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Le Souk de Moustafette
Le Souk de Moustafette
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31 juillet 2007

Sombre velours

sgJe poursuis ma découverte de Sylvie Germain.
J'ai un peu traîné pour cause de festival et de jardinage intensif.
Et puis aussi parce que ce livre, même s'il est très bien écrit, m'a moins transportée que MAGNUS .

Prokop Poupa et ses amis dissidents, intellectuels comme lui, exercent des petits boulots à Prague. Prof de littérature, Prokop se voit assigné, par le régime communiste et à titre de représailles, à un poste de balayeur.
Divorcé et père de deux enfants, Prokop vit seul et s'accomode de son sort. En fait, il ne vit pas complètement seul, puisqu'il partage son logis et ses lectures avec son dieu Lare*, sous l'égide duquel il médite et s'interroge sur tout et rien, la vie, la nature, les hommes et Dieu.

"Ce fut un choc, une sensation physique; ce qui était écrit avec une si belle densité venait, dans l'instant même de la lecture, de se matérialiser. Chaque mot se faisait grain de pluie, de soleil, de vent, se faisait fleur, fleur de rocaille, lichen et lierre. Et ces mots végétaux, minéraux, granuleux, lui emplissaient la bouche, lui fondaient dans la gorge."

Prokop nous entaîne dans l'immensité de ses territoires intimes, sa mémoire, ses rêves et ses souffrances. Au risque de s'y perdre et de ne pouvoir, ni de vouloir, prendre le train de l'Histoire. Car la Révolution de Velours couve et les rues de Prague bruissent des revendications des manifestants. Prokop assiste aux événements comme dans un état second. Tout engoncé qu'il est dans ses doutes et sa dépression, il ne sait que faire de sa dignité enfin retrouvée et de cette nouvelle liberté pour laquelle y a lutté.
Pour ne pas sombrer définitivement et résister à la vague consumériste qui balaie le pays, il se raccrochera à la banalité des choses, un chemin de terre, des sculptures, un air de saxo ...

"Prokop, planté sur le trottoir, regardait le passager au saxo rouler des épaules derrière la vitre. Il reconnut Viktor. Il ne l'avait pas vu depuis deux ans. Viktor ne le remarqua pas; il jouait les yeux fermés. Les portes du wagon s'ouvrirent. La musique déboula dans la rue, éclaboussant la nuit de sons or et vermeils. Prokop resta un instant ébloui par cette lumière sonore qui jaillissait à profusion du corps ondoyant de Viktor; les notes rebondissaient sur les rails et l'asphalte avec la turbulence d'une giboulée de grêle."

Un roman emprunt de mélancolie et qui colle bien au temps maussade qui plombe nos cieux. C'est donc ma seconde rencontre avec un héros germanien, et je suis encore surprise que celui-ci ne se soit pas suicidé avant la fin du livre ! Mais l'auteur est une désespérée optimiste qui sauve ses personnages grâce à une écriture sensuelle dont elle seule a le secret, comme en témoignent ces deux extraits !

* Pour en savoir plus sur les dieux Lares, c'est .
   

Immensités     Sylvie Germain     Editions Folio

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29 juillet 2007

Belles pierres

Trizayroute1Au bout de cette voûte de verdure, sur la droite se dissimule l'Abbaye de TRIZAY.
On aborde l'Abbaye par l'arrière. C'est la vue que j'ai mise vendredi en fin d'article.
Lorsqu'on pénêtre dans l'enceinte, on est accueilli par la sculpture d'un cheval fougueux et si l'on s'asseoit sur l'un des bancs qui lui font face, on a une splendide vue d'ensemble des bâtiments. Si j'étais toute seule lors de la visite de l'expo et des diverses salles, dehors nous étions deux, la dame en rose et moi ! Je n'ai pas osé lui demander de se pousser, elle désherbait les allées un petit couteau à la main, et comme nous avions fait un brin de causette, il fallait qu'elle se remette au boulot. En agrandissant la photo, on la voit vraiment bien ! C'est ma façon de la remercier pour le soin qu'elle apporte à cet espace intemporel ...

Trizay1

L'Abbaye a été restaurée tout récemment, ce qui explique la blancheur étincellante de la pierre.

Trizay7

Par contre, j'ai été déçue par les vitraux modernes
dans ce lieu millénaire

Trizayvitr1

Mais dès que le soleil donne
tout prend un aspect poudré

Trizay2

Morceaux choisis

collage4

Et je laisse ces bienheureuses créatures ruminer
dans leur petit paradis ...

collage7

A bientôt pour une autre balade en

Saintonge_carte

FREDERIQUE vous propose aussi sa visite ICI

 

 

28 juillet 2007

GRRRR ....

PIC00008

La Crapaude va être contente,
ainsi que cette petite rainette
qui squatte mon sureau,
IL PLEUT !
Katell, svp, rappelle ce petit crachin breton
qui n'a rien à faire chez moi, si ce n'est
arroser ce que j'ai tondu hier ...
GRRRR encore !

1meteo10e

28 juillet 2007

AHHHH !!!

Tout en râlant, je m'en vais au courrier.
Sans doute avez-vous remarqué qu'en ce moment c'est des boîtes aux lettres que surgissent de sympathiques et attentionnés rayons de soleil.
C'est le cas chez VAL, chez FLO, chez KATELL et j'en oublie peut-être...

Et en ce jour pluvieux, c'est mon tour !

chat__Belle

Ce beau matou a des airs de JUJU.
Normal, c'est BELLESAHI qui me l'envoie !
Il est sorti à pas de velours de l'enveloppe,
bientôt suivi d'un autre

cb

Le petit plus, c'est le parfum de garrigue qui s'échappe de l'enveloppe.
Quelques feuilles de laurier et un odorant brin de thym !
Un vrai rayon de soleil que tout cela, et qui m'a fait chaud au coeur.

Merci 1000 fois BELLE, et à très bientôt !...

27 juillet 2007

Belles lettres

Expo_calligraphieJusqu'à la fin du mois, dans la très belle Abbaye de Trizay, se tient l'exposition de HASSAN MASSOUDY.

Célèbre calligraphe irakien, il est installé en France depuis 1969.
Ses larges traits aériens sont maintenant célèbres.
Il a signé les illustrations de nombreux ouvrages, notamment de Sindbad le Marin (Ed. Alternatives).

Voici un florilège de ce que j'ai pu admirer.

collage1

Cal8Cal4Cal6

quelques détails

collage

les pigments et les calames

Cette expo est un vrai plaisir pour les yeux.
Elle est organisée dans un lieu paisible où j'aime me réfugier l'été, loin de l'agitation touristique, un ancien prieuré bénédictin du XIe siècle qui a été restauré récemment, et dont voici un premier aperçu.

Trizay13

 

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26 juillet 2007

Magic Slim

 

Cognac_Blues_Aff

Ce soir ce grand bluesman sera à COGNAC
et moi aussi ...
cure annuelle de blues oblige !

24 juillet 2007

De fil en aiguille

9782226177025Un premier roman.
Un titre magnifique.
Une couverture évocatrice.
Le récit d'un enchaînement d'événements qui commence en Juin 44 sur une place publique où une femme est tondue et un homme pendu.

"Quand tout fut accompli, elle se laissa emporter, on l'emmenait, quelqu'un ouvrait le coffre d'une voiture, on l'y jetait en boule comme un rat crevé. Des pierres furent jetées sur son passage. Etait-elle morte ou vive, elle ne savait plus. Elle passe une main sur son crâne. Rasé. Morte, se dit-elle.
C'était l'été 44 à Gramont-l'Eventé, un petit coin tranquille de Bretagne."

Vingt cinq ans plus tard, César, le fils de ce couple maudit, subit encore la honte lorsqu'il est accusé d'un viol qu'il n'a pas commis. Il fuit son village breton, abandonnant Vitalie, sa mère, et Jeanne, la femme qu'il aime et qui découvre peu après qu'elle attend un enfant.
Pendant quinze ans César parcourt le monde, ne donnant aucun signe de vie.
Pendant quinze ans une femme l'attend et ne dit  rien à son enfant.
Pendant quinze ans une mère s'étiole et brode, enfermée dans sa honte et son isolement.
Pendant quinze ans une enfant grandit.
Mais quinze ans, c'est long. Et les secrets se fissurent, des non-dits s'échappent.

"Il y a des moments où je me tais, comment pourrait-il en être autrement, je ferme les poings au fond de mes poches, mon regard se voile, je pense alors à toutes ces choses tues, notre histoire à nous, la terreur de l'absence, l'abandon."

Alma, la fille que César ne connait pas, agitera ce petit univers en adoptant le symptôme qui, symboliquement, réunit ces femmes. Elle deviendra mutique. Son silence forcera celui de sa mère et de sa grand-mère, obligeant des petites vérités à émerger, des liens à se renouer. Minces fils qu'elle suivra pour remonter jusqu'à ce père enfin revenu de son périple au bord du monde. A petits pas, César quittera la lisière pour reprendre sa place au coeur de son monde.

Un roman simple, sans pathos, tout en pudeur.
Quatre monologues au cours desquels s'exprime tout ce que l'on ne peut pas formuler à l'autre. Quatre fils qu'une adolescente va réunir pour retisser son histoire et tenter de repriser le gros accroc que de vieux ciseaux ont fait dans sa vie.

L'homme qui marche      Marie-Hélène      Editions
au bord du monde          Westphalen       Albin Michel

 

broderie

 

23 juillet 2007

Des nouvelles ?

BELLE

de BELLESAHI !
Elle a chaud, elle...

21 juillet 2007

Russes tics

9782020789875

Mais qu'ont donc tous ces Russes à se mettre le nez dans la poudre !
Forcément, après on peut en faire des tonnes sur le caractère excessif et délirant de l'âme slave et de ses héros, tu m'étonnes ...
La cocaïne était déjà une drogue très prisée (ben oui, facile) dès la fin du XIXe siècle dans toute l'Europe. Sherlock Holmes, Freud, les Surréalistes, Cocteau etc..., ont franchi allègrement les lignes blanches, s'ouvrant ainsi "les portes de la perception" les menant à leur art. Rien d'étonnant non plus, qu'entre les deux guerres mondiales, cocaïne et morphine aient servi soit à stimuler le courage des soldats, soit à calmer leurs douleurs et leurs traumatismes.

Il n'y a donc pas de raison que les Bolchéviks échappent à la règle. Et notamment Piotr Poustota, poète pétersbourgeois qui, en cette année 1920, se voit miraculeusement sauvé des griffes de la Tchéka par un commandant rouge, le célèbre et mystérieux Tchapaïev. Poustota se voit ainsi nommé commissaire politique de la division de cavalerie commandée par Tchapaïev. Ces deux-là ne se quitteront plus jusqu'aux rivages de "la Mongolie intérieure". Lors d'une bataille Poustota se conduira en héros. Blessé à la tête, il sombrera dans un coma dont il émergera deux mois plus tard, ne se souvenant de rien. De curieux cauchemars émailleront ses nuits et ses jours seront parsemés d'étranges événements. Après cet extrait, vous comprendrez pourquoi !

"La tension disparut en un clin d'oeil. Jerbounov ouvrit la boîte, prit un couteau posé sur la nappe et s'en servit pour puiser une quantité effroyable de poudre qu'il remua à toute vitesse dans sa vodka. Barboline fit la même chose, d'abord avec son verre puis avec le mien.
- Voilà, maintenant on peut boire sans honte à la révolution mondiale, dit-il.
Un doute dut se refléter sur mon visage, car Jerbounov sourit malicieusement et dit :
- C'est la tradition, mon frère. Nos racines. On appelle cela le "thé baltique" !
Chacun leva son verre et but d'un coup son contenu. Il ne me restait plus qu'à suivre leur exemple."

Et c'est comme ça qu'on se retrouve, de nos jours, entre les murs d'un hôpital psychiatrique moscovite ! Parmi les internés, un certain Piotr Poustota qui, sous l'emprise des neuroleptiques, s'évade vers de drôles d'univers, seul ou en compagnie de ses compagnons d'infortune.
Comme dans un jeu de ricochet, de chapître en chapître, les deux récits se mêlent et se répondent par-delà le temps. Lequel est le vrai Poustota ? Où se trouve "la Mongolie intérieure" ? Qu'est-ce que cette mystérieuse mitrailleuse d'argile ? Autant de questions auxquelles je n'apporterai pas de réponses, vous laissant le soin de les découvrir en lisant cette fable philosophique qui, sous ses abords loufoques, nous donne à réfléchir sur l'illusion et la réalité de notre monde.
Il y aurait dans tout ça un petit parfum de bouddhisme que cela ne m'étonnerait pas ...

La Mitrailleuse d'argile     Viktor Pelevine     Editions Points Seuil 

Chapaev

18 juillet 2007

Les Lapidiales

lapidiales8Après l'Allemagne, je suis repartie faire un tour en Union Soviétique, entre passé et présent, Mongolie et hôpital psychiatrique. Tout un programme ...
En attendant mon retour, je vous propose un autre beau voyage, mais celui-là tout près de chez moi, au pays des casseurs de pierres.

Quel point commun entre le socle de la Statue de la Liberté, la cathédrale de Cologne, Fort Boyard ? Ils ont tous été construits avec cette magnifique pierre blanche extraite des carrières de CRAZANNES
Dans les alentours, d'autres carrières se sont transformées en musée à ciel ouvert. Tous les ans, LES LAPIDIALES réunissent des sculpteurs qui viennent travailler les falaises en direct. Et en septembre, dans ce splendide théâtre naturel, la saison se clôture par des animations et des balades contées nocturnes.

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Voici ce que ça donne, au soleil

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Détail

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En couleur

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Et en noir et blanc

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Le rire de l'ogre ?
Comment peut-on douter
à la lumière des torches
qu'elles ne soient pas vivantes !

C'est un vrai plaisir tous les ans à l'automne, d'aller à la rencontre de ces étranges gardiens de la forêt. Et chaque fois, je ne peux m'empêcher d'imaginer la végétation reprenant ses droits et des hommes découvrant, dans un autre millénaire, ces traces laissées par le marteau et le burin.
Que se raconteraient-ils ?

Pour finir la balade par une note littéraire, je vous conseille la lecture de "Le rire de l'ogre" de Pierre Péju (Folio), un roman poignant où il est aussi question du rapport de l'homme à la matière.

"Les statues, ces machins de pierre qu'on s'esquinte à fabriquer, elles nous font sentir aussi ce que c'est qu'être sur terre. Elles pèsent sur le sol. Elles appuient comme des diablesses. Alors nous autres, à côté d'elles, on comprend qu'on pourrait s'envoler, emportés par un coup de vent. Une fois qu'elles existent, nous on n'est plus du tout importants, on n'est rien ! C'est elles qui veillent. Elles qui surveillent."

Alors si vous passez non loin, surtout faites le détour !
Je mets les liens des deux sites. Et cliquez sur les photos pour les agrandir.
Rendez-vous à la rentrée pour la suite de l'expo ...

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16 juillet 2007

Cache-cache

9782070338269La 4ème de couv présente ce court roman comme "un portrait ironique et cinglant de la bourgeoisie allemande de l'après-guerre". Personnellement, j'y vois tout autre chose.
Par contre, ce qui est sûr c'est que ce livre illustre à la perfection l'obsession dans laquelle peut s'enfermer une famille à la recherche d'un de ses membres. Obsession qui se fait au détriment des vivants et qui habille les puînés des oripeaux du passé et de la culpabilité.

Un enfant nait juste après guerre. Il grandit d'abord dans l'ombre d'un frère aîné, Arnold, dont on lui a toujours dit qu'il était mort de faim sur les routes de l'exode. Puis un jour, il apprend la vérité. Ses parents ont bien fuit l'Est du Reich devant l'avancée de l'armée russe mais la mère a abandonné son enfant dans les bras d'une inconnue, à un moment où elle s'est sentie en danger de mort. On devine aisément que la mère s'est faite violer par un soldat russe et que le narrateur est sans doute l'enfant né de ce viol.
Depuis, installée à l'Ouest, la famille prospère et prend la décision de rechercher, avec l'aide de la Croix Rouge, ce premier enfant disparu. Enfin, un espoir se matérialise sous l'horrible appelation de "l'enfant trouvé numéro 2307".  C'est le début d'un long parcours d'expertises fastidieuses.

"Je venais de comprendre que, dans la famille, mon non-défunt frère jouait le premier rôle et qu'il m'avait réservé un rôle de comparse. Je compris par la même occasion que je devais à Arnold d'avoir grandi, dès le départ, dans une atmosphère empoisonnée par la culpabilité. Depuis le jour de ma naissance, un sentiment de culpabilité et de honte régnait dans la famille sans que je susse pourquoi. Je savais seulement que, quoi que je fisse, j'éprouvais un vague sentiment de culpabilité et de honte."

Face au mythe d'Arnold, le narrateur ne fait pas le poids. D'ailleurs, même sur les photos de famille, il est toujours à moitié dissimulé. Sa jalousie, sa solitude, son impossibilité à combler ses parents, ses craintes face à un hypothétique retour de l'enfant prodige sont exprimées mais sur un ton plutôt désaffecté, soulignant sans doute la culpabilité de l'enfant remplaçant, mais aussi et surtout la manifestation inconsciente de l'illégitimité de ses ressentis, et par là même, de son existence.
Car le propre des secrets de famille est souvent de cacher d'autres non-dits que ceux, qu'à première vue, on cherche à taire. La quête de ce fils prodige a cette même fonction. Pendant qu'on s'occupe de retrouver Arnold, on n'empêche le narrateur de se pencher sur sa propre réalité, de s'interroger sur la distance affective qui s'est installée entre lui et ses parents, la perte d'Arnold expliquant tout. De même, la dépression maternelle est bien évidemment alimentée par la perte de cet enfant, mais elle protège aussi la mère, l'abandon recouvrant largement et maintenant à distance le souvenir du viol. Sinon comment comprendre qu'une fois l'enfant enfin retrouvé elle refuse de s'y confronter, si ce n'est qu'elle sait qu'elle devra s'expliquer sur le pourquoi de l'abandon, au risque que le second fils découvre aussi une vérité insoupçonnée et comprenne que ce sentiment de honte qu'il ressent, c'est surtout celui de sa conception plus que celui de l'usurpateur.

Un texte qui peut paraître froid et inachevé si l'on se contente d'une lecture au premier degré, mais qui gagne en profondeur et s'enrichit dès qu'on lit entre les lignes. Et on se demande qui des deux demi-frères est le vrai disparu, Arnold ou le narrateur qui se croit encore le fils de son père ?
Allez hop, direction, la biblio du mémoire !

Le disparu      Hans-Ulrich Treichel      Editions Folio

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14 juillet 2007

Lass(ha)itude !

9782757804674Prenez des scientifiques tout ce qu'il y a de plus sérieux, des barbouzes américains et anglais, des hommes politiques corrompus, ajoutez la reine d'Angleterre, un ancien des services secrets de sa majesté, quelques lamas tibétains exilés, agitez tout ce petit monde et faites-le courir tout autour de la planète, et au moment de servir, saupoudrez d'informatique, d'électronique et d'éléments fantastiques religieux.
Voilà, c'est prêt.
Un cocktail explosif, lourd à digérer et qui m'est resté sur l'estomac.

"Il pleuvait à torrent sur les lauriers, devant les vastes baies vitrées du 91 Lyndhurst Crescent. Un gros matou tigré venu s'abriter sur le rebord de la fenêtre se leva, s'étira et s'évanouit dans la nuit pour aller ratisser le voisinage cossu : ce serait bien le diable s'il ne trouvait pas une ou deux misérables souris à se mettre sous la dent. Elle n'avait rien d'extraordinaire, cette fenêtre. Et pourtant, ce fut derrière ses carreaux, dans la douillette torpeur d'un salon bourgeois, que commença une série d'événements qui allaient changer la face du monde."

Et ça va être épuisant et décevant.
Des méchants politiciens véreux, qui sont de mèche avec de sales industriels capitalistes, inondent le tiers-monde d'OGM traficotés, afin de réduire la population à néant et ne pas perdre la main mise sur l'économie mondiale.
Les bons, c'est à dire les scientifiques, l'ancien des services secrets et les lamas, vont tout faire pour les en empêcher. Et croyez-moi, ils sont vraiment dans les petits papiers de Bouddha. Ils trouvent toujours une voiture, pour remplacer celle qui est repérée par les méchants. Leurs téléphones sont truffés de micros hyper-sophistiqués, qu'importe ils ont le dernier truc qui permet de les déceler. Il leur faut voyager incognito, ça tombe bien ils ont un pote qui posséde un petit avion privé qui leur permet d'échapper aux tueurs. Crapahuter autour de la planète, ça coûte bonbon, pas de problème, y en a une qui a des tableaux de maître dont elle ne sait que faire, alors elle les vend pour la bonne cause. Et là accrochez-vous, quand ils sont un peu coincés, les rêves viennent à leur secours (merci le bouddhisme) et leur indiquent où trouver des indices. Et ça tombe bien, ils sont juste à côté de la grotte perdue au fin fond du Périgord où un lama a caché, quelques centaines d'années auparavant, ce petit quelque chose qui les aidera à déjouer le complot; quand ce n'est pas la reine d'Angleterre elle-même qui vole à leur secours.

Mais de qui se moque-t-on ?
Et le Tibet dans tout ça ? On n'y met pas l'once d'un orteil.
Et l'auteur ? Tibétain ? Ouais, si on veut, je m'appelle bien Moustafette. Je n'ai rien trouvé sur lui, ni dans le bouquin, ni chez l'éditeur. Pourtant ça court pas les rues les auteurs tibétains, mais non, rien.
S'il a pas dû voir l'Himalaya depuis un bon moment, et pour cause, il a bien assimilé la culture occidentale, notamment celle du marketing, pour ne pas dire de l'arnaque.
Et c'est facile de dire que "le tout repose sur du vécu réel"...

Bref, en ce 14 Juillet, un peu en pétard, la fille !

Tibet or not Tibet     Péma Dordjé     Editions Points Seuil Policier

stupa

13 juillet 2007

ENFIN !

soleil

12 juillet 2007

Il y a des semaines, comme ça !

cadeaux

Lundi, en allant commander des livres et en achetant deux 10-18,
la libraire m'a offert une pochette avec deux petits calepins.
Hier, en allant réceptionner ma commande, elle l'a emballée dans le super sac
qui a fait tant plaisir à VAL (et aussi quelques envieuses).
Et ce soir, en ouvrant la boîte aux lettres, j'ai trouvé une enveloppe contenant
ces deux livres et quelques marque-pages, ainsi qu'une carte
sentant bon la Bretagne et venant de KATELL, en souvenir du swap.
Merci tout plein à elle pour ce choix judicieux
et cette sympathique attention.

11 juillet 2007

Calme plat !

9782264043061R1Après la Sibérie (cf ci-dessous), échouer dans une paisible île hollandaise de la mer du Nord aurait pu être réjouissant. Surtout lorsqu'une douillette petite maison vous attend, et que cet îlot n'est envahi ni par les voitures, ni par les touristes (pas comme ici !). Si en plus la maison s'appelle Rose des Dunes, normalement on prend un bail à vie.

Mais j'ai rendu la clef au bout de deux jours.
La faute à qui ?
A la Sibérie pardi !

Les histoires des locataires successifs composent ce roman. Ce sont des êtres ordinaires qui sont là pour quelques jours à un moment donné de leur histoire. Des êtres comme vous et moi, avec une vie simple et ses tournants plus ou moins faciles à prendre, à négocier. La maison est le témoin de ces tranches de vie. Et le Livre d'or est le lien qui relie, semaine après semaine, les différents occupants.

En temps normal, je crois que la sobriété de ce roman m'aurait plutôt séduite. Seulement voilà, je rentre de Sibérie où j'ai passé mon temps à délirer avec des cannibales, des bolchéviques et des chamanes, alors vous comprendrez que, dans ce havre de paix, les affres de l'adultère ou de la maternité m'ont paru bien fades !
Qu'importe, j'y reviendrai sans doute après la visite des uns ou des autres, car je ne doute pas que parmi vous certain(e)s apprécient le séjour.

Du coup, je m'embarque pour le Tibet, où je vais retrouver quelques moines bouddhistes pour un "global polar" (?).

Les invités de l'île     Vonne van der Meer     Editions 10/18

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10 juillet 2007

TSF

maison_20radio05Des nouvelles de Frédéric BONNAUD.

Pas encourageant tout ça ...

10 juillet 2007

Sibérie m'était contée ...

9782864246077Si par ces temps frisquets, un voyage le long de la ligne du Transsibérien ne vous rebute pas, embarquez-vous pour les 433 pages de cet étrange roman.
Mais avant de prendre votre ticket pour le début du XXe siècle, quelques recommandations et avertissements. Ce livre s'appuie sur trois catégories de faits réels, à savoir :
1) L'existence de la secte religieuse des skoptsky, ou castrats.
2) La pratique du cannibalisme comme seule possibilité de survie.
3) L'abandon à son triste sort d'un bataillon de la Légion Tchèque dans cette lointaine contrée, après la fin de la première guerre mondiale.
Mais je vous rassure tout de suite, point de descriptions inutiles d'actes de barbarie, aucune complaisance gratuite, ni sensationnalisme malsain (ce qui, je le crains, risque de ne pas être le cas de l'adaptation cinématographique américaine en préparation). Donc si le sujet vous tente, voici de quoi il retourne.

Dans l'univers clos de la ville de Jazyc, occupée par les troupes de la Légion Tchèque livrée à elle-même, vont s'affronter de curieux personnages. Côté militaire, le capitaine Matula, un brin pervers et cocaïnomane, règne en maître sur ce territoire oublié de tous. Il est secondé et s'oppose au lieutenant Mutz, militaire emprunt d'humanisme et se languissant d'un hypothétique retour au pays. Et non loin, les Bolchéviques grondent.
Côté civil, Anna Petrovna, accompagnée de son jeune fils, est venue se réfugier sur cette terre hostile à la mort de son mari, un cosaque passionné de chevaux. Quand Samarin arrive à Jazyk, prétendant s'être échappé du bagne et des machoires d'un mystérieux cannibale le poursuivant jusqu'aux limites de la ville, la jeune veuve ne reste pas insensible aux charmes du bagnard.
Côté mystique, Balashov, gourou qui pratique la transe et entraîne dans son délire une grande partie des habitants de Jazyk. Un autre illuminé ne tarde pas à faire son arrivée en ville, un shaman toungouze venu des confins de l'Arctique, débattant avec le monde d'en haut à coup de champignons hallucinogènes, mais qui rapidement échoue dans les geoles de Matula.
Quand le shaman est retrouvé mort, Samarin est arrêté et un simulacre de procès organisé, procès au cours duquel le destin de tous ces personnages se trouvera scellé pour le meilleur et pour le pire.

"Ses talismans chanteraient dans le vent astral, ses trois yeux luiraient comme des forges, son tambour dans une main, une bouteille d'alcool de contrebande dans l'autre, les gencives enduites de l'écume du champignon broyé, et l'esprit du cheval de Balashov emporterait le shaman là où il l'avait décidé, selon sa propre volonté et contre celle de tous les autres, dans le monde d'en haut, où il lancerait un grand éclat de rire à la face des dieux."

Une vraie réussite romanesque qui plante des personnages dignes de Dostoïevski, tant par leur folie que par leurs sentiments excessifs, comme seuls peuvent les exprimer les hommes pris dans le chaos du monde. L'auteur nous entraîne dans un tourbillon historique tout comme ses héros, balottés au gré des retournements politiques multiples et qui, privés de repères, s'accrochent à l'irrationnel afin d'échapper à la tourmente. Une belle inventivité, renforcée par la poésie, qui nous dépeint une nature à l'état brut, qu'il s'agisse de celle de la Sibérie ou de celle des l'hommes qui y survivent. Un souffle épique, tantôt aussi glacial que le vent arctique, tantôt aussi brûlant qu'une rasade de vodka.

Un acte d'amour    James Meek     Editions Métailié

All_power_is_to_the_Soviets__

9 juillet 2007

Lourd héritage

9782070782406Si elle est toute petite et bien cachée, ses conséquences, elles, sont immenses.
Enfant, cette marque fascinait l'auteur. Et c'est encore sur elle que son regard s'arrêtera, lorsqu'au seuil de la mort, il prendra dans ses bras le corps de son père.

Cette marque indélébile, c'est la lettre O, donneur universel. Tous les soldats de la Waffen SS avaient leur groupe sanguin ainsi tatoué sous le bras. Et il en allait de même pour les hommes de la division Charlemagne, qui accueillit nombre de miliciens français qui s'enrôlèrent pour combattre sur le front de l'Est au côté de l'ennemi, afin d'éviter le peloton d'exécution français.

Ce texte n'est pas un roman mais un récit autobiographique. L'auteur part à la rencontre de son père milicien et analyse comment cette filiation a façonné sa vie, ses relations et son itinéraire littéraire.
Il dit la fascination, l'incompréhension, la provocation, la dissimulation, le silence, la résignation puis enfin l'engagement et la sublimation, toute la palette d'émotions que traverse ce fils, de l'enfance à l'âge adulte.

"Ce mort, c'était mon père, une fois encore, mon père que je ne peux poser nulle part, mon père dont je ne peux me débarrasser, mon père qui n'a pas sa place parmi les morts que l'on commémore, et qui m'empêche d'avoir la mienne parmi ceux qui fraternisent dans la mémoire douloureuseuse de ce qui a eu lieu."

Le hasard n'existant pas, rien d'étonnant à ce que l'auteur soit devenu un compagnon de route d'Armand GATTI, activiste culturel libertaire (dont vous pourrez suivre le parcours ICI.)
Michel Séonnet apporte la preuve qu'accepter ses origines est une condition indispensable pour vivre pleinement. La rupture ou la fuite peuvent être tentantes, surtout si la parole, qu'elle soit conflit ou partage, est absente. Mais quand de tels héritages se transforment en poison virulant, quand les dettes de nos ascendants plombent notre présent, la prise de conscience n'est que l'étape primordiale menant à l'acceptation. Acceptation qui, d'ailleurs, ne signifie pas forcément pardon. Il va sans dire que ce long travail ne se fait pas sans douleur.

"Parvenir à ce point où j'accepterais d'être le petit-fils de ton père et où je pourrais, sans retenue, signer de ce nom qui nous est commun. Dire oui à la réalité. Le maudit n'a pas d'autre choix. Je n'ai pas d'autre issue que de dire oui à ce que tes errances, tes silences ont fait de moi. Oui à mon nom. Oui à ma venue dans cette filiation-là. Oui à la marque et à la malédiction, puisque malédiction il y a. Mais sans aucune complaisance envers ce qui a eu lieu. Un oui qui ne te dédouane de rien."

La marque du père     Michel Séonnet     Editions Gallimard

 

 

 lvf

 

8 juillet 2007

AMITIES

Alain

Un clin d'oeil à ALAIN pour ses passionnants articles.
Celui-ci s'appelle aussi Alain
c'est un vieux pote qui avait posé ses bagages
Quai des Grands Augustins

bouquinistes

Pierre Buron, lui, était un vieux de la vieille
qui avait fait un album relatant
la vie de "Ceux des Quais"
Voici l'exemplaire N° 400
C'est le mien !

bouquniste_2
Un aperçu

bouquiniste_3
de leur univers

bouquiniste_4
de leur enfer et de leur paradis !

7 juillet 2007

L'une et l'autre

9782878582109Depuis la mort de son mari, célèbre violoniste, Amée vit seule dans une maison à la campagne.
A une époque, elle louait une chambre à une jeune femme, Louise, qui aujourd'hui est devenue danseuse. Le contact n'a jamais été rompu entre les deux femmes. Louise a eu une petite fille, Malou, qu'Amée n'a pas revue depuis ses quatre ans.
Louise s'est séparée du père de Malou. Et cet été, on lui offre l'opportunité de partir en tournée. Elle ne sait que faire de Malou pendant le mois de Juillet et demande à Amée d'accueillir sa fille.

"Je m'assieds sur une chaise devant la maison. J'ai perdu avec les années le besoin de toujours m'occuper. Je regarde, j'écoute, je rêve."

Inutile de vous dire que ces activités ne satisferont pas longtemps Malou. Après avoir accepté de voir son quotidien chamboulé par cette curieuse petite fille, un peu sauvage et solitaire, Amée décide de partir passer une semaine dans une maison en bord de mer.
Ce sera le début d'une drôle et tendre épopée peuplée de rencontres. Et l'occasion pour Amée de reprendre ses pastels, délaissés depuis la mort de son mari. Les souvenirs reviendront effleurer son présent face à la petite fille qu'ils n'ont jamais eue. Malou, elle, découvrira la musique et le polaroïde.

A l'écoute l'une de l'autre, et au delà des années, une belle amitié naîtra entre ces deux solitudes.
L'auteur a su éviter la caricature. Reste la simplicité des émotions et des sentiments.

"Après quelques tâtonnements, j'arrive à repérer l'étoile qu'elle m'indique. C'est une belle étoile, très lumineuse, un peu bleutée. Nous consultons le petit livre. Il s'agit de Véga, de la constellation de la Lyre, qui forme avec Altaïr et Deneb le triangle des belles d'été. "Voilà, c'est notre étoile, Amée", me dit gravement Malou. Je regarde à nouveau Véga, lointaine, si lointaine lumière, puis la petite fille blottie contre moi. Et je murmure doucement: "Oui, le triangle des belles d'été."

Lumière du soir   Brigitte Le Treut   Editions Viviane Hamy

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