Transsibérien 2ème
Jeannine Aubin est batelière dans le Nord de la France et en Belgique. Sa route va croiser celle du Russe Ivan Kirkov, marin au long cours. Une brève idylle de trois jours à l'hôtel Kuntz, un rendez-vous pris pour dans trois ans quand Ivan repassera par Dunkerque, et chacun reprend sa route. Trois ans plus tard, ils sont au rendez-vous, et cette seconde rencontre sera décisive pour la jeune femme.
Pour comprendre qui est et ce que fuit Ivan Kirkov, elle achète un aller-retour sur le Transsibérien Moscou-Vladivostok. Elle sait qu'il ne sera pas dans cet autre Finistère, mais elle veut rencontrer des gens qui lui parlent de lui, marcher dans les rues où ses pas ont cheminé, voir les quais d'où parfois il embarque et éprouver peut-être ce qui rend son homme si fragile et si rude à la fois.
"Sa tête tombe en avant et la réveille dans un basculement métallique. Où était-elle, tombée dans une Russie imaginaire fabriquée à partir de nouvelles de Tchékhov, de chapkas, de vodka, d'espaces froids, de militaires au visage boursoufflé, de belles femmes, d'une peur monumentale ? Dessine-moi une carte de Russie. L'URSS. Que s'est-il passé ?"
Ce roman est moins confortable et nostalgique que "Le canapé rouge", la vie des gens de mer y est sans doute pour quelque chose. Le récit adopte alternativement un ton syncopé et réaliste, des phrases courtes, des mots brefs qui claquent comme les roues sur les rails, et un rythme plus souple, parfois coloré et presque tendre. Dans l'entre-deux défile la Russie, suspendue entre passé et futur, et s'élaborent les sentiments.
Au terme du voyage, encore une femme qui connaîtra enfin sa destination.
Ce train a l'air d'avoir de sacrés effets, il semble agir comme un révélateur et je me demande si je ne vais pas aller de ce pas m'acheter un billet....
Le voyage à Vladivostok Emmelene Landon Editions Léo Scheer