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Le Souk de Moustafette

Le Souk de Moustafette
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21 décembre 2010

Vraiment vite fait

 

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Voilà ce qui restait de neige hier vers midi au pied du Roc'h Trédudon.
Pas eu le temps de faire ce que j'avais prévu...
Juste le plaisir d'admirer les magnifiques contrastes des cieux
et d'une petite balade dans la Vallée de la rivière d'Argent
après un saut à Morlaix

Copie_de_morlaix

 

 

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18 décembre 2010

Vite fait...

 

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Une visite express aux Korrigans des Monts d'Arrée
peut-être sous la neige.
Ajout dimanche: finalement j'annule mon déplacement grrrr...

En attendant voici
quelques couvertures et deux trois mots
pour garder une trace de mes lectures 2009-2010
qui ont accompagné mes longs mois d'absence
A voir dans les albums photos
Et cet espace pour d'éventuels commentaires

15 décembre 2010

Lecture d'un nouveau genre

img_homeLe livre commence par l'arrestation de Claire sur son lieu de travail sous le regard jouissif de Marie, sa supérieure hiérarchique. Tout ça se passe dans une boîte de marketing et de com bourrée de wonderwomen prêtent à tout pour monter en grade. Beurk, tout ce que j'aime !!!
Au fil des chapitres, nous faisons connaissance de façon plus intime avec les deux protagonistes. L'une est mère de famille et s'ennuie dans son couple, l'autre est célibataire et a un passé pas très net.

Là, j'ai failli arrêter ma lecture pensant m'être fourvoyée dans un de ces romans chick lit qui ne sont pas du tout la tasse de thé de la vieille que je suis. Mais grâce à la personnalité trouble de Claire, dont le passé se dessine peu à peu au fil des pages, j'ai poursuivi. La suite s'emballe un peu dans quelques rebondissements imprévus. Au final, cette histoire d'usurpation d'identité, qui demanderait à être plus étoffée, n'est pas mal ficelée.

Certes, au regard de mon attirance pour les marginaux un poil amoraux, Claire m'a été d'emblée sympathique. Assez aisé face à cette Marie, caricature de la femme s'ennuyant tellement dans son bonheur qu'il faut bien qu'elle y jette une poignée d'emmerdes qui, forcément, lui reviendront dans la figure. La fin, un peu facile, n'est pas celle à laquelle je m'attendais.

Bref, un roman, ou plutôt une longue nouvelle, qui servirait à merveille de trame à un bon gros polar, voire à une adaptation cinématographique. L'auteur sait se glisser à merveille dans certains esprits féminins, aucun doute là dessus, et il nous livre là un bon portrait d'une femme borderline. Le format particulier du livre explique peut-être celui du style un peu synthétique de cette histoire.

Livre d'un nouveau genre puisqu'intégralement lu sur mon écran. Ce fut laborieux, je l'avoue. Heureusement, à la fin de certains chapitres, sont intercalées de petites vidéos où l'auteur nous parle de ses personnages, ça repose les yeux !

Si ça vous tente, rendez-vous ICI. L'auteur y explique les raisons de son choix éditorial.
Vous y laissez la somme de votre choix, ce qui vous donne le droit de télécharger le livre.

J'ai tenté cette sympathique aventure mais, comme je l'écrivais à l'auteur, y'a rien à faire... le bruit des pages me manque !

La voleuse de vies     Gaël Chatelain     Editions  Euh... lui-même

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12 décembre 2010

Insomnie

9782714448200Une femme trentenaire a tout pour être heureuse. Mariée, mère de famille, vie confortable et réglée comme du papier musique, elle tombe brusquement dans le cycle de l'insomnie. Mais s'agit-il vraiment d'insomnie d'ailleurs ?...

Loin de souffrir de la fatigue à laquelle elle serait en droit de s'attendre, cette femme, qui n'a rien dit à personne à propos de son trouble, va voir là l'occasion de s'offrir un espace de liberté, une vie parallèle à côté des siens, et retrouver ainsi des plaisirs qu'elle ne s'était pas permis depuis longtemps.

"Moi, je voulais seulement retourner à mon roman le plus rapidement possible. M'allonger sur le canapé, et manger du chocolat en tournant les pages d'Anna Karénine. Je n'avais pas cessé de penser à Vronski pendant que je faisais la vaisselle. Je me demandais comment Tolstoï s'y prenait pour contrôler si habilement ses personnages. Ses descriptions étaient merveilleusement précises. Et c'est exactement cette précision qui les empêchait de trouver le salut. Et ce salut, justement..."

Mais le corps et l'esprit peuvent-ils sortir indemnes de dix-sept jours et dix-sept nuits sans sommeil ?

"C'était mon vrai moi qui se révélait. En arrêtant de dormir, j'avais élargi ma conscience."

Une nouvelle entre rêve et réalité, thèmes chers à l'auteur, mais d'une facture beaucoup moins poétique que ses romans. Telle l'héroïne qui peu à peu s'observe vivre comme à distance, je le suis restée moi aussi sans pour autant éprouver de déplaisir à ma lecture, sans doute grâce aux reflets métalliques et glacés des illustrations  qui accompagnent le texte y renforçant ainsi l'effet hypnotique et onirique... La chute reste ouverte, à chacun de conclure à sa guise.

Une belle idée de cadeau pour cette édition originale.
Cette nouvelle est extraite du recueil intitulé "L'éléphant s'évapore" (Editions Belfond et 10/18)

Sommeil     Haruki Murakami     Editions Belfond

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Illustrations de Kat  Menschik

 

 

10 décembre 2010

Un joyeux diable au corps

9782757802205La guerre a aussi ses bons côtés... On peut parfois en douter mais c'est ainsi.
Pour Nenè, jeune garçon au sortir de l'enfance, elle lui permet de découvrir l'empire des sens ! Cet empire, c'est la villa qui abrite la Pension Eva, pudique appellation pour désigner le bordel du petit bourg de Vigàta.
Et forcément, lorsqu'en plus, on a pour copain Jacolino, le fils du nouveau gérant, ça ouvre des portes, surtout celles de la pension pas faciles à franchir quand on n'a pas encore atteint l'âge légal, et ça aide à lier connaissance avec la gente féminine et la vie tout simplement.

"Souvent Nenè rêvait que là-dedans habitaient les gentilles fées, celles qui courent te sauver quand tu as fait un faux pas et que tu appelles terrorisé et désespéré."

Mais Nené n'a pas attendu Jacolino pour découvrir que les garçons et les filles ne sont pas tout à fait pareils, voire même qu'anatomiquement, ils seraient plutôt complémentaires ! Sa cousine Angela puis la veuve Argiro vont progressivement lui montrer le chemin qui mène aux mystères du corps et du plaisir.
Finalement, ce que Nené trouvera à la Pension Eva ne sera pas forcément ce qui, longtemps, l'aura fait fantasmer.

Un savoureux roman d'apprentissage, plein d'humour, de naïveté et de tendresse, qui permet de gommer les angoisses et les réalités de la guerre dans l'Italie fasciste. Un court texte empreint d'humanité, des personnages attachants, le tout garanti sans vulgarité.

"Manger, vivre et écouter le ressac. Avec l'ami retrouvé. Qu'y avait-il de mieux dans la vie ?"

Première découverte pour moi. Je n'avais jamais lu cet auteur, célèbre pour son commissaire Montalbano, personnage récurrent d'une série d'enquêtes que je vais sans doute m'empresser de lire.

L'avis de CATHE

 

La Pension Eva     Andrea Camilleri    Editions Points

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8 décembre 2010

Chabadabadaaaaaaaaa

Souvenir souvenir....

5 décembre 2010

La vieille aux mots dormants

la_vieille_342x509Quelque part au fond du Poitou en un temps figé du début des années 60, trois personnages vont tenter de sortir de leur solitude et de s'ouvrir aux autres pour l'amour des mots.

"On communia. Corps du Christ, amen. La vieille se surprit à penser, comme jeune fille elle faisait, liant en écholalies les mots, cyclamen, quand l'archiprêtre lui déposa sur la langue telle une fleur blanche qui lui serait poussée dans les entrailles, dans le creux de la faim, petite fleur dense, riche de paroles, éclose sur ses lèvres en motet Renaissance, comme, au printemps, donne à siffloter la tige de folle-avoine, mâchonnée dans les prairies."

Une vieille originale - qui préfère encore la lampe à pétrole à l'électricité, la messe en latin et soliloque, malgré elle, dans son jardin sous son buisson de roses - recueille un chien errant avec lequel s'impose un drôle de dialogue. L'animal servira de trait d'union avec un vieux marquis loufoque, philologue et linguiste vivant, parmi ses livres, dans un manoir délabré, et qui roule encore en Juvaquatre, modèle 1939, laquelle automobile le conduira sur les routes pour récupérer le chien qui, soit disant, lui appartiendrait.

"Vaisselle dans l'évier. Café, celui du matin, réchauffé au bain-marie. Puis cette espèce de vide qui suit le ventre plein. Somnolence. Il y a, pour ça, contre un mur de la bibliothèque, une méridienne, qui mérite bien son nom. Olivier de Cruid aime à trouver à tout de la signification; et, comme son stoïcisme aristocratique est tempéré d'épicurisme, il n'irait pas gâcher ce moment de langueur en épluchant un courrier cause, fréquemment, de soucis."

 Voilà prétexte à un délicieux voyage au coeur de la langue et du temps. Dans un style rare de nos jours, entre simplicité et préciosité, les mots chantent au fur et à mesure qu'ils défilent sous nos yeux. Ils nous parlent d'un temps que les moins de cinquante ans ne peuvent pas connaître, s'amusent d'associations dans les esprits farfelus des personnages et nous laissent sur la langue un petit goût de nostalgie de ce qui a été et ne sera plus.

Des mots plein la bouche entre roman de la chair et du verbe et conte tellurique, entrailles mêlées des hommes et de la terre. Un exercice de style anti-moderniste qui nous entraîne sur des sentiers littéraires où l'on n'y croise plus grand monde. Une dernière promenade, pour les protagonistes et les lecteurs, comme pour conjurer le mauvais sort de l'immédiateté et de la mort.

"On sent bien que ces mots lisses n'ont pas le grand âge ni l'usure des nôtres: ni biscornus, ni fêlés, ni rabougris. Ce sont des mots dans leur première fleur, un composé de blancheur et d'innocence. Quand on les a sur la langue, on a l'impression de sucer un lait tiède qu'on laisserait doucement couler: une libation de paroles."

Une magnifique découverte faite dans La Ruelle Bleue  et que je remercie ! 

La vieille au buisson de roses     Lionel-Edouard Martin     Editions Le Vampire Actif

 

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(photo Lilizen)

 

3 décembre 2010

Combien tu m'aimes ?

9782874490897Une fille se retrouve soudainement confrontée à la fin de vie de sa mère dans l'ombre de laquelle elle a toujours vécu.
Elle espère, enfin, voir la reine-mère tomber le masque de fierté derrière lequel cette femme narcissique s'est réfugiée pour mieux camoufler, peut-être, ses propres souffrances.

Jusqu'au bout, la narratrice essuiera les rebuffades maternelles et les petites humiliations d'un jeu pervers aux règles si bien rodées.
Mais un mot, un geste de tendresse peuvent-ils s'échapper de cet organisme qui s'empoisonne d'un trop plein de bile et de fiel ? Qui cèdera la première ?

"- Pourquoi tu pleures ? me demande ta voix essoufflée quand je reviens près de toi.
- Mais je ne pleure pas. Pourquoi veux-tu que je pleure ? "

Quand la maîtrise changera de camp, la dernière quête aura pour décor les fragments d'une vie bien comptée, rangée, archivée, où la fille n'aura pas d'autre choix que de plonger. Entre nécessité et espoir d'une rencontre, afin d'atteindre enfin cette femme inaccessible, pour s'y trouver elle-même et y démêler l'emprise qui les a toujours liées. Jusqu'à un ultime accaparement.

Comme une suite, ou peut-être une fin, aux deux précédents livres, "Le grand menu" puis  "Ma robe n'est pas froissée" , on  retrouve dans ce court roman le style impeccable de précision de Corinne Hoex qui décoche les vérités sans fioritures ni ménagement.

Une trilogie entre haine et aime, figée dans l'ambiance glacée de ces familles où les sentiments ne peuvent s'exprimer autrement que dans le conflit ou la soumission. En lisant ce dernier opus, j'ai eu plus d'une fois envie d'houspiller cette fille, jamais à la hauteur des espérances maternelles mais qui pourtant ne lâche pas prise, tant cela me renvoyait à des situations que je suis loin de m'être imposées, et je me demandais, finalement, qui de la narratrice ou de la lectrice est la plus apaisée à ce jour...

Cruel dilemme qui pourrait exister entre "La douleur de perdre ce qui n'a pas été" et, comme le disait un écrivain dont j'ai oublié le nom, "Mes parents sont morts, voilà une bonne chose de faite !" ...

Corinne Hoex     Décidément je t'assassine     Editions Les Impressions Nouvelles

 

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2 décembre 2010

Chocolat blanc ?!!

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Joli souvenir
pour
un dernier hiver en Charente-Maritime

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Les marais derrière la maison
sous le soleil
avant l'orage et la grêle de la soirée

29 novembre 2010

La femme chocolat (Challenge Chocolat 5)

9782070418992Apolline, 170 cm pour 130 kg, a connu dès l'enfance les affres de l'embonpoint.
Elle grandit entre un père trop tôt disparu, une mère tyrannique, un poil perverse, et un jeune frère rebelle qui prendra bien vite la poudre d'escampette. Restée seule avec sa mère, elle passe l'agrégation de philo avec succès, traverse les années 70 et prend à son tour son envol. Elle quitte maman pour un petit pavillon en banlieue et devient prof dans un lycée.

A 47 ans, Apolline partage sa vie entre son boulot - elle est adorée par ses élèves -, sa passion pour le cinéma, Fellini bien sûr, un amant de passage et les visites hebdomadaires à sa mère qui continue perfidement à entretenir la gourmandise de sa fille sans oublier de la morigéner au passage.

"Donc Apolline reste, et dîne d'un énorme plat de tagliatelles au chocolat noir que sa mère a confectionné devant elle sur la paillasse de la cuisine, tout en poursuivant la conversation.
- Je n'arrive pas à les faire aussi bien que toi, dit Apolline, assise à la table et la tête appuyée sur une main, comme en contemplation.
- C'est pourtant tellement facile, ma pauvre fille : 500 grammes de farine, 5 oeufs, du sel, un peu d'eau, un peu de cannelle, 250 grammes de chocolat fondu, tu mélanges tout ça, tu laisses reposer une bonne heure, tu étales, tu découpes tes tagliatelles, tu les laisses sécher au moins une demi-heure, tu les plonges deux minutes dans l'eau bouillante et c'est prêt."

Une mystérieuse soirée, donnée en son honneur par un ami, va voir la vie d'Apolline prendre un nouvel élan.

Rhaaa.. le chocolat (qu'elle range dans sa pharmacie !) et ses vertus antidépressives et aphrodisiaques ! 

Emaillé de clins d'oeil cinématographiques, de petites réflexions philosophiques et de références aux idéologies des années traversées, nous suivons le parcours d'une femme peu ordinaire qui cache derrière sa bonhomie et ses rondeurs bien des secrets et des souffrances.

"Dès lors que vous assumez un physique hors du commun, ce qui me semble être votre cas, ce physique qui vous fait quitter le terrain de la banalité braque sur vous les yeux qui vous entourent, et parmi ces yeux il y en a forcément qui ne peuvent se détacher de vous. La beauté, la laideur, la grosseur, la maigreur, tout cela n'a aucune importance. La malédiction, c'est d'être banal, c'est de ne posséder rien qui fasse rêver quelqu'un d'autre."

 Je n'ai pas encore testé la recette des tagliatelles, si quelqu'un se lance qu'il en donne des nouvelles !

Le chocolat d'Apolline     Michel Cyprien     Editions Folio

 

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28 novembre 2010

De ver en vers

5196iEnfant déracinée, adoptée, incestuée, endeuillée, bref, plutôt malmenée par la vie, l'auteur a su se réconcilier avec sa part d'ombre grâce à l'écriture et plus particulièrement à la poésie. Ses textes narrent son vécu et son parcours.

Je dis "textes" car je n'arrive pas à coller le terme de poésie à ce recueil. Je m'attendais à des cris de révolte, à des flots d'agressivité, à des emportements violents. Non, il s'agit d'un constat froid et concis des ravages, parfois discrets mais toujours tenaces, que sème la maltraitance, des flashs de la vie quotidienne, avec ses peurs, ses peines, ses colères et ses angoisses. Beaucoup de pudeur, de retenue, mais des mots justes qui ne s'embarrassent pas de détails sordides pour faire mouche.

Extrait de "La grasse matinée"

Un dimanche matin
Dans son lit en rotin
Grasse matinée
Avec petit déjeuner

Quand soudain
Il a glissé sa main
Il a caressé ses seins
Doucement, a dessein

Sous le regard
De grand-mère
Qui n'a rien deviné
A un pas, le dos tourné

 

J'ai eu envie de partager ce recueil avec quelques une des ados cabossées dont je m'occupe. Je peux vous dire que ça a résonné à fond, mais toutes ont eu parfois le même ressenti. Je cite celui d' E...., 17 ans, maltraitée par un père alcoolique, à propos du poème Je hais les pères !.  E... s'est écrié : "Elle est gentille la dame, elle dit ça d'un air tranquille, moi je leur cracherais plus de saloperies !". Et moi bien sûr, qui n'attendais que ça, de saisir la balle au bond : Allez hop, E... écris donc quelques lignes envenimées pour notre prochain rendez-vous !

C'est vrai qu'on sent une forme d'apaisement dans le style d'Emilie Fédou. Apaisement qui cède à la rage et à la douleur quand on peut enfin dénoncer, accepter d'être aidé et apprendre à transformer en force ce qui aurait pu détruire.  C'est encourageant pour ces ados même si  pour certaines le chemin qui les y mènera est encore bien long.

Mes remerciements tout professionnels donc à l'auteur et à Blog O Book pour ce partenariat de lectures.

Nue comme un ver(s)     Emilie Fédou     Editions Publibook

 

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23 novembre 2010

Vu dans mon village

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Signez la pétition lancée par POLITIS, c'est  ICI

Même si la loi a été votée par Assemblée et Sénat, elle peut ne pas être appliquée.
Via l'article 11 de la Constitution
il y a moyen de contraindre notre petit président d'en passer par le référendum.
En effet, un référendum peut être proposé par 1/5 des parlementaires
eux-mêmes soutenus par 1/10 des électeurs (nous).
Alors faites circuler l'info et le lien !

signez_l_appel_pour_un_referendum_sur_les_retraites_690ab

17 novembre 2010

In nomine chocolate... amen (Challenge Chocolat 4)

9782253125556

Comme tous les ans, dans un bourg alsacien du Haut-Koenigsbourg, Les Vénérables sont réunis afin de décerner "La Cabosse d'Or", la plus recherchée des distinctions en matière de fabrication de chocolat.
Parmi les participants, Soeur Clothilde de l'Abbaye de Saint-Julien du Vaste Monde. Cette année, c'est elle qui repartira avec le chèque de 5 000 €. Et forcément, ça va faire des envieux...
D'où vient la fameuse recette des Soeurs et surtout quelles fèves de cacao utilisent-elles ?

"Tout ce qu'elle put dire, pour ne pas trahir leur secret, fut qu'elles obéissaient au voeu d'une des anciennes religieuses de l'Abbaye. Une étrangère, dont la famille avait développé la culture des cacaoyers au siècle dernier et qui avait accepté que la jeune femme prononce ses voeux et reste en France, à condition qu'elle puisse régulièrement venir les voir. La proposition d'une dot de fèves de cacao à l'Abbaye avait d'abord été un prétexte. Mais quand la religieuse avait rendu son âme à Dieu, la fabrication du chocolat était déjà devenue une réalité, un plaisir et une fierté. C'était aussi, aujourd'hui, ce qui faisait vivre la communauté."

Voilà pour la version officielle.

L'Abbaye a donc connu des jours meilleurs. Mais les bâtiments tombent en ruine, le nombre des moniales ne cesse de décroître, l'industrialisation a eu raison de la petite production et la chocolaterie est aujourd'hui en piteux état.  Il était donc inenvisageable de se rendre en Colombie pour les enchères annuelles des fèves de cacao afin de poursuivre la confection des délicieuses tablettes de chocolat dont seule l'Abbaye a le secret. Les 5 000 € tombent alors à point.
Pendant que nous faisons connaissance avec les membres de la communauté, Soeur Anne et Soeur Justine, une novice débrouillarde, se préparent pour leur périple. Béret de tricot, tailleur couleur boue, jupe sac et bottillons de cuir, allez hop elles s'embarquent pour Bogota... avec pas mal de monde à leurs trousses.

Des personnages sympathiques dans des aventures des plus cocasses au pays de tous les dangers... C'est La Grande Vadrouille version Cacao Connection mâtinée de Viva Maria...

"Mais dites-vous aussi que le baptême ne prend pas comme un vaccin... Pensez-y."

Un livre qu'on referme le sourire aux lèvres. Une tablette de bonne humeur pour se sortir du quotidien.

Soeurs Chocolat    Catherine Velle   Editions Le Livre de Poche

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16 novembre 2010

Week-end prochain

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A l'honneur cette année
LA  BELGIQUE

J'ai jeté vite fait un oeil au programme, Jeanne Benameur, Jonathan Coe, Eric Fottorino, Sofi Oksanen (pour ceux qui me parlent le plus) sinon Anne Herbauts, Xavier Hanotte, Pieter Aspe, Stefan Brijs, David Van Reybrouck (pour la Belgique). Pfff... même pas la loufoque au chapeau noir qui mange des fruits pourris !

Plus d'infos  ICI

14 novembre 2010

Chocolate Mundi (Challenge Chocolat 7)

9782246763918Adrian Troadec, contrairement à ce que ce patronyme laisserait supposer, est citoyen Helvète. Nous faisons sa connaissance en 1922, année de ses dix-huit ans, dans sa bonne ville de Lausanne. Profession, livreur de lait. Un jour, sa route croise celle d'Alma Trapolyi.

"Alma Trapolyi jouait du violoncelle dans le petit orchestre du lycée. On était en 1922, les fascistes marchaient sur Rome. Elle avait seize ans. Adrian Troadec remarqua qu'elle se distinguait de toutes les autres jeunes filles.
Pour lui, en tout cas, elle se distinguait de toutes les autres.
Mais, il lui fallut des années pour la connaître."

Ce sont toutes ces années que le roman relate en cent très courts chapitres.

Joueur d'échecs, Adrian Troadec élabore moult stratégies pour conquérir la belle avant de découvrir que le chocolat sera sa planche de salut. Mais de maladresses en rendez-vous manqués, la vie en décide autrement. L'année même où il ouvre sa première boutique, Le Petit Chocolat Troadec, Alma embarque pour l'Amérique.

"... il pensa qu'il pouvait encore lui arriver quelque chose de neuf qui remplirait sa vie de sens. Et par curiosité, seulement par curiosité, il décida de continuer à vivre."

Et sur l'échiquier du monde les petites histoires rencontrent alors la grande Histoire. De voyages en exils, d'airs de jazz en morceaux classiques, de morts en naissances, l'auteur tisse une toile dont Adrian Troadec et sa chocolaterie restent le centre.

"Le dimanche 17 Avril 1955, Alma Trapolyi et Adrian Troadec se marièrent et allèrent vivre dans leur nouvelle maison. Ils l'appelèrent "Les années perdues".
Le lendemain, Albert Einstein mourut à Princeton, aux Etats Unis, Marilyn Monroe achevait de tourner Sept ans de réflexion."

Une jolie déclinaison des thèmes universels, l'amour, la fuite du temps, la transmission, le hasard, sur fond des grands événements du XXe siècle. Un condensé des hommes et du monde mené avec maestria. Un conte à déguster comme on grignote un ballotin de chocolats !

 

Pour l'amour du chocolat    José Carlos Carmona    Editions Grasset

 

 

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13 novembre 2010

Défis et des faits

bedtimestoryEn lisant deci delà les défis dans lesquels se lancent nombre de blogueurs-blogueuses, j'ai toujours été admirative, voire envieuse, de ne pouvoir m'infliger la moindre contrainte, même en matière de lectures. Mais je crois avoir enfin trouvé le mien. Et vous allez apprécier comment Moustafette a l'art de faire fi des contraintes...

En fait, l'idée a commencé à me trotter dans la tête hier en achetant un livre. Oui, je sais, pour une lectrice compulsive, c'est d'une banalité affligeante. Cette idée aurait pu surgir devant les kilomètres de boîtes de chocolats qui encombrent déjà les grandes surfaces depuis le début du mois, au cas où quelqu'un oublierait que Toussaint en Novembre, Noël en Décembre... Mais non, même pas.

Donc, telle la fève de cacao devenue arbrisseau sous le climat humide qui est le nôtre actuellement, l'idée germa. Et ce d'autant plus, qu'après un coup d'oeil ici même, il s'avèra que parmi ma faible production bloguesque de l'an passé deux billets fort appropriés s'y trouvaient déjà.

Le climat toujours aidant, l'arbrisseau se transforma en un jeune cacaoyer vigoureux car, oh merci, j'ai encore de la mémoire, moi !, il me semblait bien que ma bibliothèque renfermait quatre autres volumes, déjà lus, et en lien avec le sujet. Vérification faite, je peux donc vous annoncer mon challenge.

En un mot, ce sera, c'était,  c'est  CHOCOLAT.

Loin de moi l'idée de coller à l'actualité consumériste, c'est juste qu'hier, en posant la main sur un énième roman dans le titre duquel apparaissait ce mot sucré, je me demandais pourquoi je craquais plus facilement sur le chocolat au rayon librairie plutôt qu'au rayon confiserie (oui, je sais les psy se posent toujours de graves questions.. ).

Bon, tout ça pour dire que j'ai juste pris le problème à l'envers et que mon challenge jamais décidé, ni donc annoncé, est bouclé.
En voici donc les titres :

Chocolat   Joanne Harris (1)

Le Rocher de Montmartre   Joanne Harris (2)
(d'accord y'a pas "Chocolat" dans le titre mais bon on va pas chipoter sur les mots)

Chocolat Amer   Laura Esquivel (3)

Soeurs Chocolat   Catherine Velle (4)

Le Chocolat d'Apolline   Michel Cyprien (5)

Et merci pour le Chocolat   Charlotte Armstrong (6)

Pour l'Amour du Chocolat   José Carlos Carmona (7)

Un Chocolat chez Hanselmann    Rosetta  Loy  (10)

 

 Comme je ne veux pas paraître trop flemmarde, j'accepte vos idées et je m'engage à lire les romans que vous me suggérerez.
Certaines lectures datant d'un bail, maintenant le vrai défi est de rédiger les billets manquants...

Ajout du 16/11 : tout un programme !

Amis Amants Chocolat   Alexander McCall Smith (8)

Ajout du 2/1/2011 : ça se corse...

L'affaire Chocolat   Haïm  Gouri (9)

 

Et pour le challenge "Café", c'est quand vous voulez !

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11 novembre 2010

TAGada tsoin tsoin !

Celui des 15 auteurs qui tourne actuellement sur les blogs et envoyé par La Ruelle Bleue

ENID  BLYTON

"Monsieur"  LAROUSSE ( ! )

JOSEPH  KESSEL

COLETTE

JEAN  GIONO

ERNEST  HEMINGWAY

JACK  KEROUAC

HERMAN  HESSE

SIGMUND  FREUD

ALBERT   CAMUS

ANNE  PHILIPE

DORIS  LESSING

PHILIPPE  DJIAN

SYLVIE  GERMAIN

CLAUDIE  GALLAY

Meister_20Danse_20des_20livres_20sur_20la_20corde_207209

"Passage"  de Soizick Meister

A qui l'tour ?

10 novembre 2010

Je chante donc je suis

9782847201741Le début de ce livre c'est Perfect Life. Belle maison, grand jardin, une femme aux qualités multiples, un mari pilote de ligne qui ressemble à Paul Newman, quatre enfants irréprochables, même le chien s'appelle Beau... bref tout va pour le mieux pour Clothilde sous le soleil de la Bourgogne. Elle a même la chance d'avoir une amie qui lui procure un boulot alors que pointe l'angoisse des journées vides maintenant que les petits derniers sont aussi scolarisés, elle rafle une affaire immobilière au vu et au su de tout le monde, trouve des artisans disponibles en un rien de temps et lorsqu'elle a besoin d'une consultation chez un spécialiste, c'est dans la semaine qu'on lui en propose un. De quoi se plaint-elle, hein ?.. Oui mais voilà, suite à un terrible stress, Clothilde perd soudainement sa voix.

Tout ça commençait à me lasser et je regrettais déjà d'avoir cédé aveuglement à l'achat du nouveau livre d'Anne Delaflotte Mehdevi. J'avais tellement aimé "La relieuse du gué" et son ambiance intimiste que je n'imaginais pas un instant être déçue par ce second roman. Et je pensais comme la cousine bourguignonne "T'as bien des soucis de riches toi..."

Heureusement, alors que la mécanique familiale s'enraye pour mieux se recaler suite à cet événement, entrent en scène le chant et la musique. Et, contre toute attente, me voilà embarquée dans le parcours de cette femme à la recherche d'un désir profond d'exister.

A une analyse psychologique fouillée, l'auteur privilégie une approche de front. Point de grandes plongées dans le passé, l'auteur laissant, s'il le souhaite, le lecteur tirer lui-même les fils anciens qui ont pu se nouer au point de former cette grosse boule dans la gorge qui obstrue la parole et, au- delà, le désir. L'ici et maintenant sont sur le devant de la scène, avec en toile de fond une sensualité omniprésente.

"Cecilia Bartoli en était au titre 6, Caldo sangue de Scarlatti, Clothilde distinguait les paroles juste assez pour comprendre qu'il s'agissait de sang et d'adieux.

Chant : intonation particulière de même nature que la parole, à la différence que dans le chant, la voix s'élève.

Titre 9, Scarlatti, Qui resta... L'alta Roma.

Sur son radeau, Clothilde à la parole empêchée se préparait à explorer la voix en musique. Avant de se lancer, elle écoutait, dressée sur les accords du violon, cette Romaine qu'elle guettait et craignait comme un feu."

Au final, un texte sympathique, mais pas bouleversant, pour aborder l'histoire d'un tournant de vie et l'affirmation de soi.

Pour vos yeux, l'avis d'Aifelle ainsi que d'autres liens. Et pour vos oreilles et bercer votre lecture, le magnifique Caldo sangue.

 

Cecilia Bartoli, Scarlatti, "Caldo sangue"

 

 

Fugue     Anne  Delaflotte  Mehdevi     Editions  Gaïa

 

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7 novembre 2010

Un homme heureux !

9782253122630Imaginez-le, plongé dans un bain brûlant alors que la température extérieure n'excède pas les 4 ou 5° Celsius, la baignoire gonflable plantée dans le décor grandiose de la chaîne himalayenne, l'homme dégustant dans son bain une coupe de champagne, avec en fond sonore Norma qui crépite sur un vieux gramophone pendant qu'un tafelspitz mijote sur le feu...

Nous sommes dans les années vingt et cet homme se nomme Joseph Francis Rock. Tel que nous le surprenons là dans ce grand moment d'intimité, il est en train de rêver à sa prochaine destination, le pays Golok, terre encore inexplorée. Et pour cause... menées par une reine les tribus nomades qui y règnent sont d'une extrême sauvagerie. Depuis qu'un vieil espion britannique, rencontré une veille de nouvel an dans un pub de la frontière birmane, a confié à Rock l'existence de ce royaume des femmes, "ultime vestige du peuple des Amazones...", c'est devenu une obsession. Il doit y aller, il va y aller, il y va...

Rock n'en est pas à sa première expédition. Il a fui son Autriche natale à sa majorité, bourlingué en Europe et en Amérique, s'est improvisé professeur et botaniste, a enseigné à l'université d'Honolulu où il s'est vu confié une première mission exploratrice en Amérique du Sud. De fil en aiguille, d'autres portes lui sont ouvertes et pas les moins prestigieuses, Harvard, National Geographic. Séduction et filouterie lui permettent toujours d'arriver à ses fins.
Cette fois-ci encore, sous couvert de faune et flore inconnues et d'une montagne sans doute plus haute que l'Everest, Rock va trouver les moyens de faire financer sa quête de la terre promise.

" Au fond des jumelles, l'hiver dessine les ombres à la paresseuse, au plus pâle, en contours frêles. L'or, lui, depuis les faîtières des temples, ruisselle toujours en longues coulées huileuses. Claquements d'oriflammes, pluie de couleurs d'enfance, vert prairie, bleu éther, jaune pissenlit. Et ce rouge tellement franc du collier !
En contrebas de la ville, dans la ceinture ocreuse de la muraille, continue de se nicher toute la vieillesse du monde - grêle de flèches, ombres de chevaux cabrés, fantômes d'archets. Choni n'a pas changé. La profondeur des siècles, comme avant. Et, en même temps, la fraîche évidence de l'instant.
La neige, ici, n'est tombée que sur les sommets. Ce soir, sur la terrasse à la pivoine, quand le bras se tendra pour tâter l'air de soie noire, on croira encore frôler la robe des étoiles."

Nous peinons avec ce cher Rock dans le froid et les tempêtes de neige, traversons les contrées sauvages aux confins du Tibet et de la Chine, nous reposons le temps d'un hiver dans le palais du prince de Choni, attendons la fin des intempéries dans les monastères, croisons chamanes, missionnaires pentecôtistes, colporteurs, brigands, voyageurs, dont la célèbre Alexandra David-Neel, évitons les Seigneurs de la guerre et les troupes de Tchang Kaï-chek. Comme les populations rencontrées, nous rigolons devant les extravagances de Rock et, avec lui, ne tendons plus qu'à une seule chose, la rencontre avec la célèbre Reine des Goloks.

"Plus on avança, plus les femmes se firent charpentées et puissantes, plus on leur devina des jambes bien plantées sous leurs houppelandes de laine brute, et de solides croupes de cavalières. Vers la caravane elles levaient de longues faces d'antilopes où ne se lisait pas la peur (...) C'étaient maintenant les cheveux des filles nomades, de plus en plus épais; leurs cascades de nattes, elles-mêmes de plus en plus alourdies de perles de corail, turquoises, boules d'ambre, billes d'argent, parfois."

Rock atteindra-t-il enfin le pays des Goloks ? Ne comptez pas sur moi pour vous le dire, mais ce qui est sûr c'est qu'il découvrira quelque chose qu'il n'était pas venu chercher...

Bref, si vous tentez l'aventure, vous l'aurez compris, un roman haut en couleur vous attend.

Mais ce cher Rock n'est pas seulement un personnage de roman. Il a réellement existé et l'auteur prend soin dans sa préface d'informer le lecteur qu'elle n'a rien inventé. Précision nécessaire tant la personnalité et la vie de J.F Rock sont incroyables. La preuve ICI

L'auteur mêle habilement les éléments autobiographiques à la réalité de l'expédition. Elle brosse le portrait d'un personnage truculent, obsessionnel à souhait, navigant sans cesse entre enthousiasme et abattement, féru de langues, de photographie, de botanique et d'ethnologie et qui, jusqu'à la fin de ses jours, restera un éternel bourlingueur.

Première rencontre avec Irène Frain. Un vrai talent de conteuse et une formidable idée que cette biographie romancée qui rend un bel hommage à cet homme à la vie exceptionnelle et témoigne d'un temps révolu, celui des grands explorateurs (sans GPS ni portable ni balise argos mais avec baignoire et gramophone !).

 

Au Royaume des Femmes     Irène Frain     Editions Le Livre de Poche

 

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31 octobre 2010

Finalement, la retraite... bof !

9782070787739Bienvenue au Trou, charmante bourgade d'un Sud enchanteur, ciel toujours bleu 365 jours par an, royaume médical de la famille Fenouil, père et fils spécialistes en tous genres, Le Trou, sa clinique, son crématorium flambant neuf, ses cimetières, moyenne d'âge des habitants 70-80 ans.

C'est là que Nicole, une jeunette de 60 ans, a choisi de prendre sa retraite après trente ans passés au PTT de Moisy dans le Nord.  Trente ans à économiser pour un petit appart de rêve dans une chouette résidence et sous le soleil permanent  "ça se refuse pas" avait dit l'agence immobilière.

"Nicole aime le beau temps. Elle trouve que même les cons quand le soleil brille c'est plus facile à supporter."

Depuis trois mois qu'elle y est, Nicole découvre la population.

"Là, installées sur des bancs, des cohortes d'antiques, des brochettes de permanentes bleues, des colonies d'yeux aveugles et de cannes blanches. Un soleil froid illuminait la scène. Elle n'avait jamais vu ça. Des dizaines et des dizaines de créatures décrépites en plein conciliabule. Telles des mouches dans l'étable qui bourdonnent autour des pots remplis de lait, telles étaient-elles toutes en train de parler de leur tension, de leur coeur, de leur cataracte, des soins qui n'étaient jamais assez bien faits, des médecins qui n'étaient jamais assez attentifs, de tout cela qui, avant, ne se produisait pas, parce qu'avant, bien sûr, avant était l'âge merveilleux de leur jeunesse d'or."

Des femmes, beaucoup de femmes forcément... Mme Cointe et Mme Rousse qui carburent au porto sur fond de télé braillante, Mme Daspet qui compte ses amants, Mme Chiffe qui prie à longueur de journée, Mme Rouby qui vit nuit et jour dans le noir par crainte des voleurs, Lucette persécutée par les nombreux téléphones que lui installe son fils, Mamoune qui fait tourner son fils en bourrique, et puis la femme de Gilbert, mort il y a cinq ans, qui s'évertue à conduire la 106 aux aurores au grand dam de sa fille, et encore Ginette, Maguy, Mauricette, Paulette Marguerite, etc etc...

Côté hommes c'est plus restreint, ces dames n'ont guère le choix... Il y a THE mâle, Pierre-Martin, le coq de la basse-cour, bon pied, dans ses Nike, bon oeil, pour reluquer encore, 90 ans au compteur, "tout auréolé de gloire dans son short bleu" lorsqu'il s'entraîne pour le marathon de Londres.
Le jeune Kévin, qui chôme pas au crématorium et a un certain goût pour les vieilles, enfin les plus girondes.
Et le père Catelan qui supporte plus grand chose, prêche contre la télévision, les 4 x 4 et se prend pour Zorro.

Un événement planétaire va surprendre tout ce petit monde et boulverser les journées meublées de cancaneries, de jalousies, de bondieuseries, de rendez-vous médicaux, de parties de scrabble, rythmées par les bulletins météo, les infos et les feuilletons mièvres. Tout cela sous l'oeil bienveillant de Notre cher Président.

"Notre Président, qui se bat sur tous les fronts pour aider le peuple français, a proposé une réduction du prix de vente des propthèses de cinquante centimes d'euro."

On l'aura deviné, notre avenir n'est pas rose. C'est drôle, grinçant, affolant, voire même désespérant, mais émouvant et tendre. On rit jaune car on ne peut pas s'empêcher de se demander : " Et moi, quelle vieille ou quel vieux je deviendrai ?", sachant qu'inexorablement on s'achemine un jour ou l'autre vers le club des t'as mal où et des qui qu'est mort ?...

Finalement, les caisses de retraite et de prévoyance devraient envoyer ce livre gracieusement à tous les travailleurs qui s'approchent, inconscients, dangeureusement du grand âge fatidique; ça nous éviterait de descendre dans les rue vitupérer contre Notre cher Président et sa politique du grand capital mafieux. Parce que franchement, vue sous l'angle de l'auteur, la retraite ça donne pas envie...

A compléter par le livre du regretté Pascal Garnier " Lune captive dans un oeil mort" (pas de billet pour cause de plein de choses). Voilà, après tout ça, reste toujours une solution, le suicide !...

Un ton sarcastique, des portraits plus vrais que nature, un livre cependant réjouissant où l'on retrouve toute l'originalité de Pascale Gautier que j'avais déjà découverte et appréciée ICI

Pascale Gautier     Les vieilles     Editions Joëlle Losfeld

011ter

 

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