Abandon
2100 et quelques, à Paris on enlève une fillette à sa mère pour la parquer dans un centre de réhabilitation pour enfants de la Zone, carencés, maltraités, délinquants (ou en passe de le devenir), ils ressortiront de là à leur majorité, formatés, calibrés, aptes à devenir de parfaits sujets disciplinés ne perturbant pas la société ultrasécurisée qui sert de cadre à ce roman.
Au tout début, la petite Lila donne du fil à retordre à ses "bienfaiteurs" et je me réjouissais de son sale caractère qui n'était pas sans me rappeler celui d'une certaine Lisbeth Salander. Hélas, la comparaison s'arrêtera là. Lila a la chance de rencontrer un thérapeute trop bien disposé à son égard et trop peu à celui de l'autorité, mais elle rentre cependant rapidement dans les rangs, se plie docilement au successeur de son premier thérapeute disparu, lequel successeur est d'ailleurs aussi bienveillant à ceci près qu'il entretient en plus de bonnes relations avec les autorités, bref à sa majorité Lila réussira à obtenir à peu près ce qu'elle veut, à savoir un travail de copiste-numériste dans la bibliothèque où l'on s'évertue à supprimer toute trace d'ouvrages imprimés sur papier en prenant soin de remanier les textes afin qu'ils soient politiquement corrects. Là, grâce à un employé dont elle se fait rapidement un allié, elle réussira à retrouver dans des archives des éléments concernant son enfance et sa mère. Je parierais que le directeur de la bibliothèque ne tardera pas à tomber amoureux d'elle, et réciproquement, mais je ne le saurai jamais. Car quand ce directeur, à la page 212, reste planté à regarder la miss avec à la main l'écharpe qu'elle a malencontreusement laissé tomber, j'ai refermé le livre et l'ai balancé par terre. J'avais déjà failli jeter l'éponge à l'épisode des boîtes pour chat et fait un effort pour arriver jusque là, curieuse quand même de découvrir l'univers interdit des livres, mais là c'était trop m'en demander...
Une succession de clichés orwelliens et de concepts futuristes caricaturaux, trop d'heureux hasards et de bonnes rencontres, une naïveté proche de la mièvrerie, des personnages sculptés dans du beurre, une facilité déconcertante à résoudre les difficultés et une superficialité qui gomme toute l'intensité dramatique qui aurait sied au sujet. Tout cela est d'une simplicité si convenue et d'un tel ennui que j'ai du mal à comprendre le concert de louanges dont s'est paré ce livre. A mon grand regret, je suis bien incapable d'y ajouter les miennes.
La ballade de Lila K Blandine Le Callet Editions Le Livre de Poche