In fine
Réunion de famille pour un huis clos funèbre à Arden, propriété des Godley où le père, Adam, mathématicien réputé pour ses recherches sur l'infinité des infinis, est en train de s'éteindre. Ursula, sa femme, Adam, son fils aîné accompagné de sa belle épouse Helen, et Petra la cadette au psychisme fragile, attendent le dernier souffle du maître des lieux. L'arrivée de deux hommes, apparemment un ancien collaborateur et le pseudo petit ami de Petra, complète le tableau. Jusqu'ici rien que de très banal mais cependant alléchant.
Sauf que le narrateur se nomme Hermès, le fils de Zeus, observateur et acteur des curieux événements qui vont agiter les membres de cette famille. Pendant que l'esprit comateux du vieil Adam remonte le temps et divague vers son passé, les dieux s'amusent à brouiller les sens des vivants selon le mythe de l'Amphitryon qui tente de trouver ici une résonnance avec les théories mathématiques du vieil homme.
Bon, autant le dire d'emblée, ce roman m'a profondément ennuyée et ne doit sa lecture complète qu'au partenariat de Blog O Book. En lectrice consciencieuse, je me suis infligée cette farce jusqu'à la dernière page. Cela n'aura servi à rien, j'espérais un sursaut final et réconciliateur qui n'a pas eu lieu.
Ma déception est à la hauteur de l'enthousiasme qu'avait suscité en moi "La Mer". Le registre est certes bien différent mais même si l'on retrouve parfois des envolées poétiques qui faisaient tout le charme du précédent roman de Banville, celui-ci est vite rompu par le retour à une narration parfois à la limite du trivial ou, à l'autre extrême, sophistiquée lorsque l'auteur s'amuse à parsemer son texte de mots pompeux.
A l'exception peut-être de Petra qui n'en finit pas de liquider son Oedipe et d'Ursula à la fragilité secrète, les personnages n'engagent pas à la sympathie. Quant aux dieux facétieux et leur ton condescendant, ils m'ont aussi prodigieusement agacée de par leurs interventions intempestives qui viennent régulièrement briser un récit prêt à emporter le lecteur vers une veine plus dramatique et plus proche de mes attentes.
"Je sortis une boîte de tabac en fer-blanc de la poche gauche à moitié déchirée de mon veston, ainsi qu'un paquet de papier de la droite, et me roulai une cigarette d'une seule main. Pas facile. Quelles compétences ils acquièrent, dans leur petite durée de vie !"
Bref, mon imaginaire s'est lamentablement heurté au mur de Planck. Et je continue à m'entraîner à rouler mes clopes d'une seule main... J'attends avec impatience les avis des autres lectrices qui ont aussi reçu ce livre.
Je remercie malgré tout
Un mauvais point à l'éditeur qui surfe sur le succès de "La Mer" et nous ressert une couverture splendide et tentatrice mais qui a peu à voir avec le sujet.
Quant à JULES , elle a abandonné. Je me sens donc moins seule sur ce coup là, ouf !
Noann en parle avec humour et enfonce le clou sur Livrogne.com
Infinis John Banville Editions Robert Laffont
L'Amphitryon de H. von Kleist
mis en scène par la compagnie Dulaang UP