Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Souk de Moustafette
Le Souk de Moustafette
Derniers commentaires
Archives
8 août 2008

Haine-moi

robe_medLe regard d'une femme adulte sur trois personnages qui ont à jamais marqué son esprit tout autant que son corps.
Le livre s'ouvre sur la mort du père. Un homme rigide, autoritaire et redouté, qui a dressé sa fille à être une autre, l'ombre d'elle-même, celle qui contentera, qui se conformera.
Ainsi s'éteint le désir propre, pour épouser celui de l'autre. Ainsi se baillonne la volonté d'être, ainsi se travestit la vie.

"Tu aimais l'ordre. L'exactitude. Les collections. Les catalogues. Les inventaires. Tu es mort méticuleusement. Une métastase ici. Une autre là. Le pancréas. Le foie. La vésicule. Les poumons. L'estomac."

Point de salut ne viendra de la mère qui, jusque sur ses vieux jours, cultive encore et toujours l'art du ressentiment et de l'aigreur. Elle mettra jusqu'au bout un point d'honneur à repousser toute manifestation affective et tout épanchement qui, sans doute, se révèleraient synonymes de faiblesse.

"(...) et j'ai cherché à deviner sur son visage offert ce que nous avions en commun, notre air de famille, les traits qui nous reliaient, elle et moi, à toutes ces femmes au-dessus de nous, ces aïeules terribles, les lutteuses, les battantes, cette respectable généalogie de matrones aux mâchoires crispées, cette lignée de laquelle, fièrement, elle se réclame et qui, incongrûment, aboutit à moi, le mauvais embranchement."

Alors inévitablement, lorque l'âge sera venu, la fille se soumettra à la violence de son premier amant. Pas de mots, pas de larmes, pas de plaintes. Et à défaut d'amour, juste un sexe qui la poignarde et les marques des coups qui s'incrustent dans sa chair.

Mais derrière les façades des belles demeures bourgeoises l'honneur est sauf. Car chacun le sait, les murs y sont épais.
Heureusement, au bout des allées, il y a la mer qui permet tous les vagabondages et offre consolation.

"Voilà des heures que je suis assise ici, le regard en équilibre entre le ciel et l'eau. Des heures que j'admire dans le bleu lointain la docilité des nuages. Des heures que j'écoute le frémissement des coquillages sous la caresse des vagues, que je me laisse bercer par la rumeur babillante, volubile, le ronronnement bienséant de l'été. J'ébauche autour de moi dans le sable des arabesques, des volutes."

Voilà, c'est concis, net, précis.
En 111 pages, sans pathos, on fait le tour de la question.
Comme la narratrice, on reprend souffle sur les beaux rivages de la mer du Nord. Et cette douceur fait un bien fou au milieu de toute cette sècheresse et de cette solitude.
Un très beau texte sur l'emprise. La suite logique de celui que je vous avais présenté ICI.

Ma robe n'est pas froissée    Corinne Hoex    Editions Les Impressions Nouvelles

 

campagne_violences_femmes_2019089

 

Publicité
Publicité
Commentaires
B
Sans moi pour ce livre ! Trop dur sûrement !
Répondre
N
Lecture sûrement très belle, mais trop dure pour ce qui me concerne en ce moment ... J'attends la rentrée pour me plonger dans ce genre d'ouvrages.
Répondre
M
@Françoise,c'est de la même veine...mais en pire ! heureusement la sobriété est là.
Répondre
F
J'ai lu le grand menu. J'en garde un souvenir glacé et je ne sais pas si je lirai celui-ci.
Répondre
M
Véro,Cathe,Sylire,sujet difficile, mais une écriture assez pudique.<br /> @Cathulu,je me doutais que le tout te parlerait.
Répondre
Publicité

accueil refugiés

logo-madamealu

img_20171130_165406

logo-epg

Newsletter
Publicité