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Le Souk de Moustafette
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30 mars 2011

Passe à ton voisin

9782749115788Pour rien au monde je ne souhaiterais ré-habiter dans un immeuble, mais lorsqu'il s'agit d'y déambuler via la littérature, je n'ai rien contre, bien au contraire. D'autant plus que les murs de celui-ci sont joliment décorés...
Patrick Cauvin nous fait cavaler dans les couloirs, grimper et redescendre, frapper aux portes des uns et des autres pour nous introduire chez des voisins imaginaires inspirés par les personnages des toiles d'un ami peintre.

C'est fou ce qu'on loge de monde dans un immeuble ! Soixante très courts portraits pour soixante petites tranches de vie entassées les unes sur les autres dans les hauts du XVIIIe arrondissement. Du petit notable au commerçant, du sauvage taciturne à l'expansif bruyant, provinciaux exilés, émigrés ou vieux parigots, petits vieux retraités ou jeunes actifs, chacun à ses marottes ou ses manies, son heure de gloire ou de drame, ses secrets, mais tous sont uniques. Il n'y avait qu'un écrivain pour imaginer que toutes ces vies pourraient être des romans. Patrick Cauvin réussit à glisser une touche d'originalité dans la banalité de ces vies calfeutrées derrière leurs portes.

Jouons à toc toc toc et entrons chez :

 M. et Mme Perdurier qui vivent dans un 80 m² dont seuls quatorze mètres sont dévolus à leur habitat, le reste étant transformé en jardin potager... "M. Perdurier dit souvent que s'ils avaient habité dans un arrondissement plus méridional de la capitale, le 14e ou le 15e, il aurait tenté l'ananas, mais cela reste un rêve pieux.". Madeleine, la fleuriste qui lutte contre la concurrence du haut de son balcon . M. et Mme Dugoin, marionnettistes pour adultes au Théâtre de la lune sanglante. La famille Békélé qui joue des percus "à la parisienne", c'est à dire en sourdine pour ne pas indisposer les voisins qui pensaient être plus tranquilles quand la fille de la famille se mit au violon.  Elisa Boudin, la danseuse qui délaisse le palais Garnier car "elle estimait aussi que le tutu coupait sa silhouette et lui conférait l'apparence d'un abat-jour" et qu'elle est bien assez douée pour les boîtes de strip-tease de Pigalle. M. Delardieu, passionné de westerns (je vous laisse découvrir ce qui se cache chez lui) et qui fête chaque année la victoire de Sitting Bull sur le général Custer . Fanny la Récup "elle fait partie de la génération 68 tendance fromage de chèvre." . Et bien d'autres encore comme ce dernier chez qui je passerais volontiers mon temps si j'habitais moi-même cet immeuble, M. Bronsky, ancien libraire, qui nous bat toutes et tous avec ses trente mille volumes entassés dans trois pièces et dont le chat, Bébert, joue les équilibristes au sommet des piles de livres, mais pas n'importe lesquelles...  

Voilà un livre parfait pour les périodes d'errances littéraires, quand rien ne vous tente ou que votre esprit à du mal à se fixer sur la moindre fiction. On picore ces portraits tendres et drôles au hasard et à son rythme sans se soucier du début ou de la fin.

Un mot sur les dessins qui les illustrent. Ils sont l'oeuvre de Jordi Viusà, un original qui délaissa le métier de libraire pour se consacrer à la peinture. Sombres ou colorés, le coup de pinceau naïf, parfois destructuré, leur confère  une poésie à l'image de ces deux hommes qui se sont embarqués pour une dernière aventure. Patrick Cauvin est décédé en Août 2010 en nous laissant ce joli kaléidoscope en guise de testament. 

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Un des chats de l'immeuble

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Madeleine la fleuriste

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La famille Békélé

Un joli cadeau pour les amateurs du genre. Merci à celles qui me l'ont offert !

L'Immeuble      Patrick Cauvin      Editions Cherche Midi

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26 mars 2011

Clopin-clopant

9782757821626C'est ainsi que j'ai cheminé pendant trois semaines tout au long de ce livre.
Non pas que l'histoire de ce chirurgien de soixante-six ans venu expier une faute professionnelle sur une île déserte de la Baltique m'ait rebutée. C'est plutôt faute à mon incapacité à lire plus d'une demi-heure avant de sombrer dans les bras de Morphée. Du coup, je nai pas eu l'impression de me délecter à sa juste mesure de cette très belle histoire de solitude et de renaissance.

"Les bruits, ici, apparaissent contraints de faire la queue avant d'être autorisés à entrer dans le silence."

Il n'en reste pas moins que ce roman nous entraîne avec talent au travers du labyrinthe des sentiments d'un homme qui a fui ses semblables et dont le passé revient, tel un cheval au galop, balayer sa routine mortifère. Cherchez la femme... Elle apparait par un petit matin neigeux sous les traits d'un amour de jeunesse, Harriet aujourd'hui vieille et malade, qui débarque et met en demeure Fredrik Welin d'honorer une promesse faite quarante ans plus tôt. Welin se voit contraint de quitter son île. Mais une femme peut en cacher une autre...

Dans une ambiance glacée, on évolue au rythme des réchauffements et des refroidissements qui vont peu à peu réveiller la vie figée du narrateur  et lui insuffler, parfois douloureusement, le goût des autres. Des personnages tous plus émouvants les uns que les autres au contact desquels il verra se fendiller la glace qui entoure son coeur. Le chant de la vie pourra alors s'immiscer dans le silence de la culpabilité et de la lâcheté.

"Je crois savoir à quoi ressemble cette musique. A des voix humaines, quand elles sont vraiment limpides. Quand des êtres humains chantent sans peur."

Il n'est heureusement pas d'âge pour apprendre à renaître et repousser la ligne d'horizon de notre finitude.

DASOLA a été déçue. Un tas d'autres liens chez  CLARA 

Les chaussures italiennes      Henning  Mankell     Editions  Points

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20 mars 2011

Printemps

Copie_de_camelia

Quelques fleurs de Camélia m'ont accueillie
dans mon nouveau jardin.
En voici une pour fêter le printemps.

12 mars 2011

En attendant

De vous retrouver

Voici ce que j'écoute en boucle
tout en faisant les derniers cartons
Montez le son !

Parce que ça file la pêche !
Rendez-vous en live à Landerneau le 16 Avril
J'y serai...

10 mars 2011

Pestitude

9782253157533Edwin et Maureen ont chacun une fille quand ils se rencontrent après leur veuvage respectif.
Les fillettes n'apprécient guère ce remariage mais comprennent assez vite qu'elles ont plutôt avantage à s'allier pour le confort de leur petite vie. Tout va donc bien jusqu'au jour où une troisième laronne pointe son nez. Cette petite soeur va sceller l'alliance entre Livy et Emmy, pour le meilleur et pour le pire, tandis que toute la famille s'installe à la campagne chez la grand-mère qui carbure au gin sur ses vieux jours.

"Elle rit joyeusement, dans l'espoir d'égayer un peu la pauvre vieille dame, qui est devenue assez bizarre depuis la mort de son mari. Sa mère continue de la toiser, du regard mélancolique de la femme ménopausée."

Après deux tentatives pour se débarasser de cet petit être vagissant qui rend gagas les parents, Livy et Emmy se résolvent à entrer dans l'adolescence quand Pamela débarque d'Amérique, une tante plutôt turbulente qui ne prête aucune attention à Rosie mais prend délibérément le parti de Livy et d'Emmy. Jusqu'au jour fatal où les adolescentes fêtent la fin du lycée, fête d'où est évincée Rosie qui n'est qu'une gamine. Entre temps, la gamine a appris à diviser pour mieux régner.

"Rosie, postée derrière les portes et les doubles rideaux, observe et écoute ; c'est une ombre sur le palier, qui surprend des secrets échangés à mi-voix ; c'est un bruit de pas feutré dans le couloir mal éclairé près du téléphone. Une fois la fête passée, l'harmonie entre Livy et Emmy commence à se déliter. Des secrets sont éventés..."

Et la vengeance de Rosie sera terrible. Elle leur pourrira la vie, mais Livy et Emmy tiendront toujours bon et se serreront encore les coudes  quand sonnera l'heure de la retraite...

"- Emmy, nous, on était prêtes à la tuer par jalousie.
- Mais on avait dix ans, s'insurje Emmy. Je veux bien admettre qu'elle ait fait tout ça à l'époque par dépit, mais pourquoi ce coup de téléphone maintenant qu'elle en a quarante-cinq ? Tu ne vas pas me dire qu'elle est toujours jalouse de nous !"

Un vrai festival de pestitude made in England, cinquante ans d'humour grinçant, drôle, noir, cynique à souhait, en 243 courtes pages.
Par l'auteur du  Journal secret d'Amy Wingate.
Et on se réjouit de savoir que cette Anglaise, qui a commencé à écrire à 50 ans, a à son actif   une vingtaine de romans. Passant allègrement de la haine à l'amour, " Entre rires et larmes" et "Une semaine en hiver" sont publiés chez Pocket sous le nom de Marcia Willet.
On attend la traduction des autres de toute urgence, merci.

Cathulu et Keisha ont beaucoup aimé. D'autres avis à consulter chez  Kathel  qui n'a pas apprécié plus que ça.

Meurtres entre soeurs      Willa  Marsh      Editions  Le Livre de Poche

 

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8 mars 2011

A lire ou à relire

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6 mars 2011

Tiré par les cheveux...

9782355360473Alors que la canicule règne sur la ville, l'inspecteur Lukastik se voit offrir une pause rafraîchissante sur le toît d'un immeuble viennois au bord d'une piscine où un macchabée  fait trempette à demi déchiqueté par un requin. Chose pour le moins inconcevable quand on situe l'Autriche à sa place habituelle, à savoir au milieu de l'Europe, aucune mer à l'horizon...

Notre homme ne se laisse pas émouvoir pour si peu, adepte qu'il est de la philosophie de Wittgenstein - en gros "le fait est ce qui est complexe, l'état des choses est ce qui est simple", il suffit de déplacer son point de vue, ou son raisonnement, pour une perception différente de la réalité et des faits qu'elle donne à voir. Partant du point 6.5 de l'avant-dernier aphorisme du Tractatus logico philosophicus qui stipule qu' "il n'y a pas d'énigme. Wittgenstein fait préalablement remarquer que lorsqu'on ne parvient pas à formuler une réponse, c'est qu'on ne peut pas formuler la question. Il résulte que si une question peut-être posée, elle peut aussi recevoir une réponse." , c'est ce à quoi va s'employer Lukastik aidé en cela par son adjoint Peter Jordan, pour lequel il éprouve guère de sympathie, et par Erich Slatin devenu par hasard un spécialiste émérite de ces bestioles aux mâchoires démesurées. Un indice minuscule va les mener rapidement à l'identité de la victime et à  son entourage. S'en suivra un curieux jeu de piste entre une galerie de  suspects  plutôt étranges pour  une élucidation de la fameuse énigme que j'ai trouvé un peu tirée par les cheveux... Ce qui ne m'a pas empêché d'apprécier ce roman.

En effet, le charme du livre réside avant tout dans la bizarrerie des personnages et dans  le style narratif truffé de métaphores plus originales et incroyables les unes que les autres. Lukastik est un flic comme on en a encore peu rencontré, plutôt antipathique de par son autosuffisance, ses petites manies parfois limites et ses ruminations contrephobiques, mais dont il émane cependant une sorte de flegme envoûtant. Quant au style, j'avoue m'être bien plus surprise à guetter les métaphores que l'avancement de l'enquête. Un auteur à suivre, assurément, dont il ne faut pas redouter l'érudition.

Quelques pépites :

"Chacun de ses mouvements trahissait une légère incertitude. Cet homme semblait marcher sur le fil de ses propres doutes - en vacillant, mais non sans habileté. Voilà en quoi consiste l'art du funambule : la perfection dans l'incertitude."

"Sa mémoire s'y refusait. Elle reposait dans son crâne, tel un animal à fourrure, chaud et repu."

"Évidemment, il existait une foule de voitures qui ne produisaient pas cet effet, qui pendaient comme des sacs avachis sur le corps de leurs propriétaires."

"Elle salua Lukastik avec un regard qui avait quelque chose d'une paire de ciseaux avançant par saccades dans du papier cartonné."

"(...) Lukastik, lequel, en dépit de l'antipathie que lui vouait Jordan, figurait en première place des numéros enregistrés. Un peu comme on installerait une belle-mère détestée au premier rang dans une compétition de sport automobile."

"Il s'appelait Karl Prunner, il ressemblait plus à un uniforme qu'à un homme."

Une intrigue et un flic viennois dont Yspaddaden vous parle  ICI 

Requins d'eau douce      Heinrich  Steinfest     Editions  Carnets Nord

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