux abris !

armes_feu_29Quel plaisir de se réveiller au son de la chevrotine !
En effet, depuis ce matin la chasse est ouverte et les milices de CPNT patrouillent en toute tranquillité dans les bois et les marais autour de chez moi, ainsi que dans tout le Sud de la France.
Mon voisin Chub et ses copains sont bien sûr de la fête.
Le matin, on va dire que tout va bien, étant donné qu'ils n'en sont pas encore à picoler au petit déj. Mais les choses se gâtent après le repas de midi (qui peut se prolonger jusque vers 15-16 h).
C'est là que les choses s'enveniment, car si pour la plus grande chance des conducteurs anonymes qui ne croiseront pas ces hommes fortement avinés, il n'en va pas de même pour leur voisinage.
Ces gros durs s'en vont en fait chasser au bout de la rue, et pas toujours aux 150 m réglementaires des habitations, trop flemmards sans doute parce que trop bourrés ...
Alors promeneurs innocents, amoureux des vieilles pierres, de la nature et du calme, fait pas bon traîner dans le coin. Heureusement, aujourd'hui il fait beau et chaud, un temps idéal pour aller à la plage, et pour le gibier qui se planque au frais dans les fourrés.
Les degrés Celsius potentialisant ceux de l'alcool, ces messieurs de CPNT auront peut-être l'envie de laisser reposer leurs armes et de faire la sieste. On peut toujours rêver !

En attendant, parce qu'il faut bien rire un peu, voici un petit clip promotionnel de ce beau sport rural.
Attention, cela peut en choquer certains ... On n'est pas loin d'une certaine réalité, je vous l'assure, en tout cas en ce qui concerne le portrait de ce charmant personnage.
Quant à la donzelle, j'ai déjà la robe, mais je ne suis pas encore sûre de pouvoir me dévouer à ce point, même pour la cause animale !!!

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8 septembre 2007

Linh de faille

9782253115540Fuyant son pays en guerre, Monsieur Linh débarque dans un grand port occidental avec pour seul bagage, une poignée de sa terre natale, une photo et un bébé, sa petite fille prénommée Sang diû.
On apprend bien vite que l'enfant est la fille de son fils. Les parents de Sang Diû sont morts, fauchés par une bombe alors qu'ils travaillaient à la rizière. Le village est lui à feu et à sang, Monsieur Linh est un survivant.

N'ayant de cesse de protéger l'enfant, Monsieur Linh va peu à peu s'imprégner de la terre d'acceuil. Assis sur le banc face au centre d'hébergement, il observe ce pays sans odeur, laissant souvent son esprit dériver vers le passé et les jours heureux.
C'est sur ce banc qu'il rencontrera Monsieur Bark.

"Il se souvient du contact de la main du gros homme lorsqu'il l'a posée sur son épaule. Il se rappelle alors qu'il est seul au monde, avec sa petite fille. Seuls à deux. Que son pays est loin, pour ainsi dire, n'est plus. N'est plus rien que des morceaux de souvenirs et de songes qui ne survivent que dans sa tête de vieil homme fatigué."

Ces deux là, bien que ne parlant pas la même langue, vont se comprendre. Ils deviendront l'un pour l'autre comme un port d'attache. Leurs rencontres quotidiennes deviendront des petites ancres leur permettant d'accoster pendant quelques heures sur des îlots de tranquillité alors que leur vie est dans la tourmente.
Mais un matin, Monsieur Linh n'est pas au rendez-vous...

"Le vieil homme s'approche de la fenêtre. Le vent n'agite plus le grand arbre, mais la nuit a fait éclore dans la ville des milliers de lumières qui scintillent et paraissent se déplacer. On dirait des étoiles tombées par terre et qui cherchent à s'envoler de nouveau vers le ciel. Mais elles ne peuvent le faire. On ne peut jamais s'envoler vers ce qu'on a perdu, songe alors Monsieur Linh."

Après avoir pataugé, malgré tout avec délice, dans la boue des terres de la Meuse, je récidive avec celle des rizières. Un récit cependant plus léger, plus sobre, emprunt de poésie, de pudeur, de retenue tout asiatique, et ce malgré la noirceur du sujet.
L'auteur décrit à la perfection les petites gymnastiques auxquelles se plie l'esprit humain afin de s'adapter à la souffrance de l'exil, à l'horreur de la guerre, aux traumas. Et comme la fleur poussant sur un tas de fumier, du plus sombre de la douleur peut émerger encore des éclairs d'humanité.
Pourvu que ça dure...

Je dédie ce billet à Sounkou qui, au fond de son gourbi, à la chance d'avoir encore sa famille.
L'homme s'adapte à tout. Est-ce un bien ou un mal ? Souvent je me le demande ...

J'ai fouillé dans les cartons pour ressortir les avis de SOPHIE, CATHE, PAPILLON 

La petite fille de Monsieur Linh   Philippe Claudel   Editions Livre de Poche

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6 septembre 2007

Recto verso

9782070787012Côté face, Stéphane Eugerwicz raconte qu'il est arrivé en France en 1938 venant de sa Pologne natale, qu'il n'est pas juif et qu'il exerce la profession d'interprète. Mais en 1942, il débarque en Ardèche et s'installe à la Cour des Miracles, un ancien palace reconverti en centre d'hébergement de tout une faune hétéroclite.

"Ils se prétendaient tous princes, ducs ou millionnaires, ne vous y trompez pas, les citoyens de la Cour des Miracles n'étaient pour la plupart qu'un ramassis de traîne-savates et d'éleveurs de poux. C'est parmi ces brebis galeuses que mon père recruta ses seconds: Mietta, le manchot; Olga, la croqueuse d'hommes; le Bossu, poète et futur héros de la Résistance; Wiégo, le médecin éthéromane et philosophe à ses heures. Mon père n'avait pas l'intention de fomenter une révolution ou un 18 Brumaire à la Cour des Miracles, pas du tout. Son objectif, c'était de parvenir à ses fins et ses fins c'était de se remplir les poches. Son équipe recrutée et subjuguée par ses talents de baratineur, il lança immédiatement sa première opération."

En 1942, il rencontre aussi Andrée Edo, fille de la Boucherie Moderne. Il la séduit ainsi que toute sa famille et l'épouse. Il s'y connait en séduction et baratin, le petit Polonais de 1,68 m avec son écharpe de laine, son béret et son manteau bleu. Et il n'a pas que le sens du commerce amoureux. Bien sûr ses talents, il va les mettre au service du marché noir qui, en ces années de guerre, n'attendait que lui. Avec sa bande loufoque, ils vont dévaliser la nuit pour revendre le jour, d'ailleurs souvent à ceux-là mêmes qu'ils ont détroussé, et aux maquisards, et puis tiens, pourquoi pas à l'occupant aussi ! Les billets de banque coulent à flots et la bande de slaves fait la java et mène la belle vie.
Et c'est toujours l'amour fou avec la belle Andrée. A la Libération, la tribu migre et Stéphane a pignon sur rue. Il faut recycler l'argent sale, il ouvre un commerce à droite, un autre à gauche, une usine de confiserie, achète des immeubles, dépense sans compter pour les uns, pour les autres. Toujours plus d'argent, de fêtes, de cadeaux, Stéphane est arrivé enfin tout en haut de l'échelle.

"Quelle époque, certaines aubes, ils regardaient les étoiles s'éteindre une à une, il faisait froid, ils remontaient le col de leur veste ou de leur manteau, ils mettaient leurs mains dans leurs poches, leurs pas claquaient sur les trottoirs déserts d'un Paris désert comme un poème que l'on ne comprend pas. A ces moments ils avaient l'impression que le moindre mot dit par eux aurait des échos qui se répercuteraient jusque dans les couloirs de l'éternité."

Côté pile, une trahison va casser le dernier barreau de l'échelle, et c'est le début de la dégringolade. Revers de fortune, maladie d'Andrée, décès de ses plus chers amis, Stéphane se met à boire et végète dans sa dernière affaire, un restaurant, un bouchon à Lyon. La mort de sa femme va le laisser exangue, seul, ruiné, malade à son tour. Ses enfants ne réussiront pas à le raccrocher à la vie.

J'ai dévoré ce livre avec la même gourmandise que celle dont fait preuve le héros pour la vie.
Le narrateur de cette histoire est le dernier fils de ce couple farfelu, de ces deux êtres qui s'aimaient d'amour fou. Il a été spectateur de la deuxième partie de leur vie, pas la plus agréable, et tente après la mort de son père de reconstituer leur histoire.
J'ai été emportée par la truculence des personnages et ravie de me laisser embringuer dans le tourbillon de leur vie dissolue. L'émotion a pointé son nez au récit de la décadence de cet homme que l'on n'arrive pas à détester malgré sa cupidité. Les apartés du narrateur, qui observe la folie de ce père inaccessible et assiste au déclin de ce couple amoureux, ponctuent le roman.

BELLESAHI , qui vient aussi de le terminer prématurément, n'a pas aimé du tout, mais alors pas du tout, du tout. La preuve, elle ne l'a même pas fini, choquée qu'elle a été par certains passages.
Bof, moi ça ne m'a pas dérangé, faut dire qu'avec la vie que j'ai mené ...!

Un petit homme de dos   Richard Morgiève   Editions Joëlle Losfeld

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4 septembre 2007

TSF

maison_20radio05Une bonne nouvelle, Frédéric BONNAUD est de retour !
C'est tous les jours après le journal de 13 H mais juste pour "un billet d'humeur".

Une mauvaise nouvelle, c'est sur Europe 1... J'aime pas Elkabbach et j'aime pas la pub.
D'ailleurs j'ai bien raison, impossible de trouver l'ami Bonnaud sur leur site, résultat de la recherche = nul, me disent-ils.

Ben ça commence mal, je crois que je me passerai de la voix de Bonnaud cette année. Si quelqu'un sait si il écrit dans un canard quelconque, qu'il n'hésite pas à le crier haut et fort !

4 septembre 2007

Applaudissements...

9782742769179Pour ce court roman qui s'inscrit dans le cycle des Banlieusards ou "Chroniques légendaires de gens sans importance à la fin des années 1970".
Sur un ton faussement désinvolte l'auteur nous raconte la vie, la mort de Serge Gautier.

Nous faisons sa connaissance à l'âge de cinq ans lorsqu'il emménage dans la banlieue parisienne, dans le petit village de Sarcelles, où ses parents s'installent avant guerre. Le père est ouvrier métallo, militant communiste, la mère, rouge elle aussi, travaille à domicile comme couturière. Pour Serge, les jours s'écoulent entre la découverte de la liberté à la campagne, les jeux et petites guerres entre bandes de gamins, les visites des oncle et tante de Savigny sur Orge, sur fond d'atmosphère militante générée par les parents et leurs camarades. La famille s'agrandit avec l'arrivée d'une petite soeur, Janine, et d'une petite cousine, Jeanne dont il tombe éperdument amoureux. Mais déjà "Serge préfère voir que faire" puis "a toujours l'air de se foutre de la gueule du monde" et enfin "Serge arrête de te conduire dans la vie comme si tu étais tout le temps au théâtre".

Et puis la guerre chamboule ce bel équilibre, le père est arrêté, déporté. La communauté résiste puis soutient la famille quand il s'avère que le père ne reviendra pas. Fils modèle, Serge endosse le rôle d'homme de la famille, tout en poursuivant ses études. Il traversera ces années et ces épreuves un pied dans la réalité, un autre dans un monde imaginaire où la vérité se travestit au gré de ses angoisses et de ses craintes. Fils de héros, il rentre lui aussi à l'usine. C'est le temps de la camaraderie, du militantisme obligé en mémoire du père, des histoires d'amour. Mais à vingt ans, une tuberculose inopinée le libèrera de tout cela. Et à trente, c'est sa mère, avec laquelle il vit toujours, qui l'abandonnera, lui permettant ainsi de larguer la dernière amarre. Et toujours "Serge préfère voir que faire" et "Serge arrête de te conduire dans la vie comme si tu étais tout le temps au théâtre".

Continuant sur sa lancée, Serge persistera à rester spectateur de la vie des uns et des autres, de la sienne aussi et du monde qui se transforme. Jusqu'au bout, il refusera l'engagement. Il ne deviendra acteur qu'à l'approche de la mort. "Parce que je ne suis pas sûr d'avoir choisi ma vie, alors j'aimerais bien choisir ma mort."

J'ai trouvé émouvant le récit de ce passager de la vie ordinaire, sans attaches, complaisant, traversant le temps en dilettante pour se confronter enfin à la question primordiale de sa finitude, sans jamais lâcher ses béquilles imaginaires qui l'ont aidé à tenir debout et à arriver jusque là.

Le spectateur     Daniel Zimmermann     Editions Actes Sud Babel

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2 septembre 2007

Mitron bon, mitron mauvais

livreLa narratrice est la fille de l'aînée des sept soeurs en question, Martha.
Après Martha, il y eut Marie, puis Anne, Christina, Vincentia, et enfin les jumelles Clara et Camilla.
La mère de cette tribu meurt peu après la naissance des jumelles, laissant un mari inconsolable, au point que celui-ci disparait un beau jour sans laisser d'adresse. Martha n'a pas d'autre choix que de prendre les choses en main avec l'aide d'Omi, une vieille femme venue d'on ne sait où.

"Au bout d'un certain temps, tout le monde avait oublié ce que j'étais venue faire là et le schéma s'était rétabli, le schéma que Martha avait tissé treize ans auparavant lorsque son père avait disparu du jour au lendemain pour ne plus jamais revenir, la laissant seule avec ses soeurs et la petite boulangerie."

Car Sébastien, le mari de Martha, prend lui aussi la poudre d'escampette six mois après la naissance de sa fille, après avoir fait chavirer plus ou moins le coeur de toutes les soeurs.
A partir de là, la narratrice ne saura plus trop qui elle est, puisque toutes les soeurs vont s'occuper d'elle, comme une seule et unique mère aux multiples visages. Est-elle la fille de l'une ou la soeur de toutes ?
Au fil des pages et du temps qui passe, certaines d'entre elles tenteront l'aventure du mariage et quitteront momentanément la maison, mais pour toujours finir par y revenir suite aux aléas de leur vie conjugale. Et la narratrice, elle, n'aura de cesse d'essayer de découvrir qui était ce Sébastien dont on vient d'améner le cadavre à la boulangerie, événement qui réunit une fois de plus les sept soeurs.

Un roman qui m'a un peu surprise car je m'attendais à me rouler dans la farine et à me saturer les narines d'odeurs de viennoiseries et de bon pain. Au lieu de cela, la narration est plutôt axée sur les tribulations des soeurs qui m'ont un peu donné le tournis avec leurs aller et retour incessants et j'ai un peu mélangé les histoires des unes et les prénoms des autres.

"Clara avait déjà annoncé à plusieurs reprises qu'elle ne continuerait pas à travailler à la boulangerie, et du jour au lendemain elle disparut. Elle ne donna aucune nouvelle, et pendant trois ans on ne sut plus rien d'elle. Jamais après son retour, elle n'a donné la moindre explication quant à ce qu'elle avait fait pendant tout ce temps."

Au final, un livre pas désagréable mais qui se termine un peu en queue de poisson, puisque l'on passe des quinze ans de la narratrice à ses cinquante, en quelques pages seulement.
Il paraît qu'il y a une suite...

La maison des sept soeurs     Elle Eggels     Editions 10/18

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31 août 2007

Une virée

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avant notre arrivée

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après !!!
Fallait pas en attendre moins de notre part !

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Donc après un petit passage en librairie et carterie
et un pique-nique pour recharger les batteries,
nous avons bullé tout l'après-midi face à l'océan
en papotant, en lisant, en marchant, en mitraillant...
Et bien sûr Frédérique et moi,
nous avons pensé à vous !

29 août 2007

Une question ...

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venue des étoiles !

7 FACONS DE CHOISIR UN LIVRE

1°  Traîner encore et toujours dans les librairies !
2°  Ecouter encore et toujours les chroniques spécialisées à la radio.
3°  Lire encore et toujours les blogs des copains et des copines.
4°  Farfouiller encore et toujours sur les sites des maisons d'éditions.
5°  Récupérer encore et toujours les catalogues des éditeurs.
6°  Calculer encore et toujours où j'en suis côté porte-monnaie.
7°  Une fois ces six étapes franchies, reste à choisir dans les piles accumulées !

Et pour cette septième étape :
* soit je sais immédiatement quoi lire, donc aucune hésitation.
* soit je ne sais pas, en ce cas je prends 3 livres, je lis la première page de chacun d'entre eux et je garde celui qui me donne le plus envie de passer à la page suivante.
* et si, malgré toute cette bonne volonté pour faire baisser le niveau dangeureusement atteint d'une centaine de livres en attente, rien ne me tente et bien je peux tout à fait repasser par la case départ !!!
J'en suis malheureusement capable ...

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Voilà, ALAIN !
tu sais tout...

Ah mais j'oubliais... Qui veut prendre le relais ???

28 août 2007

Livre voyageur

bretLa Bretagne a fait escale en Charente-Maritime.
Les nouvelles ne sont pas mon genre littéraire favori, mais quand le thème principal en est "Libraires, Librairies" et que le tout se situe en Bretagne, je ne résiste pas.
Chacun de ces textes m'a procuré une émotion différente.

J'ai été attendrie par Sol Invictus de Fabien Lécuyer.
L'angoisse a prédominé la lecture de Libre Stance ! de Bernard Trébaol.
C'est la tristesse qui reste lorsqu'on termine Tir Na Nog de Sylvie Rouch.
La plus drôle est sans conteste Mort à Denise de Patrick Pommier.
La palme de l'espoir revient à Le stagiaire de Sylvie Le Bras.
La passion et la colère sont attribuées à Vous éloignant par René Péron.
Et l'incompréhension totale pour An Treizher-Levriou de Jean Le Clerc de La Herverie !!!

Mais ma préférence va sans hésitation à Sous le sable de Thommassaint, parce qu'elle procure toutes les émotions déjà citées et auxquelles s'ajoutent la solitude, la nostalgie et en fin de compte... le bonheur !

BELLESAHI, MAIJO, YVON, vous donnent leur avis.

Ainsi que KATELL, celle qui envoie et donne des nouvelles !...
Un grand merci à elle.

Nouvelles de Bretagne  Centre régional du livre en Bretagne 2007

Ajout : Et parce que je continue à le détester, je fais ma commère, tant pis, je balance ça ! Les Bretons le lui ont bien rendu et ont sauvé l'honneur lors du dernier grand bazar...

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27 août 2007

Planqué !

mp1Côté face, et une photo pour illustrer le côté pile

Nougpattes

mp

Il croit qu'on le ne voit pas, ce gros nigaud !
Merci encore FREDERIQUE
pour ce collector, et pour les autres...

26 août 2007

Ailleurs

9782070336821Adem, homme en exil, recueille un jour Léna, jeune fille en errance et en grande souffrance. Mariés, ils ont un fils, Melih. Petit à petit retrouvant sécurité et stabilité, Léna se reconstruit, du moins en apparence, car de nombreuses zones d'ombre, d'amnésie, viennent encore hanter son existence. Le miroir de sa normalité se fendillera le jour où elle croit reconnaître, en la personne d'un original vivant dans le parc de la ville, son jeune frère disparu depuis plusieurs années.

"Il manque des années à ma vie comme il manquerait des doigts à ma main, quelques centimètres à l'une de mes jambes, je boitille sans relâche d'un bout à l'autre du ruban, quelqu'un a coupé le fil, les deux extrémités flottent librement et il m'est impossible de les renouer.(...) Je me souviens du portillon rouge du jardin et des champs de maïs où j'allais me cacher, des forêts où je jouais à me perdre, puis peu à peu tout cela s'éffiloche, pâlit, et la mémoire finit par me manquer tout à fait; il ne me reste que l'intuition confuse de quelque chose de terrible, quelque chose de si terrible qu'il n'en reste qu'un vide noir et gelé comme la mort."

D'abord au pas, nous  pénètrons dans l'univers de la Léna d'aujourd'hui. Quelques indices nous laissent déjà entrevoir quel drame l'a conduite jusque là.
Puis au trot, nous cheminons dans son monde de l'enfance, petite fille solitaire qui voit sa vie transformée le jour où l'on dépose dans ses bras ce petit frère. C'est le temps des jeux partagés, des déguisements inventés, des voyages dans des histoires si imaginaires qu'on risque de s'y perdre. Mais lorsque le couperet médical tombe sur la tête étoilée du frère pour marquer sa différence, soit on choisit de redescendre sur terre, soit on continue à dériver sur les nuages au risque de croiser un gros orage, voire un ouragan.
Enfin c'est au galop, sur un cheval devenu incontrôlable, que nous sommes entraînés, entre passé et présent, dans la folie des liens qui unissent ces deux êtres. Un galop effréné que seul un mur pourra stopper.

"Vous n'avez pas entendu mon histoire ? as-tu dit. Je suis fils de roi. Je suis fils de roi et je parcours le monde depuis sept ans. J'ai traversé les mers et les déserts, et j'ai fait halte dans ce parc pour me reposer et rafraîchir ma monture. Je cherche la fille d'un autre roi..."

L'auteur excelle dans l'art de ferrer son lecteur, de faire réémerger, par petites touches, les souvenirs et les émotions oubliés, refoulés car insupportables. Elle sait dire les promesses de l'enfance, l'intensité des sentiments et taire les secrets, pour ne les dévoiler qu'au moment opportun. Elle est experte en ruptures de liens, ceux de sang ou de coeur. Mais surtout, comme un funambule, elle sait nous balader sur le fil ténu et fragile qui relie le monde imaginaire à celui de la réalité, et duquel il est si facile de basculer, pour sombrer ou pour s'échapper.

"Je t'ai donné plus de noms que je n'ai pu en garder le souvenir. Alors oui, c'est peut-être moi qui t'ai ainsi multiplié par dix, par cent, c'est peut-être moi qui ai morcelé ton esprit en fragments colorés que personne - aucun docteur, aucune main habile de couturière, de dentellière - ne pourrait plus rassembler pour en faire un tout : les vents t'ont dispersé aux quatre coins du monde."

SYLIRE et FLO , elles aussi, ont été bouleversées par cette histoire.
Merci FREDERIQUE de m'avoir prêté ce livre magnifique.

Le ciel des chevaux   Dominique Mainard   Editions Joëlle Losfeld

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23 août 2007

Volup...thé

th_1Est-ce cet ouvrage qui a inspiré à LEELOO l'idée d'organiser un swap lit-thé-rature ?
En tout cas, c'est l'occasion pour moi de vous présenter l'un de mes livres préférés.
L'auteur, théinomane avéré, nous fait partager sa passion pour le sublime breuvage et ses différents rituels.

"Je serais prêt à faire de nombreux sacrifices pour cette boisson, maîtresse lascive qui s'offre, complaisante et finalement ensorcelante. Elle est toukours là, généreuse, parfois rebelle; jamais elle ne déçoit. S'il y a mésentente entre elle et nous, l'erreur nous en revient toujours. Il faut savoir la choisir, la mettre en condition, l'installer, la protéger, la flatter, ne jamais être trop pressé, impatient, trouver la manière, connaître sa personnalité et son tempérament, deviner sa magie, redouter ses effets, ménager ses pouvoirs, goûter ses audaces."

Passion que l'auteur s'amuse aussi à traquer au fil des pages d'écrivains célèbres.
On retrouve entre autres, Proust, Nietzsche, Joyce, Genet, Neruda, Musset et George Sand, La comtesse de Ségur, Anaïs Nin, Alexandra David Neel ...
Et pour le plus grand plaisir des yeux, l'ouvrage s'enrichit des aquarelles de RUBEN ALTERIO aux couleurs chaudes comme une bonne tasse de thé.
Un beau voyage que nous serons nombreux(ses), je l'espère, à poursuivre grâce à LEELOO !

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"Pour la première fois, voici donc un livre qui sans être un précis sur le thé,
mais plutôt un manifeste, raconte les effets d'une boisson sur les écrivains
qui ne craignent pas de mettre du thé dans leur encrier."

Le thé dans l'encrier   Gilles Brochard  Ruben Alterio   Editions Aubier    

 

 

22 août 2007

En attendant

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que la pluie cesse
et que je puisse finir ce puzzle géant ...

22 août 2007

Revue de presse

084eb111a6a0f44341caf78fe624506dUne fois n'est pas coutume !

Avant tout, l'excellent VIVE LE FEU est rentré de vacances, tant mieux !

Ensuite, dans la rubrique "Un fait divers, une loi", on peut lire cet article.
Mais surtout, n'oubliez pas de lire CELUI-CI. On risque de ne pas en parler beaucoup ! et il illustre très bien le premier en matière de répression et de récidive...

J'ai calculé, après avoir lu CECI, que dans une douzaine d'années le pays sera "nettoyé"... sans commentaire.

Enfin, un tour chez ces deux résistants, ICI et LA, et on se sent moins seul.
Merci ! 

20 août 2007

Préparons l'hiver...

bois1

Les hommes, les vrais, au travail !

bois
Chub et ses copains m'ont livré
5 stères + 10 à venir =
mal au dos !

J'avais prévu de commencer à ranger le bois cet après-midi entre deux averses. Raté ! Rien qu'un seul et unique long rideau de pluie depuis midi.

salamandre1

Au milieu des bûches, un cadeau !

salamandre

Une toute petite salamandre

Certains se souviennent peut-être de Chub, mon voisin qui avait assuré l'intérim dans le Souk au printemps. Je lui ai promis de mettre sa trombine sur le net pour lui trouver une fiancée !!! (il fait très bien la cuisine)

Chub

S'il y a des candidates parmi vous,
faites-moi signe !

20 août 2007

Réconfort !

Patchoup

Et non désolée Patchouli,
ce ne sont pas des croquettes géantes !

prun_phys

AVANT

PIC00284

APRES

Ben oui, faut bien s'occuper pendant que l'herbe pousse !
BON GOUTER  !

19 août 2007

A écouter

maison_20radio05Dans la rubrique "cultivons-nous tout en grelottant",
Laissez tomber vos bouquins pendant quarante-cinq minutes, juste le temps d'écouter l'excellentissime philosophe BERNARD STIEGLER nous parler de démocratie.

C'est sur FRANCE CULTURE , c'est ICI.

19 août 2007

Cot cot cot !

9782867462986Eva a seize ans lorsqu'elle épouse Hans après la Grande Guerre, et qu'ils s'installent dans une modeste ferme du sud de l'Allemagne.
Hans s'occupe du bétail et des quelques acres de champs qu'ils possèdent, avant de rejoindre l'atelier où il travaille comme tailleur de pierres. Eva s'occupe du potager, du poulailler, de la maison et de ses deux enfants.
On est en 1936. La machine de guerre est déjà en route, et Hans est mobilisé. Il intègre l'armée en laissant consignes et recommandations, afin que femme et enfants s'en sortent pour le mieux face à un contexte économique qu'il pressent difficile.

"A l'époque dont je parle, les choses évoluaient autour de nous mais nous étions trop surmenés pour nous en rendre compte. Et, soyons honnêtes, cela nous intéressait médiocrement.(...)
Un après-midi, un employé du Bureau gouvernemental du ravitaillement se présenta et inspecta l'exploitation. Il m'informa que nous pourrions avoir droit à des avantages.(...) Pour bénéficier de ces nouveaux avantages, il fallait produire nos extraits de naissance et ceux de nos parents."

La vie s'organise sans Hans et sans l'aide des enfants qui, adolescents, se donnent corps et âme au mouvement Hitler Jugend auquel il est mal vu de ne pas adhérer. Eva se retrouve donc seule à la tête de la ferme et  décide de développer son commerce des oeufs, en allant faire les marchés plusieurs fois par semaine. C'est dans son poulailler qu'elle découvre Nathanaël, étudiant juif expulsé de l'université, et évadé du camp de Mauernich.

"Je me demandais pourquoi il avait eu des ennuis à l'université mais le courage de lui poser la question me manquait.(...) Pendant les premières semaines qui suivirent l'arrivée de l'étranger, je vaquai à mes tâches quotidiennes. J'étais à tout instant très consciente de sa présence, mais je n'avais pas de difficulté à me comporter comme d'habitude, car je ne connaissais pas d'autre façon d'être."

Il y restera près de deux ans. Et participera à la prise de conscience d'Eva, face au désastre qui se prépare.
Grâce aux marchés, Eva s'ouvre aussi sur le monde qui l'entoure et sur ses incohérences. Elle devient experte dans l'art de la fausse compromission et de la dissimulation.
Mais surtout, elle s'ouvre à elle même, sous l'effet conjugué des caresses et des mots de Nathanaël.

"Le changement n'était pas immédiatement perceptible mais je savais qu'il survenait. Mes pensées, qui se réduisaient jusqu'alors à me rappeler ce que j'allais devoir faire juste après, je les entendais prendre dans ma tête la forme de dialogues. En remontant le seau du puits, en grattant les légumes du ragoût, je débattais avec tel ou tel sujet. Je pensais à Nathanaël. Je m'interrogeais. Lentement mon intelligence devenait plus concrète et ce que cela signifiait se clarifia."

Eva comprend aussi que ses enfants endoctrinés n'auraient aucun scrupule à la dénoncer, s'ils venaient à découvrir la vérité sur les agissements de leur mère. Fine mouche pleine de bon sens paysan, elle saura tirer parti de leur fanatisme.
Car au sud de l'Allemagne, au-delà de la Forêt Noire, il y a la Suisse...

Inutile de dire que j'ai énormément apprécié le portrait de cette femme simple et pleine d'humanité. On ne s'ennuie pas un instant en sa compagnie.
Puisse le récit de sa lente transformation, qui va de la naîveté à l'engagement en passant par la découverte de la sensualité, vous émouvoir autant que moi !

La coquetière     Linda D. Cirino     Editions Liana Levi-piccolo

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