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Le Souk de Moustafette
Le Souk de Moustafette
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29 août 2011

Jack, ça va ?

bruenJack Taylor va bien. Il sort de l'hôpital psychiatrique !
Il faut dire que ses dernières aventures ( Le dramaturge) l'avaient laissé plutôt exsangue suite à la mort de la petite fille de ses amis Jeff et Cathy.
C'est donc un Jack Taylor chargé aux neuroleptiques que l'on retrouve déambulant dans sa bonne ville de Galway en compagnie de ses fantômes dont la liste ne cesse de s'allonger. Faut croire que le sort a décidé de s'acharner sur lui.

Si, à la sortie de l'HP, ses potes ne sont pas au rendez-vous, le sympathique père Malachy ne tarde pas à lui tomber sur le paletot afin de solliciter ses services. On vient de retrouver la tête tranchée du père Joyce et ça tremble sous les soutanes, l'église irlandaise étant en pleine tourmente pédophile. Aussi sobre qu'un chameau et les narines vierges de toute trace de poudre, Jack Taylor renfile l'article 8234 et se remet au boulot.

Ne vous laissez pas abuser par le ronflant "Grand Prix de la littérature policière 2009". On se demande bien pourquoi d'ailleurs vu que côté polar c'est plus que léger, l'intérêt résidant ailleurs. Ken Bruen continue sur sa lancée et brosse ici un tableau de l'Irlande moderne, ultralibérale, le Tigre celtique au mieux de sa forme, qui n'a plus foi en rien si ce n'est en l'argent, et poursuit sa diatribe, débutée dans Le martyre des Magdalènes, contre l'église.

"Peut-être nous sommes-nous enrichis, mais jamais nous ne sommes devenus impulsifs. Une question est toujours suspecte. Durant les années de domination britannique, les années où il fallait dire oui, les questions, la plupart du temps posées par un soldat qui vous braquait une arme sur la figure, ont entraîné une certaine lassitude. S'il faut dire la vérité, et parfois c'est nécessaire, nous éprouvons le désir profond de réagir par deux autres questions.
La première : Pourquoi vous me demandez ça ?
La deuxième, peut-être plus fondamentable : En quoi cela vous regarde ?"

L'écriture de l'auteur est toujours aussi directe, nerveuse. A défaut de celui de la Guinness, que Jack Taylor regarde couler d'un oeil torve, c'est le goût de son île qui imbibe toutes les pages de Ken Bruen, toujours entre humour noir et mélancolie.

"Les alcooliques connaissent par coeur le contenu de tous les récipients : jamais suffisant. Comme pour un joueur de billard, ce qui importe c'est toujours le coup suivant. Ce qui se trouve devant vous, c'est comme si c'était fait."

Pour les amateurs ou les accros, et en attendant la sortie poche des deux prochains épisodes !

La main droite du diable      Ken  Bruen      Editions Folio policier 

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28 août 2011

Psychose !

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Je ne peux pas m'empêcher de penser à ce film
chaque fois que je passe devant cette auberge délabrée. 
Le mannequin derrière la fenêtre fait son effet !

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Grandeur et décadence  ( voir ICI )
Quand on pense que Georges Pompidou aimait y séjourner !
Les propriétaires actuels ont le goût de la mise en scène.
Un jour je vous montrerai leur véhicule... 

25 août 2011

Casse-tête balkanique

9782742770328Au risque de vous lasser , mais j'assume, je poursuis ma balade littéraire balkanique. Cette fois, c'est du côté de Dubrovnik que ma lecture m'entraîne.
Le livre s'ouvre en 2002 sur le décès de Regina, à quatre-vingt dix-sept ans, alors qu'elle a sombré dans la folie depuis quelques mois et qu'elle rend impossible la vie de sa fille Diana et de ses petits enfants.

Le lieu : Dubrovnik donc, principal théâtre de l'intrigue, même si c'est aux quatre coins d'un territoire pris, tour à tour, dans les remous de l'Autriche-Hongrie et de l'empire ottoman puis dans les découpages et redécoupages géopolitiques du XXe siècle, que se réroule cette remontée dans le temps jusqu'à 1905.
Les acteurs : cinq générations de personnages marqués par la violence, l'amour, l'absurde, pour comprendre ce qui a forgé le caractère de Regina et de quoi se nourrit la folie furieuse qui la frappe soudain et si tardivement.

"Cet après-midi-là, les femmes se comportèrent de façon particulièrement odieuse avec leur mari, les jeunes filles s'enfermèrent dans leur chambre et, la tête sous l'édredon, pleurèrent amèrement en espérant s'étouffer. Ce soir-là, aucun des maris qui habitaient le long du trajet menant de la maison des Sikiric à l'hôpital n'eut à dîner. Cette nuit-là, aucun enfant ne fut conçu. Les hommes de la ville étaient stupéfaits. Seuls ceux qui cachaient la honteuse graine de l'homosexualité savaient de quoi il s'agissait. Quant aux femmes, elles avaient trouvé un motif commun, qu'elles n'exprimeraient jamais, pour alimenter la jalousie et la haine qui allaient accompagner l'ombre de Regina jusqu'à sa mort."

 Foisonnant, baroque, tragique et extravagant à la fois, ce roman est impossible à résumer tant il y a de personnages et de destins qui s'entrecroisent. Enrichis des diverses cultures et religions qui composent la mosaïque balkanique, naissent alors un style mouvementé et un imaginaire violent, pulsionnel, parfois cru, et qui n'est pas, par certains aspects, sans rappeler Cent ans de solitude.

"Il vaut mieux ne pas avoir affaire aux fous et nous autres, nous sommes fous, nous n'arrivons pas à vivre avec nous-mêmes, alors avec les autres, encore moins."

Tout à la fois fresque historique et saga familiale, c'est aussi le roman de la honte et de la culpabilité qui s'enracinent dans l'esprit d'une femme pourtant née sous d'heureux auspices. Pour le comprendre, il vous faudra plonger dans cette histoire qui s'ouvre sur le chapitre XV et remonter le temps jusqu'au chapitre I qui baigne dans une étonnante douceur et nous dévoile enfin le pourquoi du titre . Le début est un peu destabilisant, aussi rien ne vous  empêche de commencer par la fin (mais ça serait vraiment dommage), sachez alors seulement que les apparences sont souvent trompeuses !

"La conscience s'avère un bon révélateur face à la mort. Meilleur que les larmes et que n'importe quelle douleur, exprimée ou non. Les vivants nourrissent un sentiment de culpabilité envers les morts et c'est lui seul qui les relie au monde des ombres. Ce sentiment de culpabilité, les morts le lèguent à leurs enfants et, s'ils deviennent adultes, c'est grâce à lui. S'il n'y a pas de culpabilité, c'est qu'il n'y a eu ni père ni mère. (...) Le jour où son père mourut, elle n'avait pas encore vingt ans et elle reçut en son âme une peine lourde et difficile à porter, d'après laquelle on reconnaît le véritable, l'authentique malheur. Mais la noblesse du malheur tient à la façon dont on le porte tout au long de la vie."

La richesse et le lourd passé de la Yougoslavie  font éclore de biens beaux romans sous la plume de ses auteurs. Qu'ils soient croates, serbes, bosniaques, ils ont tous une griffe balkanique inimitable au bout de laquelle pointe une autodérision salvatrice.

Le Palais en noyer     Miljenko Jergovic     Editions  Actes Sud

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(timbre croate 2010) 

21 août 2011

Cinémascope

sousuncielliv_901980 a marqué un tournant dans l'histoire de la Yougoslavie.
Pour le narrateur, cela a eu lieu à l'Uranie, salle de cinéma de Kraliévo, une petite ville de Serbie. Pour lui comme pour les autres spectateurs, il y aura un avant et un après cet après-midi de Mai.

"Il s'est fait un grand, un total silence. Celui qu'on appelle un silence de mort. De tous les sons il est seulement resté le murmure des écaillures qui se détachaient du ciel de la salle... Un peu plus tôt, sous un certain angle, on pouvait voir dans le faisceau lumineux du projecteur tomber d'en haut, du Soleil et de la Lune stylisés, des planètes et des constellations, une impalpable poussière laiteuse, plus blanches et plus légère que la plus fine poudre de riz... Cette bruine devait certainement continuer de tomber, persistante, fantomatique, même une fois la projection interrompue... Comme si elle cherchait à tout couvrir, à dissimuler toute trace, à adoucir les rides autour des yeux et des lèvres, à gommer nos visages."

Projet ambitieux construit et inauguré en 1932 par le futé et original Laza Iovanovitch, l'hôtel Yougoslavie sera revendu en 1939, la salle de bal et de spectacle étant alors transformée en cinéma, cinéma qu'on nationalisera après la guerre. L'histoire du bâtiment suivra celle du pays et des hommes. 
Balayant du pinceau de son projecteur littéraire les rangées de la salle en ce dimanche de Mai 1980, le narrateur nous dresse une galerie de portraits des habitants de Kraliévo pris dans les changements perpétuels de cette mosaïque balkanique qu'un homme réussira pourtant à unifier pour un temps. La construction particulière du roman sert à merveille ces personnages loufoques, attachants, souvent déboussolés, mais réussissant malgré tout à s'adapter car ils n'ont guère d'autres choix, à l'image du vieux Simonovitch, ouvreur de son état et mémoire de l'Uranie, ou d'Ibrahim, propriétaire de la pâtisserie Mille et une délices.

Comme une métaphore du passé et d'un futur annoncé, le plafond de la salle s'écaille, l'éclat des peintures de la fresque représentant l'Univers se ternit, le ciel s'effrite lentement mais sûrement sur la tête des spectateurs. Le ciel, le vrai, attendra les années 90 pour tomber définitivement sur la tête des hommes. A moins que ce soit l'inverse...

"Ibrahim n'a rien dit. Il s'est dominé. Le lendemain, il est parti avec Yasmina et sa femme. Sur la vitrine réfrigérante il avait laissé une note avec des indications détaillées : "Les millefeuilles sont frais, il vaut mieux manger d'abord les baklavas..."

Un petit roman très original qui tourbillonne dans tous les sens tel un film qu'on rembobine, qu'on laisse sur "pause" pour mieux le faire repartir en accéléré  mais qui, malgré tout, se joue toujours des soubresauts de l'Histoire.

Sous un ciel qui s'écaille     Goran Petrovic     Editions  Les Allusifs

 

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16 août 2011

Une visiteuse

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La craquante petite Mielle

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13 août 2011

La croisière s'amuse

zonafrigidaDirection le Grand Nord pour un interlude rafraîchissant ?
Il vous faudra embarquer sur Le Ewa en partance pour l'archipel du Spitzberg sous le commandement de Sigmund et Georg, vieux loups de mer respectivement capitaine et pilote des glaces. La croisière réunit, équipage compris, une vingtaine de personnes de toutes nationalités dont la fantasque Bea, caricaturiste de profession, la trentaine alerte et la répartie cinglante.
On sait bien vite que cette croisière est pour elle l'occasion de régler un vieux compte avec un des passagers et de liquider un traumatisme de jeunesse.

Si l'écriture n'est pas bouleversante, l'intrigue est bien rythmée et on se laisse facilement enfermer dans ce huis-clos réfrigéré aux rebondissements divers et variés. Pas de suspense insoutenable mais une dissection correcte d'un microcosme privilégié face à l'immensité grandiose et fragile de ce petit bout de la planète. Pas de grandes réflexions philosophiques sur l'écologie non plus, mais une ébauche de questionnements qui laisse le lecteur libre de les approfondir ou pas. Par contre, des descriptions de paysages à couper le souffle avec en bande son le chant de la glace qui craquelle et les cris des fulmars boréals, ce qui, inévitablement, donne très envie d'aller traîner ses snow boots et son gilet de sauvetage du côté de la Terre du Nord-Est en compagnie des gros nounours et autres bestioles sympathiques.

"Je m'étais toujours représenté un ruisseau de montagne quand je pensais à de l'eau parfaitement pure. Un ruisseau dont l'eau courant sur les cailloux ferait un doux clapotis. Je m'y serais penchée pour en recueillir dans mes paumes et connaître enfin le goût de la pureté...
 J'ai dû revoir ma copie, car en contournant la banquise, j'ai vu ce que nous avait promis Sigmund : des cascades alignées les unes à côté des autres, issus du sommet du glacier et tombant à pic dans la mer. Là où la cascade touchait la surface de l'eau, ça regorgeait d'oiseaux."

N'ayant pas encore lu la Trilogie des Neshov qui a fait le succès de l'auteur norvégienne, je recommande celui-ci pour une lecture dépaysante, qui vous permettra de relativiser notre été frisquet et nuageux, 6 ou 7° maxi en juillet-août, mais ne vous laissera pas un souvenir littéraire impérissable. Cela dit, je suis prête à replonger dans l'oeuvre d'Anne B. Ragde qui fait preuve d'un talent narratif indéniable.

Pour une balade au Spitzberg c'est  ICI

 Zona frigida     Anne B . Ragde     Editions  Balland

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9 août 2011

Un doux dilettante

9782742795314Villa Maranese, sur les bords du lac de Côme,  propriété de la fondation Rockfeller.
Hors du temps, des tourments du monde et de ses contingences matérielles, ce lieu accueille en résidence scientifiques, universitaires et artistes de tous pays, afin de leur permettre de mener à bien leurs travaux. C'est  là qu'un matin le narrateur se réveille avec une sacrée gueule de bois. Après une soirée bien arrosée, il a quitté la veille son ex-pays, la Yougoslavie, en plein éclatement, pour se retrouver dans ce décor magique avec pour vague projet d'écrire un roman. Très vague car, mis à part boire plus que sérieusement, ce jeune serbe aborde la vie en dilettante y compris l'écriture, activité à laquelle il s'adonne mollement sans aucune intention d'être un jour publié. Fidèle à lui-même, pendant que grosses têtes et petits génies triment comme de bons élèves, lui compte bien s'octroyer une parenthèse de farniente aux frais de la princesse d'autant plus que cave et buffet sont à volonté...

" J'ai passé tout l'après-midi seul dans mon bureau.
Je n'avais aucun projet.
Je n'avais pas de désir.
Je me sentais bien.
Je regardais par la fenêtre.
Je lisais."

 Après quelques premiers jours apathiques passés à donner le change à ses hôtes et autres invités, à explorer le domaine de la colline Tragedia où trônent les villas de la fondation et à sonder la carte des vins et alcools, le narrateur va élargir son champ d'action et, tels des cercles concentriques, s'éloigner du cocon pour partir à la découverte du village de Bellagio (et de ses bars, forcément) puis de la campagne et des montagnes environnantes pour finir par rejoindre la richissime ville de Côme.

"Je n'avais d'ailleurs rien d'autre à faire, et j'ai toujours aimé ça, n'avoir rien à faire."

Heureux homme ! Quel luxe  ! Mais ne nous y trompons pas, ses journées ainsi que ses soirées seront bien vite remplies. Car même s'il noue des relations privilégiées avec les serveurs de la fondation qui deviennent rapidement ses complices lui permettant d'échapper à certaines obligations ennuyeuses, notre écrivain n'en dédaigne pas moins les échanges avec les autres résidents, échanges parfois moqueurs, souvent tendres comme avec M. Sommerman et sa femme Mme Rosemary. Mais c'est encore avec les villageois, représentants de la vraie vie et plus proches de son monde, qu'il se sentira le plus à l'aise et entretiendra des relations pleines d'émotions.

 Hymne à la contemplation de cet environnement idyllique, la nature occupe une place de choix dans le roman. La rencontre au sommet du mont San Primo, à l'initiative de M. Sommerman trop âgé lui-même pour  en faire l'ascension, est un des moments magiques qui croisent la vie de notre héros. Et certaines de ses réflexions botaniques sont savoureuses.

"J'ai demandé s'il allait falloir abattre celui-ci et ils m'ont dit qu'ils n'en étaient pas sûrs, peut-être pas encore. Alors, le châtaignier va d'abord se faire soigner, me suis-je dit. Puis les médecins sont montés dans leur camionnette et sont repartis. Sur la portière du véhicule, on pouvait voir une grande image d'un arbre et une inscription en petites lettres, en italien. C'était une sorte d'ambulance forestière. Je suis resté un moment à côté de cet arbre, ce n'est jamais facile quand on est malade de se retrouver seul. On aurait dû planter un autre arbre à côté de celui-ci, pour lui tenir compagnie. Une petite mésange s'est posée sur une branche, je pouvais partir."

Passées les soixante-dix premières pages peu palpitantes, que l'on peut voir comme un exercice d'entraînement pour le personnage qui peine à trouver sa place dans cet univers surfait, faisant fi des masques la personnalité décalée de ce jeune serbe plein d'humanité éclate enfin et nous entraîne ensuite dans un jeu de ping-pong entre le dehors et le dedans, les nantis et les petites gens, pour donner au final une très belle galerie de portraits entre satire et véracité.
Le lecteur ne boude pas son plaisir et le narrateur, car il lui faudra bien retrouver la tourmente, repartira avec dans ses valises une bonne dose d'espoir et de quoi, sans doute, en tirer un roman succulent plein d'inventivité.

Décidément, la littérature de l'ex-Yougoslavie n'en finit pas de me séduire.

 Côme     Srdjan  Valjarevic     Editions  Actes Sud

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copyright Ramon Arambarri

6 août 2011

Lire en Bretagne

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Séance lecture musclée demain à Huelgoat pour quelques blogueuses ?
En tout cas voilà un livre qui résistera à la pluie !
Il trône sur la place du village où Gwenaëlle a eu l'idée d'organiser
un pique-nique littéraire qui risque d'être réjouissant.

Ajout du 8 Août: un compte-rendu en images ICI

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