Betty Boop en folie
Imaginez une Betty Boop quadragénaire en blouse blanche, un poil agoraphobe et accro aux cocktails Cognac, Chardonnay & psychotropes divers et variés. Comme il se doit, elle est aussi adepte de lingerie fine et de produits de beauté en tous genres. Lors d'un congé sans solde pour cause de burn out, elle reste cloitrée dans sa bonbonnière dorée mais branchée sur notre triste et dangeureux monde via son petit portable adoré, Babyphone, et son ordinateur chéri, MacChou. Voilà le tableau, vous avez une idée d'Elvira, infirmière de son état et célibataire, vivant dans une petite ville de la Côte d'Azur (tableau d'ailleurs pas si éloigné que ça d'une certaine réalité, j'ai connu des collègues prêtes à tout pour se faire remarquer des toubibs, autrement que pour leurs qualités professionnelles ça va sans dire...).
Comme il faut bien s'occuper, entre bains moussants et masques relaxants, pourquoi ne pas tenir un I-journal et se connecter sur des sites de rencontres afin de rêver un peu ?
Le meurtre d'une jeune femme va venir chambouler le petit coeur fragile d'Elvira et occuper notre pin-up, d'autant plus qu'une de ses collègues est la petite amie du commissaire Alvarès qui mène l'enquête, ce qui permet à Elvira d'avoir des infos en direct.
Quand une seconde victime est découverte et qu'il s'avère que l'hôpital où travaille Elvira pourrait bien avoir un lien avec les deux meurtres, ses petits neurones de baby doll attardée entrent en ébullition. Si en plus, il se passe des trucs bizarres sur son Babyphone et surtout sur son MacChou, son imagination ne tarde pas à carburer à plein régime.
Se pourrait-il que ses princes charmants virtuels soient mêlés à toute cette boucherie ?
Quand un troisième meurtre a lieu, une intution froufroutante s'insinue dans sa tête et ses neuro-transmetteurs clignotent à donf' pour lui signaler que le danger rôde et qu'elle pourrait bien être la prochaine victime.
"Je n'arrête pas de ruminer, impression d'avoir la tête comme une cage à hamster avec la roue qui tourne non stop."
Elle n'en mène pas large, notre Betty Boop, mais elle est vaillante et toujours prête à rendre service, en l'occurence à la police, qui pourtant n'a que faire de ses élucubrations de Miss Marple en string.
Heureusement, au-dessus de chez elle, vit Steven, son propriétaire et collègue, qui pourra être là en cas de pépin, et ainsi que ses copines de l'hôpital qui lui téléphonent régulièrement. Avec l'aide de ses chères petites pilules, qui lui permettent de rester zen malgré l'atmosphère gore qui se profile à l'horizon, Elvira se prépare au pire, et elle a bien raison.
"Cognac. Chocolat. Vague mal au coeur. Sais même pas l'heure qu'il est. Faim. Pizza. Micro-ondes. La neige a cessé de tomber. Gros nuages noirs. Lueurs d'orage. Besoin de chaleur, d'amour et de douceur. Pizza, pelotonnée sur le canapé, sous plaid écossais, bougies zen allumées, championnats de patinage artistique à la télé, gros couteau à découper sur la table basse. Torpeur. Dormir."
Je suis rassurée, Brigitte Aubert ne va pas mieux... Voire pire, son cas s'aggrave !
Son imagination déborde et a pris le pouvoir de son encéphale perturbé. Elle nous psychote un scénario en rouge et noir impeccable et joue toujours aussi bien du scalpel.
Alors enfilez vos mules à pompons, revêtez votre plus beau peignoir satiné, sortez du congélo votre masque anti-stress et plongez sans retenue dans cette sitcom déjantée ! Vos petits doigts manucurés tourneront les pages de ce délirant cauchemar jusqu'au bout de la nuit, tout en musclant vos zygomatiques et luttant ainsi sans efforts contre les rides. En cours de lecture, mesdames, vous clôturerez sans doute votre abonnement meetic, mais vous ne le regretterez pas !
Et ce n'est pas VAL qui me contredira...
Une âme de trop Brigitte Aubert Editions Points Thriller