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Le Souk de Moustafette
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20 juillet 2011

La yourte aux myrtilles

myrtillesEt si, dans la kyrielle de flics alcooliques, caractériels, frustes, taciturnes, réfractaires à toute hiérarchie etc etc...  on ajoutait l'inspecteur Yesügei exerçant ses talents d'enquêteurs dans la ville d'Oulan Bator ? 

"Mêm s'il portait le prénom de Yesügei le Preux, chef du clan des Torrents et père de Gengis Khan, ce Yesügei-ci n'était pas de leur lignage. Il n'avait pas été bercé, comme ses illustres ancêtres, dans des langes de zibeline (...). Yesügei ne faisait peut-être même pas partie de ces hommes -un sur cinq en pays mongol selon les statistiques- porteurs des gênes royaux."

Confronté au meutre d'un ressortissant américain venu claquer ses dollars lors d'un séjour de chasse organisé dans l'immensité des steppes mongoles, Yesügei va faire preuve de tout son talent pour régler cette affaire à sa manière. Lui-même chasseur émérite, animiste et fin connaisseur de son peuple et de ses coutumes, c'est sur son antique moto Guzzi qu'il va sillonner la steppe et démêler l'écheveau de présomptions qui voudrait bien désigner comme coupable l'un des siens.

C'est sans compter sur les richesses naturelles de la Mongolie et de son sous-sol qui intéressent déjà fortement les Russes et les Chinois. Alors, ces chasseurs américains sont-ils vraiment ce qu'ils prétendent être, de simples touristes fortunés ? Yesügei mettra un point d'honneur à le découvrir afin de défendre la terre sacrée de ses ancêtres et leurs traditions.

Outre le personnage pittoresque de Yesügei qui vaut le détour, ce roman policier est avant tout prétexte à un dépaysement et une approche originale de la culture mongole. On y apprend beaucoup sur ce peuple qui, bien que de plus en plus sédentarisé, n'en continue pas moins à vivre chichement sous les yourtes, même aux abords des grandes villes. Truffé de détails sur la vie quotidienne, règles de vie sous la yourte, cuisine, alcool, ce livre témoigne surtout de l'attachement des Mongols à la nature et aux pratiques religieuses animistes. Il se veut également un réquisitoire contre les puissances dominantes qui, à coup de concessions, achètent la terre pour en extraire ce qu'elle a de meilleur au détriment des autochtones contraints d'y trimer. Témoignage aussi de la difficulté d''un peuple pris dans la dualité des traditions et de la modernité occidentalisée.

"Dès qu'ils eurent atteint Zuunmod, petite bourgade à une cinquantaine de kilomètres d'Oulan Bator, ils prirent la direction du monastère de Manzshir. Au moment de changer de route, ils furent dépassés par un 4 x 4 flambant neuf, conduit de manière sportive par un bonze à la tonsure impeccable, au teint parfait et au sourire publicitaire.
  - Lama mondain, lança Yesügei sans rire. Prends par-là, doucement, je te dis. Ralentis, nom d'un chien !
 Même s'il n'avait ni l'âge ni l'expérience de Yesügei, Gerel savait qu'il existait des bonzes de toutes catégories. Mondains, nomades, reclus. Des lamas des villes et des lamas des champs. Des hommes d'affaires et des hommes de prières. Des saints et des imposteurs. Une catégorie sociale qui n'avait pas laissé que des bons souvenirs à ceux qu'ils asservissaient du temps de la théocratie et des moeurs féodales."

Un voyage littéraire bien documenté, une lecture plaisante, non dépourvue d'humour, bref un livre agréable et divertissant  mais dont on regrette qu'il ait été écrit par une française et non par un auteur mongol. Grande connaisseuse de la région, je ne remets donc pas en doute la véracité des jurons et expressions imagés dont elle parsème son roman, tels "Poux mal cuits" ou "Fausses couches ambulantes" !

Des myrtilles sous la yourte      Sarah Dars      Editions  Picquier poche    

 

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Commentaires
M
@Taka, il y a de très bons auteurs de polars français, ce que je voulais dire c'est qu'on sent trop l'écriture occidentale, je ne suis pas sûre qu'un Mongol relaterait les choses de cette façon.
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T
c'est vrai que les thrillers francais sont bien souvent comme les feuilletons francais !!nuls !! mais il y a quelques auteurs quand même qui ressorte du lot,et ca ca m'a l'air pas mal du tout,déjà la Mongolie c'est original .Vias regarder bibliotheque
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M
@Clara, pour voyager sans bouger de chez soi...<br /> @Aifelle, oui je trouve qu'on y aurait gagné en authenticité.<br /> @Cathe, il ne faut pas lire ce livre pour l'aspect polar, c'est sûr, mais pour une découverte du monde mongol, c'est parfait.<br /> @Margotte, on est loin des polars et thrillers anglo-saxons, là c'est plutôt un Hercule Poirot la moustache et le cheveu en bataille et qui aurait troqué le thé contre le cocktail molotov, enfin je veux dire la vodka tord-boyaux !
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M
Voilà de quoi me réconcilier avec le polar... c'est sans aucun doute beaucoup moins formaté que le Jeff Abbott que je viens de terminer ;-)
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C
J'avais lu plusieurs de ses policiers (les enquêtes du brahmane Doc) sans être vraiment convaincue... Je me souviens que c'était très léger...
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