Salades russes !
"Dans la vie archaïque des faubourgs de Moscou, dans les venelles cloisonnées dont les centres d'attraction se trouvaient à côté des bornes-fontaines gelées et des resserres pour le bois de chauffage, les secrets de famille n'existaient pas. Il n'était même pas question de banale vie privée, car tout un chacun connaissait la moindre pièce d'un caleçon étendu sur la corde à linge publique. Entendre, voir et s'immiscer physiquement dans la vie des voisins était inévitablement l'affaire de chaque instant (...)"
Neuf nouvelles pour neuf balades dans le Moscou de l'après-guerre. Neuf nouvelles pour neuf visites dans les appartements communautaires ou les logements individuels de quelques privilégiés.
L'occasion de faire connaissance avec la sage et débrouillarde Bronka qui ne sort pas du cagibi où elle vit avec sa mère, et qui, se retrouvant enceinte dès l'âge de quatorze ans, refuse de dire le nom du père, et pire, réitère à trois reprises l'expérience ! Téméraire, elle ira loin cette petite...
La fille de Boukhara aura la chance d'épouser un médecin mais mettra au monde une enfant trisomique. Se retrouvant seule et malade, elle choisira, avant de mourir, un parti tendre et étonnant pour sa fille devenue adolescente.
Genele-la-Sacoche, une coquine proprette et frugale, entreprend ses visites mensuelles aux membres de sa famille. Elle a toujours un mot aimable pour chacun, "Maroussia, tu avais si bonne mine la dernière fois...", et toujours sur l'épaule sa vieille sacoche dont tout le monde se demande bien ce qu'elle contient.
Assia, La pauvre parente, a plus d'un tour dans son sac pour soutirer aux siens quelques subsides et faire aussi quelques heureux ...
Dans La maison de Lialia et chez la cabotine Goulia, il s'en passe de belles. On lutte contre l'âge et le froid d'une façon fort économique...parfois c'est douloureux.
Les bienheureux retrace avec émotion l'histoire de ce vieux couple qui continue à vivre après la disparition du fils "Matthias revenait de son travail, mangeait et s'asseyait sur le canapé. Vovotchka s'installait à ses côtés, comme un petit gâteau cuit avec le reste de pâte du gros gâteau roux assis à côté de lui. Ils lisaient, ils discutaient, et Bertha s'en allait superstitieusement faire sa vaisselle rutilante."
Une vie si longue, si longue... est une histoire de rendez-vous manqué, alors que dans Le peuple élu, Zinaïda, après la mort de sa mère, pourrait bien mourir de faim si elle ne rencontrait une drôle de paroissienne...
Une plume d'auteur pleine de tendresse pour ses personnages; un receuil regorgeant d'humanité pour le petit peuple moscovite qui, face au drame, est loin d'en avoir une vision pathétique; bien au contraire, il trouve là l'occasion de faire éclore de son imaginaire des petits trésors de solutions afin de se sortir de la mouise.
Une jolie découverte dont vous pouvez avoir un aperçu pour pas cher, puisque Folio publie aussi La maison de Lialia dans sa collection à 2 €.
Les pauvres parents Ludmila Oulitskaïa Editions Folio