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Le Souk de Moustafette
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14 novembre 2007

Mahabharatin

9782253118015"Fizz était sur le bord du lit et je respirais son amour et je goûtais son amour et j'entendais son amour et mon amour se tendait vers son amour et j'arrivais là où était ma place, là où je voulais vivre et mourir et le monde était un bout de peau et le monde était deux bouts de peau et le monde n'était que bouts de peau et le monde était liquide et le monde était serré et le monde était un fourneau et le monde se mouvait et le monde glissait et le monde explosait et le monde finissait et le monde cessa d'exixter."

Le narrateur et sa femme vivent une passion torride et charnelle depuis qu'ils se sont rencontrés à Chandigarh. En quinze ans de vie commune la passion n'a pas faibli. Ils ont su faire fi des différences ethniques, vivent plus ou moins modestement suivant les aléas de leurs emplois respectifs, lui est journaliste et Fizz enseignante, et ils profitent de la modernité qui déferle sur l'Inde en cette fin des années quatre-vingt dix.
Installés à Delhi, où le narrateur se lance en vain dans la création littéraire, ils tombent par hasard sur une petite annonce concernant la mise en vente d'une vieile maison au pied de l'Himalaya; un héritage va leur permettre de l'acquérir. Lors des travaux de rénovation, la découverte d'un coffre rempli de soixante-quatre carnets manuscrits vient semer la zizanie entre les amants. Le narrateur se plonge dans la lecture du journal intime de l'ancienne propriétaire, Catherine, une américaine ayant vécu là de folles passions amoureuses dans la première moitié du XXe siècle.
Cette femme l'intrigue, l'attire, le tourmente, l'obsède, le hante, le possède... Fizz, elle, s'éloigne.

"Le délabrement inhérent à tout acte de création".

Comme un leitmotiv, ce constat revient comme le désir qui mille fois s'allume puis soudain s'éteint. Et il en va de même pour les dieux et les croyances, pour les hommes et les corps, pour les maharadjahs et leurs palais, pour les héros de l'Indépendance et leurs descendants, pour l'Inde moderne prise entre tradition et société de consommation. Entre Dharma et Karma, tout éclôt, s'épanouit, se fane et se transforme pour renaître.
Ne versant ni dans l'exotisme, ni dans le misérabilisme, l'auteur réussit à brosser un tableau sans concession de son pays et de son peuple. Au fil des pages, le récit foisonne de détails historiques et politiques, religieux et philosophiques.

Parallèlement, le lecteur est pris dans un tourbillon érotique éblouissant. Ce livre est un hymne au désir, au plaisir. On reste pantois face à l'immensité de l'imaginaire qui, sans jamais lasser ni tomber dans la vulgarité, pare les corps et les esprits de sensations plus osées et poétiques les unes que les autres. Les dieux ont ouvert la voie vers le septième ciel, les Indiens ont ce chemin inscrit en eux.
Du très grand art où couleurs, parfums, saveurs, musiques, caresses se percutent dans un corps à corps violent et passionné, laissant le lecteur un brin exténué par tant de délicieux excès.

"Le voyage vers Chandigarh fut étrange. Nous savions que c'était véritablement le dernier. Au retour, nous aurions emporté les derniers vestiges de nous-mêmes, de cette étrange cité minérale née de la géométrie et non du besoin. Une ville bâtie avec des rapporteurs, des règles, des équerres, des compas, bien plus qu'avec de la passion, de l'émotion, de l'ardeur et de la créativité. Le Français qui l'avait édifiée en avait expurgé à la fois la sensualité accomplie de son peuple et la truculente robustesse des Indiens."

Un autre avis enchanté ICI .

Loin de Chandigarh    Tarun J Tejpal    Editions Le Livre de Poche

 

theatre043

 

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Commentaires
M
@Nanne,700 pages ça occupe bien et il faut les deux mains pour tenir ce pavé,impossible de téléphoner en même temps, conseille-le à qui tu sais !
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N
Merci encore pour une LAL qui ne ressemble plus à grand chose, sinon à un inventaire à la Prévert !!! J'hésitais sur ce livre, me disant que peut-être il échapperait à ma liste ... Mais non. Ton article est alléchant et me donne envie, malgré le nombre de pages...
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M
@Alain, j'ai vraiment passé un beau (et long!) moment de littérature.Et pour reprendre la référence que tu cites en titre,l'auteur s'y connait pour tenir son lecteur en haleine...<br /> Bonne semaine.
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A
Coucou Mouss!!<br /> Si je ne l'avais pas lu, tu m'aurais donné envie par ta note!! <br /> Avec mes racines indiennes, même lointaines, j'ai retrouvé beaucoup de traditions qui ont encore cours aux Antilles, certaines traditions qu'on retrouve dans "Un nom pour un autre" de Lahiri, ou encore dans "La maîtresse des épices", pour des expatriés plus récents.<br /> Les superstitions par exemple ont la vie dure.<br /> <br /> Ce livre est un très beau mélange (il paraît que Tejpal a avalé tous les grands classiques de la culture occidentale) de cultures indienne et occidentale.<br /> Bon dimanche Mousse et à la prochaine... je repars bientôt!
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M
@Belle,Florinette,Anne,Papillon,Philippe,Yueyin,je vous souhaite un très bon moment de lecture avec cette fresque indienne originale et colorée. J'espère que les peintures ne vous ont pas effarouchés !<br /> @Katell,j'ai été étonnée de ne pas trouver d'autres critiques que la tienne et ton billet était bien tentateur aussi !<br /> @Yueyin,oui c'est tout nouveau, envie de touches printanières en ce début d'hiver précoce ! Merci.
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