Depuis bientôt cinq ans, Maxime se la coule douce dans la Creuse.
A presque cinquante ans, il a devancé l'âge de la retraite, un peu contraint et forcé il est vrai au regard de son dernier emploi, genre chef d'un groupuscule terroriste, le collectif Van Gogh. Entre culture de son potager, apéros et lecture de L'Eveil creusois, il ne demande rien à personne. Jusqu'au jour où une flopée de CRS et flicaille en tout genre investisse sa bicoque qui, du jour au lendemain, se retrouve "en zone sensible" sous prétexte que ses braves voisins, le couple Kowa, sont les parents du nouveau ministre de l'Intérieur.
"De nos jours, il vaut mieux passer pour un Creusois qu'un Polack, le chabichou est plus rassurant que le bortsch. Ce type était apparemment un requin aux dents longues et à l'haleine de hyène. Grimpette accélérée dans les sphères du pouvoir. Populiste à cran, extrêmiste droitier parfois, chrétien de gauche de temps en temps. Réactionnaire se faisant toujours passer pour progressiste."
Terminée la vie du terroir, Maxime va devoir retrouver ses vieux réflexes de clandestin pour espérer un jour continuer à cultiver ses salades et son cannabis en plein soleil en compagnie de son meilleur ami, le poète Raymond Queneau. La cavale commence à La Souterraine et se poursuit sur 175 pages, descendues cul sec et le sourire aux lèvres, aux quatre coins de la France jusqu'au sommet du Stromboli. Les ficelles sont parfois un peu grosses mais il faut bien ça pour croquer les RG et les sombres coulisses de notre chère République. Le tout dans un langage fleuri et parfumé... un régal !
"Le 4 septembre, au Voltigeur, Yvonne Berthier avait droit à un chèvre d'exception. Sans doute un Banon.
Armand avait fait très fort. Depuis qu'il avait déposé le fromage sur la table, c'était comme si un militaire venait de se déchausser dans les parages."
Du Pouy, quoi ! Parfait pour égayer un week-end électoral.
Toute ressemblance blablabla...
Samedi 14 Jean-Bernard Pouy Editions La Branche