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Le Souk de Moustafette
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30 mai 2011

A quels seins se vouer ?

9782709634472La petite Agatina voit toujours arriver le 5 Février avec joie. Ce jour est synonyme de réjouissances culinaires en compagnie de sa grand-mère, elle aussi prénommée Agata, laquelle  met un point d'honneur à célébrer la sainte du même nom afin d'assurer la protection des femmes de la famille et de leurs précieux atours. Pour cela rien de plus simple, il suffit de confectionner les fameux gâteaux, les tétins de sainte-Agathe, spécialité sicilienne de Catane, sans doute la plus coquine et la plus suggestive des pâtisseries comme l'atteste la photo ci-contre.

Ce moment partagé est aussi l'occasion pour la grand-mère de préparer la fillette à sa future vie de femme et de lui asséner quelques maximes de son cru afin de la mettre en garde contre la gente masculine, tâche non négigeable dans l'univers machiste sicilien. Une femme avertie en vaut-elle deux ? Rien n'est moins sûr...

"Au moment du café, les cassatelle étaient accueillies par des applaudissements. Le grand plateau débordait de ces petites montagnes invitantes, disposées deux par deux. Elles incitaient d'abord à toucher, puis à lêcher le sucre glace et enfin à mordre avec délicatesse, pour ne pas les blesser. Quand je croquais, la crème à la ricotta, au sucre et au chocolat envahissait ma bouche, je la sentais s'étaler sur mon palais ; je fermais les yeux et le plaisir s'étendait à tout mon corps de petite fille (...)"

Mais pour la narratrice, cette cérémonie culinaire est surtout une délicieuse occasion de revisiter l'histoire familiale et de nous conter ce qu'est devenue la petite Agatina. Au fil des pages, nous nous embarquons pour un savoureux voyage au pays de la ricotta, des boulettes de thon à l'orange et au thym, des artichauts panés et de la gelée au café et à la cannelle ! Préparez-vous à une explosion de saveurs et de parfums qui viendront chatouiller vos papilles et vos narines tandis que vous cheminerez sur les chemins caillouteux ou les rues poussièreuses de la Sicile en compagnie de personnages hauts en couleur et aux caractères bien trempés !

"Assunta avait rencontré son mari, mon arrière-grand-père, à l'époque de la moisson : un bandit de passage qui battait la campagne en évitant les routes fréquentées et les places des villages. Ils s'étaient croisés une nuit d'août, avant l'aube, quand l'air condense les rêves sur les hommes et les transforme en désir. Le ciel était un pan de tissu sombre tendu entre les étoiles qui en trouaient la trame."

Dotée d'un talent évocateur indéniable, l'auteure nous offre une vision sans fioriture de la société sicilienne où, si les hommes n'ont pas le beau rôle, les femmes ne sont pas en reste non plus... Entre dévotions et autres bondieuseries, les langues de vipères vont bon train tandis que mafiosi machos font la loi et chavirer le coeur des femmes, même celles les plus émancipées ou les plus averties... La cuisine et l'amour ont toujours fait bon ménage, la fillette Agatina n'échappera pas à son destin. Le Sirocco balaiera de son souffle torride sa vie adulte, un souffle qui peut rendre fou, mais la sensualité qu'il génère vaut peut-être la peine de s'y laisser emporter.

Comme le pendant italien à "L'illustrissime gâteau café café d'Irina Sasson " de Joëlle Tiano, "Les tétins de sainte-Agathe" viennent lui faire une douce et sympathique concurrence. Ils trouveront leur place sur les étagères de votre bibliothèque ou de votre cuisine, c'est au choix, car bien sûr la recette y figure mais, comme pour le précédent, ne comptez pas sur moi pour la divulguer ici... Ne me remerciez pas de prendre soin de votre ligne ! 

Merci à l'équipe de     Logo-Partenariats-News-Book    pour ce délicieux premier partenariat !

Les tétins de sainte-Agathe      Giuseppina Torregrossa      Editions JC Lattès

ste-agathe
Sainte-Agathe de Catane
(Francisco de Zurbaran
1630-1633
Musée Fabre Montpellier)

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22 mai 2011

Bijou cailloux

9782265092570Elsa Préau, institutrice et directrice d'école à la retraite, revient vivre en région parisienne après avoir passé une dizaine d'années dans le sud. Elle réintègre son pavillon meulière qui, tel un vestige du passé, persiste à témoigner de ce que fut ce coin de banlieue en pleine restructuration. Caché derrière de hautes haies, le jardin devient vite le refuge des chats errants et, depuis l'étage, les fenêtres sont un magnifique poste d'observation pour cette vieille dame un brin fantasque et solitaire.

"Le dimanche était un terrible jour. Les enfants ne revenaient pas de l'école en chantonnant sur le trottoir, le facteur ne circulait plus en faisant teinter* la sonnette de son vélo, le ballet des camions-bennes et tracto-pelles travaillant sur des chantiers avoisinants cessait brutalement, les vitres de la maison de Mme Préau ne vibraient plus à leur passage, la rue était déserte, le quartier comme siphonné de toute clameur, pas même un matou borgne pour traverser en fraude le jardin couvert de rosée, le silence épaississait jusqu'à l'insoutenable.
Alors Mme Préau regardait chez ses voisins."

Fort de son expérience auprès des enfants, Elsa ne tarde pas à détecter que quelque chose ne tourne pas rond dans le comportement d'un des garçons de ses voisins. Contrairement à son frère et à sa soeur plus jeunes il ne joue pas, se contentant seulement de manipuler quelques brindilles et cailloux, il a un air malingre et négligé et ne communique pas avec les autres.

Tout en continuant son petit trin-trin quotidien, entre visites de son fils et de sa femme de ménage, Elsa va mener sa petite enquête d'autant plus que les bizarreries se multiplient... 

Je n'en dirai pas plus. Je vous laisse vous perdre dans les méandres de la vie d'Elsa, entre cauchemar ou réalité. L'auteur vous trimballera par le bout du nez distillant çà et là, et de façon désordonnée, des indices qui vous éclairent pour mieux vous faire douter l'instant d'après.

Décidément les vieilles dames indignes ont le vent en poupe et leur fréquentation est jubilatoire !

Allez traîner dans La Ruelle Bleue  pour faire davantage connaissance avec Elsa, vous ne le regretterez pas.

(* Il y a du laisser-aller chez les correcteurs, "tinter" aurait été plus approprié...)  

L'enfant aux cailloux      Sophie Loubière      Editions Fleuve Noir

019  

 

17 mai 2011

Gadjo tovarich

9782841115433Perdus au fin fond des montagnes de Transylvanie, les villageois de Baia Luna, Roumains, Hongrois, Saxons et Tziganes, cohabitent sous la protection de la Vierge du Perpétuel Secours. Tout va presque bien à Baia Luna. Car, bien qu'oubliés du progrès socialiste de l'après-guerre, les habitants n'en fêtent pas moins le succès de Spoutnik 2 qui bip-bipe au-dessus de leurs têtes en cette nuit du 5 Novembre 1957.

Si cette fameuse nuit consacre la supériorité soviétique en matière aérospatiale à grands coups de zuika et de sylvaner, elle signe aussi le début d'une série d'étranges événements dont Pavel Botev, quinze ans à l'époque, va être le témoin.  Le suicide apparent de son institutrice suivi de la mort du père Johannes et de sa gouvernante, puis la disparition de la statue de la Vierge du Pertpétuel Secours, viennent troubler la vie de la communauté et alimenter les conversations du café-épicerie tenu par Ilja, le grand-père de Pavel.

"Et je fus littéralement foudroyé par l'abondance des produits disposés sur les rayonnages hauts comme des tours qui s'élevaient derrière le comptoir. Dans ce magasin, constatai-je, on trouvait quatre marques différentes de dentifrice et deux fois autant de sortes de savons, dont le noble Luxor à l'essence de roses, que réclamait régulièrement cette vieille bique de Vera Raducanu, pour humilier grand-père. Alors qu'Ilja n'avait qu'une étagère de conserves dont on ne savait jamais exactement ce qu'elles contenaient parce que les étiquettes étaient complètement défraîchies, dans l'espace de vente de la coopérative de consommation populaire socialiste s'empilaient, en pyramides artistiques, d'innombrables boîtes de fer-blanc contenant tous les légumes imaginables."

Suite à un tas de circonstances, Pavel se retrouve en première ligne, embringué dans une aventure qui durera pas moins de... trente deux ans ! Et c'est l'histoire encore toute récente de la Roumanie qui nous est magistralement servie là sur un plateau, car il faudra à Pavel traverser les années 60 et bien au-delà, jusqu'à la chute du Condutador et de sa femme à la fin de 1989, pour connaître le fin mot de l'histoire de ces trois morts qui ont marqué son adolescence et orienteront toute sa vie.

Si vous aimez le cinéma de Kusturica ou de Tony Gatlif, ce livre est pour vous !

Vous y croiserez un couple de vieux copains extravagants, Dimitriu l'érudit chef du clan tzigane et Ilja le gadjo illétré, liés à la vie à la mort et qui, quand ils ne sont pas fâchés, consacrent leur temps à traquer la mère de Dieu; Johannes Baptiste le curé fédérateur au passé pas très net, l'institutrice la Barbu qui noie sa déprime dans l'eau de vie de prunes, un photographe féru de Nietzstche, Buba la belle et jeune Tzigane au troisième oeil redoutable et un tas d'autres personnages truculents qui pataugent, joyeusement résignés, dans la gadoue et la brume hivernales de Baia Luna  quand ils ne s'étripent pas au nom du collectivisme ou de la Securitate devant un antique téléviseur qui déverse des propos aussi solennels qu'hilarants.

Si vous ajoutez un entonnoir en guise de cornet acoustique, du barbelé en place et lieu d'antenne, des reliques lactées en provenance directe des seins de la Vierge, des théories scientifiques farfelues, un mystérieux cahier vert et de troublantes photos, vous obtenez un capharnaüm explosif qui poussent nos héros à cavaler de la terre à la lune et des montagnes à la ville à la poursuite de la vérité dans un thriller politico-satyrique unique en son genre.

"La carte, écrite dans une calligraphie chargée, proposait des plats multiples, qui nous parurent plus que suspects. De toute évidence, cet établissement servait des spécialités culinaires qui n'étaitent pas présentées l'une à côté de l'autre, mais l'une sur l'autre, comme un "Artichaut sur vinaigrette", qui ne correspondait à rien de concret dans l'esprit de grand-père. De plus, les prix étaient astronomiques. Sur la dernière page, sous la rubrique " Plats roboratifs du patrimoine culinaire populaire", nous découvrîmes enfin des mets à notre goût." 

Un immense merci à  logomassecrtitique pour cette découverte rocambolesque et osée qui mêle adroitement l'humour et la tendresse à la triste réalité de la folie d'un homme...

 Le jour où la Vierge a marché sur la lune      Rolf Bauerdick      Editions NiL

 

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12 mai 2011

Au bord du vide

9782742796779Une maison au bord d'une falaise qui menace de s'effondrer à tout instant, une mère aux nerfs fragiles et à la main leste, un père souvent absent, un pépé canne à pêche et une mémé gâteaux, un bon copain, un vélo et des zéros à l'école. On a l'impression d'avoir déjà lu ça une centaine de fois, mais quand l'auteur s'appelle Claudie Gallay on s'embarque sans hésitation pour la cent unième.

 D'un côté il y a des saveurs de tartines de pain beurrées couvertes de copeaux de chocolat, des séjours chez les grands-parents comme des petites percées de paradis quand ça tangue trop chez les parents, des courses à vélo dans la campagne ou la joie d'un voyage à la mer, de l'autre le sentiment de ne pas compter, que la vie peut ressembler à un château de sable, le corps qui parle quand les mots manquent... Bref, une histoire simple aux effluves de parfums d'enfance mêlés, les plus doux comme les plus amers.

"Je prends une feuille dans le tas et je fais un dessin. Quand j'ai fini, je lui montre.
- C'est une montagne ? il demande.
- C'est là-bas que je veux aller quand je serai grand, quand j'en aurai fini avec ici.
Il pose le dessin bien à plat sur le bureau et il le regarde attentivement. Il secoue un peu la tête.
- Dans ton dessin, il n'y a personne, pas de maisons, pas de routes. Où habitent les gens ?
- Il n'y en a pas, je dis. C'est que du silence.
Le silence, c'est quelque chose de grand, de rond, on peut s'enfoncer. Je lui montre avec mes mains. Je n'ai pas besoin de mots. Il comprend. Il note dans son cahier.
- C'est tout pour aujourd'hui, il dit, on a bien travaillé." 

Laissez-vous toucher par ce petit héros pris dans les bourrasques des adultes et qui, tel un funambule, se balade sur la corde raide des émotions et tente tant bien que mal de conserver son équilibre tandis qu'autour de lui le monde s'écroule.
Entre nostalgie et mélancolie, ce livre résonnera chez ceux qui ont encore un peu mal à leur enfance mais qui gardent au fond d'eux quelques instants magiques qui leur ont donné la force de grandir.

Les années cerises      Claudie  Gallay     Editions Babel Actes Sud

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10 mai 2011

81

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8 mai 2011

Mea culpa

4141iconfessionsJ'ai tardé à rendre ma copie car j'ai voulu relire les cinq nouvelles qui composent cet opus, la première lecture n'ayant pas été des plus convaincantes. Hélas, je suis au regret de constater que la seconde ne l'a pas été davantage.

A l'instar de la photo de couverture, cinq hommes seuls tentent de briser la paroie de verre qui les sépare de leurs semblables, enfermés qu'ils sont dans la banalité et la monotonie de leur vie.

"Il se sentait seul sans être malheureux ; en fait, seul sans être heureux. C'était un mélange contrasté de confort et d'inconfort."

Loin de nous plonger dans les affres tourmentées ou  les illuminations géniales que génère la solitude, l'auteur opte pour une analyse plutôt froide et détaillée des états d'âmes d'hommes ordinaires qui peinent à trouver le chemin qui mène aux autres. L'écriture est parfois d'une précision quasi clinique qui laisse peu de place à la fantaisie. Les personnages ruminent leur piètre condition d'hommes seuls, sans pour autant ni en souffrir réellement ni en jouir. A moins d'aborder le sujet sous l'angle de l'absurde, petit clin d'oeil à Camus, je suis complètement passée à côté de ce livre.  J'ai regretté l'absence d'émotion et de sentiments qui m'ont rendu les personnages ennuyeux voire antipathiques, et j'ai attendu à chaque fois en vain une chute qui, en un subtil retournement, m'aurait fait changer d'avis.

Bref, un livre bien écrit mais d'une écriture trop sage, trop polie, qui, à mon goût, manque cruellement d'une poésie ou d'une révolte dont la solitude n'est pourtant pas avare. J'espère ne pas être cynique en disant qu'on n'a pas très envie de fréquenter ces personnages et que, finalement, leur isolement n'est peut-être pas le fruit du hasard...

Désolée pour ce premier partenariat en forme de flop avec Les Agents Littéraires.

Confessions solitaires     Andrea Della Vecchia      Editions Publibook   

roc

3 mai 2011

Parenthèse

9782848050959Ces cent courtes pages  nous plongent dans l'intimité d'un couple de fermiers irlandais qui accueille, par un été caniculaire, une enfant dont les parents n'ont guère le temps ni l'envie de s'occuper.
La fillette va se retrouver pendant quelques mois fille unique, objet de toutes les attentions de cet homme et de cette femme plutôt bienveillants à son égard, et appréhender un monde adulte à l'opposé de celui qui fait habituellement son quotidien.

"J'aimerais être dehors, en train de travailler. Je n'ai pas l'habitude de rester tranquille et je ne sais pas quoi faire de mes mains. Une partie de moi voudrait que mon père me laisse là pendant qu'une autre partie voudrait qu'il me ramène, vers ce que je connais. Je suis dans une situation où je ne peux ni être ce que je suis toujours ni devenir ce que je pourrais être."

Beaucoup de pudeur, de délicatesse dans le récit de cette rencontre toute en tendresse retenue sous laquelle se cache un drame que la fillette découvrira petit à petit.  Une narration minimaliste où la sobriété sied à ce temps en suspension, une parenthèse où les réminiscences des uns ouvrent à de nouveaux sentiments chez l'autre.

Un saut dans l'enfance bien agréable !

Les trois lumières     Claire Keegan      Editions  Sabine Wespieser

valise

1 mai 2011

Evolution de la flore

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1er Mai 1936
Brins de Convallaria majalis vendus sur un trottoir de Nice

75 ans plus tard

muguet2011

1er Mai 2011
Convallaria majalis nuclear en son milieu naturel

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