Jack, ça va ?
Jack Taylor va bien. Il sort de l'hôpital psychiatrique !
Il faut dire que ses dernières aventures ( Le dramaturge) l'avaient laissé plutôt exsangue suite à la mort de la petite fille de ses amis Jeff et Cathy.
C'est donc un Jack Taylor chargé aux neuroleptiques que l'on retrouve déambulant dans sa bonne ville de Galway en compagnie de ses fantômes dont la liste ne cesse de s'allonger. Faut croire que le sort a décidé de s'acharner sur lui.
Si, à la sortie de l'HP, ses potes ne sont pas au rendez-vous, le sympathique père Malachy ne tarde pas à lui tomber sur le paletot afin de solliciter ses services. On vient de retrouver la tête tranchée du père Joyce et ça tremble sous les soutanes, l'église irlandaise étant en pleine tourmente pédophile. Aussi sobre qu'un chameau et les narines vierges de toute trace de poudre, Jack Taylor renfile l'article 8234 et se remet au boulot.
Ne vous laissez pas abuser par le ronflant "Grand Prix de la littérature policière 2009". On se demande bien pourquoi d'ailleurs vu que côté polar c'est plus que léger, l'intérêt résidant ailleurs. Ken Bruen continue sur sa lancée et brosse ici un tableau de l'Irlande moderne, ultralibérale, le Tigre celtique au mieux de sa forme, qui n'a plus foi en rien si ce n'est en l'argent, et poursuit sa diatribe, débutée dans Le martyre des Magdalènes, contre l'église.
"Peut-être nous sommes-nous enrichis, mais jamais nous ne sommes devenus impulsifs. Une question est toujours suspecte. Durant les années de domination britannique, les années où il fallait dire oui, les questions, la plupart du temps posées par un soldat qui vous braquait une arme sur la figure, ont entraîné une certaine lassitude. S'il faut dire la vérité, et parfois c'est nécessaire, nous éprouvons le désir profond de réagir par deux autres questions.
La première : Pourquoi vous me demandez ça ?
La deuxième, peut-être plus fondamentable : En quoi cela vous regarde ?"
L'écriture de l'auteur est toujours aussi directe, nerveuse. A défaut de celui de la Guinness, que Jack Taylor regarde couler d'un oeil torve, c'est le goût de son île qui imbibe toutes les pages de Ken Bruen, toujours entre humour noir et mélancolie.
"Les alcooliques connaissent par coeur le contenu de tous les récipients : jamais suffisant. Comme pour un joueur de billard, ce qui importe c'est toujours le coup suivant. Ce qui se trouve devant vous, c'est comme si c'était fait."
Pour les amateurs ou les accros, et en attendant la sortie poche des deux prochains épisodes !
La main droite du diable Ken Bruen Editions Folio policier