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Le Souk de Moustafette

Le Souk de Moustafette
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31 décembre 2007

Bad trip

9782742771523Délire ou réalité, cette traduction du Livre blanc se veut une cosmogonie des petits peuples sibériens de l'Arctique.
L'auteur nous explique les circonstances assez rocambolesques qui ont présidé à la découverte de l'ouvrage sur l'île de Vaïgatch.

"Les tribus locales donnaient à Vaïgatch le nom de "Kheïdidia-no", ce qui signifie "terre sacrée (ou interdite)". Les aborigènes venaient même des contrées les plus reculées d'Asie polaire pour s'incliner devant les fameux objets sacrés.
La chasse, l'abattage des morses et la pêche étaient strictement interdits dans ces territoires. Ce tabou a perduré pendant des siècles et a commencé à être violé de façon systématique seulement dans les années 1950, à la suite de l'installation d'une base atomique soviétique dans l'ïle."

Le Livre blanc, composé de six chants, nous présente les figures emblématiques de la mythologie de ce peuple de la mer de Barents. Koutkh le corbeau qui vit dans le monde d'En-Haut. De son île céleste, il est aux premières loges pour assister au triste spectacle que lui offrent les hommes peuplant le monde du Milieu. Un jour, n'en pouvant plus, il décide d'envoyer le Libérateur Er Sogodokh, Oreille d'ours. Ce dernier est chargé de faire revenir l'ordre entre le monde du Milieu et celui des Ténèbres où vivent les morts toujours plus affamés.
Les chamanes font la navette entre les trois univers afin d'aider à ce grand nettoyage, genre pulp fiction à la sauce polaire, où les lances et les amanites tue-mouche remplacent allègrement les flingues et la cocaïne ! On dépèce, tranche, dévore, rote, fornique. La banquise change de couleur et prend des teintes révolutionnaires...

"A la fin, ils étaient complètement désespérés. Et lui, il continuait à les tuer. Il en avait déjà tué beaucoup. Des guerriers s'étaient sauvés. Tous les hommes s'étaient sauvés. Il a embroché deux hommes. Leur coupe la tête. Leur transperce la cervelle. Les agite au bout de sa lance. Il crie : Ne vous sauvez pas comme ça ! On peut se battre encore un peu !"

Le Petit Chaperon rouge et Barbe bleue ont l'air bien palichon à côté !
Entre tradition et parodie, l'auteur s'en est donné à coeur joie pour revisiter la Sibérie primitive.

Le Livre blanc     Ilya Strogoff     Editions Actes Sud

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28 décembre 2007

Virus suédois

9782742761579La lecture de ce polar était programmée pour les vacances de Noël au coin du feu, voilà c'est fait ! Comme beaucoup, j'ai attrapé le virus qui, loin de m'assommer, m'a tenu éveillée jusqu'à quatre heures du mat.

Au personnage de Mikaël Blomkvist, j'ai préféré celui de Lisbeth Salander, sorte de Nikita cybernétique, qui aurait troqué sa spécialité ès armes à feu contre un diplome de hacking, niveau master 5 au moins !
Le haut degré d'asociabilité de cette Fifi brin d'acier bardée de tatouages et de piercings, limite autiste, et qui "par principe ne parlait pas avec la police", n'a pas été pour rien dans le sentiment de sympathie spontané qui me pousse à lui décerner le titre de l'héroïne de l'année.

"Ce jour-là, Lisbeth Salander était vêtue d'un tee-shirt noir avec une image d'E.T. exhibant des crocs de fauve, souligné d'un I am also un alien. Elle portait une jupe noire dont l'ourlet était défait, un court blouson de cuir râpé, ceinture cloutée, de grosses Doc Martens et des chaussettes aux rayures transversales rouges et vertes, montant jusqu'aux genoux. Son maquillage indiquait qu'elle était peut-être daltonnienne. Autrement dit, elle était extrêmement soignée."

L'auteur ayant lâchement abandonné ses personnages, je ne vais pas me précipiter sur la suite, histoire de faire durer le plaisir...

Comme en cette fin d'année je tire un peu ma flemme, je laisse la parole à VALDEBAZ qui nous fait ICI un résumé parfait de la situation et nous donne la liste des autres contaminés !

Les hommes qui n'aimaient pas les femmes   Stieg Larsson   Actes Sud  Noirs

 

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27 décembre 2007

Bon anniversaire !

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à cette demoiselle de 40 ANS

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Ne faites-pas comme elle !

26 décembre 2007

Déboires russes !

9782879293516En une quarantaine de nouvelles nous embrassons l'âme russe dans tout ce qu'elle a de fatalisme, d'absurde, de tragique et de drôle à la fois.
Les personnages de l'auteur ont bien retenu la devise de feu leur grand pays, "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !". Certes "Vodka, corruption et système D" pourrait en être le corollaire indispensable pour s'assurer une vie supportable, et générer des grands éclats de rire là où n'importe qui se tirerait une balle dans la tête !

"En fait, la prétendue âme russe se réduit à quatre composantes : la croix russe, la langue, la vodka et le bonheur dans la souffrance." (Les Voisins)

Quarante-trois clichés, parfois très courts et répartis en six grands chapitres, pour brosser des portraits réalistes du peuple de la Russie profonde, pas les nouveaux riches moscovites, mais celui des travailleurs ou des petits chefs  qui tentent de s'adapter, tant bien que mal, à l'évolution de leur pays. Les stygmates de l'étatisme et du communisme aidant, c'est pas une mince affaire !

"La tante Klava était une gardienne de la vieille école, experte en surveillance. Avant de travailler au foyer elle avait été ouvreuse dans un cinéma, et avant encore elle avait été responsable d'étage à l'hôtel Intourist. Sa figure n'exprimait jamais la moindre émotion, et sa réserve lexicale se limitait à deux phrases : "Où allez-vous ?" et "C'est interdit !". Mitia, qui n'était pas inscrit sur la liste des résidents du foyer, avait bien imaginé différentes ruses, mais sans jamais réussir à abuser la tante Klava. Enfin, si : un jour, il avait presque réussi." (Le Tank)

Les grandes interrogations existentielles concernent le quotidien (l'avenir se limitant souvent au lendemain), le fonctionnement de la machine à laver, l'absence d'éclairage et d'asphalte dans les rues des villages ou la bonne cohabitation entre voisins. La version russe de la réduction du temps de travail, la compréhension ou l'assimilation de concepts venus de l'Occident et l'entrée dans la société de consommation occupent suffisamment les personnages pour qu'ils évitent de se poser les questions primordiales : qui suis-je? où vais-je? dans quel état j'erre? .

Taïga Blues, titre original déjà évocateur, n'a pas perdu au change dans l'édition française. Cela aurait pu être un récit noir et désespéré. Au contraire, c'est avec humour et tendresse que l'auteur nous présente son pays et ses compatriotes.
Une évidence s'impose, seule une pénurie de vodka empêchera le monde russe de tourner...

Dernières nouvelles du bourbier   Alexandre Ikonnikov   Editions Points Seuil

 

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25 décembre 2007

SOS Véto...

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Que faire pour ce joli paon du jour trouvé tout à l'heure
dans le tas de bois ?
Il a les ailes un peu mal en point, mais il vole.

Comme je n'ai pas grand chose d'autre à faire
en ce jour de Noël,
je m'interroge :

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Est-ce que ça hiberne ces petites bêtes là ?
Qu'est-ce que ça mange ?
Est-ce que leurs ailes se reconstituent ?
Dois-je le remettre dehors par ce froid ?
Si vous avez des idées...

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25 décembre 2007

MERCI !

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à toutes et à tous
pour vos souhaits de Noël !
J'espère que cette journée
est douce et chaleureuse
pour tout le monde.

25 décembre 2007

Un cadeau givré

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tombé du ciel

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Un plaisir d'ouvrir ses volets sur tout ce blanc !

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24 décembre 2007

BONNES FÊTES TOUT LE MONDE !

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BONNES FÊTES TOUT LE MONDE !

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23 décembre 2007

EnSlovèneigement...

9782070347971A première vue, titre et couverture avaient tout pour me déplaire. Mais la littérature slovène ne courant pas les rues et la 4ème de couv aidant, je me suis laissée tenter. Le résumé a très peu à voir avec ce qui suit, j'imaginais une autre histoire...

Parisienne d'adoption, Lila est revenue en Slovénie pour enterrer son père et prendre possession de sa maison au bord du lac de Bled. Elle ne doit rester que deux jours dans cette station thermale très kitsch de l'ex-Yougoslavie. A Paris l'attend Pierre, son mari, son grand fils Oscar, son travail, elle est "nez" chez un grand parfumeur, et Simone, sa vieille copine.
Bien sûr, rien ne se passera comme prévu.
A commencer par la maison de son père qu'elle ne voulait même pas visiter, mais où elle va s'installer et se couper de tout ce qui faisait sa vie d'avant.

"C'est une drôle de dame, pense-t-elle en approchant de la maison. On dirait une beauté fanée qui a déposé ses armes, une vieille excentrique qui ne se farde plus depuis longtemps. Avec une âme bohème et un goût pour l'essentiel venu sur le tard, se dit-elle en rentrant."

A continuer par ces curieuses rencontres, d'abord l'inconnu ivre à la vieille BMW, puis Nast le Roumain, vieux dandy et maître d'échecs, qui se cache et qu'elle retrouve régulièrement pour boire un verre dans l'ancienne villa de Tito transformée en hôtel; et surtout Sergueï, le médecin du dispensaire, solitaire et un brin désabusé.
Il y a aussi la lecture d'un manuscrit, "Un coeur de trop", découvert dans l'armoire paternelle, et le chat qui reprend sa place dans la maison... Et enfin la neige qui fait ressembler le lac, son îlot et son église, à un gros gâteau de sucre glace, et le gel qui pourrait figer et suspendre le temps.

A Paris, au même moment, Simone poireaute, se souvient de leurs années de jeunesse, nous raconte la vie parfumée de Lila, et râle un peu, car quand même, elle exagère Lila, tout plaquer comme ça, partir pour deux jours et s'absenter deux mois sans fournir la moindre explication...

"Depuis combien de temps ne se sont-elles pas retrouvées toutes les deux comme ce matin ? Simone et Lila, Lila et Simone, comme à la belle époque de la rue de Rennes... Les reines de la rue de Rennes. Leurs longs petits déjeuners à deux. Leurs thés, cafés, confitures... Croissants le dimanche ou un autre jour... Fleurs de temps en temps... La musique, toujours... Les histoires de train de Lila... Elle avait toujours quelque chose à raconter. Comme Simone avait toujours quelque chose à montrer. Ses dernières inventions, derniers dessins, dernières photos..."

Passée une légère déception, l'action ne se situant pas uniquement en Slovénie, je me suis laissée porter par ce récit à deux voix et j'ai cheminé avec plaisir sur cette passerelle tendue entre Ouest et Est. L'atmosphère "fin de règne", qui enveloppe Bled et ses habitants, colle à merveille à la parenthèse dans laquelle Lila s' enferme. J'adore ces moments de fêlure qui font basculer les vies, ces craquelures soudaines qui donnent la force de larguer les amarres et l'illusion d'un autre possible.
Mais fêlures et craquelures peuvent aussi se révéler dangeureuses, surtout sur la glace...

Sautez dans vos bottes et baladez-vous à BLED , et voyez si c'est pas romantique tout ça (cliquez à gauche sur panorame). J'irais bien y faire un tour...
Et ICI pour voir la diversité des paysages de ce petit pays qui va prendre la présidence de l'Union Européenne le 1er Janvier prochain; pour un peu d'Histoire, tournez ces pages.

Un coeur de trop     Brina Svit     Editions Folio

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21 décembre 2007

Plongeon irlandais

9782264042002A la mort de son père, Imogen hérite d'une malle remplie de photos, de papiers personnels, journaux intimes, articles de presse, correspondance diverse.
Après quelques hésitations, elle se décide enfin à en entreprendre la lecture, espérant peut-être ainsi comprendre la disparition de son frère Johnny, survenue trente ans plutôt.
Comment ce nageur émérite a-t-il pu se noyer ? Imogen ne croit pas à cette mort accidentelle survenue alors qu'elle-même était internée dans une clinique psychiatrique, suite à un accès de mutisme soudain.

Nous plongeons avec la narratrice dans l'océan du passé familial. Et la pèche sera fructueuse car, si elle n'obtient pas explicitement la réponse à sa question, Imogen y trouvera cependant de nombreuses révélations concernant les générations précédentes.
Non-dits, secrets, traumas, répétitions, tout cela balaiera d'un éclairage nouveau l'absence de Johnny.
Entre deux plongées en eaux troubles, nous refaisons surface dans le présent pour entendre enfin ce qui a plombé la langue d'Imogen en 1970.

"J'ai une photo de Johnny prise l'année où il remporta le championnat scolaire interrégional de natation. Il n'a pas l'air triste. A dire vrai, il a un sourire satisfait. Je lui avais dit alors: "Regarde comme tu as l'air content de toi, imbécile.
- J'ai gagné, avait-il rétorqué. Pourquoi ne serais-je pas content de moi ?"
Mettez-lui un uniforme, avec sa casquette soigneusement serrée sous le bras droit, effacez l'air de contentement de son visage, et c'est le sosie de l'oncle Harry."

Sans trop de surprise quant à l'intrigue, l'auteur nous dépeint, d'une écriture limpide et sans aternoiements, l'Irlande puritaine où solitude et fuites sont les seules issues de secours face aux conventions et à l'enfermement qui en découle.
Un roman qui ravira aussi les amoureux(ses) des ambiances de bord de mer.

"J'habite aujourd'hui une maison coquette à Sandycove, sur une route qui mène à la mer. J'ai besoin de vivre près de la mer; je ne veux pas être dedans ni dessus, mais il m'est difficile de vivre sans son bruit, son odeur, sans les reflets du ciel, des nuages, de la nuit, des gris, des bleus, et j'aime le tumulte des tempêtes."

J'avais piqué cette idée de lecture chez CATHULU.

Ceci n'est pas un roman     Jennifer Johnston     Editions 10/18

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18 décembre 2007

QUE DE ROUGE !!!

SERAIT-CE QUE LA REVOLUTION SE PREPARE ENFIN ???
Que nenni, Mâme Moustafette,
faut pas rêver...
C'est juste qu'arrive un truc qui s'appelle Noël !

bn

Mais comment a-t-elle deviné
qu'il n'y avait pas de sapin chez moi ?
MERCI  BELLESAHI !!!
pour avoir réparé cet oubli...
J'adore ce bonhomme de neige et
cette carte toute pailletée !

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Et comme pour être sûre
que j'ai bien compris le message,
VALDEBAZ
m'a envoyé ce pense-bête
aux couleurs revigorantes !

UN GRAND MERCI
ET
DES BISES A VOUS DEUX !

16 décembre 2007

Un été 43

9782070339662Voilà tout à fait le petit livre qu'il me fallait après le pavé de Mendelsohn !
On ne quitte pas la période de la Seconde Guerre, mais dans un tout autre registre.

Le narrateur se souvient de l'été de ses quatorze ans, passé au bord de la mer du Nord, chez son oncle et sa tante. Cette année-là, ces derniers ont invité une jeune fille de leur connaissance, afin de la soustraire aux bombardements qui atteignent la capitale danoise.
Virginia est un peu plus âgée. Bien élevée, elle reste secrète et distante.
Autour d'un même événement, un avion anglais qui s'écrase et un pilote qui se cache, les deux adolescents vont vivre chacun de leur côté leurs premiers émois amoureux.
Cinquante ans plus tard, ils se recroiseront à Paris et évoqueront cet été 43. Cette unique rencontre entraînera le narrateur, presque malgré lui, dans un futur qui ressemble fort à du passé...

"Alors qu'elle roule ainsi sur les barrages et les digues, il ne reste rien de la vie qu'elle a menée durant tant d'années. Il ne reste que le souvenir de cet été-là, quand elle pédalait sur un sentier semblable, entourée d'eau, à l'autre bout de la terre et sur les rives opposées des ans, sur l'une des impasses de sa jeunesse."

Une douce nostalgie s'échappe de ce petit roman. Un récit concis, sobre, pudique, comme savent l'être les amours adolescents. Le temps s'écoule, la vie se déroule, les souvenirs s'enroulent, font des noeuds auxquels parfois on s'accroche pour ne pas sombrer...
Ce livre suggère et conjugue tout cela au passé, au présent et au futur.

Merci BELLESAHI de m'avoir offert ce joli roman !
De plus, cela m'a donné envie de reprendre "Sous un autre jour", que j'avais abandonné...

ANNE a beaucoup aimé aussi.

Virginia     Jens Christian Grondahl     Editions Folio

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14 décembre 2007

Détails de taille...

9782081205512"... les morts reposent dans leurs tombes, dans les cimetières ou les forêts ou les fossés au bord des routes, et tout cela ne présente aucun intérêt pour eux, dans la mesure où ils n'ont plus désormais d'intérêt pour rien. C'est bien nous, les vivants, qui avons besoin des détails, des histoires, parce que ce dont les morts ne se soucient plus, les simples fragments, une image qui ne sera jamais complète, rendra fous les vivants. Littéralement fous."

C'est vers une passionnante épopée familiale et historique que nous entraîne ce livre.
Celle d'un homme parti à la recherche d'une vérité concernant le sort des siens, six Juifs disparus parmi les six millions de victimes de la Shoah. C'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin...
Mais c'est sans compter sur l'opiniâtreté du narrateur et son obsession des détails qui seuls peuvent ancrer la réalité de la vie et de la mort de six personnes de la petite ville de Bolechow, à l'est de la Pologne (aujourd'hui en Ukraine), au début des années 40.
Aux quatre coins du monde où sont éparpillés les anciens, amis, voisins et témoins anonymes, le puzzle des derniers jours de l'oncle Shmiel et de ses filles va se reconstituer au fils des années et des rencontres.

Loin d'être uniquement le récit émouvant et bouleversant d'une quête, ce livre s'inscrit directement comme un témoignage de ce qu'on appelle "la Shoah par balles", venant confirmer ce que révèlent les archives des  pays de l'Est accessibles depuis la disparition de l'Urss.
En Europe de l'Est, au début des années 40, la Shoah par balles a précédé l'instauration des camps d'extermination systématique. Afin de lutter contre une certaine "dépression" des hommes chargés des exécutions en masse des Juifs et contre la lenteur des opérations de "la solution finale", les camps de la mort se sont généralisés. En Ukraine, elle s'est poursuivie jusqu'en 1944.
Au Mémorial de la Shoah, à Paris, actuellement et jusqu'au 6 Janvier 2008, se tient une exposition sur ce pan peu médiatisé de l'Histoire. Voir le site  ICI .

Par la démarche, cette quête improbable, et les liens qui se sont créés entre l'auteur et Alex, son accompagnateur ukrainien, ce livre m'a rappelé "Tout est illuminé" de Jonathan Safran Foer. Emouvant et drôle aussi, ne manquez pas ce livre, si vous avez dévoré celui-ci.
Vous pouvez retrouver les acteurs du livre de D. Mendelsohn ICI .

Les avis de Chatperlipopette et du Bibliomane.

Les Disparus     Daniel Mendelsohn     Editions Flammarion

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12 décembre 2007

Pour patienter

En attendant de terminer le pavé dans lequel je suis plongée depuis quelques jours, voici un petit intermède artistique.
Cette rêveuse n'est pas sortie de mon imagination, je suis plutôt nulle pour ça en matière de peinture. Je me suis librement inspirée d'un dessin publicitaire, assez ancien, d'une célèbre et onéreuse marque japonaise de cosmétiques (qui commence par un S et finit par un O).

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Le tapis volant...
mon moyen de transport favori !

9 décembre 2007

Les bonnes affamées

9782742739646Hiver 1942, Marie et Lise se rencontrent avenue de Wagram, chez les Johnson, employeurs qui leur assurent le minimum vital en ces temps difficiles. Marie, la cinquantaine, y est cuisinière et Lise, la vingtaine, couturière de son état, s'occupe des enfants et du linge.
Grâce aux accointances de Mr Johnson avec l'occupant, elles devraient se considérer privilégiées puisque nourries et logées dans une maison chauffée et pouvant, de plus, jouir de certains petits avantages administratifs imputables à la collaboration.

Alors qu'est-ce qui leur prend de vouloir s'installer dans une maison délabrée, dans un quartier abandonné et dévasté par les bombardements, tout en conservant leurs emplois chez les Johnson ? Les activités de leur patron les gêneraient-elles ? Envisageraient-elles quelque action de résistance ? Non, c'est beaucoup plus simple que cela. Elles ont tout simplement besoin d'une histoire d'amour. Mais ne vous méprenez pas, il ne s'agit pas de quelque amour honteux qu'elles voudraient cacher, non, mais plutôt d'une relation maternelle et filiale que l'une et l'autre ont si peu connue. Et puis elles ont cet imprérieux désir d'avoir enfin un lieu à soi, elles qui n'ont jamais vécu ailleurs que chez les autres.

"Alors, en pensée, j'ai dit: voilà, c'est la première fois que tu rentres dormir chez toi, dans ta propre maison. La première fois que tu enfiles un soir une clé dans une serrure à toi. La première fois que tu as un quelque part au monde..."

Leur vie s'organise chichement, entre récit de leur histoire respective et souvenirs partagés de leurs fiancés disparus. Celui de Lise se cache pour échapper au STO; quant à celui de Marie, il n'est jamais revenu de la guerre de 14-18, elle l'a à peine connu, mais l'illusion qu'ils se sont aimés l'accompagne et l'aide à vivre malgré tout ce temps passé. Alors s'adoptant l'une l'autre, elles vivotent ainsi jusqu'à ce soir de réveillon où, suite à un événement particulier, elles rendent fièrement leurs tabliers et se retrouvent vite à cours de ressources.
Mais en temps de guerre, on fait de drôles de rencontres. Et quand la faim tenaille, on se retrouve parfois à faire des choses dont on se serait cru incapable.

"Je songeais aussi à une bague de ma grand-mère à son petit doigt, au lard qui rissolle dans la poêle, au goût de la réglisse, je me souvenais de choses oubliées, innocentée du temps passé, lavée de tout soupçon, de toute peur. Aussi bien, pendant ce temps-là, une autre en moi humait de la chair fraîche, j'aiguisais mon petit couteau, mes dents grinçaient de terreur. Nous étions prêtes au crime, tranquilles, au repos, nous attendions."

J'ai lu ce petit roman car je souhaitais faire connaissance avec l'auteur, avant de me lancer dans la lecture de son dernier livre "Dans la main du diable". Je n'ai été déçue ni par l'écriture et le style, ni par l'histoire simple de ces deux femmes prises dans la tourmente de la guerre et qui se révèlent à elles-mêmes face aux difficultés extrêmes de la vie. Et de plus, c'est un sujet qui me taraude un peu. Savons-nous vraiment jusqu'où nous sommes prêts à aller pour survivre ?...

Les mal famées     Anne-Marie Garat     Editions Actes Sud  Babel

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7 décembre 2007

Ronronnades

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"Verlaine n'a pas besoin de montrer patte blanche pour pénétrer dans mon bureau et s'y installer. (...)
Il entre à pas feutrés, lents et souples, saute sur ma table, renifle la pointe de mon stylo, la bordure de ma lampe, avance vers le clavier de mon ordinateur une patte que je repousse avec fermeté, évolue en méandres entre mes pipes et mes ustensiles de travail, prend possession d'une liasse dans une attitude méditative, cligne des yeux à la plus légère caresse, au moindre mot."

Qui ne s'est pas juré, après la disparition d'un compagnon à quatre pattes, "Plus jamais..." ?
Et pourtant... Par quel curieux hasard ne nous retrouvons-nous pas embarqués une fois de plus dans une nouvelle histoire d'amitié ?
C'est ce que nous conte l'auteur dans ce délicieux petit livre.
Il a pris le parti de se lier à un petit chartreux tout droit sorti d'un élevage. Entre nous, ça c'est toujours le genre de truc qui me fait tiquer, les histoires de pédigree et le business qui va avec... J'ai toujours préféré les bâtards qui vous choisissent de leur propre gré, tout en vous laissant croire que c'est vous qui les adoptez.

Mis à part ce léger désaccord avec l'auteur, je ne puis que vous recommander de jeter un oeil sur cet ouvrage, fort bien écrit au demeurant, et, qui plus est, se trouve enrichi d'une série d'illustrations, signées José CORREA, aussi sobres que ronronnantes, et dont la couverture vous donne un aperçu.

Une chatpathique idée de cadeau...

Le chat et la plume   Michel Peyramaure et José Correa   Editions La Lauze

 

plume

  

4 décembre 2007

Mémoire poétique

sdls1c"Non pas un livre que cela, mais un ressassement d'appels et d'échos. Une claudication d'écriture, un balbutiement. Un pleurement d'encre. Une attente."

Voilà qui résume bien ce récit.
Il ne s'agit pas d'un roman mais d'une balade dans les rues de Prague. Occasion pour l'auteur de cheminer sur les traces d'une géante au pas boîtant qui porte en elle la mémoire de la ville et de ses disparus.

Lorsque je referme un livre de Sylvie Germain, j'ai toujours des complexes à poser mes mots derrière les siens.
Une fois encore, je m'enveloppe dans le brouillard de nostalgie distillé par ce livre pour disparaître et laisser la place à l'auteur.

"Elle est entrée dans le livre. Elle est entrée dans les pages du livre comme un vagabond pénètre dans une maison vide, dans un jardin à l'abandon.
Elle est entrée, soudain. Mais cela faisait des années déjà qu'elle rôdait autour du livre. Elle frôlait le livre qui cependant n'existait pas encore, elle en feuilletait les pages non écrites et certains jours, même, elle fait bruire imperceptiblement ces pages blanches en attente de mots.
Le goût de l'encre se levait sur ses pas."

J'aurais aimé une pensée pour IAN PALACH...

"C'est que sous ses grands airs, l'Histoire pue. Il conviendrait de le dire, pour que l'on sache à quel point la douleur des victimes fait vraiment mal et que l'on n'oublie pas qu'une larme pèse un poids gigantesque."

La Pleurante des rues de Prague     Sylvie Germain    Editions Folio

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1 décembre 2007

Iran...donnée !

9782742760237Ce n'est malheureusement pas à une promenade de plaisir que nous convie l'auteur.
1983, quelques années après la chute du Shah et le retour de Khomeyni (1979), la révolution est, comme bien souvent, confisquée au peuple iranien assoiffé de démocratie. La mollarchie remplace la monarchie vieille de deux mille cinq cents ans.
Suite à l'arrestation de son mari et après un bref séjour en prison, Sorour décide de fuir son pays avec sa soeur aînée revenue de France pour se marier. Il leur faudra trois mois pour rejoindre clandestinement la frontière du Kurdistan et passer en Turquie via "La vallée des Aigles", avant de pouvoir s'envoler pour Paris. Rendez-vous manqués, passeurs véreux, aléas de la résistance kurde, ce n'est que contretemps, longues attentes dans les planques, falsifications de papiers, d'identités, découragements, mais aussi des rencontres humaines rudes, chaleureuses, inattendues.

"Une heure plus tard nous arrivons sur un haut plateau en terrasses. Devant nous s'ouvre une grande et magifique vallée. Une vallée longiligne établie dans une brêche profonde entre deux parois rocheuses, lisses et verticales. Les paysans nous ont averties: "Elle est surveillée des deux côtés. D'un côté les pâsdârs, de l'autre les askars, les soldats turcs qui traquent les clandestins. Des deux côtés, on a l'ordre de tirer sur tout ce qui bouge, même sur les aigles, nombreux dans les parages. Si vous la traversez saines et sauves, plus rien ne pourra vous arriver. Vous deviendrez immortelles."

Arrivée en France, où elle retrouve ses parents qui ont pu exiler légalement, Sorour s'inscrit en fac de langue et de littérature russe. Elle se saisit de l'occasion qui lui est offerte de partir étudier une année à Moscou. C'est là-bas qu'elle perdra à nouveau son passeport et devra, une fois encore, se confronter à la clandestinité et à la fuite.
Enfin de retour en France, elle affrontera, bien des années après,  l'administration ubuesque du consulat iranien afin de refaire ses papiers de citoyenne iranienne. Le besoin et le courage de rentrer dans son pays par la grande porte lui auront pris vingt ans. En 2004, elle peut enfin revoir la Vallée des Aigles. Sa fuite prend fin.

"Tout est confrontation avant-après: le temps passé, le temps présent. J'ai parfois l'impression d'être une momie, une revenante, un fantôme.(...) Le présent s'écoule en dehors de moi. J'appartiens au passé. Un passé si lointain que je commence à douter de son existence. Il n'a été peut-être que le fruit de mon imagination. Je n'ai qu'une envie: chercher des indices, des lieux réels. Quant aux individus, je ne les cherche même plus. Ils sont tous morts ou partis ailleurs, ce qui revient presque au même. Je suis la seule rescapée d'un temps révolu."

Ma rencontre avec l'auteur a donné encore plus de poids à ce récit autobiographique qui m'a littéralement transportée. J'ai eu beaucoup de mal à lâcher ce livre, cette femme si combative et sa famille abonnée au cycle infernal des exils et des retours.
Si la première partie du livre est riche en péripéties diverses et variées, la seconde, bref témoignage de la vie moscovite en pleine Perestroïka, autre révolution confisquée, a comblé ma curiosité. Mais j'avoue avoir été particulièrement émue par le récit du retour au pays. J'ai éprouvé avec l'auteur l'émotion qui étreint lorsqu'on remarche sur les traces de son enfance, que l'on croise à nouveau des lieux qu'on ne croyait revoir et qu'on retrouve des inconnus qui ont à jamais décidé de votre destin.

Je suis heureuse d'avoir pu rencontrer et écouter cette femme qui porte haut et fier la belle force dont le déracinement l'a nourrie. Tout cela me donne envie de découvrir plus avant la littérature de son pays et de ses soeurs de lutte.
Le beau sourire de Sorour est ICI

La Vallée des Aigles    Sorour Kasmaï     Editions Actes Sud

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27 novembre 2007

Babouchka Roza

97820707758041964, sous l'ère de Brejnev, quelque part dans une petite ville de l'Oural, Sidelnikov, sept ans, est confié à sa tante Roza en attendant que ses parents règlent leurs problèmes conjugaux.
Roza vit dans un appartement communautaire, son mari est au goulag et Sidelnikov devient le centre de sa vie.
L'enfant passera onze ans dans la tendre complicité de cette femme discrète et aimante.

"Dans ce nouvel espace de silence, notre mutisme, le mien et celui de Roza, notre solitude à deux, familière et si peu pesante, se mit à résonner distinctement. (...) J'aimais ses habitudes. Je savais qu'après le bruissement sec de ses mains frictionnées avec une crème qu'elle faisait couler d'un flacon orné de l'étiquette "Velours", après le claquement de l'interrupteur, j'entendais les mots "Dors, mon petit", prononcés avec une intonation à la fraîcheur unique, et bien avant que mes yeux ne s'accoutument à l'obscurité, elle ôterait sa robe d'intérieur par la tête puis s'allongerait doucement sur la banquette étroite et inclinée."

Roza accompagne Sidelnikov dans ses monde imaginaires et dans ses pitreries. Par exemple, comme Roza n'a pas de poste de télévision, c'est lui qui lui joue les informations en lisant la feuille de journal qui sert aussi de papier d'emballage au repas du soir. Quand à treize ans il décide d'écrire un roman, c'est encore Roza qui l'encourage.
Mais l'adolescence détournera peu à peu Sidelnikov de la vieille femme. D'autres femmes entreront dans sa vie de lycéen puis d'étudiant, et c'est quelques mois après sa mort qu'il se rendra compte à quel point elle a compté pour lui et combien elle lui manque. Les rêves leur permettront de se retrouver.

Outre le récit de cette belle et pudique relation, on plonge dans l'URSS de la guerre froide, avec la vie de débrouille, les files d'attentes devant les magasins vides, les tracasseries administratives et toujours l'oeil de Moscou qui veille et écoute. On découvre aussi la vie estudiantine où, parfois, un souffle venu de l'Ouest tente clandestinement de circuler.
Un livre écrit par un homme de cinquante ans, qui tente d'inculquer à son héros comment garder le meilleur de ces années noires, à savoir un certain sens de la solidarité, face aux "Voleurs", prémices de la mafia des années 2000.

"Sur les frontons des maisons de la culture, ouvriers, soldats et marins au garde-à-vous s'entassaient avec une mine si menaçante et déterminée qu'en passant sous leurs regards de pierre Sidelnikov se sentait immanquablement incorrect et coupable. Dans les rues de la ville, sous l'oeil vigilant des enseignes officielles, il éprouvait une espèce de crainte d'être démasqué sans savoir pour autant ce qu'il avait à cacher."

Roza     Igor Sakhnovski     Editions Gallimard 

 

If_you_would_not_read_books__you_will_forget_the_grammar   

 

25 novembre 2007

Tiens, un salon !

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Pas toujours réjouissant, car c'est l'occasion de faire un retour en arrière et un état des lieux de certaines folies dont seuls les hommes sont capables. Ce samedi était consacré aux témoignages de femmes ayant connu guerres et dictatures sous différentes lattitudes, en France, Moldavie, Argentine, Iran.
Dimanche, l'Algérie et l'Irlande sont à l'honneur.

J'ai eu plaisir à écouter SOROUR KASMAÏ nous raconter comment, il y a un peu plus de vingt ans, elle a fuit la république des mollahs. Malgré la gravité du sujet, elle a parlé avec humour de la difficulté de l'exil, que ses parents avaient déjà connu sous le règne du Shah, et qui la mena de Paris à Moscou, au coeur d'une autre révolution, celle qui se préparait en URSS en 1987 avec l'arrivée de Gorbatchev et de la Pérestroïka.
Elle nous a exposé son point de vue à propos du programme nucléaire iranien qui, selon elle, est l'arbre qui cache la forêt, permettant au régime d'exacerber un sentiment patriotique afin d'oeuvrer sur d'autres fronts internes plus tranquillement et dans un sens toujours plus répressif. Propagande pour propagande, le risque d'attaque américaine n'en est pas moins réel, mais on nous rejoue le scénario déjà utilisé en Irak, celui des armes de destruction massive, l'Iran ne pouvant matériellement se rendre maître du nucléaire militaire avant une bonne vingtaine d'années. La menace imminente de destruction d'Israêl aurait un goût pétrolifère que ce ne serait pas étonnant. Voir à ce sujet l'article de Libération  ICI .

Le sort des femmes a bien sûr été évoqué, mais l'auteur a rappelé aussi celui, peu envieux, des homosexuels. Comme dans toutes les sociétés où les échanges hommes-femmes sont lourdement entravés par les normes religieuses, l'homosexualité masculine est une tradition très répandue mais évidemment politiquement incorrecte. Aussi, a-t-on décréter en qu'Iran il n'y a pas d'homosexuels, mais seulement des transsexuels. Le régime encourage et prend en charge l'opération qui permet de régler le problème... Curieux raccourci, si on peut dire ! On croit rêver quand on entend ça...

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Et voilà, encore un beau souvenir et ...

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un livre de plus dans la pile
dont je vous parlerai bientôt !

Sorour Kasmaï     La vallée des Aigles     Editions Actes Sud    

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